Quant tu habites dans la petite ville ennuyante de Shiganshina, il n'y a qu'une seule activité intéressante à faire les samedis soir : aller au bar Colossal! Même si j'ai encore seulement 17 ans, moi et Reiner rentrons aisément dans cet endroit de fête où l'alcool coule à flots. C'est carrément le lieu de rencontre de tous les jeunes du lycée. Habitant à une distance de marche de l'endroit, moi et mes amis avons fait de ce lieu notre repère de fin de semaine.

Devant le miroir de ma chambre, j'essaie d'enfoncer dans mon oreille ma minuscule boucle d'oreille que j'ai eu la mauvaise idée d'enlever cette semaine. Comment aurai-je pu savoir que le trou allait rétrécir! Je grogne de douleur sous le regard curieux de Reiner qui m'attend, assis sur son lit.

-Pourquoi tu t'es fait percer l'oreille? Demande-t-il doucement, je ne trouve pas que ça te va bien.

-Eren trouve ça sexy.

-S'il trouvait les piercings aux mamelons sexy le ferais-tu? Sans blague, je ne comprends pas comment on peut vouloir s'enfoncer volontairement une aiguille dans la peau.

Je souris en me rappelant de la journée des vaccins qui était organisée à l'école l'an passé. Reiner ne voulait absolument pas que l'infirmière s'approche de lui avec sa seringue! J'ai dû lui tenir les épaules et lui parler longuement pour le calmer. C'est à ce moment que j'ai appris quelle était la phobie de ce gros dur.

Je réussis enfin à mettre ma boucle d'oreille, puis m'admire dans la glace. Moi je trouve cela joli. Ça me donne un petit côté rebelle qui me plait bien.

-Ce soir je vais essayer de me pogner Christa, déclare Reiner, elle est très belle je trouve.

-Je croyais que tu voulais essayer avec un mec cette fois? La dernière fois tu avais aimé.

-Je sais, mais Christa est vraiment mignonne... Au fait, parlant de beau mec, je n'ai pas vu ton frère ce soir en arrivant? Habituellement il vient toujours dire coucou quand je suis là.

Je lève les yeux au ciel en comprenant qu'il vient de complimenter mon frère. C'est vraiment bizarre entendre ce genre de chose de la bouche de mon meilleur ami, même si je sais qu'il est bisexuel. Peu de gens le savent excepté moi et l'inconnu qu'il s'est envoyé il y a un mois au bar colossal. Reiner a beau être sympathique, mais il est incapable d'avoir une relation stable ou même d'éprouver de l'amour. J'aime me dire qu'un jour il finira comme Don Juan, amoureux d'une personne qu'il devra pour une fois se forcer à gagner.

-Il doit être dans sa chambre à jouer sur sa console, répondis-je, il a 20 ans et ne fait toujours rien d'autre de sa vie. Ces temps-ci, on dirait que la manette a fusionné avec lui. Bientôt il va nous apprendre qu'ils vont se marier.

- De qui tu parles, je le connais? Se mêle une voix.

Je tourne la tête vers Mike si se tient dans le cadre de porte. Cheveux gras et petite barbe, même avec de la visite il reste en simple boxer. Ces temps-ci, il a décidé que la douche était son ennemi, donc ma mère doit lui botter les fesses pour qu'il se lave une fois de temps en temps.

-Salut Mike, sourit Reiner en levant la main.

-Tu as l'air d'un déchet, grognai-je, habille-toi un peu. Qu'est-ce que tu me veux?

-Maman veut que je t'offre d'aller vous reconduire pour pas que tu prennes ta voiture. Si tu dis non, ça va vraiment me faire plaisir.

Je vois dans sa voix qu'il n'a aucune envie de jouer au chauffeur, donc j'accepte même si le bar n'est pas loin. Mike grogne avant de partir vers sa chambre pour s'habiller, puis je descends avec mon ami au rez-de-chaussée. Je reconnais aussitôt l'odeur exquise de la tarte au sucre de ma mère. Que se passe-t-il pour qu'elle contourne de la sorte notre régime familial?

-En quel honneur, m'étonnai-je.

-J'ai invité nos nouveaux voisins à venir souper demain soir, affirma-t-elle joyeusement, je me suis dit que ma bonne tarte au sucre leur plairait.

Ma mère parle souvent de la femme qui a aménagé récemment dans le bloc-appartements voisin à notre maison, mais je ne l'ai encore jamais rencontrée. Je sais seulement qu'elle est déjà très amie avec ma génitrice.

-Au fait, tu sais que son fils a ton âge, ajoute-t-elle, un TRÈS beau garçon. Je crois que tu pourrais bien l'aimer.

-J'en ai déjà son beau garçon en sortant avec Eren, se mêle en riant Reiner qui me donne un coup de coude sur le bras.

Ma mère le regarde de travers. Pour une raison que j'ignore, jamais elle n'avait aimé Eren. La bonne nouvelle, c'est qu'elle respecte mon homosexualité et ne tente de me faire rencontrer des filles à la place. Quand je lui ai appris, elle a été déçue de savoir qu'elle n'aurait pas de petits enfants propres venant de moi, mais elle a respecté ce que je suis. Je ne peux pas en dire autant de mon père qui n'aborde jamais le sujet et fait comme de rien n'était.

Mon frère vint comme prévu nous porter au bar, sans grande joie. Il fait un froid de canard dehors ce soir, donc je suis heureux de ne pas devoir marcher. Comme d'habitude, aucun de nous deux ne se fait demander de montrer nos cartes. L'endroit était plein de gens d'un peu partout dont la moyenne d'âge doit tourner autour de 18 ans. La bonne musique que fait jouer le DJ retentit agréablement dans la place, faisant danser sous les lumières multicolores la foule.

En nous dirigeant vers notre table habituelle, plein de gens nous saluent ou nous arrêtent pour discuter. En nous voyant arriver à notre table, Eren vient m'embrasser en passant son bras derrière mon dos pour me coller un peu à lui. Autrefois, ce bar était mon lieu favori. J'ai l'impression maintenant qu'il est ennuyeux comme presque tout ce que je fais.

Je passe la soirée à danser et boire sur la piste de danse, entourée d'inconnus. Une fille vient se frotter un peu trop à moi avant que la repousse gentiment. C'est toujours agréable voir que je peux être populaire auprès des deux sexes.

Je ne passe beaucoup de temps avec Eren puisque ce dernier s'amuse dans son coin à faire danser plusieurs filles. Je suis habitué de la voir faire ça, même si chaque fois je sens mon cœur se pincer. Je sais que je ne devrais pas être jaloux et lui faire confiance, mais je n'aime pas ça et n'a toujours pas trouvé le courage de lui dire. Ce n'est pas comme s'il m'appartenait...

Il est deux heures du matin quand j'appelle mon frère pour qu'il vienne nous chercher. Il faut que j'essaie par trois reprises avant qu'il se décide à décrocher.

-Quoi, grogne-t-il.

- Peux-tu venir nous chercher?

Vous avez des jambes aux dernières nouvelles, vous pouvez marcher. Je dors là.

-Mike, on gèle dehors! Tu lèves ton cul et tu viens.

Je l'entends grogner, puis il me raccroche au nez. À côté de moi Reiner est adossé contre le mur de la bâtisse, les yeux à demi fermés. Il a un peu trop abusé de l'alcool. La bonne nouvelle, c'est qu'il a réussi à embrasser Christa même si je doute qu'il s'en souvienne demain... Quant à Eren, il est disparu depuis un moment, mais ça ne me surprend pas.

Mike arrive cinq minutes plus tard. En entrant dans la voiture, j'ai honte de le découvrir en caleçon.

-Mike, m'insurgeai-je, où est rendu pantalon?

Il me lance un regard fatigué.

-Je t'ai dit que je dormais. Pas question que je m'habille.

-Sal con.

Il ne répond rien et entame le trajet dans le plus grand des silences. Je me demande vraiment où peut être Eren en ce moment... je ne dois pas m'inquiéter?

***

Pour la visite de nos nouveaux voisins le lendemain, ma mère m'a forcé à mettre une chemise. Chaque fois qu'elle se fait une nouvelle amie, il faut toujours se mettre sur son 31. Pourtant cette femme et son fils doivent se moquer de savoir ce que je porte. Je déteste ce genre de soirée. Même Mike a dû prendre une douche pour l'occasion et enfiler aussi une chemise!

Toute l'après-midi, mes parents se sont forcés pour préparer un délicieux repas dans lequel ils démontreraient des moyens financiers supérieurs à la vérité. Bref, ils souhaitent se vanter, ce qui m'énerve au plus haut point.

Il est 6 heures quand des pas se font entendre sur le balcon. La sonnette résonne dans la maison, puis la curiosité prend le dessus. Je me demande à quoi ressemble ce soi-disant beau garçon. Mike reste étendu sur le divan comme la tâche qu'il est, alors que j'attends adosser contre le mur. Vêtue d'une belle robe bleue, ma mère va ouvrir.

-Mike, Jean, venez dire bonjour, nous cri ma mère.

Mike grogne en se levant, puis en me forçant à sourire j'entreprends le trajet vers la porte d'entrée. Je m'arrête cependant de marcher quand je vois le garçon qui se tient sur le tapis d'entrée. Ce n'est pas vrai...

-Tiens, salut cow-boy!

Je ne sais pas pour vous, mais j'adore Mike!😏