✨Chapitre 9✨Partie 2✨
Dans la cuisine, Kara semblait être tout à sa place, tantôt passant des plats, tantôt pressant des oranges. Elles semblait connaître la maison par cœur. Elle discutait avec Charline, leur conversation était animée, tout en sourires et en tendresse. À l'autre bout de la pièce, Flora dansait entre Sam et Joey. Tous respiraient la joie de vivre. Flora souriait fort, et elle était sensuelle, sans même chercher à l'être, juste parce qu'elle était heureuse et qu'elle resplendissait. Ça fit plaisir à Filipin. Depuis leur première rencontre, il s'en voulait pour ce qu'il lui avait dit.
Elle tendit une main vers lui pour l'inviter à les rejoindre. Et il se laissa convaincre. Flora le fit tournoyer en riant, il grava cette image dans son cœur. Il adorait la voir heureuse, c'était son amie après tout. C'était la seule image d'elle qu'il voulait avoir. Flora était vivante, sarcastique, et même si certains refusaient de le voir du fait de leur esprit trop étriqué, elle était belle. Surtout quand elle souriait. Filipin se sentait bête d'avoir un temps fait partit de ses cons qui ne voyaient pas plus loin que les canons décidés par une société unilatérale et dysfonctionnelle.
Il se rendait compte qu'il avait pendant longtemps été du mauvais côté de la barrière, dans le mauvais camp, sans même le savoir. Se confortant dans le petit rôle stupide qui lui avait été attribué arbitrairement. Pour la première fois, il s'en sentit libéré. Ça lui fit du bien, un bien qu'il n'aurait pas soupçonné.
Calixte les rejoignit en baillant, toujours un peu timide et s'assit avec eux à la table. A peu près au même moment, Filipin reçut un message. Au milieu de tous ceux envoyés par sa mère et les appels qu'il avait décliné, il trouva un message de Macéo.
Slt. J'sais pas où t'es mec. Ta mère m'a appelé, elle pensait que tu dormais chez moi. J'ai pas voulu lui mentir. Je sais qu'on traine moins esmbl en ce moment, t'as de nvx potes et c'est cool, si ça te permet d'aller mieux. Juste, fais pas de conneries. Et appelle ta mère, elle s'inquiète vrmt.
Il tapa une rapide réponse pour le rassurer, il s'en voulait un peu de le laisser tomber. Macéo était son plus vieil ami, et il ne voulait pas perdre ça, malgré ce qu'il laissait transparaître.
Le petit déjeuner englouti, Sam se leva pour faire la vaisselle et Joey monta à l'étage, ne les laissant qu'avec Charline. Ses longs cheveux argentés étaient noués dans une tresse à moitié défaite.
« On a réfléchit hier, les enfants. C'est Sam qui va vous conduire. Parce qu'on connaît Joey, il ne peut pas s'empêcher de faire des détours en prenant des petites routes, moins il voit de goudron et lieux il se porte. Sam a moins de patience, alors avec lui, vous serez sûr d'arriver à temps, et surtout à destination. Jo' risquerait de ne jamais s'approcher à moins de trente kilomètres d'une capitale comme Paris. » Se moqua-t-elle gentiment, avec toujours autant de tendresse dans son regard pour ses deux hommes.
Le soleil était désormais haut dans le ciel au dessus de la campagne, déchirant le voile de brume qui s'était déposé pendant la nuit. C'était beau. Le cahot du vieux quatre-quatre aux mauvaises suspensions les berçait presque alors que Sam sifflotait au volant un air de Joe Dassin. Son attitude contrastait avec celle de Joey la veille. Il était bien moins bavard, là où son compagnon passait temps à raconter sur chaque lieux, chaque chanson, pléthore d'anecdotes d'un puit qui ne semblait jamais tarir, Sam se contentait de fredonner doucement, mais ce qui les rassemblait, c'était leur sourire. Le même sourire doux, joyeux.
Ils roulaient à bon train, passant péages après péages. Ils étaient gênés de laisser Sam payer à chaque fois, mais il se montrait catégorique, il n'allait pas les laisser claquer toutes leurs économies aux barrages autoroutiers. Flora avait constamment le nez collé à son téléphone portable, elle échangeait sms sur sms, et quand Filipin essaya d'en savoir un peu plus, elle se montra étonnement secrète par rapport à la pipelette qu'elle pouvait habituellement être. Il y avait envie sous roche.
Ils arrivèrent à la capitale vers 15h00. Calixte se colla à la vitre, souriant de plus belle au moment où il vit apparaître furtivement la Tour Eiffel entre deux immeubles. Filipin comprit que c'était sûrement la première fois qu'il se rendait à Paris. Il était heureux d'être celui qui lui offrait cette aventure.
Sam les déposa sur les quais de la Seine et leur souhaita bonne chance pour la fin du voyage, avant de faire demi-jour et de disparaître sur la route, une main par la fenêtre pour leur faire signe. Un signe non pas d'adieu mais d'au-revoir, alors même qu'ils n'avaient aucune certitude de jamais se revoir.
« Et maintenant ? » Demanda Flora.
« Et bien on a six heures pour réécrire Paris. »
Ils se tournèrent vers Kara.
« Bah quoi ? C'est vrai non ? On va déambuler dans la ville, la visiter et en forger des souvenirs à notre image. »
« Ok, mais un commence par quoi ? » Insista Flora.
« Je sais ! On est a paris les gars, on va faire du shopping, se trouver un truc à mettre pour ce soir. Les friperies de Paris sont exceptionnelles à ce qu'on dit. »
Flora approuva directement, et le sourire de Calixte montrait bien que l'idée l'enchantait également. Il aimait beaucoup tout ce qui était création et assemblage. Alors voyant que l'idée leur plaisait à tous, Filipin abdiqua et les suivit.
Ils poussèrent la porte d'une petite boutique coincée entre deux immeubles haussmaniens. Les murs étaient jonchées d'étagères et de penderies à roulettes qui elles-mêmes croulaient sous les vêtements en tout genre. Au centre, des bacs avec des pulls, des chemises et des gilets. Un peu plus loin, toute une rangée de chaussures, en tout genre, allant des tongs bizarres aux bottes plateforme à clous, le tout dans un mélange hétéroclite de couleurs et de formes.
« On est vraiment... » Commença Kara, proche de l'extase.
« Au paradis. » Finit Calixte, mais avec bien plus de retenue, presque en murmurant, mais avec un sourire qui ne trompait pas.
Le vendeur, au comptoir, ne leur accorda pas le moindre regard, pas même un simple bonjour. Le nez rivé sur son téléphone, il avait l'air profondément ennuyé. En passant près de lui, Filipin vit qu'il était sur Facebook, sur la page d'un groupe apparement, il n'y prêta pas plus d'attention.
Chacun partit un peu de son côté, attiré par telle ou telle étagère, et au bout de trois minutes, Kara avait deja les bras chargées d'étoffes de toutes les couleurs.
Filipin était le seul à déambuler dans les allées sans trop y trouver d'intérêt. Il ne portait pas quand attention à ses vêtements, même s'il était loin d'adopter le look jogging claquettes, il préférait les basiques aux fioritures qui évoluaient au grés des modes, pas toujours de bon goût. Pourtant, une part de lui éprouvait une certaine admiration envers les personnes qui savaient mixer les pièces pour s'habiller avec classe et originalité, c'était juste que ça ne lui ressemblait pas.
En passant à côté de lui, Kara se déchargea un peu en lui fourguant deux ou trois items entre les bras, des choses qu'elle avait choisi pour lui. Ils finirent rapidement au fond de la boutique, là où se trouvaient quelques cabines, deux sur le mur de droite, et trois en face.
Kara fut la premiere à essayer quelques unes de ses trouvailles, improvisant un petit défilé, puis elle donna une tenue à Filipin pour qu'il essaye également. Au troisième essayage, rejoint par le reste de leur groupe, il finit par se prendre au jeu. Ils sortaient en meme temps, tous les quatre, poussant le rideau à grands coup, faisant crisser les anneaux sur la barre de métal de la tringle. Ils essayent des assortiments de vetements de plus en plus spécieux, certains étaient même carrément moches, et ils défilaient tous avec beaucoup trop de conviction. Tous les looks y passaient, de l'ado sage, à l'excentrique en fringues de vieux, en passant par le danseur de soirée disco, chemise pelle à tarte, pantalon rouge, pattes d'eph', et des pompes blanches à semelles hautes. Flora essaya des botes argentées à reflets holographiques. Elles étaient immondes, le bout pointu et le talon sévère, mais ça les fit rire tous les quatre pendant un peu trop longtemps pour une bêtise comme ça.
Ils se sentaient bêtes et jeunes, mais ils adoraient ça, tous autant qu'ils étaient.
« Bon, aller, on essaye des vrais truc, pour ce soir ? » Proposa Kara apres s'être remise de leur fou-rire. « J'au vu quelques trucs pas mal sur l'étagère là-bas. »
Elle rejoignit l'endroit qu'elle venait de designer et en extirpa une robe à strass.
« Diable, Flora, sur toi, cette robe serait somptueuse. »
« Je suis pas sûre. »
« Si ! Crois-moi, je m'y connais en robe, et celle-ci a été dessinée pour toi. Littéralement. »
Elle en faisait des tonnes, mais c'était assez marrant à voir. Et finalement, Flora accepta, le sourire de son amie était bien trop étincelant pour la décevoir. Elle entra en cabine.
Flora passa la robe à strass que Kara avait chiné pour elle. La petite blonde avait insisté pour qu'elle l'essaye, alors, en voyant ses petits yeux suppliants, Flora avait cédé. Même si elle savait d'avance qu'elle ne lui irait pas. Cette robe était bien trop voyante, elle la rendrait bien trop imposante, non pas qu'elle ait honte, mais il y avait certains trucs qu'elle ne se permettait pas, et les robes brillantes à paillettes en faisaient partie, c'était même en haut de la liste. Elle se tourna vers le miroir et fit la grimace. C'était bien ce qu'elle pensait. Ça ne lui allait pas du tout. Elle avait juste l'air d'une chipolata engoncée dans une couverture de survie. Ridicule.
« T'es prête ? »
La voix de Filipin de l'autre côté du rideau lui arracha un nouveau soupir.
« Non. Ça ne me va pas du tout. »
« Je peux entrer ? »
« Ouais. Si tu veux. »
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