Chapitre 13: Comment devenir un connard?
La semaine de relâche vient de toucher à sa fin et aujourd'hui, l'école recommence. Je crois n'avoir jamais été aussi angoissé à l'idée d'aller en cours. Comme je n'ai pas vu Eren depuis un moment, je n'ai pas pu le laisser, ce qui signifie que nous sommes théoriquement encore ensemble, et ce, même si je sors aussi avec Marco. Je me sens comme un salopard... pourtant, je ne devrais pas m'en vouloir tout en sachant qu'il me trompe lui aussi de son côté et que je ne ressens aucun sentiment amoureux à son égard.
Le cœur battant sous le stress, je me rends chez Reiner comme chaque matin pour l'amener à l'école. Je me gare devant sa maison, puis après avoir klaxonné je le vois sortir, sans le moindre sourire. Il ne s'est pas levé du bon pied à ce que je vois? Sans un bonjour, il rentre dans ma voiture, puis laisse tomber sa tête contre le dossier en soupirant. Qu'est-ce qu'il a? La dernière fois que je l'ai vue dans cet état, c'était quand son groupe de musique favori avait annulé un concert.
-Jean, je suis dans la merde, déclare-t-il brusquement.
-Dans quel sens? Qu'est-ce que tu as fait encore... si tu as encore volé un nain de jardin que tu trouvais amusant, cette fois je ne le cache pas dans ma chambre.
-Hein? Mais non, abruti! Cette fois, j'ai un très gros problème qui ne me plait absolument pas... tu vois, j'ai invité Bertholdt à sortir vendredi passé. On se textait depuis le camping et j'ai vu qu'il me plaisait beaucoup... Il n'en a pas l'air à première vue, mais quand il parle, il est vraiment intéressant et même drôle! Il embarque dans chacun de mes délires comme si c'était normal, ce qui est plutôt rare.
Je regarde Reiner en ouvrant grands les yeux. C'est bien la première fois que je l'entends à ce point dire du bien de quelqu'un. Habituellement, quand une personne lui plait, il utilise des thermes tels que «fourable » ou encore « un joli petit derrière ».
-Donc, m'enquis-je, il s'est passé quoi à ce rendez-vous?
-Je l'ai amené faire un laser game. On était les deux plus vieux, mais on s'est donnés à fond pour vaincre tous ces jeunes. C'était une vraie guerre! Le meilleur rendez-vous de ma vie... ensuite, on a été mangé du fastfood, puis j'ai trouvé le courage de l'embrasser.
-Je ne vois pas le problème.
-Le problème, c'est que je pense juste à lui depuis! Bordel, à la base j'étais censé juste me l'envoyer, mais là, j'ai même envie d'attendre et d'apprendre à le connaitre... ça ne me ressemble pas! C'est Berthy le muet! Tu imagines ce que les gens diraient s'ils me voyaient, moi, avec lui? Je crois que je vais devoir l'oublier.
Je ne sais pas quoi lui dire, comprenant en quelques sortes son ressenti. Je sais que beaucoup nous traiteraient d'idiots, mais c'est difficile d'abandonner sa réputation pour quelqu'un. Je ne sais même pas comment je vais faire pour trouver le courage de m'afficher avec Marco après avoir laissé Eren... J'ai l'habitude d'être adulé et envié, donc passer de roi à la risée de l'école me terrifie.
Nous entamons le trajet dans le silence, uniquement interrompu par la radio qui joue de la musique rétro comme je l'aime. Reiner fixe par la fenêtre, l'air perdu dans ses pensées. J'aimerais le rassurer, mais j'en suis incapable alors que je vis le même dilemme. Les doigts dans sa bouche, il ronge ses ongles, chose qu'il fait uniquement quand il réfléchit, ce qui est rare.
Une fois arrivé au lycée, j'entre dans l'établissement avec mon meilleur ami. Ce dernier me quitte pour aller vers son casier alors que je continue le chemin vers le mien. Je suis capable de laisser Eren... oui, j'en ai la force. Heureusement, il ne m'attend pas à ma case. Cela me laisse le temps de mieux réfléchir à comment lui dire.
C'est d'une main tremblante que je commence à faire le code de mon cadenas.
-Coucou Cowboy.
Je sursaute en mettant la main sur mon pauvre cœur qui bat trop rapidement. Ça ne va pas de me saluer comme ça alors que je suis sur le gros stress! Je me retourne vers Marco qui me sourit de cette adorable façon qui lui est propre.
-Je ne pensais pas te faire cet effet, rigole-t-il, je fais si peur que ça?
-Non, ça va... c'est juste que je suis un peu stressé. C'est aujourd'hui que je dois laisser Eren. Tu crois qu'il y a des chances pour qu'il soit tellement en colère qu'il me mette son poing en plein visage où me lance une chaise?
-Hum, je ne crois pas, mais si tu as peur, je peux rester près de toi pour ta rupture? Sinon, il y a Reiner qui peut t'accompagner. Personne n'oserait s'en prendre à cette armoire à glace!
Il ne me rassure pas vraiment, mais c'est mieux que rien. Est-ce que je devrais demander à Eren de lui parler en privé ou il vaut mieux que je le fasse en public pour éviter une crise de sa part?
-Bodt, tu as des trous de mémoire, je crois, crache une voix près de nous, je t'ai déjà dit de ne pas parler avec mon copain. Tu as besoin d'un dessin pour comprendre on dirait? Ou d'une démonstration?
Nous nous retournons tous les deux vers Eren qui est accompagné par sa bande d'amis qui sont censés être aussi les miens. Le voir là me rend mal. J'ai une grande gueule d'habitude, donc comment se fait-il que les mots refusent de sortir de ma bouche! Ce n'est pourtant pas compliqué de dire à un garçon qu'on n'aime pas que c'est terminé?
-Je ne dirais pas non à un dessin, sourit Marco, je peux lui parler quand je veux tu sauras. D'ailleurs, il a quelque chose d'important à te dire.
Je sens la main délicate de Marco se glisser dans mon dos, puis par réflex, je me retire de ce contact. Ça ne va pas de me toucher devant des gens? Le sourire du brun s'efface doucement alors que Eren rigole. Il s'avance vers moi, puis je le sens passer son bras autour de mes hanches d'un geste provocateur. Je déteste ce contact, mais je ne trouve pas la force de le repousser. Les regards de vautour de ses amis m'en empêchent.
-Alors Bodt, tu as compris cette fois? Jean est MON petit ami, donc laisse le tranquille une bonne fois pour toutes. Qui voudrait d'un gars comme toi de toute façon? Il faut être aveugle...
Je vois bien que Marco est blessé par les mots cruels d'Eren. Aller Jean, défend-le... dit lui que c'est la plus belle personne que tu as vue, que ton cœur ne bat que pour lui. Montre-lui à quel point tu l'aimes! J'aimerais tant le défendre, donc pourquoi est-ce que je n'en ai pas le courage? Ses magnifiques yeux marrons semblent vitreux quand il les pose sur moi.
-Jean, souffle-t-il.
Il attend que je le défende comme le ferait n'importe quel petit ami digne de ce nom. Cependant, j'ouvre la bouche et aucun bruit ne parvient à en sortir. Les larmes roulant sur ses joues tachetées, Marco s'enfuit à pas rapides, sous les rires moqueurs de tous ces abrutis. Je reste planté là comme une plante, réalisant tranquillement ce qui vient de se passer... Le pire connard entre moi et Eren, c'est moi.
Quand la cloche sonne, je me précipite à la recherche de Marco. Le connaissant, je suis certain qu'il ne sera pas en cours. Je dois m'expliquer, lui faire comprendre qu'il est le seul qui compte pour moi. C'est après un moment que j'entends des voix provenant de la salle bain continuellement inoccupé du troisième étage. Je les reconnais et rentre sans aucune hésitation.
L'homme de mon cœur est là, se faisant consoler par son meilleur ami qui me lance le regard le plus noir et haineux que je n'ai jamais vu. Jamais je n'aurais cru que Bertholdt pourrait sembler autant me haïr. Il a raison. Je suis un monstre.
-Marco? Soufflai-je.
-Tu ne vois pas que tu lui fais assez mal comme ça! Tonne Bertholdt sans bégayer, laisse le tranquille avant que je t'y force!
Il fait vraiment peur quand il est en colère.
-Berthy, ça va aller, réplique Marco d'une voix brisée, laisse-moi seul avec lui, on a des choses à régler.
Le brun semble hésiter, puis il finit par nous laisser seuls en prenant bien soin de me frapper avec son épaule en sortant. Je m'approche de Marco qui ne semble pas oser me regarder.
-Écoute Marco, je suis désolé. J'ai paniqué quand j'ai vu la bande de hyènes nous fixer. Je veux le laisser quand nous serons seuls, sans public pour se moquer ou en rajouter.
-Ah, je vois... C'est donc pour ça pour que tu l'as laissé me ridiculiser et m'insulter comme si j'étais une merde sans valeur? Je devrais être compréhensif. Tu as simplement trop honte pour assumer que tu es avec moi.
Il a dit ça d'une manière si brusque que j'ai l'impression de recevoir une claque en plein visage. Non, ce n'est pas du tout ça. Il me comprend mal.
-Non, Marco. Je n'ai pas honte de moi, je t'aime.
-Ah. Tu sais c'est quoi le problème? Tu me le dis, mais dès qu'il y a des gens autour, tu ne me le montres plus. C'est comme si tout à coup je n'existais plus à tes yeux. Est-ce que tu sais ce que c'est d'avoir un petit ami qui n'ose pas assumer? Bordel, tu sors avec quelqu'un d'autre et moi, comme un con, j'accepte ça parce que tu me dis que tu vas le laisser, mais tu ne le fais pas! Je vaux quoi au juste pour toi? Est-ce que je ne suis qu'un jouet? Un plan cul peut-être?
Plus il parle, plus la colère se lit dans ses paroles. Jusqu'à maintenant, il a été très compréhensif avec moi, mais là, j'ai l'impression qu'il est à bout.
-Marco, déclarai-je doucement, tu ne sais pas à quel point c'est compliqué pour moi.
-Non, Jean, l'amour est très simple quand on le veut vraiment. Reviens me voir quand tu auras le courage de m'assumer.
Sur cette phrase brutale, Marco sort de la pièce, me laissant seul dans cet espace trop vide à mon gout. Qu'est qu'il veut dire par là? Est-ce qu'il vient de me... les larmes se logent dans mes yeux, coulant sans que je ne les retienne. Qu'est-ce que j'ai fait...
Enfin, il ne reste que deux chapitres et c'est fini! Je n'aime pas beaucoup cette histoire personnellement😅
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top