Chapitre 3 : Souvenir douloureux ( Corrigé )
J'étais en 3ème, et mon principal souci, c’était les Maths. Oui, car à l'époque je ne raffolais pas trop des calculs ou de la géométrie, enfin des maths en général, quoi ! Et je ne sais pas si c'était un signe du destin, mais j'étais justement en cours de mathématiques à ce moment-là.
Celui-ci n'était commencé que depuis un quart d'heure que je m'ennuyais déjà. Sarah et moi avions été séparées pour cause de bavardages et nous nous faisions passer des petits mots par l'intermédiaire de nos camarades de classe dans le but de nous distraire. Je regardais Sarah écrire sur un bout de papier, le plier et le passer rapidement à la personne assise derrière elle pour me le faire passer.
La personne en question était Matthieu Marshall, un fi-fils à sa maman assez détestable. Comme pour ne pas faillir à sa réputation, il me regarda, secoua la tête et relança le papier sur la table de Sarah. Elle le reprit, se retourna, et chuchota à Matthieu en agitant le bout de papier sous son nez. Il secoua de nouveau la tête. Sarah lui lança son fameux regard qui tue et vérifia que le professeur écrivait encore au tableau avant de me faire comprendre par des gestes qu'elle allait me l'envoyer elle-même. J'acquiesçai et me mis en position pour bien le rattraper.
Elle jeta un dernier regard au prof et me le lança. Le papier vola à travers la classe et atterrit... dans mon œil. Je retins une exclamation et baissai la tête. Le morceau de papier tomba dans ma main. Je clignai plusieurs fois des yeux et essuyai une larme. Je regardai mon amie qui pinçait ses lèvres pour ne pas rire, moi-même j'avais du mal à rester calme. Elle articula silencieusement le mot « désolé » et me fit signe de lire le papier. Je ne me fis pas prier et le dépliai soigneusement. Sarah y avait marqué :
« Lucas n'arrête pas de te regarder ! C'est peut-être ta chance ! »
Elle parlait de Lucas Hamilton. Le garçon pour lequel je craquais depuis la primaire. Je le connaissais depuis aussi longtemps que je connaissais Sarah. C'était le genre de garçon à qui tout réussi, beau, intelligent, drôle... Un vrai cliché ! Mais, pour une raison qui m'échappait, il sortait avec Miranda et je n'allais pas lui donner une raison pour qu'elle me déteste encore plus, chose que j'écrivais à Sarah en lui relançant aussi discrètement que possible le papier.
Elle me répondit par : « J'ai entendu dire qu'il y avait de l'eau dans le gaz, peut-être qu'il s'est enfin rendu compte de qui elle était vraiment. Il devrait sortir avec une gentille fille dans ton genre, et je pense qu'il est du même avis que moi.»
Je relis le mot et souriais comme une idiote en me mordant la lèvre. Etait-ce vrai ? Je relevais doucement la tête et surpris Lucas à me dévisager, je détournai immédiatement le regard, les joues en feu, puis regardai Sarah qui me souriait d'un air : « Je te l'avais bien dit ».
Je pris mon stylo et étant en manque de mots, je répondis avec pleins de smileys et de cœurs. Je sentis une présence juste à côté de moi. Je tournai la tête et tombai nez à nez avec mon professeur, monsieur Baker. Comment n'avais-je pas pu remarquer qu'il était là plus tôt ?!
_ Intéressant, dit-il, assez fort pour que tous les élèves de la classe qui ne nous fixaient pas encore nous observent, mademoiselle Fisher, voulez-vous que je lise à la classe votre petite discussion concernant monsieur Hamilton avec je suppose... Sarah ?
Je me sentis rougir comme une pivoine et entendis des chuchotements étouffés de mes camarades. J'évitais à tout prix de regarder Lucas mais lançai un regard lourd de sous-entendus à Sarah. Elle s'éclaircit la gorge et dis d'une voix claire et forte :
_ Sauf votre respect, monsieur Baker, je souhaiterais que nous nous occupions de cette histoire en fin d'heure, pour ne pas gâcher le temps de travail de nos camarades.
_ Je félicite le retour tardif de votre intérêt pour mon cour et salue votre empathie pour vos camarades mais je pense que cinq petites minutes de perdues ne vont pas les déranger, n'est-ce pas ?
Les autres élèves ne répondirent pas, trop content de pouvoir échapper aux théorèmes quelques instants. Il prit le papier sur la table et le déplia entièrement. Sarah s'agita sur sa chaise et gesticula d'un air de dire : Fais quelque chose !
Je commençais à paniquer et décidais d'improviser... Je regardais Lucas qui avait l'air amusé, puis je regardais le professeur qui s'apprêtait à lire le mot et je fis la première chose qui me passa par la tête : J'arrachai le papier de ses mains et le mis dans ma bouche. Comme dans les séries pour ados, oui !
Sauf qu'on n'était pas dans une série, ce que le regard abasourdi de Monsieur Baker me confirma. Il y eu un gros blanc et Sarah éclata de rire à l'autre bout de la salle. Je lui fis les yeux ronds et le professeur s'exclama :
_ Mademoiselle Peterson ! Ceci est tout sauf drôle ! C'est un acte stupide et irréfléchi !
Pour une fois, j'étais d'accord avec lui, le bout de papier aussi gluant que dégoutant était encore dans ma bouche et je n'allais pas essayer de m'étouffer en l'avalant ! Je devais avoir l'air intelligente, moi. Soudain, un autre rire résonna dans la salle, c'était Lucas ! D'autres suivirent, pris dans l'hilarité générale.
_ Si vous ne vous calmez pas, attendez-vous à recevoir des heures de colles !
Les rires se tarirent peu à peu. Monsieur Baker me regarda et je me préparais au pire quand on toqua à la porte : _ Bonjour, excusez-moi de vous déranger mais Céleste Fisher est-elle là ? Je fus surprise en reconnaissant mon nom. Surtout que c'était le directeur, monsieur Collins, qui venait me chercher en personne.
_ Oui, justement j'avais l'intention de... Le principal le coupa
_ C'est assez urgent, où est-elle ? Puisque je ne pouvais pas parler, je me contentais de lever la main.
_ Très bien, range tes affaires et vient avec moi, s'il te plait. Monsieur Baker je peux vous voir une minute ?
Ils s'éloignèrent tous les deux dans le couloir.
_ On a eu chaud. Tu sais ce qui se passe ? me demanda Sarah.
Je fermais mon sac à dos, m'avançai vers le bureau du professeur, retirai et jetai la boule de « papier-mâché » dans la poubelle. Je fis une grimace de dégout et répondis à Sarah :
_ Aucune idée, rien de grave je suppose, dis-je comme pour me rassurer.
Les élèves cessèrent de parler lorsque que le principal et le professeur revinrent. Alors que je m'attendais à recevoir les foudres de mon professeur, il me regarda d'un air sombre et ne prononça rien. Je suivis le directeur et lorsque je passai devant monsieur Baker, il me tapota le dos presque affectueusement !
Après ça, monsieur Collins m'emmena dans son bureau où m'y attendait ma mère. Je sus tout de suite que quelque chose de grave s'était produit. Elle avait une mine épouvantable. Ses cheveux étaient ébouriffés, son regard était hagard et son mascara coulait comme si elle avait pleuré. Elle me serra fort dans ses bras et me dit d'une voix tremblante :
_ Ton père a eu un accident ma puce. Sa voix se brisa. Il est à l'hôpital et est dans un très mauvais état. Il faut qu'on y aille, maintenant.
Le trajet jusqu'aux urgences est flou dans mon esprit. Je me souviens brièvement des mains de ma mère tapant contre le volant de manière frénétique. Ou encore de l'odeur de désinfectant dans les couloirs de l'hôpital.
J'appris que mon père avait eu un accident de voiture dans la forêt de Beurzy près de chez moi. Il avait oublié des dossiers à la maison et était allé retourner les chercher en passant par un raccourci. Il aurait perdu le contrôle du véhicule et serait tombé dans un fossé. Je ne sais combien de temps nous attendîmes avant de pouvoir le voir. Plusieurs heures ou plusieurs minutes, je ne sais pas. J'avais perdu toute notion du temps. Nous pûmes finalement aller lui parler.
Il avait un plâtre au bras et à sa jambe, une grosse bosse en haut du crâne et des bandages autours de ses côtes. Je fus soulagée en le voyant. Je m'étais imaginée qu'il serait méconnaissable à cause de ses blessures. Mais non, c'était toujours mon père. Au début, je laissai ma mère y aller seule, hésitante à entrer. Je voulais voir mon père bien sûr, mais je savais que si je le voyais, tout cela deviendrait trop réel. Elle lui parla pendant quelques minutes, puis me fit signe de les rejoindre.
J'inspirai profondément et je passai la porte. J'avançai lentement puis contournai le lit pour finalement me retrouver face à mon père. Je l'observai un instant et ça me frappa d'un coup. Dire que j'aurai pu ne plus jamais voir cette lueur bienveillante dans son regard. Je me mis à sangloter.
Mon père ouvrit ses yeux en grand et me fit signe de venir dans ses bras. Il me caressa de son bras fonctionnel les cheveux comme quand j'étais enfant et ma mère me tenait tendrement la main. Je sentis mon père faire un signe de tête, puis ma mère partit de la pièce se chercher un café pour me laisser un peu avec papa. Je reculai et essuyai mes larmes, un peu honteuse. Je n'avais plus pleuré comme ça depuis longtemps. Je remarquai que mon père était très pâle et qu'il avait l'air vraiment fatigué. Je ne savais pas quoi dire.
_ Ne pleure plus ma petite coccinelle, d'accord ?
Je souris. Ce surnom datait du carnaval de mes 6 ans. J'avais mis un costume de coccinelle peut-être un peu trop rembourré, mais que je trouvais très réaliste. Mon père lui avait pleuré de rire en me voyant. Depuis j'étais « sa coccinelle ». Ça faisait quand même longtemps qu'il ne m'avait plus appelé comme ça et je me sentis mieux.
_ D'accord, répondis-je la voix rauque à cause d'avoir pleuré.
_ Ecoute bien ce que je vais te dire ma petite coccinelle. Tu es quelqu'un d'unique et je suis certain que tu as un grand avenir devant toi.
Pourquoi me disait-il ça ? Il était sorti d'affaire non ? Tout allait bien alors pourquoi me disait-il ça maintenant ? Il toussa et sa respiration devint sifflante. Une ride soucieuse vint se loger entre ses sourcils. Un signal d'alarme se déclencha dans ma tête.
_ Je devrais peut être aller chercher une infirmière...
_ Non, me coupa-t-il. Il faut que tu saches.
Il se remit à tousser et je commençai à partir demander de l'aide mais il ne me retînt pas la main. Ses yeux se fermaient doucement.
_ Ta mère, reprit-il difficilement.
_ Maman ? Tu veux que j'aille la chercher ?
_ Non, non, il prit une courte respiration et secoua la tête au prix d'un grand effort. Ta mère n'est, elle n'est...
Il laissa sa phrase en suspens, ferma les yeux et sa ride disparue. Je pensai qu'il s'était endormi jusqu'à ce que la machine, qui servait sûrement à contrôler son rythme cardiaque, produise un long « Bip ». J'avais vu assez de film pour savoir ce que cela voulait dire. Je pris la main de mon père et la secouai.
_ Papa ? Papa ?!
Aucune réaction. Plusieurs personnes déboulèrent dans la salle. L'une d'entre elles me demanda de sortir. Voyant que je ne réagissais pas, elle essaya de m'emmener en dehors. Je me mis à hurler et à me débattre. Je ne voulais pas qu'on me sépare de lui. Il fallait que je reste. J'eus beau faire ce que je pouvais, je me retrouvais quand même dans le couloir.
J'entendis un bruit à ma droite. Je tournai la tête. Ma mère me regardait avec l'air déboussolé, à ses pieds gisait un gobelet de café renversé.
_ Ma puce ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi tu pleures ?
Je ne m'étais même pas rendue compte que les larmes dévalaient mes joues. Elle s'approcha de moi mais je ne répondis rien. J'étais incapable de produire le moindre son. Elle regarda par la vitre les infirmiers essayer de relancer le cœur de mon père.
_ Oh mon dieu, murmura-t-elle.
Je ne sus jamais ce que mon père avait voulu me dire. La dernière chose dont je me souvienne est la voix d'un médecin annonçant que mon père était mort le 5 avril à 16h43.
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Hey, hey, hey ! J'espère que vous allez bien , moi oui en tout cas. Je viens de me remplir le ventre du délicieux gâteau d'anniv de ma sister
Alors... qu'avez vous pensez de ce chapitre ? Vous avez été ému ... ou pas ?
J'attends vos commentaires avec impatience, bye les gens
- S
* Chapitre corrigé par Furflan ! *
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