Chapitre 12 - Aïeuh !
À peine entrée dans ma chambre, je me laisse tomber sur le lit, le visage enfoncé dans mes oreillers. Quelle journée harassante ! Le contrat, les gâteaux, mes règles, l'interview, encore mes règles, les professeurs, Ludovic et une fois de plus, mes règles. Je suis morte. Et, le pire, c'est que je suis incapable de savoir si je suis satisfaite ou non de cette fichue journée. J'ai l'impression de m'être moi-même mise en esclavage avec ce contrat à la con et, en même temps je n'arrive pas à être déçue pour ce choix. Je me sens juste très anxieuse et peut-être même que tout cela est dû à mes menstruations. Toujours est-il que je déteste me sentir comme ça.
Je soupire et ferme les yeux. De toute manière je ne peux pas faire machine arrière. Et puis peut-être que tout se passera bien ? Peut-être que je parviendrais à me faire des amis ? Il paraît que tout va plus vite dans ce genre d'émission. Sans oublier le point culminant de la journée : Ludovic. Je l'ai rencontré, il m'a même prise dans ses bras. Je gémis rien qu'en pensant à ses bras forts, chauds et musclés autour de moi, à son parfum légèrement musqué et à ses yeux bleus magnifiques. Il est lumineux et chaleureux, comme le Soleil. Et il m'a serrée dans ses bras ! Il m'a même appelée « demoiselle » ! Je me mords les lèvres pour retenir un hurlement de joie, mais franchement, sans succès. Rien que d'y penser je suis excitée comme une puce alors je décide de faire passer tout ça. Je chope mon portable et mes écouteurs, ignore les dizaines de messages de mon père et parcours ma playlist. Quand je suis comme ça rien de mieux qu'une petite danse. Pour le morceau c'est tout un art. Il doit correspondre à l'humeur.
Par exemple, là, de suite, après avoir rencontré Ludovic j'opte pour le classique « You're the one that I want » de Grease. Très vite je me prends au jeu et je deviens Sandy. J'imagine mon beau Ludovic chanter en cœur avec moi, danser et bouger, un large sourire collé au visage. Je tournoie et me déhanche, secouant les bras en l'air dans un mouvement parfaitement désordonné. Je tente maladroitement de reproduire de mémoire la chorégraphie tout en écorchant les paroles :
– You-re-the-want-that-i-want ! Ouh ! Ouh ! Ouh !
J'ai bien conscience que mon anglais ressemble à de l'allemand et de donner en plus l'impression d'être un chien hurlant à la lune mais le rythme entre en moi, me pénètre et me transporte. Je danse de manière totalement ridicule et je chante encore plus faux qu'un éléphant en train de barrir.
– The-one-that-i-neeeeed !
Je fais un tour sur moi-même en poussant un tonitruant « Wououh », bras en l'air et menton relevé avant de me figer net.
Thibault se tient dans l'encadrement de la porte, le visage inexpressif.
Et merde.
J'arrache les écouteurs de mes oreilles et me tortille en bégayant une suite de mots inintelligibles. Si ça avait été Framboise, Tomas ou mon père ça n'aurait eu aucune importance par rapport au secret familial, à la règle tacite de ne pas dévoiler les secrets honteux et tout ça mais Thibault ? Ça fait même pas deux jours que je le connais. Je ne sais pas comment il va réagir. Bon c'est pas non plus comme s'il venait de me choper la main dans la culotte face à un porno, mais c'est quand même vachement intime comme truc.
- Je... euh... salut !
Je lève la main vers lui en guise de bonjour, me mords la lèvre inférieur et prie avec ferveur pour qu'il ne remarque pas mes joues rouges.
– Je voulais discuter un peu...
Il hausse les épaules dans un geste désinvolte et reprend :
– Mais comme je dérange...
– Non, non, non, je m'empresse de m'approcher de lui et de le faire entrer en le tirant par le bras. Je suis désolée. Mais après cette journée de fou j'avais juste envie de décompresser.
Il me donne un petit sourire tordu, passe une main dans ses folles mèches blondes avant de se laisser tomber sur mon lit, en travers. Je m'allonge à côté de lui et fixe le plafond.
Un silence paisible s'installe entre nous. Mon rythme cardiaque se remet doucement de sa folle cavalcade, ma respiration s'apaise.
– Tu as quel âge ?
– Dix-huit ans, marmonne-t-il. Et toi ?
– Vingt.
Silence. Mais pas un de ces trucs lourds et pesants où chacun cherche frénétiquement à remplir les blancs. Un silence complice, dans le genre de ceux que l'on construit après des années d'amitié.
– Quelle journée, je souffle.
Il ricane et je sens sa tête bouger légèrement :
– Ouais, mais pour toi surtout, hein ?
– Je vois pas de quoi tu parles, je m'insurge en me redressant.
– La course pour les gâteaux, ta dispute avec Cristal, celle avec Lucius, ta rencontre avec ce gars, là, celui de la télé.
– Je me dispute tout le temps avec Lucius, je coupe court en me rallongeant.
– Ça fait même pas deux jours que vous vous connaissez et vous n'arrêtez pas de vous prendre la tête comme un vieux couple.
– Bah, au moins ça met de l'ambiance.
– Et les gâteaux ?
– Ils étaient splendides. J'étais obligée de me battre pour en avoir.
Il tourne la tête vers moi et me défie du regard en répliquant :
– Je dirais un seul mot : Ludovic.
– C'est mon idole ! je m'exclame en levant les mains au ciel, estimez-vous heureux que je n'ai pas baisé ses pieds et fabriqué un autel à sa gloire !
Il rit encore un peu et puis ne rajoute rien pendant de longues minutes.
– C'est peut-être une erreur.
Pas besoin de demander. Je sais qu'il parle de tout ça. De tout. Du contrat, des profs, de l'émission, des caméras. De notre avenir plus sombre et trouble que jamais.
– Très certainement.
– Mon père me prend pour un raté.
Que dois-je répondre à cela ? Mon pauvre gars, courage ? C'est assez complexe. D'autant que mon propre paternel m'a mise sur un piédestal.
– Moi c'est mon père qui est un raté.
– Je suis presque sûr que ma mère me prend pour une espèce d'homo qui s'assume pas et qui se drogue pour se voiler la face.
– La mienne est partie quand j'avais cinq ans. Pour le facteur.
– Dur.
– Mon père est une sorte de facteur.
Sans vraiment savoir pourquoi je me mets à rire. De la situation, de la journée, de moi. Juste je ris et je dois avouer que c'est plutôt bon. Pas autant que le chocolat, mais pas mal quand même. Thibault me suit et, très vite, on se marre tous les deux comme des baleines, se tordant sur le lit. Au bout de quelques minutes d'hilarité et de jolies crampes abdominales je souffle :
– Dis-toi que de toute façon, tout finira par s'arranger.
– Un jour, réplique-t-il, un tantinet amer.
– Un jour.
La nuit a été agitée. Entre mes nerfs à vifs et mes règles autant dire que je n'ai pas flirté avec Morphée bien longtemps.
Et puis j'ai fait un horrible rêve où j'étais pourchassée par une horde de têtes de lapin alors que je devais me débattre avec une espèce de robe de princesse meurtrière. Bref, mystérieux, angoissant et sanglant. C'est super pour mettre de bonne humeur.
Aujourd'hui nous passons les tests et je dois bien avouer que je ressens une certaine appréhension. Ils ne nous ont rien dit, pas la moindre indication, nada, que tchi, walou.
C'est assez étonnant, d'autant plus quand on constate la rigueur de leur foutu contrat ! À croire qu'ils veulent qu'on se ramasse... mon Dieu ! Et s'ils voulaient vraiment qu'on se tape une putain de honte intersidérale ? Dans le genre loose qui te colle au cul jusqu'à la fin de ta vie et qui finit gravée sur ton épitaphe : "ci-gît Mûre Forêt, fille et sœur humiliée lors d'une émission de télé-crochet débile et futile."
Je pousse un long soupir, m'étire comme un chat et décide enfin de me lever. Je saute dans la douche, mets un tampon, me maquille, me coiffe et m'habille avec un peu de soin, bien consciente que je serai sous l'œil des caméras toute la sainte journée et du coup je me retrouve à porter une robe noire avec une large ceinture rouge qui met en valeur ma taille fine (seul chose de fin chez moi d'ailleurs). C'est avec un soupir à fendre l'âme que je me résigne à porter ma seule et unique paire d'escarpins noir vernis. Les talons font dix foutus centimètres. Rien que pour ce genre de pompes on devrait avoir le droit à des petits avantages. Genre exonération d'impôt. Dans le fond je suis certaine que ces choses sont une invention de l'homme histoire de nous faire souffrir un peu plus. Comme si sortir un melon d'un abricot n'était déjà pas assez douloureux comme ça, sans parler des règles, de la pression que l'on nous fais subir pour être au top et toutes ces conneries, et qu'est-ce qu'on gagne en remerciement ?! En cas de souci on passe en premier. Sans déconner qu'est ce qu'on en a à foutre des femmes et des enfants d'abord ?! On devrait plutôt avoir droit à du shopping gratuit éternellement !
En attendant me voilà prête à partir rejoindre les autres.
Ça tombe bien : j'ai faim.
Lorsque j'arrive auprès des autres, après avoir boitillé maladroitement à travers les couloirs de l'hôtel, je suis surprise par le calme olympien qui règne en maître sur mes congénères. Je ne comprend pas, les caméras ne sont pas encore là. Je balaye quand même la pièce histoire de ne pas faire un truc totalement ridicule. Bon en même temps, je crois que je ne peux pas empirer mon cas mais tout de même. J'aimerais sauver ce qu'il reste de ma dignité. En attendant l'odeur des croissants chauds est alléchante et je ne cherche pas plus loin, je m'installe à côté de Lili-Rose, en face de Lucius et choisis de garder le silence moi aussi. Thibault, qui lui fait face à Lili-Rose me tend la corbeille de viennoiseries et je lui souris en remerciement. Je mange tranquillement, le nez plongé dans mon chocolat chaud sans me préoccuper des autres, mais, très vite, j'ai l'impression désagréable d'être épiée. Je lève les yeux, les sourcils froncés et prêtes à rabrouer le naze qui me les brises -je parie sur Cristal- quand je croise le regard moqueur et le sourire goguenard de Lucius. Lui aussi il commence à me courir sur le haricot.
– Quoi ?
Il hausse les épaules et secoue la tête.
– Rien.
– Mon cul oui, tu souris comme un malade, on dirait le chat du Cheshire !
– Qui c'est ça ?
– Le chat dans Alice au pays des merveilles.
Il hoche la tête avec enthousiasme et se laisse aller contre le dossier de sa chaise :
– Je ne connais pas mais une de mes ex s'est faite tatouer cette Alice sur l'intérieur de la cuisse, elle pointait du doigt-
– Je veux pas le savoir, je m'écris en brandissant mes mains devant moi comme si elles étaient le plus épais des boucliers.
Je veux vraiment pas savoir ce que ses ex avaient bien pu se faire tatouer, où et ce que cela désignait. Pour une raison étrange, cela me dérange et m'énerve.
Il explose de rire en balançant la tête à l'arrière, frappant la table du plat de la main :
– Tu serais pas prude, ma jolie Mûre ?
– Va te faire foutre, je marmonne en enfournant le reste de mon croissant dans ma bouche.
La bouffe est la meilleure des solutions de repli. Scarface se marre encore un peu et je sais qu'il continue à me fixer comme l'imbécile qu'il est. S'il ressemblait à Roland, il serait facile de l'ignorer mais là ? Entre ses yeux d'ambre, ses cheveux sombres en bataille, sa mâchoire carrée et couverte d'une légère barbe de trois jours et sa cicatrice, j'ai un mal de chien à ne pas rougir.
– Putain, qu'est-ce que tu veux à la fin ?
– Tu portes une robe et des talons.
Je le dévisage en clignant des yeux. Waouh. Il a l'art d'enfoncer des portes ouvertes.
– Je porte aussi un soutien-gorge rouge taille 95D et le boxer assorti en 40. Et comme mes règles ne sont pas terminées j'ai aussi un tampon.
– Je mange, là, crache Lili-Rose.
Je tourne la tête vers elle et lui adresse un regard repentant.
– Je veux seulement dire que tu ne sembles pas du genre à porter des tenues exagérément féminines, marmonne-t-il en fixant ses ongles d'un air nonchalant.
– Tu ne sais rien de moi, connard. On se connaît depuis à peine trois jours !
– Et alors ? rétorque-t-il en se penchant au-dessus de la table. Ça ne m'empêche pas d'être observateur.
– Et bien contente toi de t'observer le cul, abruti.
Il rigole encore en souriant largement.
– De toute façon, quoi que tu portes tu ressemble à un boudin, rétorque James.
Ou Jason. Qu'importe.
Je tourne la tête dans sa direction. Il est trois places plus loin, entre les jumelles et Cristal, penché sur la table pour pouvoir me fixer de son air hautain.
Je devrais répondre. Je devrais le détruire, le pousser au suicide, le lyncher et danser autour de son cadavre mais je n'y parviens pas. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours eu du mal avec ce genre de gars, je préfère les ignorer. Alors lorsqu'ils m'attaquent frontalement, je ne fais rien d'autre que baisser les yeux et me taire. À quoi bon de toute manière ?
Cristal à côté de lui se marre comme une baleine et je ne dis rien. J'ai l'impression d'être retournée au collège. Je croise le regard inquiet de Thibault et Lucius et baisse les yeux.
Je garde la tête basse jusqu'à ce que 3, habillé tout en bleu sauf pour ses immondes baskets oranges, nous emmène à la limousine.
Je grimpe à la suite de Roland, Lucius, Thibault, Lili-Rose et Momo. La tension est lourde dans l'habitacle. Le stress certainement. Moi je ressasse encore ce que m'a dit le mannequin pour dentifrice. J'ai une boule dans l'estomac et les mains moites que j'essuie machinalement sur ma robe. Ce con est parvenu à me blesser.
– Ça va ?
Je lève les yeux pour croiser le regard rouge de Lili-Rose. Je n'avais même pas remarqué qu'elle portait des lentilles.
– Oui. Pourquoi ça n'irait pas ?
Elle hausse les épaules.
– Tu n'es pas comme d'habitude.
– Tu ne sais même pas comment je me comporte, d'habitude.
Lili-Rose se fige et me lance un regard de mort :
– Je voulais juste essayer d'être aimable.
Je ne réponds pas, et tourne la tête pour regarder les rues grises et ternes de Paris. Ouais, il m'arrive vraiment d'être la reine des connes parfois.
On arrive à l'agence et 3 nous dirige vers la salle où nous avons rencontré les professeurs. D'ailleurs, ils nous y attendent, ainsi que Laza et les caméras-mans.
– Asseyez-vous, nous sommes pressés.
On s'exécute tous comme des gosses de primaire, dans un silence de mort. On s'installe plus ou moins dans la même configuration que la veille et attendons bien sagement que l'un d'entre eux décide enfin de nous dire comment tout cela va se passer.
– Aujourd'hui nous allons évaluer vos compétences de comédiens, commence Laza.
– Et demain ? demande Cristal.
Pour une fois qu'elle est utile.
– Demain ce sera le chant et après demain l'acting. Vous rentrerez directement chez vous après ce dernier tests. Vous apprendrez votre matière principale en même temps que le public vous découvrira au travers de portraits.
– Quoi ? Nous avons le droit d'en savoir plus !! exige l'une des jumelles en se levant.
Un seul regard de Laza suffit à la faire rasseoir et à baisser la tête. Dans ses dents.
– Comme hier, vous passerez par ordre alphabétique et nous allons immédiatement commencer. Je vous invite donc à patienter dehors. Juliette et Alice, vous, vous restez.
Super.
On va encore devoir poireauter pendant une plombe. C'est avec un long soupir que je me laisse tomber sur le sol, un peu à l'écart des autres. Je ne suis pas trop d'humeur. Le commentaire mesquin de cet abruti est encore bien présent. J'aurais certainement dû répondre. Je suis plus la gamine fragile que j'étais alors. J'ai un peu plus de répondant maintenant.
Je reste perdue dans mes affreux souvenirs d'enfance pendant un long moment jusqu'à ce que mon téléphone sonne. Sans surprise il s'agit de mon père. J'hésite à répondre. Je n'ai pas franchement envie de lui parler et, en même temps, je sais que je ne l'ai pas appelé hier et qu'il doit se faire un sang d'encre. Je souffle et décide finalement de prendre l'appel :
– Oui ?
– Mûre ! Mon dieu ma chérie, j'essaie de te joindre depuis hier ! Je peux savoir pourquoi tu n'as pas répondu plus tôt ? Ou pourquoi tu ne m'as pas rappelé ?
Je me passe une main sur le visage en fermant les yeux :
– J'étais crevée, désolée.
– Tout va bien ?
– Oui, oui !
Je force un peu sur l'enthousiasme parce que je ne veux pas qu'il s'inquiète plus qu'il ne le fait déjà :
– Ludovic va être notre professeur d'art-dramatique !
– Qui est ce Ludovic ?
– Mais tu sais, je m'exclame, Valentin dans Les Cheminées de L'amour !
– Ah ! Oui, oui ! Je me souviens ! Le jeune qui tapisse les murs de ta chambre ?
– Voilà !
Mon père rit et je suis heureuse de l'entendre. Ce n'est pas souvent.
– Je suis content pour toi ma petite Mumu !
– Papa, je t'ai déjà dit d'arrêter ça !
– Mûre Forêt !
Je sursaute. Mince ! Je me suis même pas rendue compte que Lili-Rose et Roland avait été appelés !
– Papa, je dois te laisser, on a besoin de moi. Je t'aime.
– Moi aussi Mumu.
Je grogne et raccroche. Il n'arrêtera donc jamais ! Mon prénom n'est pas assez ridicule peut-être ?!
– Mûre, reprend Laza, On n'a pas toute la journée !
Je me secoue, me lève et entre dans la pièce toujours aussi splendide, même sans ses dizaines de pâtisseries.
– Bonjour, je les salue, un peu timide.
Ludovic et Mademoiselle Lola me sourient et je me retiens à grand peine de me jeter sur mon idole.
– Bien, commence Laza en reprenant sa place au centre des profs, comme une reine au milieu de ses sujets. Tu vas nous improviser une petite scène, quelque chose de frais, de léger. Tu as cinq minutes.
Je me fige. Une improvisation ? Mais une improvisation sur quoi ? De quoi ? Ça aurait été trop compliqué de me donner un sujet donner. Je déteste ça. Improviser. C'est pas vraiment dans ma nature. Je me plante devant eux, le rouge aux joues et un frisson d'appréhension me grimpant le long de l'échine.
– Je... euh... Qu'est ce que dit une fraise sur le dos d'un cheval ?
Ludovic grimace, Madame Signes sourit avec mépris, le vieux malade qui gueule tout le temps se met à bâiller et Laza secoue la tête avec dépit. Seule Mademoiselle Lola à l'air un peu enthousiaste. Elle bat des mains comme une enfant et me réclame la réponse :
– Tagada, Tagada, Tagada.
Elle explose de rire en lançant ses longs et splendides cheveux en arrière :
– Une autre !
– Je...
Je me frotte le crâne à la recherche d'une autre blague puis décide de me lancer sur un truc un peu moins niais :
– Quel est le point commun entre le pastis et les japonais ?
J'attends quelques secondes, histoire de maintenir un peu de suspens avant de lancer :
– Plus tu mets d'eau, moins y'a de jaune !
Silence. Même le prof de danse ne rit pas. Ils me dévisagent tous comme s'ils étaient des vaches et moi un train qui passe tranquillement le long des rails qui bordent leur champs.
– Vous comprenez pas ? C'est en rapport avec le tsunami qui a dévasté les côtes japonaises en 2011. Plus tu mets d'eau, moins y'a de jaune !
Heureusement, et avant que je ne m'enfonce encore un peu plus le téléphone de Laza sonne, annonçant la fin des cinq minutes. Sans doute les plus longues de ma vie. Et dire que les caméras ont capté tout ça !
– Merci demoiselle, me lance tout de même Ludovic avec un sourire.
Je fonds et lui rends son sourire. Je crève d'envie de m'installer près de lui pour discuter pendant des heures mais, au vu du regard de Laza, ça ne va pas être possible.
– Bon, je marmonne en me dirigeant vers la porte, désolée pour... je désigne l'endroit où je me trouvais d'un geste flou de la main et reprend, ça et merci pour votre temps.
Laza hoche la tête et me désigne la sortir d'un geste impérieux du doigt. J'ai compris je dégage. Dans mon empressement à sortir, je n'ai pas fais attention à la jolie mousse qui recouvre le sol, sauf qu'avec mes foutues échasses je trébuche et me ramasse de tout mon long, le jupon de ma robe sur la tête. Ce qui veux dire que tout le monde -et par là j'entends Ludovic et les caméras- a une vue imprenable sur mon cul. Et je suis certaine que la ficelle de mon tampon dépasse de ma culotte.
Chaussures de merde !
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