Un Top 10
Puisque Saahthegrey a eu la gentillesse de me taguer sur un top 10 de livres qui m'ont marqués, exceptionnellement je vais répondre. Parce que je suis moi-même curieux des réponses que je pourrais y apporter :D
Donc, 10 livres qui m'ont marqués, dans le désordre et sans classement de valeur :
1/ Ravage de Barjavel
Ce livre d'anticipation était au programme au collège. C'est sans doute la raison pour laquelle la prof nous l'avait présenté sous ce terme d'anticipation, beaucoup plus acceptable que SF (han ! SF pas bien ! Education Nationale pas contente !).
C'était la première fois que je n'éprouvais pas cette sensation désagréable de devoir lire un livre parce que c'était chose obligatoire. a vrai dire, dans mes souvenirs, je crois que c'est la première fois que j'ai éprouvé un très grand plaisir à lire un roman.
Ca a été un facteur déclencheur. A partir de ce moment là, je suis retourné à la bibliothèque volontairement et j'ai emprunté tous les autres livres de cet auteur. Quand j'ai fini le stock de la bibliothèque, je suis parti à la librairie pour acheter volontairement tous ceux que je n'avais pas lus. Quand j'ai fini Barjavel, j'ai commencé à regarder les autres livres de la collection SF.
Je me suis jamais arrêté depuis !
2/ Les Innamorati de Midori Snyder
Encore une première fois. Bien que ce livre était rangé dans la collection Folio SF, et que j'étais déjà pas mal habitué entre autre aux planètes opéra de Arthur Clarke (un de mes auteurs fétiches), Les Innamorati était une sorte de première expérience avec une littérature inclassable : entre fantastique, reconstitution de le Renaissance Vénitienne, épopée sentimentale et récit d'aventure. Un mélange des genres qui m'a beaucoup marqué.
Depuis plusieurs années, je me promets de le relire et je remets toujours à plus tard.
Bon, pour le coup, je le mets tout de suite dans ma pile de chevet, entre le bouquin actuel, vivement conseillé par Giselle_Marion (d'ailleurs arrêtez tous de me conseiller des lires et de me donner envie : je n'ai plus de temps pour les lire, ni de place pour les ranger !) et les Seigneurs de l'Instrumentalité de Cordwainer Smith, que j'avais mis dans ma pile de chevet quelques jours auparavant !
3/ Serpentine de Mélanie Fazi
Encore une fois : révélation !
J'ai entendu parler pour la première fois de Mélanie Fazi, lorsqu'elle m'a décerné un prix pour une nouvelle de SF dont elle était présidente de jury (et pour laquelle elle avait pas mal bataillé pour que je l'obtienne !).
En faisant quelques recherches, j'ai vite compris qu'elle était considérée comme l'une des plus grande (si ce n'est la meilleure) autrice de fantastique francophone. Normal que je ne la connaissais pas : je ne lisais pratiquement jamais ni de nouvelles ni de fantastique (alors même que je commençais déjà à avoir quelques publication de nouvelles).
J'ai donc découvert que les nouvelles et le fantastique sont des choses merveilleuses que je ne pouvais pas me permettre de délaisser. J'ai depuis rattrapé mon retard, en grande partie grâce à ce recueil, Serpentine que je vous conseille très vivement (non ! vous n'avez ni le temps, ni la place !)
4/ Le père de nos pères de Bernard Werber
Avec ce livre j'ai découvert plein de choses très importantes :
- on peut perdre foi en un auteur dont on a adoré les trois premiers bouquins
- on peut se mettre à haïr un auteur qui se permet de servir de la soupe tous les ans à un public conquis d'avance
- on peut se rendre compte que des connards qui aiment l'argent au-delà de toute mesure sont capables de mettre sur le marché des dizaines de milliers d'exemplaires de bouquins infects et qu'il n'y a aucune autorité compétente pour leur dire qu'ils font de la merde et les jeter en prison
- on peut apprendre à démarrer un barbecue avec un roman de Bernard Werber sans que cela ne corrompe le goût des aliments grillés (ce qui est sans doute le seul avantage des livres de Werber écrits après les Thanatonautes)
5/ Blak Hole de Charles Burns
Charles burns aurait donné son nom au personnage de Charles Montgommery Burns, le directeur de la centrale niqué-l'air des Simpsons (il était dans la même classe que le créateur de la série).
Mais c'est surtout un auteur de BD et de comics essentiel qui évolue loin des univers des franchises de superhéros.
Black Hole est un bijou de bizarrerie, de darkness, de malaise et de mal-être et surtout une magnifique description de la fin d'adolescence désabusée et craintive face à un monde inquiétant et cynique régi par la conformité et le manque d'espoir.
En plus, le traitements visuel noir et blanc hyper contrasté (que du noir et du blanc pratiquement) et le style graphique en font un magnifique pavé aux dimensions de pierre tombale de la génération X.
6/ CLEER de L.L.Kloetzer
Une dystopie à la française (une vraie dystopie, hein ! pas un tome de chicklitt maquillé en blockbuster) écrite à quatre main par le couple Kloetzer.
Le sous-titre du roman est "une fantasie corporate".
On nage en plein délire hyper-libéral où les transnationales sont avant tout des concepts éthérés, elles-mêmes fantasmées par leurs dirigeants et leurs cadres.
C'est l'histoire de deux cadres aux profils parfaitement recrutés, qui reçoivent la mission d'enquêter sur les débordements du personnel de l'entité économique au doux nom de CLEER (un savant mélange symbolique de toutes les sociétés transnationales qui gouvernent nos vies quotidiennes). Au sein du service "cohésion interne", les deux employés vont devoir mettre à rude épreuves leurs process afin de rétablir la vérité et la transparence, maître-mots et forces quasi-divines de leur entreprise.
Malgré un présupposé froid et anxiogène, les cinq enquêtes du livres sont menées à un très bon rythme et les auteurs ne lésinent ni sur l'action, ni sur la maîtrise parfaite de leur sujet et de leurs analyses.
Pour les avoir interviewés lors d'une édition des Utopiales, j'ai une grande admiration pour leur travail sur ce livre, en grande partie né de leurs propres expériences en tant que consultants dans ce type d'entreprises où l'information est la ressources la plus précieuses.
La première édition bénéficie d'un traitement graphique et d'une construction de forme qui est en parfaite harmonie avec le fond.
Ca fait froid dans le dos et c'est magnifiquement écrit.
7/ L'Aube de la Nuit de Peter Hamilton
Sans doute l'un des plus gros romans de SF que j'ai jamais lu, sans doute parce qu'il s'agit de l'un des plus gros romans de SF jamais écrit.
Il est tellement énorme qu'il ne tient pas dans un seul livre, mais dans 6 pavés (9 en poche), qui ne sont pas des suites, préquelles ou épisodes suivants. Non, non, il s'agit bien des volumes d'un seul et unique roman.
Gigantesque, démesuré, absolument prenant. La quintessence du pageturner du space opéra. Les personnages, les backgrounds, les vaisseaux, les espèces aliens, les fantômes revenus du néant, les technologies, les paysages des planètes... jamais l'apocalypse de la Galaxie n'aura été aussi belle et passionnante.
C'est juste incroyable ! J'ai mis un an à le dévorer. Un an en compagnie d'un seul roman aussi vaste et complet que la Voie Lactée.
Je m'en remets toujours pas plusieurs années plus tard !
8/ La Cité du Gouffre (Chasm City) de Alastair Reynolds
Celui-ci, j'en avais gardé un souvenir aussi intense que L'Aube de la Nuit. Du coup, comme il ne fait que 959 pages, je l'ai repris il y a peu.
En le relisant, j'y ai vu quelques faiblesses, ou en tout cas de petits défauts qui ne m'avaient pas sauté aux yeux à l'époque (il faut dire que je n'étais pas encore sensibilisé à la cause féministe dans mes jeunes années !). Non, ce n'est pas un bouquin machiste écrit par un phallocrate misogyne. Faut pas déconner. Juste que le personnage central est un peu trop viril et parfait en apparence.
En apparence seulement, parce que, Nom de Dieu : l'intrigue qui tourne autour de lui et des deux planètes qu'il fréquente dans cette histoire gothique et éprouvante (pour le héro, par pour le lecteur !) est juste énorme. La complexité et les fausses pistes, le jeu de faux semblant, les secrets et les plans cachés sur des siècles d'histoire humaine en font un tome à part dans le Cycle des Inhibiteurs, qui comptent trois autres romans (entre 830 et 1180 pages chacun) ainsi qu'un recueil de deux nouvelles (particulièrement intéressant et très agréables).
Chasm City peut être lu sans les autres, il n'entre pas directement dans l'intrigue principale de la série. C'est d'ailleurs le premier des 5 livres que j'ai lu sans que ça me gêne.
Alastair Reynolds et Peter Hamilton représentent pour moi ce qui se fait de mieux en space opéra contemporain. Et là, forcément, je me dis que les auteurs britanniques ont une putain de longueur d'avance sur le reste de la planète.
9/ Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski
A force de m'entendre dire des trucs du genre : "oh, c'est marrant, tes nouvelles, des fois, on dirait un peu du Bukowski" j'ai fini par aller vérifié moi-même qui était ce trublion qui piétinait mes plate-bandes.
Bon, ben voilà. C'est juste merveilleux et je m'incline devant la supériorité du maître.
Je sais que je n'arriverai jamais à un tel niveau de génie, principalement parce que je ne m'enquille pas 6 litres de bières par heure.
10/ Ahhh... Mon Dieu ! C'est déjà le numéro 10 ! Que les Top 10 sont cruels !
Bon, ben déso les gars, je vais être obligé de vous citer en vrac sans détailler, genre je suis en train de tricher, mais en fait non, pas tout à fait. Je pourrais lister brièvement Easton Ellis, Chuck Palahniuk, K.Dick, Allan Poe, Molière, Verlaine, Stendhal, Hugo... nan je déconne : je ne lis pas de classique : des centaines milliers de gus l'ont fait avant moi, je pense que l'Humanité a une très bonne vision d'ensemble sur leurs oeuvres, je ne vois pas ce que mon opinion pourrait apporter de plus sur la question. En fait, je préfère lire des contemporains parce que je trouve plus intéressant pour un auteur d'être lu de son vivant et que durant sa postérité. Autant leur en profiter tant qu'il sont vivants ^^
Donc, non, je ne terminerai pas cette liste en vous parlant de la nouvelle de Lovecraft "La Couleur tombée du Ciel" qui me provoque un mélange de peur panique, de malaise et de dégoût abstrait à chaque fois que je la lis (plaisir coupable !).
Je finirai sur Umberto Eco dont j'ai eu la chance de lire une bonne partie des romans tant qu'il était encore vivant.
N'importe quel roman de Umberto Eco mérite d'être lu parce que se sont tous de très grands ouvrages. J'ai particulièrement adoré Le Cimetière de Prague parce qu'il a l'immense mérite de nous faire vivre de l'intérieur l'une des périodes les plus complexes de l'Histoire moderne : celle qui recouvre le Second Empire, la troisième République et la naissance de l'Italie (et tout ce qui va avec dans les autres pays autour). Une magnifique restitution et une intrigue de bâtard comme d'habitude.
Mais je préfère gardé le mot de la fin pour Numero Zero, dernier livre publié par l'auteur (avant les oeuvres posthumes). Alors on pourra dire ce qu'on veut, que ce n'est pas son meilleur, qu'il n'a pas le souffle épique d'un tel ou un tel autre.
N'empêche que ça reste un petit bonbon acidulé qui colle aux dents et qui fait tousser quand on avale les esquilles de travers. Il est particulièrement court et à la fois mignon, complexe et intrigant. Bref, tout ce que j'aime !
Merci Umberto, ce fut un plaisir d'être ton contemporain pendant quelques années ^^
Et puisque c'est la tradition, c'est à mon tour de nominer de nouvelles victimes du TAG !
Mmm...
Qui veut que je le nomme ?
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