critique : Amélia par Gallina22

Amélia par Gallina22

6 premiers chapitres lus.

À la demande de l'autrice, @Galina22, je me prête volontiers à une petite critique que j'espère la plus constructive possible sur son début d'oeuvre "Amélia", rangé dans la catégorie Roman pour adolescents.

Résumé par l'autrice :

Amélia, jeune fille de dix-sept ans est antisocial, bornée et pour couronné le tout à un caractère pas des plus sympathique. Son père décide donc de l'envoyer dans un internat loin de chez elle où elle y rencontre un personnage qui va chambouler sa vie.

-Pourquoi tu fais la tête ? 

- Je ne fais pas la tête, dit-elle. 

- Si, tu le fais. Tu le fais constamment. 

- Et alors ? Ce n'est pas comme si tu allais y changer quelque chose ! aboya t-elle. 

- Je suis sûr que dans les trois longs mois où tu vas être ici, je réussirais à te faire voir la vie d'une autre manière ! 

 - Bonne chance à toi. "

C'est alors que pendant ces trois mois, il fit tout son possible pour lui montrer toutes les facettes de la vie.

~Il faut du blanc et du noir pour un monde parfait. 

~Et le blanc et le noir s'étaient rencontrés.


Comme souvent, je commence par la forme.

Première remarque dès ces premières lignes avant même d'entamer le premier chapitre, on remarque très rapidement les fautes de conjugaison et d'accord. Je ne les qualifie pas de coquilles dans la mesure où tout au long de la lecture on se rend compte que ce type d'erreurs de grammaire est très récurrent.

Cette lacune en terme de rédaction est à mon sens une des priorités à reprendre puisque les fautes sont relativement nombreuses alors même que la syntaxe est, elle, tout à fait correcte. On est donc face à des fautes très visibles et donc qui heurtent et qui ralentissent la lecture. Dommage, mais pas insurmontable.

Comme le projet est plutôt intéressant, je préconise soit de trouver une bonne âme qui souhaiterait devenir correctrice, soit bêta-lectrice, soit de renforcer la maîtrise des règles de grammaire et en particulier la conjugaison (le fameux "elle ria" est bien présent >< ).

Ce n'est pas non plus catastrophique : on a lu bien pire et abandonné encore plus vite des récits réellement illisibles, et ce n'est pas le cas ici.

L'autre point qui représente pour moi un défaut beaucoup plus gênant, ce sont les erreurs de concordance des temps. Là, par contre, j'insiste : c'est vraiment gênant pour atteindre une lecture dynamique et fluide. L'alternance passé simple / imparfait (et autres déclinaisons du passé) est en gros à peu près logique, mais elle est souvent entrecoupée par d'autres temps, présents et futurs essentiellement, tout comme les subjonctifs s'emmêlent dans des formules futures ce qui génère des difficultés de compréhension et de confort de lecture.

Là encore, il est surtout question avant tout de pratique régulière de l'écriture, d'aisance rédactionnelle et de connaissance des règles de grammaire un peu avancées. Autrement dit : c'est une question d'habitude et c'est le genre d'habitudes qui viennent toutes seules avec un entraînement régulier et un minimum d'attention et de relecture.

Le conseil habituel : toujours relire une, voire deux fois les chapitres avant de les poster, si possible en laissant passer une demi-journée ou une nuit entre la rédaction et la relecture :)

Et puis aussi : prendre le temps de bien relire lentement et de redécouvrir les phrases. En général, si ça sonne bizarre, c'est qu'il y a un élément qui dénote et qui doit donc être modifié ou corrigé ^^


Encore un petit point sur la forme : j'ai remarqué qu'il y avait pas mal de répétitions. Souvent même assez directes avec des reprises des mêmes mots tels quels et la plupart du temps à seulement quelques phrases d'intervalle voire même d'une phrase à la suivante.

Comme il y en a un bon nombre et qu'elles sont très visibles, forcément, elles dérangent et se font remarquer facilement.

Pour les éviter deux méthodes :

1- en priorité la relecture attentive (décidément !)

2- les outils de repérages informatiques : je renvoie comme toujours au désormais célèbre scarabée répétophobe dont j'ai déjà eu l'occasion de parler à plusieurs reprises dans ce même rantbook lors des précédentes critiques (et ouais, je vais vous obliger à lire les autres articles ! parce que bon, hein... ça va !)

Il y a aussi un autre type de lourdeurs qui ne sont pas à proprement dites des répétitions, mais plutôt des redites ou des redondances. J'ai en effet remarqué que l'autrice avait une petite tendance à renforcer inutilement certaines idées par des reformulations, c'est à dire des phrases qui expriment exactement la même chose mais avec des mots différents mais dont le sens est similaire. C'est aussi une ornière à éviter parce que ça donne la désagréable impression de faire du remplissage. Une idée passe très bien la première fois si la phrase est bien construite ; pas la peine donc d'en rajouter une couche inutile :)

Je finis cette partie sur la forme avec les points positifs :

Comme je l'ai déjà dit, la syntaxe est tout à fait correcte, parfois un peu lourde mais honnêtement ça passe : on sent surtout que c'est un manque d'habitude et que c'est un style tout jeune qui est amené à évoluer naturellement vers une meilleure maîtrise des tournures avec la pratique régulière.

Les dialogues mériteraient sans doute d'être un peu plus formalisés, mais là je chipote (parce que j'aime les dialogues et les règles de ponctuation difficiles :D )

Le ton !

Pour moi c'est nettement la plus grande réussite du texte. Le ton de la rédaction colle parfaitement à l'état d'esprit et à la personnalité d'Amélia, le personnage central. Comme il ne s'agit pas d'un récit à la première personne, je trouve que c'est une très belle réussite, cette manière de faire coïncider fond et forme à travers un rythme lent, lourd (dans le bon sens du terme) et malgré tout assez prenant.

Toutefois, il a aussi ses limites, mais là, ça va plus toucher au fond.


Premières impressions à la lecture :

c'est distancié, c'est solennel, pesant, parfois même déstabilisant car très franc et sans trop de fioritures (il y en a juste ce qu'il faut).

Les chapitres sont un peu trop longs à mon avis pour WattPad, mais à la limite pourquoi pas. En tout cas il y a possibilité de modifier le découpage sans pour autant dénaturer le contenu.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire d'Amélia, mais c'est sans aucun doute parce que je ne m'attendais pas du tout à pénétrer ce genre d'univers. J'ai très certainement été dérouté par la catégorie "Roman pour adolescents".

En fait, l'histoire est avant tout un récit qui parle d'une ado. Dans les aspects les plus mûrs et les plus réfléchis que cela suppose. On est donc loin d'une histoire de gamines décérébrées, exubérantes ou de son contraire : l'introspection émo sur fond de larmes de sang et d'automnes tristes (tmtc #2011).

Et pourtant Amélia est une émo dans son genre. C'est juste qu'elle esquive les clichés habituels ! Et c'est pas la moindre des choses !

On tangue en permanence sur le fil entre le froid glacial et distancié (qui serait too much) et le récit terne et languide et un peu pénible et ennuyeux. En fait, le texte est dans cette zone interlope (ouais j'adore ce mot) qui se résume à un seul élément : l'atmosphère.

L'univers d'Amélia est triste et rempli de colère et de ressentiments. Mais il n'est pas gratuit, il n'est pas archétypal. Ou en tout cas, s'il l'est, c'est parce qu'il a le goût de la réalité, la vraisemblance du vécu et du ressenti. Et c'est pas mal du tout.

Sauf que !

Ben je trouve que pour atteindre un équilibre encore plus juste, il manque un petit quelque chose.

J'ai commencé à lire l'oeuvre il y a presque une semaine déjà, j'ai lu sur plusieurs soirs à différentes heures, par groupe d'un, deux ou trois chapitres et j'ai donc eu le temps de ruminer dessus pendant cette période.

Et en fait, j'en suis venu à la conclusion qu'il manquait... un supplément d'âme.

Et je ne sais foutrement pas comment mieux le définir ! J'ai eu beau me creuser les méninges, je n'arrive pas à me l'exprimer autrement ><

En fait, selon mon impression, je pense qu'il faudrait accentuer un tout petit peu certaines ambiances, certaines lumières, affiner et contraster la couleur ou la densité des personnages.

Pour rester dans le champ lexical de la peinture, je dirai qu'il règne sur le texte un sfumato, une sensation que les personnages et les décors sont en partie dissimulés par un voile très léger, une couche de gaze.

Et ça, mais ça n'est que ma supposition, ça tient à un élément, ou plus exactement à une technique d'écriture : le background.

J'ai comme l'idée que l'histoire est mûrement réfléchie, que l'autrice a pas mal digéré son déroulé, ses perso, ses lieux et ses ambiances, mais que rien n'est formalisé, qu'il n'existe pas de fiches synthétiques dans lesquelles sont posés tous ces éléments et que Gallina22 les invoque sur l'instant, du fond de sa mémoire diffuse où elle les a conceptualisé, pour les évoquer lors de la rédaction.

Et je devine que c'est ce qui est à l'origine des quelques incohérences qui se sont glissées dans le récit, c'est à dire ces quelques éléments non figés qui changent d'un chapitre à l'autre ou d'un paragraphe à l'autre : le prénom de la mère et le nom de la directrice qui fluctuent, le fait que le père règle une note de taxi alors qu'il doit remonter dans ce même véhicule pour le trajet retour, les couacs de temporalités ou les approximations dans certains décors comme par exemple, les deux esplanades strictement identiques mais dont l'une est matériellement beaucoup trop grande pour être réaliste... en gros autant d'infimes détails qui peuvent passer inaperçus pour l'auteur parce qu'il n'a pas fait de travail préliminaire de "figer" ces éléments pour s'y tenir matériellement par la suite (mais que le lecteur lui peut relever plus aisément).

J'avance cette théorie ^^

À présent je vais lire le dernier chapitre paru et je vais attendre les retours de Gallina22 qui nous dira si j'avais raison ou pas du tout :D 

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