Céleste
Dans tes yeux d'azur bleuté qui m'émerveillent depuis toujours.
Tu me regardes et me souris sans un mot soufflé.
Tout ton corps demande grâce, au nom de notre amour.
Pour que nous te permettions de nous quitter.
Mais voici que mes mains pianotent en ton nom.
Depuis ma tête jusqu'à mes doigts, hésitante depuis des jours.
Afin de trouver les mots, les lettres, les sons.
Qui sauraient te rendre l'hommage de tout notre amour.
Nous serons de toi l'héritage à ce monde que tu as tant aimé.
Afin que perdure dans nos cellules et nos âmes encore inachevés.
Une part de toi, de tes valeurs, une parcelle de celle qui nous a créé.
Pour que nous portions témoignage de ce que tu as été...
Elle ouvrit les yeux au début du monde de la Grande guerre.
Sur les genoux de son père, dans les bras de sa mère, elle grandit.
Elle découvrit le monde sur les épaules de son grand frère.
À qui, comme ses sept sœurs, elle donnait son coeur, attendri.
De ce monde, protégée et aimée, ses yeux de ciel, la beauté découvrirent.
Sa jeunesse y plongea à cloche-pieds, pleine d'une vie exubérante.
Son âme émerveillée par ces joies, ces chants, exaltée de tous ces rires.
Jamais ne devaient se finir ces moments de tendre innocence.
Puis ce fut le destin qui frappa de son cruel chemin inconnu.
Le coeur paternel cessant de battre la mesure rassurante.
Dans la vie de sa famille vint alors un silence déchu.
Le monde sembla flotter dans une réalité ô combien déroutante.
Mais la vie reprit ses droits dans son regard innocent et pur.
Le frère fit figure de terre sacrée et honorée dans le tumulte.
Sa tête aux cheveux bouclés prit la douce harmonie de la vie.
La douce enfant, dans ce cercle de bonté, de musique et de piété, grandit.
L'âme exaltée et l'esprit nourrit, le corps doucement s'épanouit.
La petite fille devint femme décidée, aventureuse et énergique.
Qui, un jour rencontra celui qui deviendra l'ami et l'amour d'une vie.
Uni et ensemble, pour ainsi détourner d'eux tout principe tragique.
Le chemin de leur vie les amena tous deux à naviguer adroitement.
Là où leurs désirs les portaient, construisant l'amour durable et créant la vie.
Leurs œuvres et leurs réalisations grandissant fermement.
Par delà toutes embûches, relevant tous les défis.
Une vie de famille en fut le succès tant mérité.
D'un labeur persévérant et d'efforts sans cesse renouvelés.
Arpentant les allées de la vie, d'un pas concerté.
Avec son âme sœur, elle affronta l'existence et la réalité.
Le frère héroïque, d'un coeur blessé, parti rejoindre le père.
Jamais pour elle, la place libérée ne fut recomblée.
Cependant, la vie reprit son cours, afin qu'elle y adhère.
Celle au regard de ciel, à ce destin qui lui était réservé.
Le bonheur fut présent, les joies intenses.
Les malheurs frappèrent parfois, sans insistance.
Les sabliers s'écoulèrent et sans trop de bruits.
Les événements s'enchaînèrent dans sa longue vie.
Le flambeau de l'aïeul, un jour pourtant, elle reprit.
Alors que la mère, après une très longue vie.
Dans un soupir de joie, de libération et d'amour.
S'en fut rejoindre dans le firmament, son mari de toujours.
Sa famille s'épanouit, elle entrevit la future relève.
Les yeux de son âme recommençaient sans trêve.
Car, elle vit son regard si beau être miraculeusement transmis.
Au delà des générations et reprendre ainsi vie.
Tout le chemin, elle l'aura parcouru avec tant d'attention.
Sans demi-mesure et avec pleine intégrité.
Toujours honnête, tenace et sans aucune prétention.
De son mieux, elle aura toujours tout réalisé.
Elle fut toujours présente, de corps, d'esprit et d'inquiétudes.
Pour nos bobos, nos écorchures et nos maladies.
Pour tous nos projets, solides ou fous, grands ou petits
Elle nous accordait son intérêt, sans jamais lassitude.
Comme elle, nos chemins de vie nous avons tracés.
Doucement, elle nous y a accompagnés, encouragés.
En nous, sa confiance et son amour inaltérables, elle aura placés.
Fermement, vers l'autonomie d'adulte nous a mené.
Toujours de son pas décidé, avec classe et prestance.
Elle vit s'approcher le moment ultime de l'existence.
Là où le corps ne voulant plus mais l'esprit vigilant.
Là où l'âme doit se préparer et prendre son élan.
Elle le fit, main dans la main, avec son âme sœur.
Revoyant toute leur vie et préparant son dernier départ.
Se rassasiant de derniers moments, des couleurs, des fines odeurs.
Qui parsemaient ce chemin vers l'ultime port.
Elle était pour nous la première, celle de qui nous naissions.
Nous fûmes la seconde et nous eûmes la troisième génération.
Tout au pied de nos racines, nous garderons toujours en nous.
Le souvenir d'elle, de tous ses rêves qu'elle sema en nous.
La génération suivante, la quatrième, a pu poindre le bout de son nez.
Alors que ses grands yeux bleus attendris et confiants y jetaient un regard.
Dans son âme et son esprit, non elle n'a jamais changée.
C'est seulement la force du corps matériel qui part.
Le dernier bout de chemin s'approche furtivement.
Et pourtant, impuissant, nous le voyons venir dans ce brouillard.
Qui de nos yeux glisse en perles brûlantes de notre regard.
C'est ce moment ultime, si redouté, que nous acceptons finalement.
Car oui, nous devons, par amour, dans un dernier geste.
D'un tendre baiser sur le front, d'une ultime caresse sur la joue.
D'un mot soupiré et répété sans cesse, d'un « je t'aime » si doux.
Accepter. Laisser s'envoler, tel l'oiseau, notre mère vers sa vie Céleste.
Je t'aime Maman.
Merci pour cette vie.
Ta fille.
RIP
❤️
10 novembre 1934 - 30 novembre 2015
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