Chapitre 34 : J-6 !
Samedi :
L'ambiance autour du petit-déjeuner est étrange. Pour commencer nous mangeons en silence. Pas de disputes, pas d'éclats de rire ou de débat animé sur qui des Avengers ou de La Ligue des Justiciers sont les meilleurs, question qui nous aura poussé à hausser le ton bien trop souvent et qui n'a toujours pas trouvé de réponse. Je ne sais pas qui du dieu nordique ou du super-héros extra-terrestre au slip rouge est le meilleur, c'est un débat presque stérile. Nous sommes tous là à fixer notre café ou à mastiquer notre croissant, au chant des cigales. Ce silence si cher à mon cœur en temps normal me tord l'estomac et me rappel que l'aventure touche à sa fin.. Il est morbide et beaucoup plus accablant que réconfortant. J'ai même du mal à finir mon pain aux raisins. C'est la dernière semaine, la ligne droite. Nous savons que Laza va venir nous parler. Nous allons préparer le dernier prime avant d'être jetés dans la fausse aux lions. On va devoir mettre a profit tout ce qu'ils nous ont appris et espérer être devenus assez bon pour tirer notre épingle du jeu. Si je pensais être angoissée pour mon premier direct ce n'est rien en comparaison de ce que me réserve mon avenir. Rien que d'y penser j'en ai des sueurs froides.
– Mûre, tout va bien ? On dirait que tu vas gerber, me demande Roland, assis en face de moi.
Je ne réponds rien parce qu'en vérité, c'est fort possible. J'ai une boule équivalente à un ballon de foot dans le ventre et l'idée du lendemain me donne envie de vomir alors songer à samedi prochain...
– Ça va, je croasse en repoussant mon café.
Décidément, cette émission m'aura vraiment pousser à tout expérimenter, même le jeun. Je me lève, débarrasse et je vais me réfugier à la cuisine. Faire un peu de ménage me permettra de penser à autre chose. N'importe quoi, plutôt qu'imaginer ce qui m'arrivera demain, la semaine prochaine ou dans un mois. C'est con, hein ? Moi qui vivais mes journées constamment de la même manière il y a seulement quelques mois attendant désespéramment une évolution, une nouveauté et me voilà, six mois plus tard, terrifiée à l'idée du changement. Je m'acharne sur la cafetière que j'ai entièrement démontée lorsque Lili-Rose vient s'installer sur le plan de travail à côté de moi :
– Je suppose que ta frénésie ménagère est une meilleure façon de ne pas penser à l'après que mon emportement ridicule.
– C'est différent, je marmonne en frottant plus fort.
Elle ricane et observe un moment de silence tout en me regardant m'agiter dans tout les sens avant de finalement me prêter main forte. Les jumelles, les bras chargés de confiture, de tasses et de cuillères se joignent aussi à nous. Puis Cristal qui se décide à nettoyer les vitres. Roland s'occupe de passer le balai et la serpillière, Momo fait la poussière, James et Thibault s'occupent des salles de bains et Lucius remet en ordre l'extérieur.
Le tout en chanson. C'est assez drôle en faite. Nous nous servons de nos anciennes chansons, celles que nous avons interprétées et nous revoilà, meilleurs que la première fois, chantant et dansant comme dans une mauvaise comédie musicale, mais elles y passent toutes, les collégiales, les duos, les solos. Larusso, Sardou, Aznavour, Piaf, Céline Dion, Micheal Jackson, Madonna et j'en passe et des meilleurs. D'ailleurs, alors que Roland passe la serpillière dans le grand hall d'entrée, Sexy and I know it résonne dans les hauts parleurs, je lâche mon chiffon et je me précipite sur la table de billard pour danser dessus. Laza veux que je me lâche, que j'y aille à fond, c'est maintenant ou jamais !
– Girl look at that body ! Girl look at that body !
Je chante et remue les fesses tout en tournant sur moi même dans une piètre imitation de twerk sous le regard amusé de mes amis qui s'approche doucement. Et, lorsque le premier « i'm sexy and I know it » est prononcé je retire mon débardeur pour me retrouver, une fois de plus, en soutien-gorge devant la France entière. Je dois avoir un petit côté exib' quand même. Pour le coup, néanmoins, je ne reste pas seule longtemps. Roland saute sur la table à mes côtés et retire son short sous le cri admiratif des jumelles.
Beurk.
J'éclate de rire et nous dansons tous les deux. Enfin, on bouge en rythme plutôt en remuant les bras et les fesses mais je suppose qu'à partir du moment où l'on remue à la même cadence (plus ou moins) sur de la musique, c'est de la danse, non ? Faîtes que Mademoiselle Lola ne m'entende jamais parler. En bas, Momo et James se sont lancés dans un freestyle de breakdance, c'est pas encore ça mais au moins on comprend l'idée, Cristal se croit en boîte de nuit pendant que Thibault et Lili-Rose dansent un tango. Tous les prétextes pour se tripoter sont bons à prendre pour eux. Mais, le plus impressionnant vient de Lucius, qui, un peu avant le « wigle, wigle, wigle » saute sur la table à mes côtés avec un drôle d'air. À la fois amusé, excité et flippé. Il se penche sur moi pour me souffler :
– Je te l'ai promis.
Et avant que je ne me souvienne de quoi que ce soit il se déshabille, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que son boxer rouge qui, ma foi, est très saillant. Je n'ai d'ailleurs pas le temps de me remettre de ma surprise qu'il se met à imiter les gars du clip : les bras derrières la tête, il secoue le paquet. J'explose de rire à m'en déchirer les cordes vocales, pliée en deux et les larmes aux yeux. Je ne pensais pas qu'il serait capable de le faire, lui qui est toujours si fier ! Je suis tellement soufflée par son audace que je ne m'attarde même pas sur ses abdos. Du moins pas autant que je le devrais. Mais au bout de quelques secondes et parce que j'ai un peu pitié pour lui, je fais la même chose. Bon, moi ce sont mes obus que je remue mais tout de même ! Comme on dit c'est le geste qui compte.
On s'amuse vraiment beaucoup, on évacue toute la pression des dernières semaines et c'est géniale.
– Je vois que tout le monde s'amuse ici.
La voix, comme sortie des tréfonds de l'enfer nous fige tous avec plus d'efficacité qu'une balle en pleine tête. Le diable est là. Je suis parcourue d'un frisson d'horreur. Lucius saute de la table et me tends la main pour m'aider. Je la saisie et l'imite pour atterrir plus ou moins dans ses bras mais je n'ai pas le temps de savourer la sensation de nos peaux l'une contre l'autre que Laza joue encore les troubles fêtes :
– Allez vous asseoir, nous n'avons pas de temps à perdre. Oh et rhabillez-vous, je vous rappelle qu'il s'agit d'une émission tout public, si nous pouvions éviter de tomber dans le mauvais porno.
Elle s'en va et, à l'instant où elle quitte la pièce, nous soufflons tous. Cette femme est terrifiante. Nous la rejoignons à vitesse grand V dans le jardin. Elle est assise sur la table et nous dévisage avec nonchalance, totalement impassible.
– Le prochain prime se déroulera ici. Dans votre jardin. Et ce sera à vous de tout organiser. Je vais vous laisser mes assistants qui passeront les commandes pour le matériel. Vous devrez gérer votre show de A à Z.
– Attendez ! s'exclame Roland, vous voulez dire qu'on va également devoir gérer les entrées, la sécurité et tout ça ?
– Non, répond-elle après un instant d'hésitation, signe qu'elle y a pensé, juste de la partie artistique et technique de votre spectacle. Le dernier. Votre budget est doublé et vous avez presque carte blanche.
– Presque ? je demande avec suspicion.
– Pas de show à la Marylin Manson, pas de sang de porc à la Carrie, pas de provocations politique, pas d'alcool, ni quoi que ce soit de répréhensible dans le genre. Mûre je ne veux pas te voir quitter tes fringues, James et Lucius si l'un d'entre vous se bat il aura plutôt intérêt à quitter rapidement le pays pour aller s'enfoncer dans la forêt Amazonienne parce qu'il n'y a que là que je ne viendrai pas vous chercher pour vous le faire regretter. Je ne veux rien de trop explicite ou quoi que ce soit du genre. Je veux un show propre, sans bavure, au carré et grandiose. Clair ?
– Comme de l'eau de roche, j'acquiesce en hochant la tête avec vigueur.
Inutile de préciser que la dame n'est pas d'humeur à supporter une petite vanne. Elle se redresse, prête à partir mais avant, elle esquisse un sourire sincère très étonnant et un peu déplacé :
– Je suis fière de vous.
Puis elle s'en va.
Merde.
Dimanche :
– Non Cristal, je refuse de parader pendant presque trois heures dans ce genre de tenue ! C'est un directe que nous organisons, pas un bal de promo !
Je hoche la tête avec vigueur, d'accord avec Lucius. Nous avons vite décidé du thème de ce dernier prime : Déclaration. Qui aller chanter quoi avec qui aussi. Qui jouerait quoi, qui ferait quoi. Les chanteurs auraient le droit à un solo, un duo, un trio et les collégiales. Les acteurs nous préparent une surprise. Ils n'ont pas voulu en dire plus et les comédiens vont assurer le show. Vraiment, ce sont eux qui vont présenter, chacun leur tour. Hervé, notre présentateur vedette, sera tout de même présent pour sourire et nous guider mais dans le fond cette part là du spectacle reviendra à Roland, James et aux Jumelles. Maintenant nous nous disputons pour le reste. Tout le reste. La décoration, les costumes ou pas les costumes et tout le monde y va de sont idée, donc ils crient et ils hurlent et personne ne s'écoute et, pour une fois, je ne dis rien, je la ferme et reste muette. Oh, bien sûr j'ai mon idée mais je ne vais certainement pas alimenter le brouhaha. Pour l'instant du moins. Je me réserve pour le dessert.
– Je te dis qu'on doit sortir le grand jeux ! Genre cérémonie des Oscars ! Tapis rouge, lustres en cristal, robe de haute couture et nœuds pap', s'époumone Cristal qui s'accroche désespérément à son truc grand luxe.
– Je suis d'accord avec Cristal, lance une des jumelles.
Alice je crois. Je pense parvenir à les différencier. Juliette est plus grande et Alice plus grosse. À moins que ce soit l'inverse.
– Non, réplique sa sœur avec verve, je veux une pool party ! Ambiance vacances chics, maillots de bain, bulles et mousse !
– Et quel est le rapport avec notre thème ? crache Lili-Rose en croisant les bras sur sa poitrine.
Je souffle en secouant la tête, affligée et fatiguée par leur comportement immature. Je me lève et file à la cuisine me préparer un sandwich. La nourriture adoucit les moeurs.
– Mais tu es conne ou bien ? s'énerve finalement Momo. Tu veux nous faire danser et chanter en costume ?! Tu ne pourrais pas te servir de tes deux neurones pour nous filer une idée correcte et si tu n'en es pas capable et bien contente toi de fermer ta gueule !
Je grimace et compte mentalement dans ma tête. 3. 2. 1. Et c'est l'explosion. Cristal hurle comme une folle, Momo réplique, Alice l'insulte, Lucius engueule James, il le fait à la moindre petite occasion et semble en retirer un malin plaisir, je devrais peut-être m'inquiéter ou du moins me poser des questions mais je pense que rester en dehors de tout ça est une bonne chose, Thibault essaie de calmer le tout pendant que Lili-Rose descend en flèche l'idée de Juliette tandis que Roland essaie de prendre sa défense. Je les surveille du coin de l’œil en mordant à pleines dents dans mon sandwich à la rosette. Je décide de leur laisser encore cinq minutes avant d'intervenir et de calmer tout ce petit monde. L'air de rien, je pense que ça va me manquer. De ne plus vivre comme ça, dans cette espèce de colocation géante et constamment bruyante.
– Ta gueule !
Bon, c'est mon signal. Je m'approche d'eux et, une fois assez près pour me faire entendre mais pas trop quand même pour ne pas être prise dans la mêlée je cris bien fort pour tous les interpeller :
– Woh !
Le silence me répond et j'esquisse un sourire :
– Merci. On ne s'entendait plus penser là-dedans. Et je vais profiter du calme ambiant pour vous exposer mon idée ensuite nous en débattrons calmement et pas comme des sauvages, au risque de voir débarquer Satan, suis-je claire ?
Je souris encore plus largement quand je les vois tous acquiescer sans gronder. Faut croire que j'ai un peu de charisme tout de même.
– Bien, je fais en m'approchant, je pensais que, pour le thème déclaration nous devrions être nous-même, simplement. Nos habits, pas de costumes, de robes de bal ou de maillot de bain. Juste nous, la table du jardin, le canapé, le frigo et la station Bose, réunir sur scène ce qui nous a rassemblé durant ces derniers mois. Montrer au public qui nous sommes vraiment. Ce que nous avons vécu.
Le silence me répond. Ce n’était peut-être pas une si bonne idée finalement.
– Laissez tomber, je lâche finalement, c'est nul en fait.
– Moi j'aime bien, lance Lili-Rose, et puis ça irait bien avec ce que nous préparons.
Thibault et Lucius lui sourient et je soupire, un peu soulagée.
– Moi aussi j'adore ! s'exclame Momo, tout pour ne pas mettre de costume ou de maillot !
Je ris et, finalement, mon idée est acceptée.
Lundi :
Les techniciens ont commencé à tout installer ce matin. Ils ont ramené le matériel audio, l’éclairage, le câblage et sont en train de mettre en place la scène et les très nombreux gradins pour le public. Heureusement que le parc à l'arrière de la maison est immense. J'adore l'idée de faire mon dernier prime auprès de la piscine, là où, tous ensemble, nous avons passé tant de bons moments.
Mais l'installation de la scène n'est pas notre principal souci. Nous avons décidés, à l'unanimité, de faire une entrée très spéciale. Avec une chorégraphie et une chanson à couper le souffle, mais les répétitions sans Madame Signes, Mademoiselle Lola et Ludovic sont assez laborieuses. Comme la veille, nous nous disputons, jamais d'accord. Mais, à force d'acharnement et avec la force de l'habitude nous finissons pas préparer quelque chose de plutôt bon, à base de portés, de sauts, de virevoltes et de tout un tas d'autres trucs du même genre totalement dingue et que j'étais incapable de faire il y a trois mois. Cette émission m'a donné des superpouvoirs ! La chorégraphie a été inventée par Cristal et il se trouve qu'elle est quand même douée. Elle a beaucoup d'imagination. Qui l'eut crû ? Je veux dire, elle est parfois tellement blonde qu'ils nous suffiraient de coller un miroir au fond de la piscine pour la tuer et là elle nous sort une chorégraphie super technique, qui ne tourne pas seulement autour d'elle (c'est assez rare pour le souligner) et digne de Fred Astair et Ginger.
– Je crois que c'est bon, déclare-t-elle finalement, le souffle court, alors que la musique touche à sa fin. On devra tout répéter jeudi mais je pense que nous la maîtrisons.
Elle se dirige alors vers l'un des miroirs de la salle de danse sur lequel nous avons fixé la To-Do List. Et si je me fie à ce petit morceau de papier il nous reste encore deux collégiales, plus les solos, les duos, les trios et tout ce qui va avec. En gros, on n’est pas encore couché.
– C'est quoi la suivante ? demande Lili-Rose qui s'étire de l'autre côté de la salle.
– Je m'Voyais Déjà.
Les acteurs et les comédiens sourient. Celle-ci est pour eux. Bon, le rythme est difficile, d'accord, mais elle va demander surtout beaucoup de mis en scène. Pour preuve, Thibault a appelé 2, l'un des assistants de Laza pour lui dire de nous faire préparer des complets bleus pour celle-ci.
Et le reste de la journée se déroule de la même façon, mardi et mercredi également. Toujours entre deux répétitions que ce soit le chant, la danse ou la comédie et, lorsque nous ne répétons pas, nous préparons nos affaires. Doucement, petit à petit, nous retirons et rangeons dans nos valises tout ce qui nous appartient et que nous avons tendance à laisser traîner. C'est assez difficile. Parce que, finalement, malgré tout, cet endroit fantastique est devenu notre maison et la quitter c'est comme tourner une page pour se rendre compte que le chapitre est fini.
Comme les allés et venus au confessionnal avec Kimberly. Sans déconner, en trois mois elle n'a pas cessé d'essayer de me caser avec quelqu'un. Elle m'a même demandé si j'étais amoureuse de Cristal et si c'était pour ça que j'étais aussi agressive avec elle. Ce jour-là je me suis juste levée, j'ai quitté la pièce et refusé de retourner en interview jusqu'à ce qu'elle me présente ses excuses. Je crois que ça va me manquer de devoir mettre des mots sur ma journée tous les soirs. Ça va me paraître étrange de ne pas le faire.
Jeudi :
– Venez voir ! hurle James depuis l'entrée de la salle de danse.
Je fronce les sourcils et, à l'instar de Momo et Cristal avec qui je répète notre trio, je pose mon micro et nous quittons la scène pour rejoindre les autres qui se rassemblent tous sur le canapé.
– Qu'est-ce qui se passe nom de Dieu ? Vous croyez que c'est le moment pour une soirée cinéma ? Je vous rappelle que c'est demain, le grand jour, attaque directement Cristal, les mains sur les hanches.
– Laza vient de nous envoyer un message de nos familles.
Abasourdie, je me laisse tombée aux côtés de Lucius. Nos familles ? Je vais revoir mon père ? Après tout ce temps ? Sans m'en rendre compte, je me suis déjà mise à pleurer comme une enfant, et dire que je lui repproche son côté sensible. C'est étrange de me rendre compte qu'ils m'ont manqué à ce point. Je veux, dire, vraiment. La première vidéo se lance sur un couple à l'air austère, le père, grand et blond comme les blés semble fusiller la caméra des yeux tandis que sa femme, frêle mais tout aussi dur de visage avec ses grands yeux bleus perçants, s'accroche au bras de son partenaire. Je reconnais immédiatement les parents de Thibault. Mon ami ne leurs ressemble absolument pas, lui qui est si doux et si rayonnant, malgré tout la couleur des cheveux est exactement la même et je rremarque qu'il tremble un peu
– Bonsoir Fils, commence alors l'homme qui terrifie mon ami, avec ta mère nous avons observé ta progression, ton évolution avec attention et je dois bien avouer que tu nous as agréablement surpris. Nous sommes fiers de toi. À bientôt.
Court, net et précis. Sa “déclaration” en deviens chirurgicale.
Le message se coupe sur un écran noir, puis, à en juger par le hurlement des jumelles et par le look très tape à l'œil de la femme qui apparaît, c'est à leur tour :
– Salut les filles ! Je suis tellement fière de vous ! Vous êtes célèbres ! Si vous saviez, tous les jours on me demande « c'est vrai que tu es la sœur des jumelles de Celebrity School » ! Et moi je réponds « ouais, trop ! »...
J'ai décroché à ce moment-là, parce que, mon Dieu, leur sœur est exactement aussi ennuyeuse qu'elles ! Je me tourne et, pas loin des filles qui piaillent à côtés de la télé, se trouve Roland :
– Tu sais, je lui souffle à l'oreille, je pense que tu as des chances de l'avoir à ton bras, elle aussi.
Il esquisse un sourire moqueur avant de hausser les épaules :
– Jamais deux sans trois.
Je me mords les joues pour ne pas rire et détruire le moment des filles. Ensuite c'est à la mère de James d'intervenir, une belle brune avec un fort accent anglais. Il hoche la tête et sourit à tout ce qu'elle dit. C'est beau quand même, je ne pensais pas que James était du genre à aduler sa maman. Roland aussi nous surprend en lâchant une larme lorsque sa petite sœur lui explique à quel point il lui manque ainsi que ses parents, ses grands-parents, sa tante, son oncle et ses cousins à croire que toute la famille a répondu à l'invitation de Laza. Et ils y vont tous de l'anecdote qui fiche la honte, mais, ma favorite c'est celle de sa mère qui, les larmes aux yeux et photo à l'appuie, vient de ruiner la réputation de son fiston :
– Je suis si fière de toi mon bébé, sanglote-t-elle, j'ai l'impression que c'était hier que tu piquais mes robes et mes talons avant de te maquiller pour nous faire un joli spectacle ! Mais tu vois, tu y est finalement arrivé mon bébé !
Et bam, la photo d'un garçonnet avec de grosse binocle, maquillé comme une prostituée ivre juché sur des talons, une robe verte hideuse dix fois trop grande dévoilant son torse. Inutile de préciser qu'il m'a fallut cinq minutes pour cesser de rigoler comme une biquette. Après ce sont les amis de Lucius qui se sont exprimés, enfin, ils ont hurlé et débité une flopée d'injures pendant dix minutes, mais bon. Je me suis tournée vers lui et j'ai esquissée un petit sourire triste en agrippant sa main, il semble dépité et honteux. Je crois qu'il n'est pas super content d'avoir des nouvelles de ses proches.
– Salut Mohamed ! Je suis très fier de toi mon fils, j'ai toujours dis que tu étais un champion, mon garçon !
Momo tente de retenir ses larmes face au message plein de fierté de son papa. Lili-Rose aussi finit par pleurer lorsqu'elle voit Lucie, une jolie rousse pétillante qui, pendant au moins dix minutes lui explique en long, en large et en travers à quel point elle la rend fière et heureuse, lui assurant qu'elle est sa plus grande réussite, avant de s'adresser à moi, ce qui me surprend presque autant que la teneur du message :
– Je tenais à te remercier, puisque, toi la première, avant Thibault, Lucius, Momo et tout les autres tu es allée vers elle, tu l'as supportée, elle et son sale caractère qui lui porte trop souvent préjudice et tu lui a permis de s'ouvrir et d'avoir, pour le première fois de sa vie, de vrais amis. Merci Mûre. Pour tout et bonne chance pour vendredi soir.
Les larmes aux yeux je me suis tournée vers Lili-Rose pour la prendre dans mes bras.
– Elle a raison tu sais, me souffle-t-elle à l'oreille.
– Oh la ferme, je crie en reculant, tu vas me faire chialer.
Momo explose de rire derrière en me faisant remarquer que c'est déjà le cas et je me tourne pour le fusiller des yeux au travers de mes larmes ce qui, bien sûr, l'a amusé un peu plus encore.
Viennent ensuite les parents de Cristal, qui, malgré leur air guindé étaient vraisemblablement très émus d'adresser ce petit message à leur fille. Leur princesse comme ils l'appellent. Pas étonnant qu'elle est un tel melon. Et pour finir, c'est mon tour, et, à la seconde où mon père, mon frère, ma sœur et les morveux apparaissent à l'écran je me transforme en fontaine. Les petits ont tellement changé ! Surtout Derek qui paraît moins bébé et plus enfant. Les cheveux de ma nièce sont plus longs et c'est avec une risette splendide qu'elle me dévisage au travers de l'écran. Mon père a les yeux cerclés de rouge et ma sœur habillée de façon très provocante arbore un sourire fier qui, malgré tout, me met mal à l'aise. Qu'est-ce qu'elle a derrière la tête ? Mon frère lui est très beau, comme d'habitude, avec ses cheveux blonds et ses beaux yeux bleus très dur. Il a grandi, il dépasse facilement mon père maintenant. C'est dingue ce qu'ils m'ont manqué !
– Salut ma chérie, commence mon père, au bord des larmes. Si tu savais comme je suis fier de toi mon bébé. Tu es tellement belle, tellement forte. Tu es une vraie femme et tu as su prendre ton destin en main. Tu devrais voir La Tarte ! Toute la ville te soutient ! Ta photo est partout, les gens te supportent et t'encourage ! Tu es une vraie star ma belle ! J'ai tellement hâte de te voir vendredi !
Je me mets à sangloter d'une manière tout à fait ridicule. Lucius entoure mes épaules de son bras, me colle contre lui et dépose un baiser sur mon front pendant que Thibault me caresse le dos pour me consoler.
– Bô dessin, s'exclame alors Derek en me montrant une feuille avec plein de formes plus ou moins identifiables de toutes les couleurs qui me tire une autre crise de larmes.
– Et moi j'ai perdu une dent ! crie ma nièce en passant devant son frère et en pointant le trou dans son sourire.
Je me tourne vers mes amis et je m'exclame, pleine de joie :
– Vous avez vu ? Elle a perdu une dent ! Combien elle t'a donné la petite sourie ma puce ? je lui demande en zappant totalement le fait qu'elle ne peut pas m'entendre.
– Bien joué grande sœur, tu déchires tout ! me félicite alors Tomas, tu sais vraiment mettre l'ambiance ! Tout le monde adore quand tu remets la garce de service à sa place ! Je savais bien qu'une fille à papa te ferait pas peur, par contre tu diras à tes potes, là, qu'ils ont intérêt à faire gaffe, sinon je les attends vendredi soir avec ma batte de baseball.
Je lève les yeux au ciel face à son comportement, faut croire qu'il n'a pas changé. Vient ensuite le tour de Framboise et, je dois bien dire que je suis inquiète. Elle a le chic pour me ridiculiser.
– Quand tu nous a dit que tu allais participer à Celebrity School je l'ai un peu mal pris, commence-t-elle, hésitante.
Un peu ? Mais c'est qu'elle a le sens de l'humour la frangine !
– J'étais persuadée que j'y serais plus à ma place et tout ça mais, pour être franche, tu es géniale.
Je me fige, comme si j'étais victime d'une attaque. Attend, quoi ? Elle vient de me faire un compliment ou je rêve ?
– Tu t'es surpassée ces derniers mois, tu t'es accrochée et tu as tenue tête à tout le monde. Tu as même fait un régime pour sauver les miches de garçons avec qui tu ne couches même pas !
Je rougie et baisse les yeux. Voilà, j'avais bien dis qu'elle allait trouver un moyen de me fiche la honte.
– Alors, quand je disais que je serais plus douée que toi, je crois que je me suis trompée. Tu es la meilleure.
Puis l'écran devient noir avant qu'un message ne défile de la part de Laza. Elle a invité toutes nos familles vendredi soir. Bah, ce n’est pas comme si on avait déjà suffisamment de stress à gérer.
Plus tard dans la soirée, alors que tout le monde est enfin parti se coucher je suis allée au bord de la piscine pour profiter un peu de la quiétude des lieux, ne serait-ce qu'une dernière fois. J'ai un peu de mal à croire que c'est fini. C'est étrange. Je ne m'y fais pas. Je crois que je pensais que ça durerait toujours. Je décide de prendre un bain de minuit, après tout, je n'ai pas de piscine chez moi et je doute d'un jour pouvoir me payer un truc comme ça. À moins que ça ne marche vraiment bien pour moi.
Je plonge finalement et savoure la fraîcheur de l'eau sur ma peau. Je nage calmement. Pour une fois que je suis seule dans la piscine sans Momo pour tenter de me faire boire la tasse ou Thibault pour jouer au ballon, ou encore Lucius pour plonger constamment. C'est reposant et je crois que ça me détend, bien qu'étrangement, je ne sois pas vraiment stressée. Je veux dire, j'angoissais plus pour le premier prime et pourtant le niveau est tout à fait différent. C'est difficile à croire tout de même, en trois mois j'ai appris à chanter, danser, je suis capable de mémoriser un texte énorme en seulement quelques heures, je sais improviser et même parler anglais. J'esquisse un sourire, fière de moi. C'est vrai que j'en ai fait des choses folles ces derniers mois. Je plonge sous l'eau pour me rafraîchir les idées et me sortir de la tête les centaines de flashs qui me passent devant les yeux. Lorsque je remonte, après une longueur entière, je pousse un cri de surprise en reculant et en arrosant mon visiteur :
– Tu m'as fais peur espèce de malade !
Il se penche vers moi en esquissant un sourire et me souffle :
– Il faut que je te parle.
Je me fige instantanément. Quand cette phrase est prononcée, ça finit toujours mal.
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