q u a t r e

Tout d'un coup, la lumière apparaît. Enfin.

Lumière, lumière, lumière.

Les radiateurs se remettent en marche, réchauffent l'homme et la petite fille et apportent une promesse d'amour; maternel pour l'une et romantique pour l'autre. Et cette promesse apparaît, en chair et en os—toute vêtue de noir, malgré tout aussi brillante qu'un ange tombé du ciel.

Appuyée contre le mur couleur pêche du salon, Céline observe silencieusement l'étreinte serrée du père et de la fille s'adoucir, au fur et à mesure que la clarté nouvelle chasse l'effroi de leurs corps tremblants. Leurs corps se détendent, leurs yeux se ferment quelques instants.

— Je suis rentrée, annonce-t-elle doucement. Quel doux rappel à la réalité!

C'est Eulalie qui dirige ses yeux en premier vers la porte, apercevant sa Maman portant un sourire patient sur ses lèvres. Avec hâte, elle s'échappe des bras de Jérôme pour courir—et sauter—dans ceux de sa mère.

— Maman, Maman! s'écrie-t-elle. J'ai eu trop trop peur, je croyais que les éclairs t'avaient eue!

Le rire de Céline, alors qu'elle embrasse tendrement le front de sa petite fille, adoucit les battements frénétiques du coeur de Jérôme. Il porte la main à sa poitrine et, presque craintivement, s'avance vers elle.

Car, au fond de lui, il y a toujours cette petite angoisse qui susurre qu'à tout moment, s'il n'en profite pas ou ne fait pas attention, ces moments de pur bonheur disparaîtront. Et leurs clés, avec ça.

Sa femme, quand elle réalisera qu'elle peut trouver meilleur que lui, un homme que les griffes de la peur ont attrapé. Emprisonné.

Eulalie, quand elle aura dix-huit ans et trouvé la voie qu'il lui faut parcourir pour gagner le bonheur dont, à ce moment-là, elle rêvera sûrement.

Et, à ce moment-là, il sera forcé à faire face à la douleur qu'amèneront avec elles les ténèbres. Au froid que la solitude lui procurera chaque jour un peu plus. C'est pour ça que, avec la force qu'il a regagnée depuis quelques minutes, il prend dans ses bras de mari et de père la fille et la femme qui composent toute sa vie. Chacune le serre tout aussi fort en retour.

— Nous avions...avons besoin de toi, Céline.

Elle passe sa main dans les cheveux roux de son mari, soupire longuement.

— Je suis là, mes trésors. Tout va bien.

 Au loin, les grondements se font moins puissants; quelques rayons de soleil percent timidement la surface cotonneuse des nuages noirs-gris, et les éclairs ont disparu.

Céline, lumière, Céline!

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