Chapitre 5: Sortie en forêt
J'arrive pas à arrêter d'écrire dans cette histoire! Désolé d'être trop rapide...
Habituellement j'adore les lundis de congé, mais là je m'ennuie comme même l'ennui n'arrive pas à le faire.
Couché sur mon lit tel un poisson mort, je fixe le plafond sans savoir qu'est-ce que je pourrais faire d'un minimum intéressant. J'ai bien pensé à inviter Reiner, mais il a son rendez-vous avec Christa. Tant qu'à Eren, il sort je-ne-sais où avec je-ne-sais-qui. Je ne suis pas jaloux, j'ai appris à lui laisser sa liberté et comprends qu'il aime passer du temps avec uniquement ses amis sans son petit copain. C'est un peu blessant quand on sait que je fais aussi partie de la bande, mais je m'y suis fait avec le temps... de toute façon, il n'y a rien de mal à passer une journée relaxante en pyjama?
Toujours dans mes vêtements très virils de l'âge de glace, j'ai écouté toute la matinée un anime que j'avais commencé il y a peu de temps, puis maintenant que je l'ai terminé, je n'ai plus du tout envie d'être devant un écran. Je me retrouve donc à regarder les magnifiques lignes inégales qui peuplent le plafond de ma chambre. Certaines semblent plus prononcées que d'autres, d'autre ont la peinture écaillée... c'est passionnant, sincèrement.
Vers 14 heures, j'entends la sonnette d'entrée retentir dans la maison. Pris d'une immense flegme, je décide de laisser mon frère aller répondre. Je viens justement de l'entendre descendre les escaliers pour se faire un sandwich d'après-midi. Ce gars mange tellement et pourtant, il n'est pas gros, même musclé malgré son manque d'activité physique. Ça me rend presque jaloux. Je suis certain qu'il a un truc secret qu'il me cache.
J'entends bientôt monter les escaliers et certain qu'il s'agit uniquement de Mike, je n'en fais aucun cas. Je pourrais peut-être apprendre une nouvelle langue? Ouais, ça pourrait être cool... Si j'apprend le japonais cet après midi, je vais pouvoir maintenant écouter des animes sans les sous-titres. J'ai déjà la base sur certains mots! En même temps, ça semble un peu compliqué.
Les pas s'arrêtent devant la porte de ma chambre, puis j'entends cogner. Depuis quand Mike dispose d'assez de civilité pour frapper avant d'entrer? Je lui hurle la permission.
-Qu'est-ce que tu me veux, marmonnai-je sans tourner les yeux vers lui.
-Je ne m'attendais pas à un accueil si chaleureux de ta part. J'en suis flatté.
En reconnaissant la voix de Marco, je me redresse pour le regarder. Ce dernier sourit en regardant autour de lui, les mains dans ses poches. Je ne me souviens pas que nous soyons assez proches pour qu'il s'invite chez moi. Ce n'est pas parce qu'il est venu hier pour souper que nous sommes maintenant meilleurs amis! Ce type est trop bizarre.
- Qu'est-ce que tu fous là, m'enquis-je.
- Salut Jean, oui ça va, merci de t'en inquiéter et oui, je sais que ce gilet me va bien, c'est gentil de me le faire remarquer.
-Maintenant que tu as fini de parler tout seul, tu vas me dire ce que tu fais là?
Marco me lance un large sourire, puis sans répondre, entreprend d'arpenter la chambre, admirant chaque objet avec curiosité.
-C'est une belle chambre, affirme-t-il, pas trop en désordre comme je me le serais imaginé. Bon, tu te laisses un peu trainer, mais ce n'est pas pire que moi.
Je grimace en le regardant s'approcher du vieux tourne-disque que ma grand-mère m'a offerte quand j'étais plus jeune. Ne sait-il pas qu'une chambre est un lieu privé? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à lui dire de partir. C'est chez moi ici!
-J'ai l'impression que tu ne fais rien et que tu t'ennuies, remarque soudainement Marco.
-À bon, tu as deviné ça tout seul Sherlock?
-Je vais t'apprendre quelque chose de scandaleux, continua-t-il, moi aussi je m'ennuie. Il n'y a rien faire dans mon nouvel appartement. Je n'ai même pas encore le réseau... les lignes de mon plafond sont intéressantes, mais les regarder commence à m'ennuyer.
Comme ça, je ne suis pas seule à faire ça...
-Ne dit pas qu'elles t'ennuient trop fort, répliquai-je en souriant, elles vont t'entendre et se fâcher.
- J'ai justement dit qu'elles étaient intéressantes, rectifie-t-il avec un sourire en coin, écoute cow-boy, tu es tout seul, je le suis. Ne va pas te rentrer de fausses idées dans ta petite tête après ce que je vais dire, OK? C'est uniquement que je suis désespéré, car Bertholdt ne peut pas venir me voir et parce que tu n'es pas trop désagréable à côtoyer.
-Sympa. Tu veux me dire quoi?
Il prend un instant. Peut-être espère-t-il que je le supplie de faire quelque chose avec moi? Qu'il se mette un doigt dans l'œil si c'est ce qu'il pense. Il ne fait sa demande que quand il réalise que je ne suis pas près de parler :
- Ça te dirait d'aller explorer les environs avec moi? J'ai vu une belle forêt pas loin où j'aimerais bien aller faire un tour.
-Alors, vas-y, tu n'as pas besoin de ma permission.
-Le problème, vois-tu, c'est que se promener dans les bois tout seul c'est très ennuyant. Si je me perds et que je n'ai rien à manger, je n'ai pas de viande.
-Donc tu veux que je t'accompagne pour que tu me mange?
-Je suis contre le cannibalisme, sauf en cas d'extrême survie. Tu n'as rien à craindre de moi, je n'ai encore tué personne.
Il fait une pose en souriant avant d'ajouter d'une voix douce :
-Il parait que la chair humaine a un goût de poulet.
Compte-t-il vraiment me convainque de le suivre en me parlant de cannibalisme? Il est vrai que sortir ne me ferait pas de mal, mais je ne devrais pas oublier que je suis censé détester Marco Bodt. Peut-être qu'une seule activité avec lui ne me tuerait pas? Il n'a pas l'air méchant.
-Je t'accompagne à une condition.
Il parait heureux.
-Quoi?
-Si on se perd, c'est moi qui te mange. Tu te sacrifies.
-On tirera à la courte paille, autant de chance chacun.
- Marché conclut!
C'est ainsi que je me suis retrouvé dehors avec ce garçon que je suis censé ne pas apprécier quinze minutes plus tard, vêtu d'un habit de neige complet emprunté à mon frère qui est deux fois plus grand que moi, puisque j'ai déchiré la mienne en allant faire du ski. Je ne comprends pas pourquoi Marco a tenu à ce que je porte tout ça pour aller en forêt? Mon pantalon de neige ne cesse de baisser et me donne l'air d'un idiot! Pourquoi j'ai accepté? Si quelqu'un que je connais me voyait ainsi, j'aurais la honte de ma vie.
-Ce pantalon me donne l'air d'une grosse patate, grognai-je.
Marco me regarde joyeusement.
-J'aime les patates, elles font des frites et des chips.
-Ça t'arrive d'être sérieux?
-Sérieux? Je ne connais pas ce mot... Mais ne t'en fait pas cow-boy, personne ne va te voir excepté moi et je me fiche pas mal de ce à quoi tu ressembles. Il pourrait te manquer un œil et une jambe que je serais pareil là. Au moins tu me parles et es moins chiant que les autres.
C'est vrai que les gens à lui adresser la parole, de façon gentille, sont un nombre très petit. Peut-être n'est-il pas si horrible que tout le monde le dit?
Nous ne tardons pas à pénétrer dans la forêt derrière le parc près de chez nous. Le sentier est rempli de neige en ce temps de l'année, mais cela ne me dérange pas beaucoup. J'aime beaucoup l'odeur des sapins en cette saison, tout comme la vue de la nature qui commencera bientôt à reprendre vie.
Quand je juge qu'il commence assez tard et que j'en ai assez de marcher, je dis à Marco que je suis prêt à rentrer chez moi. Cependant, au lieu de rebrousser chemin il se jette sur le dos dans la neige. Je le regarde se faire un petit nid blanc.
-Qu'est-ce que tu fais, grognai-je, on part là.
Il m'ignore. Il ose vraiment faire comme si je ne parlais pas?
-J'ai toujours aimé regarder les nuages, avoue-t-il, surtout des beaux jours comme aujourd'hui. Avec un peu d'imagination, tu peux y voir des dessins et t'imaginer une histoire.
-Passionnant, on peut partir maintenant?
-Regarde là, déclare-t-il en pointant un gros nuage, on dirait un nain qui chevauche un titan dans une course. C'est lui qui mène et la victoire s'offre à lui.
Je regarde attentivement l'endroit qu'il me pointe, mais ne vois absolument rien.
-On dirait juste un nuage, objectai-je.
-C'est parce que tu manques d'imagination cow-boy! Allez, couche-toi et dis-moi ce que tu vois.
Je réfléchis un instant. Dans ma tête, j'entends protester formellement Reiner, décrétant de ne pas lui faire confiance, mais pour une raison qui m'échappe je me couche à côté de Marco, ce qui le fait sourire.
-Alors, regarde bien et essaie de trouver une forme parmi les nuages.
Je cherchai un instant sans succès, avant d'enfin voir quelque chose.
-Regarde là, m'écriai-je en pointant un nuage, on dirait un dragon!
-Où ça, demande-t-il en se rapprochant de moi.
Sa tête se retrouve désormais collée contre la mienne, mais je n'en fais aucun cas.
-Ça y est, je le vois, annonce-t-il, il veut attaquer mon nain, car il a parié tout ce qu'il avait en faveur d'un autre couseur et voit que le nain est en train de le battre.
Je commence à rire, suivi bientôt par lui. Son rire me fit pouffer davantage. Il me fait drôlement penser à celui de Goofy dans Mickey Mouse.
-Tu a un rire trop drôle, rigolai-je.
-Hey! C'est méchant ça!
Sur ce, il agrippe une poignée de neige qu'il me jette en plein visage, le faisant s'esclaffer à nouveau. J'essaye de me l'enlever, mais comme elle est déjà fondue je me retrouve le visage mouillé. Il va me le payer! Je remplis à mon tour mes mains de neige et lui rends l'appareil. C'est ainsi que débute une bataille de balle de neige. Le but? Celui qui en reçoit le plus dans le visage.
C'était assez amusant, même vraiment. La neige est collante grâce à la chaleur et nous pouvons donc aisément former de belles balles de neige, utilisant les arbres comme cachette. Comme nous sommes à puissance égale, nos deux visages ne tardent à ruisseler d'eau. C'est vraiment froid!
Alors que Marco rit inlassablement, j'ai une idée ingénieuse pour remporter la bataille. Je m'accroupis et commence à rassembler plus de neige possible dans mes bras afin d'en faire une grosse boule.
-Bonne chance pour la lancer, rigola-t-il.
Il n'a pas le temps de réagir que je m'élance vers lui, mon arme à la main et lui écrase en plein visage. Sous le choc, Marco perd pied en tombant sur le dos. Personne ne peut battre Jean Kirstein et surtout pas lui! Fier de moi, je le regarde en riant quand il me prend par surprise en agrippant mes jambes. À cause de mon pantalon de neige trop grand, je perds pied et tombe visage premier dans la neige. Froid...
-Victoire, s'écrit Marco en levant les bras vers le ciel.
Je relève mon visage en essayant de l'essuyer, mais en vain. J'ai l'impression que tout les tissue sur ma peau son détrempés et ce, même mon pauvre boxer. Essoufflé par la guerre à laquelle je viens de participer, je reste allongé sur le dos, Marco près de moi dans la même position. Ça n'en a pas l'air, mais c'est très difficile de se battre dans des habits lourds!
Le regard marron du garçon croise le mien, puis il déclare dans un sourire :
-Tu veux jouer à un jeu?
-Notre bataille de balles de neige n'en était pas un?
-Bien sûr que non! C'était une guerre tout ce qu'il y a de plus sérieux. Une guerre que j'ai remportée.
-Alors quel est ton jeu?
Je suis curieux de savoir quelle idée stupide il peut avoir.
-Le jeu s'appelle « Quand je te vois », révèle-t-il, c'est très facile, tu vas comprendre tout de suite.
-Je t'écoute.
-Donc je commence! Quand je te vois, je me demande si tu trouves vraiment jolis ces chandails de marques que tu portes. Sans blague, tu pais une fortune pour un petit logo inutile sur un tissu. Ça ne te donne pas mal au cœur?
Son jeu est donc une façon de dire ce qu'on pense de l'autre? Très bien, si c'est ce qu'il veut, je ne vais pas me gêner.
-Quand je te vois j'aimerais m'excuser auprès du rayon taille forte qu'un jeune maigrichon s'amuse à s'habiller trop grand.
Marco sourit sur cette remarque, mais son regard devient plus sérieux quand il passe à sa prochaine remarque :
-Quand je te vois, je me demande pourquoi tu mets un masque sur ta vraie personnalité quand tu es en face des autres.
Ça y est, tout l'humour du jeu vient de s'évaporer.
-Je ne vois pas de quoi tu parles, crachai-je.
-À l'école, tu agis toujours comme un autre. Tu suis ta petite meute et t'en fiches de savoir s'ils font du mal aux autres. Pour vous, tout n'est qu'un simple jeu et vous ne voyez pas le mal que vous faites... pourtant, je vois bien que tu n'es pas comme ça Jean. Donc pourquoi tu les suis?
-Tu ne me connais pas!
-En une journée j'en ai beaucoup plus appris que tu le crois Jean. À quoi ça te sert d'essayer que tout le monde t'aime en étant ce que tu n'es pas? J'en ai passé des années à être quelqu'un d'autre pour me faire aimer et tu vois ou j'en suis maintenant?
- Je ne suis pas comme toi.
- Ho que oui, mais tu ne le sais peux être pas encore.
- On rentre.
Je me lève sèchement pour partir. Se demande-t-il vraiment pourquoi tout le monde le déteste si dès qu'il devient sympa il lance ce genre de remarque? Je n'aime pas qu'on me dise ça et encore moins de la bouche de quelqu'un qui ne me connait pas!
Nous faisons le trajet de retour dans le plus grand des silences. Dire qu'on a failli devenir amis.
Que pensez-vous de cette histoire?😊 j'ai tellement d'inspiration!
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