✨Chapitre 3✨Partie 2✨

Il avait suivit Flora jusque dans un petit bureau, seulement séparé de la ''Salle de projection'' par une étagère un peu branlante croulant sous les jaquettes de DVD et même quelques cassettes VHS.

« Tiens. C'est ce formulaire que tu dois remplir. Attention, il est un peu tard, déjà, les inscriptions sont bientôt clôturées, tu dois le rendre pour demain au plus tard, après je ne suis pas sûre que l'administration te laisse intégrer le club. »

Il prit le papier dans la main et le parcourût rapidement du regard.

« N'oublie pas, tu dois aussi le faire signer par tes parents. »

« Mes parents ? »

« Oui, pour être certains qu'ils sont au courant, et pour des histoires d'assurances, les activités de club sont couvertes par l'assurance scolaire, mais il faut obligatoirement une signature pour prouver que tes responsables légaux sont d'accord pour que tu y participes. Quelque chose dans ce goût là. Comme je te dis, je ne suis pas experte, je suis juste trésorière normalement, Alceste est président. »

« Je suis pas sûr de voir ma mère ce soir. » Avoua-t-il. Parce que sa mère travaillait de nuit en ce moment, et elle faisait beaucoup d'heures supplémentaires. Et aussi parce que même quand il la voyait, il refusait de lui parler. C'était peut-être une des seules choses qui avaient réellement changé depuis la disparition de son père. A cette idée, il sentit une bouffée de rage l'envahir. Il essaya de la faire refluer, car il en avait marre d'être toujours en colère, sans réelle raison, mais les quelques mots que prononça Flora l'empêchèrent de se calmer.

Elle lui dit juste « Et ton père ? » mais cela suffît à le faire exploser.

« Non je verrais pas mon père non plus. D'ailleurs je ne le verrais pas ni ce soir, ni jamais ! »

C'était étrange de l'avouer à voix haute, il ne se rendit compte qu'au moment où il le dit, que c'était la première fois qu'il le laissait réellement sortir. Mais ça ne lui fit pas le moindre bien.

Il froissa le formulaire dans son poing avant de quitter la pièce. Après son départ, un silence pesant sembla s'abattre sur tout le groupe. Flora croisa le regard de Kara, lui demandant silencieusement où elle avait gaffé pour le faire fuir de la sorte. La blonde haussa les épaules, elle non plus ne comprenait pas ce que Flora avait pu dire pour l'énerver à ce point en si peu de temps.

Avec un soupir, Flora se releva du petit bureau sur lequel elle était appuyée et quitta la pièce à son tour. Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer Filipin au bout du couloir. Assis à même le sol, il semblait transpirer la fureur, comme si elle émanait de son corps par tous les pores de sa peau. Flora s'en voulu un peu d'avoir été sans le vouloir aussi maladroite dans ses propos. Elle alla doucement s'accroupir face à lui et lui dit doucement :

« Désolée. Je voulais pas te mettre mal à l'aise. Tiens, je t'ai pris une nouvelle fiche, plus propre que celle-ci. »

Elle désigna du menton la fiche d'inscription qu'il était en train de réduire en confettis.

« Si tu veux parler ou quoi que ce soit, tu peux venir me voir. Et si tu as juste envie de ruminer ta rage dans ton coin, ça me va aussi, mais je ne voudrais pas que tu renonces au club à cause de moi. Si tu es venu, c'est que ça t'intéressait un minimum, alors vas-y, tente ta chance. Je suis sûre que faire signer cette fiche n'est pas si urgent que cela. »

« T'as fini ? »

« Euh... Oui, enfin je... »

« Non parce que je t'ai rien demandé. J'ai pas de conseils à recevoir, j'ai pas besoin d'aide et encore moins de faire partie d'un club stupide. Je sais pas pour qui tu te prends, mais j'ai absolument pas besoin d'une petite grosse dans ton genre pour me psychanalyser ! »

Au moment où ces mots franchirent ses lèvres, il les regretta. Mais il était trop tard pour les rattraper. Il avait dit cela sous le coup de la colère, sans réfléchir, uniquement pour la blesser. Parce qu'il avait cette envie égoïste que les gens autour de lui souffrent tout autant que lui. C'était bas, très bas même. L'attaquer sur son physique alors qu'il ne la connaissait même pas, alors qu'elle lui tendait la main.

Il vit ses yeux se voiler, et elle se releva, lui lançant un regard plus froid que l'Antarctique.

« Tu as raison, on ne se connait pas, mais juste comme ça, j'en attendais mieux de toi. Tu vois, j'avais l'espoir -peut-être naïf et un peu bête- que même des inconnus pouvaient être bienveillants entre eux. D'ailleurs c'est même pas une histoire de bienveillance, ni de tolérance -parce qu'on à pas à tolérer ou non quelqu'un, chacun est une personne à part entière, et un groupe, même s'il est en majorité, n'a pas à porter son regard critique sur l'existence des autres- en fait il s'agit simplement de respect. Le respect que chacun doit à ceux qui l'entourent. Le respect qui est un droit de naissance pour chaque individu, d'ailleurs pour chaque être vivant. Il n'y a pas d'histoire d'échelle sociale ou ''environnementale''. Chacun, de la plus petite mirco-espèce aux mammifères les plus imposants, qui se disent intelligent, soit nous, tous méritent le même respect. Mais bref, tout le monde ne semble pas à même de comprendre et de prodiguer ce type d'éducation... En fait ce n'est peut-être même pas de ta faute si tu penses comme cela, tu n'es qu'un de plus dans la centaine à être matrixé par les normes de la société actuelle. Et je ne vais pas m'abaisser à être blessée par ce que tu viens de me dire. »

Elle agissait pour ne rien laisser paraître, elle se montrait forte, mais Filipin savait bien qu'il l'avait heurté. Il avait vu sa façon de tirer sur le bas de son pull qui remontait sur ses hanches charnues en se relevant, un geste discret mais néanmoins capté par le jeune homme. Et ça le lui fit pas le moindre bien de savoir qu'il lui avait fait de la peine, mais ça participa à accroître sa haine. De lui. Des autres. Du monde entier.

***

Le soir en rentrant chez lui, il n'y avait toujours aucune trace de Calixte, mais ça ne l'étonnait pas trop. Après tout, Moustic était resté chez lui toute la journée, il n'était pas sortit le prendre ce matin, alors il n'avait aucune raison de l'attendre ce soir sur le perron. Mais son absence pesa à Filipin.
Le garcon choisit de manger sans attendre sa mère et alla se coucher presque aussitôt, sans passer par la case devoirs. Alors qu'il venait de se coucher sous sa couette, son téléphone vibra sur sa table de nuit. Deux fois. C'était Macéo, les deux messages.

De Macéo :
Salut mec ! J'espère que je te dérange pas enft comme on prend plus le bus ensbl je me demandais si tu me faisais la gl
De Macéo :
J'm'inquiète sûrement trop pr R mais comme ça a pas lair d'aller giga bien j'voulais juste demander... deso si jte fais chier.

Macéo avait toujours été du genre timide, mais ça faisait longtemps que Filipin ne l'avait pas vu autant marcher sur des œufs pour s'adresser à lui. Ça lui fit un peu de peine pour dire vrai. Il était en train de perdre son ami d'enfance tout cela parce qu'il arrivait pas à lui dire ce qui c'était passé. Parce qu'à chaque fois qu'il voulait lui avouer que son père était mort, les mots restaient coincés dans sa gorge et il s'en voulait de ne pas réussir a les faire sortir, comme s'il refusait de l'avouer. Alors il choisissait la solution de facilité, il évitait Macéo. Ou du moins il évitait de se retrouve seul avec lui. Il préférait rester en bande, quand les discussion n'étaient pas trop personnelles et ne tournaient pas autour de lui.

Il avait l'impression de ruiner chacune de ses relation les unes après les autres. D'abord il y avait eut sa mère, qu'il repoussait sans cesse parce que la voir continuer sa vie à l'identique comme si tout était resté pareil le mettait hors de lui, puis Calixte, qui avait blessé la veille, il était même sûr d'avoir vu ses yeux briller, comme s'il avait été au bord des larmes, ensuite cette fille, Flora, qui lui avait tendu la main, mais sur laquelle, au lieu de la saisir, il avait craché, en maintenant Macéo qui le sentait s'éloigner et avait peur de lui en parler, se contentant de messages bidons. Il faisait tout de travers. Pourtant il aimerait tellement fort revenir à quand tout était simple... Il s'endormit sur ces pensées, sans avoir eut le temps de répondre à Macéo.

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