Chapitre 3 : Le nouveau moi.
C'est avec soulagement que je passe enfin les grandes portes vertes de mon immeuble. Les paparazzis m’attendaient de pieds fermes devant l'agence de Laza, un taxi était en stationnement bien sûr mais je n'ai jamais réussie à apprécier l'épreuve que représentait le mur de pseudos journalistes que représentaient ces sales requins. Ils se comportaient assez convenablement lorsque le sujet n'était ni sensible, ni sexuel. Alors aujourd'hui ils étaient de vrais monstres avec d'affreuses questions toutes plus indiscrètes et déplacées les unes des autres. Je ne sais toujours pas comment se débrouillent Cristal, Lucius ou Ludovic pour être à l'aise lors de ce genre d'exercice.
J'ai réussie à les semer sans trop d'encombres mais monter le luxueux escalier en marbre blanc de mon immeuble afin de regagner mon très confortable appartement est une bénédiction.
- Bébé ! Je suis rentrée !
Je jette mes clés dans le vide-poche en bois qui repose sur le guéridon de l’entrée, envoie valser mes talons -hors de question d'esquinter le plancher en chêne même pour des Louboutin- et m'élance joyeusement dans mon très bel appartement parisien. Mon chez moi. Enfin, pas totalement. Je partage ces deux cents mètres carrés avec mon chéri, l'homme de ma vie.
- Salut belle blonde, souffle-t-il justement en surgissant dans mon dos et en me serrant contre lui. J'ai cru comprendre que tu avais eu une rude journée…
- Horrible ! Je te jure j'aurais préféré enchaîner une séance d’entraînement avec Nila, une session de chant dirigée par Madame Signes et finir en tête à tête avec Framboise.
Ludovic explose de rire avant de poser ses lèvres aux creux de mon cou. Un tremblement me secoue et je ferme les yeux pour savourer l'instant.
Je suis avec Ludovic depuis presque un an et demi. Je ne l'avais plus croisé depuis la fin de Celebrity School puis, un jour, sur le plateau d'une émission télé qui voulait m'interviewer pour la promo de mon première album et sur ma récente rupture avec Lucius Van Der Lood, mon ancien camarade de télé-réalité, même si personne n'avaient alors prit la peine de me parler de cette partie de l'interrogatoire -en direct sur la chaîne leader soit dit en passant donc impossible de se défiler sans perdre la face. J'étais tellement mal ! Si honteuse et blessée ! J'aimais Lucius, vraiment, il m'énervait profondément, m'insupportait très souvent mais nous avions une réelle connexion, il tenait à moi et m'aimait, du moins je le pensais, jusqu'à ce que je débarque dans sa loge sur le tournage de son premier film un peu moins de six mois après l’émission afin de lui faire une surprise pour le trouver avec sa langue enfoncer dans la gorge de l'actrice principale. Bien évidemment moi et ma grande gueule avons fait un scandale sur le plateau avant de partir dans un bouquant d'enfer assez tonitruant pour réveiller la presse qui s'est empressé de faire de mon malheur leurs choux gras.
Bref, j'étais en direct, toute apprêtée et pomponnée, ravie de discuter de mon travail lorsque cette sale garce de présentatrice s'est mise à me demander si ma récente et douloureuse rupture avec mon petit-ami ne venait pas me déconcentrer, si je parvenais à tenir le choc Et d'autres absurdités du genre. Je ne savais plus où me mettre lorsque Ludovic, qui était lui aussi invité, ne vole à mon secours. Il n'était alors que mon idole, mon ancien professeur ou à la rigueur mon ami mais là, sur ce plateau il était la seule personne sur qui je pouvais compter, mon héros. Ensuite nous nous somme souvent vus, nous sortions, faisions la fête et une chose en entraînant une autre…
Le pire c'est que depuis La Lettre qui m'a permis de participer à Celebrity School, depuis la gloire, l'argent et tout le reste, être avec Ludovic a été la meilleure chose qui me soit arrivée. Qui ne rêverait pas de vivre une histoire d'amour avec son idole ?
- N’empêche t'as franchement merdé avec ce type.
- Il l'a cherché, il commençait à dire que nous étions similaires, fait dans le même moule et toutes ces conneries. Tu sais comme je déteste ça !
Ma voix monte dans les aiguës alors que je croise les bras sous ma poitrine et boude comme une môme. Ludovic resserre son emprise sur moi et se remet à déposer de petits baisers le long de ma nuque. Je gémit et me cambre contre lui :
- Après j'ai appelé Kimberly pour qu'elle m'aide à gérer toute cette connerie mais cette garce m'a balancé à Laza ! Tu te rends compte ? Je ne peux même pas avoir confiance en mon agent.
Ludovic lâche un petit ricanement aigre :
- Tu sais bien qu'il ne faut faire confiance à personne dans notre milieu.
Je me retourne afin d'enrouler mes bras autour de son cou et de lui sourire de façon suggestive :
- Vraiment personne ?
Ludovic se penche et laisse ses lèvres en suspens à quelques millimètre à peine des miennes :
- Enfin, presque, à une ou deux exceptions près.
- Mmh… préfère ça, je marmonne en l’embrassant enfin.
C'est au moment où les choses deviennent intéressantes, lorsque la chemise bleue pâle de Ludovic tombe sur le sol que mon portable se met à jouer « I'll be there for you », je pousse un gémissement de dépit en laissant retomber ma tête sur son torse. Il m'entoure de ses bras en se marrant :
- C'est ton pote…
- Oui mais pourquoi maintenant ? Il est quoi ? Trois heures du mat’ à LA ?
Je fouille mon sac -une microscopique pochette qui m'a coûté les yeux de la tête et dont je regrette l'achat injustifié- et attrape mon téléphone :
- T’es malade ou quoi ?! Y’a des manières plus simples de mettre un terme à ta carrière !
- Bonjour à toi également Lili-Rose, comment vas-tu ? Où est Thibaut ? Votre tournage se passe bien ?
- Ne change pas de sujet, connasse !
Les joies de l'amitié…
Je pousse un soupir en regardant Ludovic ramasser sa chemise sur le sol. Je fais demi-tour pour regagner ma chambre et me laisse tomber sur mon immense lit.
Avant Celebrity School je n'avais rien de tout cela, je vivais avec mon père, Claude, complètement paumé depuis le départ de ma mère qui a préféré vivre son idylle avec le facteur plutôt qu'élever ses trois mômes en bas-âges, Framboise, ma grande sœur complètement superficielle et nymphomane dont je partageais la chambre, Tomas qui était alors en pleine crise existentielle et enfin ma nièce et mon neveu, les moyens de pressions de Framboise pour garder ses mecs, Meredith et Derek. L'appartement était si petit que même mon chien, Toumoche, c'est fait la belle.
Je n'avais pas d'amis, pas de travail, pas d'avenir.
Et puis je suis tombée sur cette pub qui promettait de transformer des parias sans futur en star.
Aujourd'hui ils ne sont rien, demain ils seront les Rois.
Voilà ce que disait la pub. Sur un coup de tête, une impulsion, je me suis lancée et j'ai envoyé ma candidature, et, à la surprise générale, j'ai été sélectionnée. Le public m'a adorée et j'y ai rencontré mes meilleurs amis Lili-Rose et Thibaut. Momo et Roland aussi, et même ce gros con de James. Les Jumelles, cette grosse pétasse de Cristale, Lucius, Ludovic, Laza et plein d'autres encore.
Je ne sais pas ce que je serais devenue sans cette émission, quel genre de personne. J'y ai tellement gagner que, souvent, je me réveille en sursaut, persuadée que tout cela n'est qu'un rêve puis j'avise Ludovic qui ronfle à mes côtés, dans mon lit. Je vois les photos sur ma table de nuit, celle où nous sommes tous sur scène pour le dernier prime de l'émission, Lili-Rose et Thibaut, Momo, Roland qui pose alors que j'embrasse sa joue pleines d'acnés. Laza aussi est là.
Je dois énormément à cette télé-réalité, à mes amis, aux professeurs qui sont parvenus à faire de moi une chanteuse et danseuse correcte et à mes fans pour leur soutiens.
- Désolé Mûre, j'ai essayé de la retenir !
Je lève les yeux au plafond. Mon cul ! Thibaut n'a jamais rien refusé à Lili-Rose. D'ailleurs je suis certaine qu'il a tendu son portable à sa copine parce qu'il savait que je ne répondrais pas si la sonnerie de mon amie retentissait.
- Écoute, j'ai juste parlé sans réfléchir. Tu sais comme je réagis mal à tout ses tarés qui disent être comme nous.
- C'est pour ça que tu es si populaire, débile, parce que tu es proche des gens !
- Tu as mis ton poing dans la gueule d'un de tes fans, toi.
- C'est pas la même chose et tu le sais, hurle-t-elle à travers le combiné. Ce mec me harcelait.
Elle marque un point.
- Dans deux jours tout est oublié, fais moi confiance.
- Je ne crois pas, non. C'est super grave comme truc. Tu as insulté presque gratuitement un de tes admirateurs, pire, tu l'as humilié avant de lui suggérer de mourir. Imagine que le mec est un peu faible mentalement et qu'il suit ton conseil ? Tu as conscience de la merde dans laquelle tu seras ? Et puis pense à se pauvre gars. On est leurs modèles. C'est un rôle super lourd à porter mais ils ont besoin de nous, de l'espoir que nous véhiculons. Il ne méritait pas ça et cette fille qui a rabaissé ce type n'est pas mon amie. Tu as toujours été moqueuse, mais pas cruelle. Je m'inquiète pour toi…
- Je sais. C'était une erreur, demain je ferais un communiqué de presse pour arranger les choses.
Je pousse un long soupir en laissant retomber mon bras sur mes yeux.
- Il est loin le temps où je passais des auditions en soutif, bouffais en cachette, que tes cheveux changeaient de couleur chaque semaines et que notre principale préoccupations était de survivre à un nouvel entraînement.
- Nostalgique, ricane-t-elle.
Je hausse les épaules, comme si elle me faisait face :
- Laza m'a convoqué dans son bureau tout à l'heure. Elle semblait étrange. C’était elle, sans l’être. En temps normal elle m'aurait crucifié sur la façade de l'immeuble en gage de pénitence mais là… je sais pas. Qu'importe. Votre film, comment ça se passe ?
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