✨Chapitre 3✨Partie 4✨
En sortant de la cantine, il était toujours flanqué des deux jeunes filles, et c'est à ce moment qu'il se rappela qu'il avait la fiche dans son sac. Il la sortit et la tendit à Flora.
« Tiens. Finalement ma mère a pu la signer hier. »
Son visage s'illumina.
« Génial. Vient on va directement l'apporter au club, pour la mettre avec celles des autres élèves. »
Il la suivit sans broncher, et alors qu'elle cherchait le classeur où étaient rangées toutes les fiches, il détailla les jaquettes de dvd sur les étagères. Une en particulier attira son attention. Une cassette. Vingt mille lieues sous les mers, réalisé par Richard Fleischer.
« Je l'ai vu quand j'étais petit. Je m'en souviens plus très bien, mais il parait que j'ai fais des cauchemars pendant un mois après, et que je refusais même de prendre mon bain, j'étais terrorisé à l'idée qu'il y ait un monstre sous l'eau dans la baignoire. »
« Tu veux le mettre ? »
« Genre maintenant ? »
« Ouais, pourquoi pas ? »
« Bah je sais pas, on a cours. Dans même pas vingt minutes »
« Perso, j'ai vie de classe. On va encore enfoncer des portes ouvertes, la moitié de la classe va dormir, ce sera pas une grande perte. »
Kara décida pour tout le monde, elle prit la cassette et la mis en route dans le magnétoscope. Elle aligna trois chaises face à l'écran et sortit un paquet de sucreries de son sac à main.
« Venez vous asseoir. »
Filipin et Flora obtempérèrent et Kara leur présenta le paquet de bonbons. Lumières éteintes, des crocodiles en gelée dans la bouche devant un vieux film, tout cela avait un goût exquis d'interdit. Filipin n'avait jamais été l'élève modèle, mais il n'avait jamais séché les cours de cette façon non plus, sans raison, juste pour regarder un vieux film qui avait visiblement assez mal vieilli.
« Attendez ! Ce film est produit par Walt Disney ? Genre j'ai fais des cauchemars à cause d'un Disney ? » S'estomaqua-t-il en voyant les crédits de début.
« Faut croire. Tu devais être bien fragile, enfant. »
Flora enfonça le clou, mais ça les fit rire tous les trois. D'autant plus lorsqu'au bout d'une heure de visionnage, la fameuse attaque du poulpe géant qui avait tant traumatisé Filipin arriva. Les effets étaient médiocres, du moins en comparaison avec les productions récentes, et la scène qui devait être angoissante en devenait franchement drôle. Les trois comparses riaient aux éclats, tentant de se contenir pour ne pas déranger les salles de classe alentour et qu'un professeur énervé ne découvre qu'ils séchaient éhontemment. Mais plus ils essayaient de se retenir, plus l'envie de rire était grande. Heureusement pour eux, personne ne les découvrit, et une fois le film fini, il reprirent le chemin de leurs salles de classe respectives.
***
Filipin était assis à son bureau. Ça faisait plus d'une demie heure qu'il planchait sur son devoir de maths, sans réussir à se concentrer vraiment. Les lettres de la boite jaune semblaient le regarder depuis le coin de la pièce, comme si elles le mettaient au défi de les lire. Il se força à se concentrer sur son algèbre, mais visiblement la curiosité était plus forte, elle l'emporta et il se leva pour saisir les lettres. Il les posa juste devant lui et les observa. Comme s'il pouvait en connaître le contenu rien qu'en les fixant assez longtemps. D'un main presque tremblante, il saisit la première. Celle que Calixte avait ouverte. Il la sortit de l'enveloppe, la déplia, et après une grande inspiration, posa son regard sur l'écriture fine dont le papier était parcouru.
Dear Tom,
I got you letter and I can't sait for you to receive mine. As you know, I'm going to study abroad, at the concervatory to improve myself.
Il passa toute la partie sur sa vie, la reprise de ses études de musique ou il ne savait pas bien quoi, l'anglais n'était pas son fort. Ce fut une phrase tout à la fin qui retint son attention.
I alredy told you that plenty of time, but I would like you to meet my mom. At least just once.
Luv U.
Your Little Assa.
Sa mère. Cette femme voulait faire rencontrer sa mère à son père, Filipin n'en revenait pas. Elle lui racontait toute sa vie, ses projets, puis elle lui proposait un dîner avec sa mère ? Savait-elle au moins qu'il avait une femme et un enfant ?
Il laissa tomber la lettre sur le tapis, et lui, il se laissa tomber sur son lit. Il avait besoin de s'accorder un moment de réflexion. Pour être sûr de tout bien comprendre. Il n'avait pas envie de se rendre à l'évidence, pourtant, plus il y pensait, plus la certitude qu'il ne voulait envisager se faisait claire dans son esprit. Son père aimait une autre femme ou du moins la côtoyait. Et sa mère, était-elle au courant ? Avait-elle eut connaissance de tout cela, avant ou apres la mort de son père ?
Trop de questions s'entrechoquaient dans son crâne. Elles tourbillonnaient, dans un sens, puis dans l'autre, et enfin c'était l'anarchie, ça allait dans tous les sens, il ne comprenant plus, n'entendait plus. Les murmures devinrent cris, hurlements déchirants, comme si son esprit lui-même essayait de s'échapper, de combattre cette idée empoisonnée qui voulait élire domicile en son cœur.
D'un geste rageur, il fut tenté de déchirer la lettre, comme si détruire le papier pouvait réduire à néant la réalité qu'il contenait. Mais au denier moment, il s'en retint. Il ignorait pourquoi, mais il lui sembla soudain que ce serait une erreur. Pourtant, tout ce qu'il voulait était y foutre le feu, à ça et à tout le reste, à la malle jaune toute entière.
Il pourrait le faire là, au milieu de sa chambre, et alors peut-être que sa mère entrerait en furie pour lui dire : « Mais t'es pas net baptiste. Tu vas foutre le feu à la baraque ! Ça prend à la gorge. »
Il rit de sa propre bêtise, il passait trop de temps sur internet à regarder des vidéos stupides. Il se rappelait du fou rire qu'il avait eut en voyant cette vidéo un soir, en live. C'était l'époque où ce genre de conneries trouvaient encore grâce à ses yeux.
Il était tiraillé entre l'envie de faire comme s'il n'avait rien découvert et celle de retrouver cette femme, de la mettre face à ses responsabilités. Mais la vérité était peut-être qu'elle n'était responsable de rien, et ça, ce serait le pire. Parce que le père de Filipin serait alors le seul à blâmer pour cet adultère.
Il saisit son téléphone et entra Assa Cuninnghan dans la barre de recherche. Il n'avait pas grands espoirs, mais il espérait au moins une photo. Un petit quelque chose pour que cette inconnue ait un visage. Il voulait se faisant, qu'elle devienne une personne un peu plus tangible, sur laquelle diriger sa haine, même si c'était injuste. Mais il ne trouva rien, pas le moindre compte sur les réseaux sociaux, rien. Tant pis. De toute façon c'était une mauvaise idée à la base. Il n'avait aucune envie d'en apprendre plus. Ou du moins il s'en persuadait. De toute façon tout cela ne mènerait à rien. Rien du tout. Il glissa la lettre qu'il avait lue et toutes les autres dans la boite sous son lit. C'était mieux ainsi.
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