D'un coup de talon, je baisse la béquille et gare ma moto à l'abris de regards. Je prends soin de voir si il y a bien personne et file à l'ancien hangar. Je pousse la porte et pénètre dans le lieu.

J'aperçois tout en analysant le lieu Flavien assis dans un vieux divan probablement récupéré je ne sais où.

Un sourire vient illuminer mon visage. A grandes enjambées, je le rejoins. Comme si on avait toujours été ensemble, je m'assieds sur ses genoux, il entoure ma taille de ses puissants bras. Nous échangeons un long baisser.

- ça a été ta journée ? Il me demande

Je lui raconte rapidement mon après-midi d'ennui et nous enchaînons sur diverses sujets banaux avant qu'il ne doive vérifier ce qu'il prépare pour le dîner.

Me voilà donc assise à côté de mon ennemi, qui embrasse très bien au passage, à manger des pâtes dans un fauteuil mité. La vie est parfois étrange. Un silence étrange plane entre nous.

- tu sors vraiment avec Amélie ? Je finis par lâcher

C'est plus fort que moi, cette meuf m'irrite au plus au point de par son comportement et non pas jalousie.

Il tourne la tête vers voir mais je ne le vois pas, je suis occupé à jouer comme une enfant avec mes pennes. Je suis sûr que comme vous, il se demande ce que je fabrique.

Mais il éclate soudainement de rire, je tourne la tête vers lui qui est plier en deux et l'interroge du regard. Il se reprend et me sourit.

- tu n'as rien trouver d'autre ? Vraiment ?

- possible, je répond la bouche pleine

Son sourire ne part pas de ses lèvres malgré ma grâce infâme. Il soupire et regarde le bazar devant nous.

-  c'est la fille d'un ami à mon père, on se connaît depuis toujours

- tu connais depuis ta naissance chaque personne de cette ville à peu près, je lui fais remarquer

- pas faux. Bref, elle est apparemment amoureuse de moi mais elle est surtout collante

- je crois que c'est surtout ton statut qu'elle aime

- comme toute les personnes qui me tourne autour sauf une inconsciente

Je suis pas inconsciente ! Bon il m'arrive de me retrouver au mauvais endroit, c'est sûr, mais tout ça fait partie de mes plans infaillibles, jusque là je suis toujours en vie à ce que je sache.

Il me pousse légèrement de son poing.

- tu comptes faire quoi maintenant ?

- avec Amélie ? Oh je suis sûr que si je propose à Marie de l'ébouillantée, elle pourrait m'aider, le risque c'est qu'elle en parle à Alexis qui m'en empêchera, enfin pas sûr, vu qu'elle fait pour l'instant plus l'écoute qu'autre chose...

- tu n'arrêtes donc jamais ? J'avais déjà difficile à croire ma sœur mais là !

Je lui sourit et tend mon assiette vide en mâchant mes dernières pattes. Il lève les yeux au ciel et va ranger les cadavres de notre repas. Flavien revient avec un vieux sac de sport kaki. Qu'est-ce qu'il a bien pu prévoir ?

- on m'a dit que tu aurais potentiellement la fibre artistique

Encore un coup de Laure ! Pour quelqu'un de timide, elle a quand même beaucoup parler de moi à son frère je trouve !

Il me tend le sac à moitié vide, un bruit métallique s'en dégage. Non c'est quand même pas ce que je crois. En bonne invitée, je le lui arrache presque des mains et l'ouvre comme une gamine à Noël qui reçoit enfin son cadeau. Je l'ouvre grand et sourit à la vue des bombes de couleur puis regarde Flavien.

- tu veux que je tag ta maison ? Parce que ça me dérangerait vraiment pas !

- Liline... il soupire

Devant le vieux canapé se trouve une palette transformée en table. Sans attendre, j'y dépose une à une les bombes en faisant mes commentaires personnels sur chaque couleur. Lui me regarde et écoute en silence .

- tu as trouvé tous ça où ? Je lui demande en posant la dernière

Il hausse les épaules :

- dans des magasins en bordure de la ville...

Je prend une bombe et la fait sauter avant de la rattraper avec classe. Je me lève. Ce lieu a besoin d'être égaillé vous en pensez quoi ? Bon si Flavien ne me stoppe pas c'est que il a rien à me redire. Let's go!

Je secoue la bombe. Inutile de vous dire que j'ai toujours voulu faire des tag mais que j'ai jamais pu non ? Bah oui quand on est entouré de gentils petits riches qui joue au enfant modèle, on fait pas ce genre de truc, c'est trop mal voyons. Même si eux sont des drogués.

Je recule dés que ma fresque est finie et l'observe fière. Flavien se pose à côté de moi et prend appuis sur mon épaule.

- princesse Liline va devoir revenir pour s'améliorer si personne ne veut voir les catastrophes qu'elle fait

- je suis simplement une artiste incomprise

Flavien lève les yeux au ciel. J'observe mon chef d'œuvre qui ressemble à un graffiti d'enfant. Ouais. j'ai besoin d'entraînement.

- c'est sur que au moins j'ai une raison de revenir maintenant

- hey! S'insurge mon aîné en me donnant un coup de coude faussement offusqué.

Sur la table mon téléphone vibre, je pose ma bombe et l'attrape. Un message de Maxence m'annonce que Léon me cherche. Fait chier je vais avoir bientôt dix-huit ans merde quoi! Mon frère continue de persister à vouloir me protéger.

- un problème ?

Mon agacement doit être visible à des kilomètres. Logique.

- mon plan cul tiret baby-sitter me chercher... encore...

Il ne semble pas comprendre, du coup je lui raconte rapidement combien mon frère est chiant, que j'ai les hommes de son gang qui passent leur temps à se passe le relais de ma garde.

- souvent c'est ton frère qui s'occupe de ma garde. Il était ennuyeux jusqu'à ce que je lui trouve une utilité...

C'est peut-être un peu malsain vu comme ça...

Flavien me dévisage et semble blêmir. Il est devenu pâle à en mourir de rire.

- attend... tu... tu as couché avec mon frère ?

Il est choqué, c'est compréhensible. Je lui sourit amusée.

- c'est pas le premier mec que je me tape, tu le sais non ?

- mais c'est mon petit frère

- et on s'en fiche, c'est finit maintenant

Je m'approche et viens l'embrasser.