CHAPITRE I - BREE

La journée de cours est terminée depuis de nombreuses heures maintenant, ce qui me permet de profiter de ce calme pour me balader dans le parc de l'école. La plupart de mes camarades sont au réfectoire et se préoccupent des examens ayant lieu dans quelques semaines. Il est vrai que je devrais davantage songer aux derniers contrôles déterminant pour mon avenir en tant que guerrière, mais mes pensées sont tournées ailleurs. Je repousse une mèche de mes cheveux puis m'installe sur la fontaine en serrant contre moi la pochette contenant mes cours du jour. Je n'ai pas eu le courage de retourner dans ma chambre pour les déposer et prendre le risque de croiser ma colocataire.

Une légère brise secoue ma chevelure, mais ce n'est pas désagréable. Le printemps s'est installé depuis quelques semaines, je ne suis pas mécontente que le temps maussade soit enfin derrière nous. Les nymphes accomplissent des merveilles lors des changements de saisons. Je lève les yeux vers le ciel étoilé en souriant faiblement. C'est mon moment préféré de la journée. Il n'est plus question d'entraînement ou de contrôle de dernière minute. Il m'arrive de trouver cette pression épuisante, mais je me souviens de la raison pour laquelle je travaille autant. Nous avons une mission à accomplir. Nous naissons en tant que guerrière céleste cependant notre maîtrise de la magie et des armes s'apprennent à l'Académie. J'ai redoublé mon année à cause d'un événement auquel je m'efforce à ne pas songer alors je compte bien obtenir mon diplôme et mener à bien ma première mission. Il le faut.

J'enfonce les mains dans les poches de ma cape puis soupire doucement. J'observe la barrière magique autour de l'école en me questionnant à son sujet. Elle est présente uniquement pour assurer notre protection des élèves et repousser les obscures créatures menaçant notre royaume. Il n'y aura pas de retour en arrière possible lorsque je me retrouverai derrière la barrière, confrontée à toutes ces épreuves. Rien ne pourra me sauver des ténèbres et me préserver de la mort. Je caresse du bout des doigts mon pendentif autour de mon cou en songeant aux paroles de mon ancienne tutrice. Je me dois d'être brave et montrer le bon exemple. Je reste de longues minutes à contempler le ciel en espérant me perdre dans toutes ces étoiles.

― Qu'est-ce que tu fais encore dehors ? C'est bientôt le couvre-feu !

Rosaline s'avance dans ma direction en fronçant les sourcils comme à son habitude. Sa chevelure blonde aux pointes violettes scintillent sous les étoiles, ce qui lui donne une allure de véritable princesse. Elle dégage une telle prestance que je me demande encore comment il est possible qu'elle soit auprès de moi et non dans un somptueux palais avec des serviteurs à son service. Ma meilleure amie dépose un cupcake blanc parsemé d'étoiles en sucre dans ma main en me souriant.

― Tu as sauté le déjeuner et maintenant le repas du soir, il faut que tu reprennes des forces.

― Je n'ai pas vraiment faim ces derniers temps.

Je fixe la douceur sucrée entre mes mains puis accepte de croquer un morceau pour lui faire plaisir et la rassurer. Rosaline veille toujours sur moi depuis l'accident ayant eu lieu l'année dernière comme une petite soeur.

― J'ai entendu dire que le couvre-feu allait encore durcir, dit-elle.

― Encore ?

Elle hoche la tête.

― Cela ne s'applique pas seulement à l'école, mais à l'ensemble du royaume. C'est une décision de la reine elle-même. Je crois que l'affaire devient de plus en plus sérieuse, ça me fait un peu peur.

― Les Ombres attendent le bon moment pour attaquer les points forts du royaume. Les villages subissent toute cette pression, ce que je trouve abominable. La reine s'inquiète seulement maintenant du sort du royaume.

Notre académie est préservée par la barrière magique tout comme le palais et les endroits importants aux yeux de la souveraine. Les petits villages n'ont malheureusement pas cette chance. Beaucoup de villageois meurent ou disparaissent. Je ne trouve pas ce fonctionnement juste, mais qui suis-je indiquer à la reine comment gouverner son propre royaume ?

― Tu as l'air soucieuse, Bree.

― Je ne remets pas en doute les méthodes de notre reine cependant ne trouves-tu pas injuste que nous soyons en sécurité derrière cette barrière et non les villageois ? Le peuple est davantage exposé et subissent toutes les attaques.

Mes paroles semblent choqués mon amie. Ce n'est pas dans mes habitudes de critiquer notre reine, mais je ne peux m'empêcher de la trouver distance avec le peuple et rester dans sa bulle. Combien de personnes subissent les conséquences de la pauvreté et du danger ? Les guerrières bénéficient d'un grand nombre de choses que nous ne méritons pas vraiment.

― Elle fait de son mieux pour assurer une protection au royaume. Tu imagines le poids qu'elle porte sur les épaules en tant que souveraine de Cowillea ? Nous ne pouvons pas comprendre ce qu'elle traverse, être une reine ne doit pas être une mission facile.

― Oui si tu le dis.

Je croque un morceau de ma douceur préférée puis soupire nerveusement. Il faut mesurer l'importance de mes parents, je ne peux pas me permettre de prononcer des tels mots dans l'enceinte de l'académie. On pourrait sévèrement me punir et je n'ai aucune envie de me retrouver à copier des lignes dans une classe lugubre à minuit.

― Est-ce que tu es angoissée pour les examens ? demandé-je.

― Je suis très nerveuse.

Rosaline est également une redoublante, nous partageons ce fardeau. Elle s'installe sur la fontaine auprès de moi puis regarde regarde à son tour les étoiles. Les entraînements au sein de l'Académie Royale ne sont pas des plus simples ces derniers temps. Les professeurs sont impitoyables et n'abandonnent pas l'idée de nous former au combat et devenir d'excellentes combattantes. Nos prochaines missions risquent d'être particulièrement compliquées en ces temps troubles. La directrice de l'école tente de nous rassurer à ce sujet, mais je ne parviens pas à effacer de ma mémoire mon premier et unique affrontement avec l'une de ces monstrueuses créatures. Cela remonte à presque trois ans cependant je n'arrive pas à oublier. J'ai beau porter le nom « Bravoure » je n'ai pas été capable de l'être, ce fameux jour.

— Toutes les activités extérieures sont suspendues à cause du couvre-feu, marmonne-t-elle.

— Tu ne devais pas présenter ta peinture ?

— Malheureusement cela devait être le cas.

La peinture est l'une des activités favorites de mon amie cependant avec ces examens et entraînements, elle a peu de temps libre pour peindre. Il lui arrive souvent de songer à quitter l'académie. Elle admire notre souveraine cependant vivre au sein de cette école l'étouffe. Je l'ai surprise à préparer ses affaires à trois reprises ces trois derniers mois.

— Je me demande si cela vaut le coup d'aller jusqu'au bout de mes études. Nous sommes capables de nous défendre, ce n'est pas un morceau de papier qui changera les choses.

Elle soupire en croisant les bras sur sa poitrine.

— Mais nous n'avons pas le choix, c'est notre mission.

— Nous n'avons pas décidé de notre choix de vie. De plus, nos identités se résument à être notre trait de caractère dominant. Qui a dit que je voulais qu'on m'appelle Rêveuse ?

Le pouvoir d'une guerrière est lié à sa façon de raisonner et gérer les choses. Notre identité est gravée sur notre cristal de naissance, impossible de nier ce que nous sommes. La reine nous accorde cependant un prénom de son propre choix bien entendu. Dans mon propre cas, je m'appelle Bree.

— Je ne suis pas certaine d'être cette « Bravoure », on dirait bien que le cristal de naissance s'est trompé à mon sujet. Nous sommes condamnés à devenir ce que la reine attend de nous, mais j'ignore si j'en suis capable.

— Tu sais bien que les cristaux de naissance ne se trompent jamais.

Rosaline et moi sommes amies depuis notre arrivée au sein de l'académie. Nous sommes toutes les deux nées le même jour et envoyées auprès d'une nourrice s'occupant de futures guerrières. Dans notre royaume, la notion de famille est inexistante. Mes semblables et moi avons une éducation identique et à l'âge de douze ans nous sommes envoyées à l'académie afin de suivre notre formation. Chaque guerrière possède un pouvoir unique qu'il ne peut partager avec les autres. Lors de notre apprentissage, nous avons découvert l'existence de plusieurs mondes bien différents du nôtre. Il existe un monde dans lequel la magie n'existe pas et dans lequel il est interdit de nous rendre.

— J'ai peur de ma première mission, avoue Rosaline.

— Tu seras merveilleuse, j'en suis certaine.

Elle mord nerveusement sa lèvre.

— Les Ombres représentent une telle menace pour notre royaume et nos voisins. Suis-je vraiment capable d'être une bonne guerrière céleste et combattre nos ennemis ? Cowillea est sur le point de sombrer et on ne peut rien faire contre ça.

— Il ne faut pas dire des choses pareilles, Rosa.

Les craintes de mon amie sont fondées, mais je ne veux pas l'inquiéter davantage. Nous devrions avoir le choix de devenir ou non des guerrières célestes. Dès notre naissance, notre existence est calculée dans les moindres détails. Je ne peux pas prétendre être malheureuse, mais j'ignore à quoi ressemble l'amour. Il est probable que je meurs en combattant les Ombres et je n'aurais jamais connu ce sentiment puissant et ravageur. Les nourrices sont présentes uniquement pour prendre soin de nous et nous éduquer, mais elles n'apportent pas d'amour. Je serre délicatement un coin de ma cape puis soupire.

— J'ai encore un devoir à terminer pour demain matin, il faut que j'y aille.

— Tu veux que je te donne un coup de main ?

— Avec plaisir.

Nous prenons la direction du dortoir afin de regagner ma chambre. Je n'ai pas la chance de la partager avec elle, mais avec une camarade particulièrement agaçante. Bavarde n'est pas méchante, mais j'aimerais bien que nos conversations soient plus qu'un long monologue durant lequel je ne peux même pas participer. Je lève les yeux vers le ciel en voyant le bouclier remuer légèrement. Les Ombres tentent de s'infiltrer dans l'académie depuis des semaines, heureusement cette protection les repousse. Mais pour combien de temps ?

Hello ! Comment allez-vous ? J'ai le plaisir de vous annoncer le commencement de ce nouveau roman. Contrairement à mes autres écrits, je ne m'impose pas de chapitre hebdomadaire, mais je publierai selon mon envie.
Je m'excuse d'avance pour les fautes, c'est un premier jet et j'ai conscience que celui-ci n'est pas parfait.

Bonne journée !
A la prochaine !

13/05/2021

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