38 • actif passif
Une voix masculine agréable me dit de me réveiller, que nous sommes arrivés. L'entraînement de ce matin m'a encore épuisée, en une semaine, je ne m'y suis toujours pas habituée simplement parce que mon père augmente le niveau dès qu'il voit que je suis à mon aise. Simon est passé plusieurs fois de la semaine et nous a dit que j'étais malade de pousser mon corps à bout en pleine convalescence. Berserker lui a répondu que le niveau à Anshon est plus élevé que dans les bas quartier car plus organisé et surtout que c'est l'ADN de cette ville. Mais aussi que personne ici pourrait nous faire face. Mon ami retrouvé a déclaré qu'il allait lui trouver un challenger. Évidemment mon père n'y croit pas trop et lui a dit qu'il relevait le défi volontaire s'il y arrivait.
Je relève la tête lentement en laissant un gémissement plaintif sortir. La vieille voiture retapée de mon père en une version confortable, sportive et, en prime, en châssis et revêtements blindés en plus des verres par balle, est stationnaire devant des murs de pierres bleu juste à côté d'une barrière en fer forgé. Je reconnais peu à peu les lieux.
Mon père rabat la capuche de son sweat-shirt noir sur sa tête. Il a enfilé au dessus un boomber kaki car il fait plus froid ici en cet fin octobre. Je l'imite avec la capuche du parka que je lui ai pris. Nous sortons de la voiture. Mon père ouvre le coffre et en sort une massue sur un long manche. Je fronce les sourcils et l'interroge du regard.
- au cas où...
Mensonge pitoyable, des fois on se ressemble vraiment de trop.
J'arrête pas de nous trouver des points communs.
Mon père pousse la grille du cimetière. Nous rentrons à l'intérieur et avançons avant qu'il me demande:
- c'est où ?
- tu n'es jamais venu?
- non, trop dangereux...
Alors pourquoi on est ici ? Ça manque de logique. Mais je sens qu'il y a l'excuse que ma mère l'aurait tuer derrière. Trop prévisible. Et franchement j'ai toujours du mal à le croire, comment elle peut inspirer autant de terreur sérieux.
Je nous dirige à travers les allées et puis sec m'arrête. Il y a quelqu'un devant l'un des tombes qui vient de déposer une bouquet de fleurs. Je reconnaîtrai entre mille ce dos, cette carrure même recouverte d'un épais sweat-shirt à la capuche rabattue sur sa tête. Je me demande comment il n'a pas froid. Moi je caille.
- tu le connais ? Mon père murmure en se penchant vers moi.
Vaut mieux peut-être pas lui dire directement.
Je me remets en marche et comme la première fois, je m'arrête à côté de lui. Il n'a pas changé sauf ses cheveux plus long peut-être ? Ils m'ont l'air plus sauvage. Nos regards se rencontrent dans un long silence, je vois que tout un tas de choses passé dans son regard torturer.
- tu ne devrais pas être ici... il souffle en détournant le regard vers la tombe.
Je détourne le regard à mon tour et le pose sur la tombe de mes grands-parents. Je l'ai vu dans son regard, il est rongé par le remords. Mon regard coule sur la tombe au nom de Berserker Delieu. Mon père se penche et ramasse les fleurs fanées que je lui ai apporté, maintenant je comprends pourquoi ma mère n'y a jamais déposé de fleurs contrairement à ses parents où elle le faisait chaque année.
- c'est de toi? Il me demande avec un sourire en coin amuser
La même famille aucun doute.
- je les ai déposé quelques jours après avoir su...
Il me les tend.
- tu peux me les tenir ?
- parce que tu vas les ramener ? Je fais dépité
- évidemment, sourit mon père en haussant les épaules
Je prends le bouquet fané en l'interrogeant du regard. Lui se relève et poigne dans la masse à long manche qui doit être tout sauf légère. Il la soulève lentement en souriant dans l'ombre de sa capuche et frappe avec force la pierre tombale. Un coin se casse.
- vous êtes malade ?!? Et toi tu le laisses faire ?!? Bon sang, Liline!!
J'hausse les épaules pour toute réponse en lui souriant. Ma mère va tuer mon père comme il le dit si bien. Si ses histoires sont vrai je vais peut-être la voir pour la première fois en colère.
- merde Liline! C'est la tombe de ton père! De Berserker quoi!
- tu en es sur, qu'il est ici, six pieds sous terre ? Je lui demande amusée
Mon père va entre sa tombe et une autre laissant habilement Flavien voir son visage. Il sourit avant de continuer de frapper par la pierre tombale détruisant l'inscription "Berserker Delieu" peu à peu.
- Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?
- perso, j'ai un peu trop dormi et du coup suis en pleine rééducation, et lui je ne sais pas
Je plonge mon regard dans celui de Flavien en lui intimant de le dire.
- Liline, je suis désolé... j'ai pas pu lui désobéir... je m'en veux terriblement
- je sais, je le coupe
- tu m'en veux ?
J'hausse les épaules en regardant les dates être détruite à leur tour. Mon père s'arrête et me sourit. Je m'accroupis et prend un petit morceau d'un ou deux centimètres de diamètre.
- voila qui fera un joli collier
Je le glisse dans une des poches de ma veste. Mon père prend un gros morceau.
- tu vas ramener ça aussi à la maison ? Je l'interroge un peu septique en appuyant bien sur le ça
- moi aussi je veux un souvenir de ma pierre tombale...
- quand tout le monde va voir la stèle détruite... ça ne va pas plaire à beaucoup de personnes, argumente Flavien
- c'est une annonce discrète qui va beaucoup plaire, dont à Morgueuse, ne t'inquiète pas gamin. On va pas trop s'attarder, sourit mon père en partant.
J'acquiesce et commence suivre mon père vers la sortie. Mais après quelques pas je me stoppe et tourne vers Flavien qui observe les fleurs qu'il a posé sur la tombe. Il se tourne vers moi pensant me voir disparaître au loin probablement mais je lui fais face et nos regards s'accrochent l'un à l'autre. Je me perd dans ses beaux yeux bleu qui n'appartient qu'à lui. J'ai envie de courir vers lui, de lui prendre la main et l'emmener avec nous. Il n'est jamais sorti de cette ville, il n'a rien vu qu'autre qu'ici. J'ai envie de lui faire découvrir le monde extérieur. Comme moi j'ai pu le voir.
Mais je ne le fais pas.
Il doit d'abord régler ses propres problèmes avant.
- j'ai déposé ses fleurs ici, pour toi... fait-il en prenant le bouquet de roses rose et violet
Je ne bouge pas alors que lui s'approche.
- beaucoup de rumeurs circulent sur toi et mon père m'a affirmé que tu étais morte... tout le monde le pense et ton frère n'arrête pas de créer des problèmes et de perdre du terrain...
- je n'abandonne pas cet ville, je viens de sortir du coma il y quelques semaines... je ne suis pas encore en bonne condition pour tout reprendre. Si tu veux me rejoindre, tu as mon numéro...
Je prends entre les mains le bouquet de rose en le remerciant. Sur la pointe de pieds, je l'embrasse sur la joue. Ce mec est vachement grand.
- je t'aime plus que te te déteste... mais ça tu le sais... ne dis à personne que Berserker est en parfait santé et que j'ai survécu s'il te plaît... les rumeurs parleront d'elle même et les autres savent que je vais bien...
Il fallait bien que je rassure Marie, Alex et Max, ils auraient pu faire n'importe quoi. Je me laisse retomber sur mes deux talons. Sa main vient caresser ma joue avec une délicatesse infinie qui m'avait manqué :
- moi aussi je t'aime ma Liline... prend soin de toi, je ne serai pas long promis
Une dernière fois, nos regards se croisent. Comment peut-on aimer autant une personne qui nous a fait autant de mal? C'est comme si quoi qu'il nous arrivait, je pouvais tout franchir à ses côtés.
Le cœur lourd, je monte dans la voiture et dépose les bouquets de fleurs sur la banquette arrière. Pour la première fois, j'aime les fleurs. Parce qu'elle prouve qu'il tient à moi. Qu'il regrette.
La voiture démarre et nous allons vers la sortie de la ville.
- c'était Flavien Lebour, non? Demande mon père
- oui
- tu as confiance en lui?
- totalement
- tu l'aimes?
Je détourne le regard, je me vois mal le lui affirmer. Mon père semble comprendre.
- alors espérons qu'il soit un bon allié. S'il te brise le cœur, je te jure que je lui ferai sa fête
J'aimerais pas être à sa place.
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