Chapitre 7 - Quand les anglais débarquent...
Le second jour de mon aventure débute à peine et, déjà, j'en ai marre. Outre le fait que j'ai passé une nuit abominable à cause de Lucius et de ses sales petits mots sournois et mensongers, les piaillements enthousiastes de Cristal et des jumelles ne sont vraiment pas la meilleure chose existante pour me tirer du lit avec le sourire et, comme si le Joker et les Trix ne suffisaient pas, la nature a choisi cette journée pour se rappeler à moi.
Du coup, je grignote mon petit déjeuner en compagnie de Lili-Rose et Thibault, qui fort heureusement ne sont pas du genre bavards, et fusille du regard le premier imbécile qui tente de m'aborder. Jusque-là j'ai réussi à repousser Roland et son haleine putride du matin, Cristal et son brushing de star sans oublier Momo et sa pêche d'enfer -sans déconner il met quoi dans son café ?!
Au loin, je remarque cet imbécile de Lucius qui me fixe avec un sourire de hyène collé sur le visage et ça ne sent pas bon. J'ai l'impression qu'il manigance un truc, il est trop sûr de lui, à se balancer sur sa chaise, les bras croisés sur le torse, comme s'il était le parrain du coin. Ses mots de la veille sont encore très présents dans ma tête et, à vrai dire, j'ai beaucoup de mal à les digérer. Je ne juge pas tout le monde, je n'essaie pas de les faire rentrer dans des cases ni quoi que ce soit de la même eau ! Merde, j'ai été jugée et montrée du doigt toute ma vie, je ne suis certainement pas en train de faire la même chose, si ?
– Salut, Salut !
Je lève les yeux de ma gaufre pour aviser 1,2 et 3 qui entrent à la queue-leu-leu dans la salle de restauration de notre hôtel. Je ne sais plus vraiment qui est qui sans leur accoutrement étrange. Et puis celui qui est venu me chercher à la gare n'était pas là, remplacé par un type immense et aussi épais qu'un fil de fer. Je suis certaine qu'il a décidé de rouler une pelle à un train alors que ce dernier roulait à 300km/h...
– Je vous présente le nouveau 1, s'exclame finalement l'un d'entre eux, celui qui avait des perles dans les cheveux hier.
– C'était pas toi 1 ? demande Lili-Rose en les détaillant.
Un éclair de colère et de mépris traverse son visage avant qu'il ne se reprenne. Oups. Le monsieur est vexé.
– Laza a décidé que j'étais 3 maintenant et voici le nouveau 1.
– Et 2 est toujours 2, rit Momo en s'étirant.
– Oui, acquiesce celui-ci avec un sourire en coin.
À ce stade de la conversation j'ai l'impression d'être en pleine équation et je décide donc de laisser tomber. Comme la veille, ils sont tous habillés d'une drôle de manière, que ce soit pour les fringues taille enfant de la grande perche, l'ensemble en lycra jaune fluo pour le rouquin ou le déguisement schtroumpf du dernier. J'ai l'impression d'être dans un Comic-Con.
– Bref, trêve de bavardage, déclare le gars habillé comme un môme de trois ans, nous allons vous conduire au siège ou vous pourrez prendre connaissance du contrat avant de le signer, ensuite nous vous emmènerons rencontrer vos professeurs et, dans la foulée vous commencerez à passer les tests.
– Quoi ? Sans révisions ?! s'exclame Roland, qui, de toute évidence voulait faire une blague qui est tombée très bas.
Je lui offre un pauvre sourire lorsqu'il me me regarde avec fierté et je retiens un gémissement de dépit quand il me répond par un clin d'œil. Super ! Peut-être que Lucius a raison et que je juge les gens... mais honnêtement ? Je préfère rester vierge pour le restant de ma misérable vie plutôt que laisser Roland empiéter sur mon espace vital.
Lorsque les assistants de Laza nous ont précédés et que Roland s'est approché de moi avec l'intention évidente de discuter, j'ai joué des coudes, poussé deux trois personne pour me propulser juste derrière les larbins, aux côtés du psychopathe scarifié. Je préfère encore la compagnie de ce malade plutôt que celle de Roland. Rien que d'imaginer entretenir une conversation avec lui me fait grimacer.
– Eh bien, tu ne souhaites pas discuter un peu avec notre cher Roland ? se moque Lucius en me coulant un regard en coin.
Je grommelle dans ma barbe un joli « va te faire foutre » et l'ignore pendant quelques temps. Arrivée dans le hall de l'hôtel, soit dix secondes plus tard, je n'y tiens plus ! Son sourire entendu me donne juste envie de lui frapper la tronche contre un mur jusqu'à ce que ses dents tombent :
– D'accord, t'as gagné, Scar. Je juge parfois un peu les gens.
– Un peu ?
Je fais un mouvement de tête en direction de Roland et fronce les sourcils :
– Avoue qu'on a pas envie de le connaître ! Il est un peu comme un crapaud...
Lucius ricane en secouant la tête :
– Et s'il était un de ces princes de contes de fée ? Tu sais, transformé en crapaud par une méchante sorcière et qui doit embrasser la princesse pour être délivré du mauvais sort ?
– Je ne suis pas une princesse, donc il devrait plutôt tenter sa chance avec Cristal. Ou postuler pour le nouveau film de Disney.
Cette fois il rigole franchement en rejetant la tête en arrière. Il est beau, comme ça. Vraiment, il semble heureux et on a l'impression qu'il repousse tout ce mystère et ces ombres dont il s'entoure habituellement.
Je secoue la tête pour me sortir de cette transe admirative. C'est franchement pas le moment de fantasmer sur le psychopathe misogyne et bipolaire, j'ai un avenir à construire et alors que nous grimpons dans la limo le stress commence à monter. Framboise est vraiment parvenue à me faire douter. Je sais qu'ils recherchent des gens sans le moindre talent mais si justement, j'étais un cas désespéré ? S'ils ne pouvaient rien faire pour moi et se contentaient de me renvoyer chez moi ?
– Tout va bien Mûre ?
– Ouais.
Roland baisse immédiatement la tête. Bon, j'ai peut-être été un peu dure mais je suis pas d'humeur à jouer la gentille.
– Tu pourrais être plus aimable quand même, me souffle Lucius en fronçant les sourcils.
– J'ai mes règles.
C'est magique comme phrase. Ces quelques mots mis bout à bout prononcés à voix haute et hop ! Chaque mâle à portée de voix baisse la tête et devient soudainement très, très, docile.
Puis, sans qu'une parole de plus ne soit prononcée, nous démarrons. Je ne sais pas pour l'autre voiture mais Lucius, Lili-Rose, Thibault, Roland et moi sommes parfaitement silencieux, très conscients que notre avenir va se jouer dans les minutes à venir.
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