✨Chapitre 7✨Partie 1✨

Calixte fut le premier de la joyeuse petite troupe à se réveiller. En s'en rendant compte, il aurait bien fait semblant de continuer son somme, mais par manque de chance, il croisa le regard du conducteur dans le rétroviseur intérieur.

« Bien dormi ? » S'informa-t-il avec un petit sourire en coin.

Il allait être tenu de faire la conversation, et si loin de sa zone de confort, ça lui apparaissait comme une étape presque insurmontable.

Il répondit d'un simple murmure, quelque chose qui devait être à mi-chemin entre l'acquiescement et l'inconfort, qui ne dû pas vraiment renseigner le conducteur. Mais ce dernier s'en contenta. Il lui sourit au travers du rétroviseur avant de reporter son regard sur la route.

« Si tu veux manger un bout, j'ai un paquet de gâteau quelque part par là, je me suis arrêté l'acheter il y a dix minutes. Aucun de vous ne s'est réveillé alors je vous ai rien prit. »

Il n'attendit pas de réponse et lui tendit un paquet de barquettes trois chatons déjà entamé.

« Dépêches-toi, si tu attends que ma sœur se réveille, tu vas devoir partager. »

Calixte le remercia d'un petit sourire peu maladroit et ouvrit le petit paquet. Dans son sommeil, Filipin grommela et se recroquevilla un peu contre Calixte. Il avait l'air paisible, ainsi endormi, mais épuisé, comme s'il avait manqué d'un trop grand nombre d'heures de sommeil ces derniers temps. Calixte sourit.

Finalement, s'accoutumer au monde extérieur ne lui semblait plus si insurmontable. Il venait même d'avoir un semblant de conversation avec un inconnu. Mais il ne se faisait pas d'illusions, il savait que le huit clos de la voiture n'était pas totalement le grand dehors et déjà il se repassait la conversation dans sa tête pour être sûr de ne pas avoir eut l'air trop bête, mais pour lui, c'était un grand pas en avant. Plus que la somme de tout ce qu'il avait pu faire depuis plusieurs années. Ses parents, qu'il n'avait pas prévenus seraient fiers de lui quand ils sauront les étapes qu'il avait su franchir, enfin bon, ça ce serait une fois qu'ils lui auraient passé un savon pour être partit sans rien dire. Il se rendait compte que ça n'avait pas été une riche idée de ne pas les prévenir, mais il serait de retour très vite. Ils n'auraient pas vraiment le temps de s'inquiéter. Il se convaincu qu'il n'aurait qu'à les rassurer par téléphone quand ils se rendraient compte de son départ. Et ainsi, il serait trop loin pour lui dire de revenir.

« Bon alors, qu'est-ce que vous allez faire à Paris ? Ma sœur m'a expliqué vite fait, mais j'ai pas tout comprit. Vous allez à un concert ? Je savais pas que ma sœur était fana de musique classique, ni même qu'elle serait capable de trouver tout un groupe pour la suivre dans son délire. »

Un concert ? Filipin ne lui avait pas parlé de ça. Il ne savait pas si c'était une excuse bidon qu'avait inventé Flora pour ne pas dire à son frère pourquoi ils allaient à Paris. Il fallait dire qu'il était un peu parti dans la précipitation, Filipin n'avait pas eut le temps de tout lui expliquer. Il ne savait pas comment répondre, de peur de faire une gaffe et qu'ils lui en veuillent.

Et s'ils l'abandonnaient sur la route au milieu de nul part juste parce qu'il disait une bêtise ? De nouveau, l'angoisse montait en lui et il avait du mal à la faire refluer. D'une voix tremblante, il avoua, espérant que ça suffirait à clore la conversation :

« Euh... Je... je sais pas, j'ai un peu été embarqué là-dedans sans trop en savoir. »

« Ah ouais, donc ton pote se pointe chez toi et te propose de te lancer sur les grands chemins jusqu'à Paris sans contexte et tu le suis, sans rien demander ? Respect frérot, faut oser partir boucaner comme ça, un vrai baroudeur. »

Il ne pouvait pas être plus loin de la vérité. Calixte était tout ce qu'il y avait de plus casanier et pire encore. Le bouclé ne put retenir son rire. Un rire un peu amer.

« Quoi, j'ai dit une connerie ? »

« J'ai rien d'un baroudeur, c'est tout. »

« Mon coloc à raison, je devrais abandonner la psycho, c'est vraiment pas pour moi. Tu me diras, j'vais plus souvent aux soirées de la promo qu'aux cours, et elles, elles me conviennent, je pense que je devrais me baser sur ça. T'en penses quoi toi ? »

« Moi ? »

« Qui d'autre, ils dorment tous. »

Un inconnu lui demandait réellement de faire à sa place un choix qui pourrait être décisif pour tout son avenir ? Calixte ne savait pas comment on pouvait être si insouciant, se remettre entre les mains du destin, littéralement, et attendre de voir ce qui en ressortirait. Pour lui l'idée était complètement fantasque.

« J'en sais rien. Je pense que tu devrais... établir une liste des pour et des contres et choisir en conséquence ? »

« Bof. J'ai jamais été très bon pour les listes. Même les listes de courses j'ai du mal. Je fini toujours par oublier un truc. Ça aussi, mon coloc me le dit tout le temps. »

Calixte se demanda ce que ça faisait de vivre avec un coloc, partager son espace avec une personne autre que ses parents. Il n'était pas sûr que ce serait quelque chose qu'il serait en mesure de supporter.

« L'organisation, c'est lui qui gère normalement. Moi j'ai toujours été bordélique. » Continua le frère de Flora, bien contant d'avoir quelqu'un a qui raconter sa vie. « Lui, il est à fond dans les sciences, alors il a la rigueur mathématique, tout ça. Il étudie la botanique. D'ailleurs, Miguel, l'aloe Vera, c'est à lui. Moi je n'ai fait que le garder pendant les vacances. En fait, je sais pas trop comment on s'occupe d'une plante comme ça. Il m'a dit de jeter un œil de temps à autre, qu'il partait qu'une semaine alors que je n'aurais pas à l'arroser, mais du coup je s'avais pas ce que j'étais censé faire s'il n'avait pas besoin d'eau. Et quand je me suis rappelé que j'avais promis à mes parents de venir les voir quelques jours, bah j'ai pris la plante. Parce que j'en sais rien, peut-être qu'elle a besoin de compagnie. »

Calixte sourit, il avait l'impression de ne faire que cela, parce qu'il ignorait quoi répondre, pas assez entrainé à maintenir une conversation, mais ce n'était pas désagréable. Il fallait dire que le frère de Flora s'arrangeait bien pour l'alimenter tout seul.

« Tu sais, je crois que tu as bien fait. On a tous besoin d'un peu de compagnie. » Déclara-t-il au bout d'un moment.

Même lui. Son obstination à ne plus quitter sa chambre lui paraissait, à chaque kilomètre de plus loin de celle-ci, de plus en plus exagérée. Depuis longtemps il aurait dû prendre cette décision de renouer avec le monde.

« Cool alors. »

La discussion s'arrêta là. Calixte ignorait s'il devait la continuer. Il cherchait quelque chose à dire, mais ne trouvait rien de pertinent. D'un côté, il était soulagé de ne plus avoir à parler, mais de l'autre il trouvait ce silence un peu gênant. Comme si c'était à son tour de dire quelque chose mais qu'inintéressant, il ne trouvait rien. Ses parents lui avaient déjà répété souvent qu'il ne fallait pas qu'il essaye de trouver des règles dans une conversation, ce n'était pas quelque chose de millimétré auquel il fallait constamment réfléchir, il fallait juste se laisser porter par la discussion, mais lui en était incapable. À chaque fois que son interlocuteur disait quelque chose, il se sentait comme obligé de trouver une réponse, juste parce que c'était à son tour de parler. Il n'arrivait pas à faire autrement. Et rien que d'y penser, ça l'angoissait, lors il évitait ces interactions au maximum, même si c'était stupide.

Le soleil se levait doucement, étendant peu à peu ses rayons blancs, couvrant la lumière blafarde des réverbères. Filipin émergea de son sommeil, puis Flora, et enfin Kara. Leur aimable conducteur n'allait pas tarder à les déposer dans une gare pour qu'ils puisse prendre le train. Les discussion se mirent doucement en route, détournant l'attention du frère de Flora, et bientôt Calixte pu retourner dans son mutisme rassurant. Quelques minutes plus tard, ils se retournaient déchargés sur un parking désert, la petite voiture repartant déjà, non sans un dernier signe de main du conducteur par la fenêtre grande ouverte.

Le soleil avait maintenant bien engagé sa course, il serait bientôt entièrement levé, et ils restèrent là, tous les trois, comme d'un accord tacite, le temps de voir le spectacle de ses rayons percer les nuages par dessus la cime des arbres. Tout était calme, comme si la ville dormait encore, un léger vent soulevait cheveux et vêtements, et occasionnellement, le bruit d'une voiture se faisait entendre. Ce moment avait un petit quelque chose de solennel. Personne ne disait, rien, ils regardaient juste le soleil se lever, comme s'ils le voyaient pour la première fois. L'endroit n'était pas si beau, à proximité d'une zone industrielle, pourtant, au travers de leurs yeux, ce souvenir du premier matin de leur escapade spontanée en direction de la capitale revêtait des airs de carte postale.

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