Chapitre 11: Sortie à quatre
Aujourd'hui, il n'y a pas d'école comme nous sommes en pleine semaine de relâche. Avec tout ce qui arrive, j'oubliais presque ce détail pourtant important. Je sors avec Marco depuis samedi, mais je n'ai toujours pas trouvé comment laisser Eren. Est-ce que je devrais lui écrire un message, l'appeler ou attendre pour lui dire en face? Je pense que la dernière option est la meilleure, même si cette perspective m'angoisse. Je ne sais pas comment il va le prendre et j'ai peur de la réaction du reste de l'école. Vont-ils me rejeter quand ils sauront que j'ai laissé Eren? Il est aimé de tous, alors que moi je n'ai comme rôle que d'être son petit ami...
Pour me faire pardonner d'avoir oublié Reiner au bar, j'ai décidé de l'inviter à passer la journée chez moi. Même s'il m'a dit qu'il m'en voulait, il a accepté, mais me lance depuis près d'une heure des regards mauvais, les bras croisés devant lui.
-Quand vas-tu te décider à parler? Demandai-je.
-Laisse-moi y réfléchir... quand tu vas t'être excusé de m'avoir abandonné au bar colossal! Je ne sais pas si tu le sais, mais j'étais ivre et mes parents n'étaient pas à la maison pour venir me chercher. J'ai dû essayer d'y aller à pied, donc un groupe de filles m'a offert de me ramener. Est-ce que tu sais comment la conductrice m'a fait payer? Elle m'a forcé à lui rouler une pelle! ELLE ÉTAIT HORRIBLE! Je me suis senti violé, pendant que toi tu étais où?
-Je suis désolé que tu aies dû subir ça, mais j'étais occupé et de toute façon, je n'allais pas rester pour supporter Eren.
Reiner hausse un sourcil avant de s'enfoncer dans sa chaise, comme s'il réfléchissait à quelque chose. Après quelques instants, il sort de sa poche arrière son téléphone et commence à fouiller à l'intérieur.
-Parlant d'Eren, j'ai quelque chose à te montrer. Ne me frappe pas s'il te plait, mais je me suis dit que tu aimerais savoir. Je cherchais quelqu'un pour me ramener chez moi et je suis tombé là-dessus.
Il me tend son appareil que je prends. J'ouvre grand les yeux quand j'y aperçois Eren en pleine séance d'embrassade avec le nain dont il tripotait les fesses. Eh bien... je me sens soudainement un peu moins coupable d'être en couple avec Marco et de devoir le laisser prochainement. Je me doutais qu'il me trompait, mais là, j'en ai la preuve sous mes yeux. Depuis combien de temps ce jeu perdure? Il vaut peut-être mieux que je l'ignore.
-Je m'en doutais, soufflai-je.
-Et ça ne te fâche pas? Tu n'as pas envie qu'on aille mettre sa maison en feu et qu'on raye sa magnifique voiture? Tu sais comme il l'aime.
-En fait, je comptais déjà le laisser bientôt. Je vois quelqu'un d'autre, moi aussi.
Reiner semble étonné par mon aveu. Il est peut-être préférable que pour l'instant je garde le prénom de l'homme que j'aime secret. Je ne sais pas comment il pourrait le prendre. Tant que je n'ai pas tâté le terrain, je vais devoir tout garder pour moi.
Le blond s'apprête à ajouter quelque chose quand un curieux bruit l'arrête. Croyant d'abord avoir mal entendu, je tends un peu mieux l'oreille pour chercher qui a parlé, car il s'agit bien d'une voix très faible. D'abord, je pense qu'il s'agit de mon frère, mais je me rappelle qu'il est enfermé dans sa chambre depuis qu'Erwin est rentré chez lui. Je pense qu'il a peur d'avoir une nouvelle conversation avec nos parents au sujet de son déménagement éminent avec son copain.
Découvrant que le bruit provient de la fenêtre, je tourne la tête vers celle-ci, puis un large sourire se glisse mes lèvres. Je ne laisse pas le temps à Reiner de poser la moindre question que je me lève pour aller l'ouvrir. Depuis son appartement, Marco à ouvert une fenêtre et cri mon nom.
-Vos gueules, leur cri un voisin.
-Excusez-moi monsieur, mais à l'époque, ce mode de communication était très rependu.
Le beau brun remarque que son appel a été efficace, puis sourit de toutes ses dents. Je ne me passerai plus de ce sourire.
-Tiens, Cowboy a enfin daigné répondre! Tu as failli nous faire attendre. Dans encore trois minutes, j'allais faire mon agréable invitation au gentil voisin qui m'a poliment demandé de ma la fermer.
Nous? Je plie les yeux pour mieux voir et remarque qu'il est accompagné de Bertholdt. Reiner s'approche à son tour de la fenêtre, dévisageant mon nouveau copain avec dédain.
-Tu sais que les téléphones existent? Crache mon ami.
-Oui, je suis parfaitement au courant, merci. Je n'ai plus de batterie et comme je ne connais pas le numéro de Jean pare-cœur, j'ai choisi de l'appeler à l'ancienne. Comptes-tu me faire part de l'invention d'autres nouvelles technologies?
Quand je vois Reiner serrer ses poings, je comprends que je dois intervenir avant qu'il ne perdre patience. Pourquoi se détestent-ils à ce point?
- Qu'est-ce que tu veux Marco? Demandai-je.
-Voilà la question que j'attendais! En fait, comme il annonce très chaud cette nuit, que le soleil brille et qu'on est en pleine semaine de relâche, j'ai eu envie qu'on fasse un camping à la forêt où on a été la première fois. Ça serait amusant en groupe! J'ai la vieille tente à ma mère qui pourrait faire l'affaire et on ferait un petit feu de camp.
Près de moi, mon meilleur ami me regarde d'une manière intimident qui doit vouloir signifier : « Si tu acceptes, tu es mort ». Je choisis de l'ignorer, puis accepte.
***
-Je te jure que tu vas me le payer, marmonne Reiner qui marche près de moi, tu veux me torturer où quoi? Tu commences par m'abandonner au bar et là, tu me forces à aller camper avec ces deux zigotos!
-Calme-toi, je suis certain que ce sera amusant. Marco n'est pas comme tu crois et Bertholdt semble gentil, même si je ne le connais pas.
Transportant chacun un sac de survie pour la nuit, moi et Reiner suivons d'un peu plus loin le duo d'amis. Marco semble follement joyeux que nous ayons accepté et cela me fait chaud au cœur. En le voyant rire avec Bertholdt, je ne peux m'empêcher de sourire.
-Oh non, s'offusque Reiner, ne me dit pas que c'est lui la personne que tu vois en secret? Jean! Mais tu es complètement tombé sur la tête où quoi? Tu sais tout ce qu'on dit à son sujet? Ce gars est fou.
-Je t'interdis de dire ça. Toutes les rumeurs à son sujet sont fausses et c'est le meilleur garçon que je n'ai jamais rencontré. Oui, c'est lui que je vois et je l'aime.
J'ai avoué sans penser et à voir l'expression faciale de Reiner, j'ai l'impression qu'il me juge. Le blond lève la tête dans les airs en frappant son front, puis soudainement, un sourire moqueur se loge sur ses lèvres. À quoi pense-t-il?
-Je n'imagine pas la tête que va faire Eren quand il va savoir que tu le laisses pour Marco Bodt! J'accepte de lui laisser une chance de me prouver qu'il n'est pas un imbécile ce soir, mais c'est tout!
Je suis surpris. J'avoue que jamais je n'aurais cru qu'il le prendrait aussi bien, lui qui déteste Marco. C'est un meilleur ami que ce que j'aurais cru il faut croire.
Nous arrivons finalement au lieu que mon petit ami a choisi, une petite plaine entourée de la verdoyante forêt. En souriant, Marco jette le sac de la tente sur le sol. Elle semble vieille et très petite. J'espère que ce n'est qu'une impression, car je doute que Reiner va apprécier.
-Qui m'aide à la monter? S'exclame mon homme, je sais que je suis un expert, mais à deux ça va aller mieux.
-J'arrive, souris-je.
Je m'approche de mon copain afin de l'aider, me valant un large sourire de sa part.
-Je... je crois que je vais aller trouver des brindilles si on fait un feu, déclare Bertholdt en passant la main dans ses cheveux.
-Reiner, tu devrais l'aider.
Mon ami blond me lance un regard mauvais. Je sens qu'il n'apprécie pas ma proposition, mais il accepte de suivre le grand brun qui s'enfonce dans la forêt. Dès qu'ils sont hors de vue, Marco tourne la tête vers moi. C'est fou comme il est beau.
-Merci d'être venu. J'ai mis près de deux bonnes heures à convaincre Bert que c'était une bonne idée de venir, donc j'aurais trouvé triste que tu refuses. Ça va lui faire du bien de parler à d'autre personne qu'à moi.
-Pourquoi tu dis que ça va lui faire du bien? Il n'a pas l'habitude?
Quelle question! Je sais pertinemment que Bertholdt est la personne la moins sociale de l'école.
-Il fait de l'anxiété sociale à un haut niveau, explique-t-il, quand il est dans une situation stressante, il a tendance à bégayer. Il suit des cours censés l'aider à canaliser son stress, mais pour l'instant les résultats sont peu concluants. C'est pour ça qu'il ne parle pas beaucoup devant des inconnus, car il a peur qu'on rit de son trouble. Moi je pense qu'au contraire, ça lui fait du bien.
-Ah, je ne savais pas...
-Personne ne le sait et ils préfèrent rire de lui. Tu te souviens de cette histoire qu'Eren raconte à qui veut bien l'entendre à son sujet? Celle où il dit comment il l'a forcé à parler dans les vestiaires pour son plaisir et avec ses copains? Est-ce que tu sais ce qui s'est vraiment passé ce jour-là? Eren et sa bande voulaient l'entendre et comme ils n'étaient pas satisfaits d'entendre Bertholdt bégayer, ils lui ont mis la tête dans les toilettes à plusieurs reprises, sans se soucier qu'il soit à bout de souffle... je n'ai jamais éprouver autant de haine que le moment où j'ai retrouvé mon meilleur ami trempé sur le sol de la salle de bain. Il n'a pas voulu marcher seul dans l'école pendant un mois.
Quand il raconte cette histoire, Marco fixe le vide, l'air réellement en colère. Je ne connaissais pas cette version et honnêtement, je crois que j'aurais préféré ne pas la savoir... J'ai ri avec Eren quand il m'a raconté comment Bertholdt avait pleuré alors que lui et ses amis ne faisaient que lui demander de parler. Pourquoi le grand brun n'a pas porté plainte? À ce stade, c'est du harcèlement.
-Est-ce qu'il a été porter plainte au directeur? M'enquis-je.
-Non, même si je voulais qu'il le fasse... bref, désolé, mais j'avais envie de t'en parler. Tu comptes laisser Eren quand? J'ai hâte de voir sa tête quand il apprendra que tu es mien.
-Bientôt Marco, je te le promets.
Le brun sourit avant de me voler un long et doux baiser. Je lui rends avec bonheur, caressant ses joues. J'ai déjà hâte qu'on passe un nouveau moment ensemble, uniquement tous les deux.
Nous ne mettons pas grand temps à monter la tente puisque le plan est bien détaillé et que mon copain est habile de ses mains. Nous préparons l'endroit où allumer le feu, puis nous nous asseyons en entendant le retour de nos amis. Marco assis entre mes jambes, j'en profite pour le cajoler et l'embrasser à plusieurs reprises jusqu'à ce que nous voyions les deux autres revenir entre les arbres, portant chacun un gros tas de bouts de bois. Je rêve où ils discutent et rigolent?
Les garçons laissent tomber le bois un peu plus loin, puis Reiner en profite pour montrer ses talents de pyromane en allumant le feu. Il semble vraiment s'amuser. Qu'est-ce qui s'est passé pour que le blond soit soudainement réceptif à cette soirée? Pire, que s'est-il passé pour qu'il semble soudainement bien ami avec Bertholdt? Cette situation me dépasse.
Je passe une très agréable soirée, même si le froid est agaçant. Emmitouflé dans un gros plaid que je partage avec Marco, ce dernier ne cesse de nous faire cuire n'importe quoi sur le feu que je mange avec appétits pendant que Reiner raconte des histoires idiotes qui nous font tous marrer.
Je passe la nuit dans le même sac de couchage pour mon homme afin de lui voler toute sa chaleur. Je voudrais m'endormir chaque nuit de cette façon.
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