𝐂𝐄𝐋𝐄𝐒𝐓𝐄

𝐌𝐎𝐍𝐃𝐀𝐘, 𝐀𝐏𝐑𝐈𝐋 𝟏ˢᵗ
𝟏𝟖𝟖𝟗. 

 J'étais assise dans ma chambre, à mon bureau. Mes yeux parcouraient la feuille de papier que l'extrémité de ma plume noircissait avec ardeur. « Je ne crois pas aux fantômes ; je n'y ai jamais cru. » étaient les seuls mots que j'eus couché sur les quelques pages arrachées des cahiers qui m'étaient tombés sous la main.

 — Céleste ! Descends tout de suite veux tu, cela fait déjà trois fois que je t'appelle ! s'égosillait ma mère depuis le salon.

 Je pris les pages encre à moitié vierges, étalées sur mon bureau, d'un geste rageur et enfourna le tout dans le petit panier qui me servait de corbeille à papiers avant de descendre en trombe les escaliers menant au salon.

 Dans la pièce principale, ma mère était assise dans son fauteuil et me lançait un regard courroucé.

 — Ce n'est pas trop tôt, Céleste. La prochaine fois, essaie au moins de répondre. soupira ma mère avant de continuer. Regarde ma chérie : ton oncle Louis s'est déplacé de Lyon juste pour toi ! Il t'a apporté un énorme cadeau ! lança ma mère avec un entrain non-dissimulé.

 Je me retournai vers le silhouette de mon oncle, sa pipe aux lèvres et lui adressa un regard plein de remerciements et d'excitation. Celui-ci me répondit avec un sourire :

 — Vas-y Céleste, tu peux l'ouvrir.

 Je ne me fis pas prier et m'avançai lentement vers la grosse montagne recouverte d'un drap blanc qui trônait au milieu de la pièce. Je pris un pan du long tissu dans ma main, le coeur battant à tout rompre, et tira d'un grand coup.
 Mes yeux se mirent à briller quand je vis le grand piano blanc, appartenant jadis à mon arrière-grand-mère, se dresser fièrement devant moi.
 Comme je ne répondais pas, encore sous le choc, me mère et mon oncle s'approchèrent de moi.

 — Il ne te plait pas ? demanda ma mère. Tu sais ma chérie que c'est un honneur de recevoir un cadeau comme celui-ci et...

 — Oh que si, il me plait énormément ! la coupais-je soudainement? C'est le meilleur cadeau du monde ! 

 Mon oncle Louis éclata de rire devant mon enthousiasme, tandis ce que ma mère souriait avant de se diriger vers la cuisine, apparemment satisfaite de ma réponse. Quant à moi, je descendis le piano à la cave avec l'aide de mon oncle afin que le bruit ne dérange personne, tout en prenant bien soin de ne pas l'abimer.
 Comme tout enfant qui se voit avoir un piano de cette fortune, je jubilais.

 Seulement, quand viens le soir, je n'arrivai point à m'endormir. Quelque chose trottais dans me tête sans que je n'arrive réellement à le discerner. Moi qui avais d'habitude un sommeil de plomb, il m'était pourtant impossible de fermer l'œil. Je me tournais et retournais dans mon lit sans trouver le sommeil, quand un léger bruit vint résonner à mes oreilles. Je m'immobilisa et tendis l'oreille. Je ne rêvais pas, un air de piano me parvenait bal et bien du sous sol.
 Il était quasiment impossible que ce soit ma mère, mon oncle ou une autre quelquonque personne de ma famille car je pouvais les entendre ronfler à travers les murs fins.

 J'étais tétanisée dans mon lit en entendant la faible mélodie atteindre mes oreilles. J'ignorais totalement l'origine de ce bruit, mais il me fesait tellement peur que je n'osais plus bouger, par crainte d'être entendue, et je sentais mes muscles se crisper. Ma chaleur corporelle montait en flèche et la pièce me paraissait de plus en plus étouffante.
 Tremblante, je prisais pour que ce ne soit qu'un rêve. Seulement, je pouvais enfoncer mes ongles dans la chair de ma paume autant de fois que je le souhaitais, rien n'y faisait : la douleur me lacérait la paume et la mélodie était toujours audible.
 Je dus finalement me résoudre à rester allongée sous mes draps, faute de trouver le sommeil.

 Le chant matinal des coqs de la ferme me fit sursauter. Je n'avais point fermer l'œil de la nuit et l'air de piano tournait en boucle dans ma tête. J'inspirai longuement afin de me détendre afin de sortir de mon lit. Mes pieds nus frôlaient le plancher, le faisant grincer doucement. Je descendis dans le salon où ma mère attendait, assise à le table en grignotant des céréales, que l'eau boue. Ma mère raffolait des infusions, et encore plus le matin.
 Quant à moi, le manque de sommeil pesait lourd sur mon visage et d'énormes cernes n'allaient pas tarder à orner mes yeux azurs. Je m'assis doucement à côté de me mère et pris une tasse d'infusion au miel.

 — Mère, vous n'auriez pas entendu un quelquonque bruit particulier cette nuit ? interrogeais-je innocemment. 

 — Non, il ne me semble pas. Pourquoi cette question ma chérie ? interrogea ma mère.

 — J'ai cru entendre quelque chose hier soir mais ça devait être les animaux, rien de grave...

 Qui essayais-je de convaincre, ma mère ou moi-même ? Je ne le savais pas vraiment, mais ce que je savais en revanche, c'est que je n'allais pas laisser les choses se dérouler ainsi éternellement. 

Quand vint le soir, j'attendis patiemment que la maison s'endorme avant de me faufiler hors de ma chambre. Je m'assis confortablement sur le fauteuil du salon, tout en gardant une oreille attentive aux bruits qui me parvenaient de la cave.

 Rien ne bougeait, aucun signe d'agitation quelquonque, notais-je pour moi même. J'en profitai pour suçoter une feuille d'oseille qu'avait laisser ma mère sur la table du repas. Je pouvais entendre une mouche voler, quand soudain je l'a perçu.
 Très faiblement, mais je pouvais tout de même distinguer les quelques notes que j'avais entendus le soir dernier.

Cette mélodie. La mélodie qui m'a tourmenter toute la nuit. Quand je tendis l'oreille, je dus me rendre à l'évidence ; le rythme était bien trop propre et régulier pour être le résultat de simples pas égarés d'un chat sur le clavier. Ce ne pouvait qu'être l'œuvre d'un humain.

 Toujours tremblante, je m'approchai le plus silencieusement possible de la porte qui menait à la cave. Il fesait froid et ma peur me glaçait le sang. Je descendais les marches avec crainte, mes mains longeant la rambarde. Arrivée en bas, je pris le chandelier cassé qui trainait au bout de l'escalier, et de mon autre main, j'appuya délicatement sur la poignée de la porte avant de la pousser de quelque centimètres. Malgré ma peur, je fus prise par un élan de curiosité et je passai ma tête à travers l'entrebâillement de la porte.

 Dans le noir, je ne distinguais pas d'éléments anormaux et décidai d'en finir avec cette histoire. Je me glissai entièrement dans la pièce et c'est à ce moment que je la remarquai. Cette silhouette, cachée dans l'ombre, dos à la porte, assise devant le grand piano blanc en train d'effleurer les touches avec une aisance déconcertante. 
 Mon sang ne fit qu'un tour et je me raidis sur place. Le cauchemar de mes nuits se tenait devant mes yeux. De plus, vu mon niveau de panique, je ne pouvais faire demi-tour sans faire involontairement grincer la porte. Je devais me résigner.

 Seulement, plus j'avançais vers ce que je supposais être un spectre, plus ma confiance s'effritait tel une mélodie tombant en poussière. Je n'eus pas le temps de faire quoi que se soit, que la silhouette abattit sa main sur le piano. Un accord sauvage, long, le dernier accord. Sans réfléchir, je levai le chandelier et l'abattis d'un geste brusque sur la créature en retenant mon souffle.

 Mais ma stupeur fut de tel quand je vis mon arme traverser le corp du spectre que mes yeux s'écarquillèrent et mes mains devinrent moites. Je déglutis avec difficulté, incapable de prononcer le moindre son. Ce ne fut que lorsque le fantôme de retourna que je revins à la réalité.
 Je fis demi-tour et me précipitai vers la porte avant de courir le plus vite possible vers ma chambre, cognant et faisant tomber multiples objets sur mon passage. Je rentrai avec précipitation dans ma chambre, claqua la porte et sauta dans mon lit, encore sous le choc. Tout s'était passé si vite que mon cerveau peinait à assimiler toutes les informations. Haletante, je me tapis sous les draps, le regard passant de la porte à la fenêtre.
 Je restai dans cette position pendant des heures jusqu'à que la manque de sommeil eut raison de moi et je tombai dans les bras de Morphée.

 La première chose que je vis le lendemain matin fut ma mère, occupée à ouvrir les rideaux. Bien qu'épuisée par mes aventures nocturnes, je me levai en faisant mine de descendre rejoindre le salon.

 — Pas si vite jeune fille. m'interrompis ma mère. Ne crois pas que je ne t'ai pas entendue te lever hier soir. Tu as fait un si gros vacarmes que toute la maison a été réveillé !

 — Oh je suis désolée mère, mais c'est à cause du piano, il y a...

 — Le piano ? Quel piano ? me coupa-t-elle. Voyons Céleste, nous n'avons jamais eu de piano !

 J'ajoutai le dernier point et posai ma plume sur mon bureau. Voilà deux ans que cette histoire s'était déroulé et il ne se passait pas un jour sans que l'air de cette mélodie résonne dans ma tête. Jusqu'à là, je ne pus raconter cette histoire à quelqu'un sans que l'on me prenne pour une folle, mais voilà qu'après deux ans de silence, je me décidai à achever l'écriture de ce passage à jamais inexpliqué de ma vie. Ce passage qui changea la jeune Céleste d'il y a deux ans en celle que je suis maintenant.

 Satisfaite de mon travail, je pris les feuilles désormais entièrement raturées d'encre et les fourra sous mon pupitre avant de sortir de ma chambre un sourire aux lèvres, confiante. 



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et voilà j'ai enfin publié cette petite nouvelle-

j'espère qu'elle vous aura plu, je l'ai écrite dans le cadre d'un projet en français cette année et bah pourquoi pas la publier ( j'ai eu 16,5 ;-; )

sinon j'espère vous allez bien,

kiss <3

🇽o🇽o.
cƖємєƖισx.

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