Ayel, toujours torse nu étant donné qu'il n'a avait pas encore trouvé de quoi se couvrir, s'approcha de Macéo. Ils s'assirent tous sur le lit, les yeux rivés sur Macéo qui pleurait sans raison.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? Hein ? Dis-nous. » Interrogea Kara d'une voix douce. « Tu veux que je te chante une berceuse ? »

Elle était d'autant plus adorable quand elle avait bu. Mais actuellement, dans cette situation, elle n'était d'aucune aide. Flora posa sa main sur son épaule.

« Kara, chérie, je crois que ce serait mieux si on redescendait. »

« Vraiment ? Mais Macéo pleure. »

Ça semblait lui briser le cœur, alors même qu'elle ne le connaissait pas tant que ça.

« Oui, mais Filipin et Ayel sont là pour s'en occuper. Aller on redescend s'amuser. »

Flora lui fit un petit clin d'œil comme s'il y avait dans ses mots quelque chose qu'elle seule pouvait comprendre, puis prit la main de la blondinette pour sortir de la chambre. Avant de refermer la porte, elle demanda :

« Ça va aller ? »

« Ouais, t'inquiètes. C'est pas la première fois qu'il a l'alcool triste. On a un peu l'habitude. » La rassura Filipin, à mi-chemin entre le soupir et le rire.

Ayel s'agenouilla devant le lit, pour être à hauteur du regard de Macéo.

« Alors, pourquoi tu pleures mon pote ? »

Macéo se releva, en demie position assise, et il renifla.

« J'me déteste. J'ai gâché la fête et j'ai bouché l'évier de la cuisine. »

Ayel soupira. C'était pas possible de faire une montagne pour si peu... Il ne comprendrait jamais comment on pouvait avoir l'alcool triste. Une soirée était un moment de joie, d'amusement. Comment pouvait-on virer du rire aux larmes en si peu de temps et sans aucune raison ?

« T'as rien gâché du tout. Arrêtes avec ça. Je sais pas pourquoi tu penses ça, mais tout va bien, tout le monde s'est éclaté, c'est un peu partit en vrille à la fin mais rien de dramatique. »

« Mais si. J'ai gâché ta soirée. Je suis sûr que tu m'inviteras plus jamais chez toi. »

Filipin et Ayel échangèrent un regard avant d'éclater de rire.

« Mais t'es complètement torché et à côté de la plaque. On est pas chez moi Ma' c'est la soirée d'Hugues, tu te rappelles non ? »

« Mais j't'ai vomis dessus ! Et maintenant t'as plus de chemise. »

Il pleura de plus belle, rendant la situation d'autant plus risible.

Filipin se tourna vers le bureau pour prendre une boite de mouchoirs et la tendit à Macéo qui n'esquissa pas le moindre geste pour l'attraper. Ayel la prit à sa place et se tourna vers Filipin.

« Tu peux redescendre aussi si tu veux. Je gère. »

« T'es sûr ? »

« Ouais. Ouais. Va profiter de ce qui reste de la soirée. »

Ayel attendit qu'il ait refermé la porte pour se retourner vers Macéo. Il prit un des mouchoirs dans la boîte que lui avait donné Filipin et essuya les joues de son vis-à-vis.

« Tu devrais te moucher, t'as plein de morve. »

« Je sais, je suis un déchet. »

« T'imagines même pas à quel point. Viens regarde par là, on fait un selfie, pour demain quand tu auras tout oublié. »

Ayel se tourna dos au lit, adossé au matelas. Il sentit Macéo passer ses bras autour de ses épaules et sourire maladroitement à l'objectif.

« Ok, alors maintenant qu'on a fait une photo souvenir, au lit. »

« Mais du coup... »

« Ouais ? »

« Si on est pas chez toi, c'est le lit de qui ? »

« Le grand frère de Hugues. »

« Ah. »

On pouvait lire sur son visage qu'à ce moment, il n'avait pas la moindre idée du sujet de la conversation.

« 'tain mec t'es vraiment éclatax. » Rit le blond. « Allez, fous-toi sous la couette. »

Le plus petit obtempéra, se roulant dans la couverture.

« Il est quelle heure déjà ? »

Ayel sortit son téléphone et le déverrouilla.

« Un peu plus de six heures. Oh merde ! »

« Quoi ? »

« J'ai mon père qui a appelé six fois. Je devais rentrer pour quatre heures. »

« Et c'est grave ? »

Ayel lui sourit. Macéo avait séché ses larmes mais avait encore les yeux rouges et fatigués, ce qui lui donnait une bouille encore plus enfantine.

« J'vais me faire défoncer et sûrement priver de sortie pendant une semaine, après tout dépend ce que tu entends par grave... Je vais essayer de ne pas le croiser tout de suite en rentrant, histoire de pouvoir dormir un peu, en espérant ne pas avoir trop la gueule de bois quand il m'engueulera. »

Ayel se releva mais l'autre garçon le rattrapa par la main, d'une poigne faible, il était déjà au bords de l'endormissement. C'est d'ailleurs en baillant qu'il lui dit :

« Tu comptes rentrer chez toi maintenant ? »

« Ouais. Pour pas aggraver mon cas. »

« T'es bourré. Moins que moi, c'est vrai. En comparaison tu pourrais presque avoir l'air sobre, mais non. Bref, j'suis pas sûr que ce soit une bonne idée de rentrer seul. T'as une demi-heure de marche au moins. » Il bailla. « T'façon t'as dépassé ton couvre-feu, j'pense que ton père préfères qu'tu dormes pas chez toi plutôt que tu prennes des risques à rentrer tout seul, en pleine nuit, sans possibilité de te défendre s'il arrive quoi que ce soit. Genre ch'ais pas, si y'a des tueurs en série... »

Ensommeillé, il mangeait la moitié des mots. Il laissa son ami méditer ses phrases -même s'il n'était pas très lucide, il savait qu'il avait raison- avant de se décaler dans le lit et d'ouvrir la couette.

« Viens dans le lit. On peut dormir un peu et on rentrera ensemble demain matin. Et si tu veux j'irais voit ton père et je lui dirais que c'est de ma faute, que j'étais malade et que tu as dû t'occuper de moi. En soit, ce ne sera presque pas un mensonge. »

Macéo luttait pour garder les yeux ouverts, l'alcool et les larmes l'avaient fatigué plus que de raison. Il doutait d'ailleurs de se souvenir de tous les détails de la petite fête quand il se réveillerait.

Lasse de sa soirée, le jeune blond ne protesta pas. Il alla simplement éteindre la lumière de la chambre d'un coup sur l'interrupteur à côté de la porte, et il se mit au lit aux côtés de Macéo. La place était déjà chaude, les draps sentaient l'adoucissant, et au moment même où sa tête toucha l'oreiller, une vague de fatigue dont il n'avait pas conscience le percuta. Il ne mît pas plus longtemps pour s'endormir, bercé par les légers ronflements du brun.