✨Chapitre 2✨Partie 3✨

Le soir, alors qu'il sortait du bus, toujours accompagné de Macéo, il avait complètement oublié ce que Calixte lui avait dit le matin. Qu'il l'attendrait. Tant et si bien qu'il lui passa devant sans le voir, et serait sûrement rentré chez lui sans y penser si le bouclé ne l'avait pas interpellé.

Macéo questionna son ami du regard, pour savoir qui était cet inconnu, mais Filipin ne lui répondit pas. Il lui fit simplement signe de ne pas l'attendre et de rentrer.

« Je t'avais dit que je t'attendrais. Une promesse est une promesse. Tu récupères le chat. »

Il n'avait pas la force de se battre avec lui, alors il tendit simplement les mains pour récupérer l'animal et pouvoir rentrer chez lui. Mais Calixte avait visiblement encore des choses à lui dire.

« Tu as vu, je lui ai fait prendre un bain. »

Sa voix ne semblait plus si assurée que le matin ou même le soir de leur rencontre. Il semblait même un peu renfermé, peu sur de lui, comme s'il s'agissait d'une tout autre personne.

« Formidable. »

« Plutôt oui, parce qu'il sentait pas la rose. Là au moins on voit que c'est un chat. Avant on aurait pu hésiter entre un putois et un rat. » Souffla-t-il les yeux sur le bout de ses chaussures. Il n'osait pas croiser le regard de Filipin.

Il était vrai que la fourrure du petit félidé était désormais bien blanche et soyeuse. Il s'en dégageait une odeur très légère de rose.

« T'as réfléchi à un nom ? » Se força-t-il à demander, comme s'il se devait de continuer cette conversation.

« Je le garde juste la nuit pour te dépanner. Et ce sera pas éternel. C'est ton chat, c'est toi qui le nomme. »

Le noiraud ne prit pas en compte la remarque de Filipin et se contenta de répondre, d'une petite voix :

« Ok, alors on a qu'à l'appeler Moustic, c'est mignon non ? »

« Génial. Aller à demain. Et plutôt que réfléchir à des sobriquets débiles, tu ferais mieux de chercher une solution pour le garder la nuit. Parce qu'à cause de lui, j'ai pas pu fermer l'œil. »

Les yeux toujours bas, il répondit :

« Mens-pas, je vois bien que tu l'adores déjà. Bon aller, à demain, Filipin. »

Il composa le code et entra dans le hall de son immeuble sans un regard de plus. Filipin resta un moment pantois, sur le trottoir. Le contraste entre le comportement du garçon qu'il avait rencontré la veille et celui qu'il venait d'avoir en face de lui était saisissant, mais le châtain n'essaya pas de le comprendre. Après tout, ce n'était pas comme s'il le connaissait vraiment, il ne savait pas qui il était, ces changements, il les avait peut-être juste imaginés. Et pour le moment, autre chose avait retenu son attention. Il ne savait pas quoi, mais il y avait quelque chose dans sa façon qu'avait Calixte de prononcer son prénom qui le rendait, entre ses lèvres, spécial. C'était la première fois qu'il ressentait ça.

Chez lui, la soirée se passa presque bien. Il ne se disputa pas avec sa mère, pourtant celle-ci était presque rentrée tôt, et il accepta de rester avec elle devant un épisode de sa série favorite avant de monter faire ses devoirs. En vidant ses affaires, la fiche du club cinéma tomba de son sac, et il la regarda un moment, interdit.

Devait-il ? Ne devait-il pas ?

Il n'en savait rien, et repoussa l'échéance de sa décision en mettant le papier de côté.

Moustic vint s'installer sur le bureau alors qu'il faisait ses devoirs et il s'y endormit. Filipin savait bien ce que ça signifiait. S'il le laissait dormir à cette heure, il allait encore être débordant d'énergie et faire plein de bêtises la nuit, mais il n'avait pas à cœur de le réveiller. C'était vrai qu'il était mignon.

Quand Filipin eut fini ses devoirs, le temps était à l'orage. Il ne pu s'empêcher d'ouvrir sa fenêtre pour entendre le bruit du tonnerre et de la pluie martelant le bitume. Depuis petit, il adorait les orages. Il se rappelait encore quand son père les regardait avec lui, et les fois où il lui racontait de quoi ça devait avoir l'air depuis l'espace, dans sa bouche, tout ce qui se rapportait aux étoiles avait l'air merveilleux. À l'époque, il n'avait encore jamais quitté la terre, il ne pensait d'ailleurs pas avoir la chance de le faire un jour, même si c'était l'un de ses plus grands rêves. Se trouver au milieu des étoiles, corps céleste parmi les autres. Jamais Filipin n'aurait cru souhaiter que le rêve de quelqu'un ne se soit jamais réalisé, pourtant c'était bel et bien le cas. Parce que les étoiles ne lui avaient jamais rendu son père, toutes égoïstes qu'elles étaient, et il se sentait de nouveau comme un petit garçon, seul et apeuré sans son papa pour lui expliquer la beauté des éclairs, la beauté de l'infiniment grand qui les entourait sans qu'ils n'en aient réellement conscience. Maintenant, sans tout cela, Filipin ne voyait plus aucune beauté, juste des taches lumineuses moqueuses sur la voute sombre du ciel. Comme si elles le narguaient. Plus que tout, il voulait que les nuits disparaissent et les astres avec elles, qu'il n'ait plus à les voir, à souffrir leur présence. Mais le soleil était une étoile, et même en plein jour elles demeuraient.

Il referma la fenêtre et alla se coucher.

Les jours qui suivirent se ressemblaient tous, au point que Filipin aurait été bien incapable de les différencier. Le matin il déposait le chat chez son voisin, qui alternait entre une attitude enjouée et desinhibé et une attitude renfermée que Filipin ne comprenait pas trop même s'il avait fini par s'y habituer. Macéo le rejoignait ensuite chaque jour à l'arrêt de bus, s'en suivait une discussion à sens unique, que le brun semblait de plus en plus peiner à tenir, puis une flopée de cours sans intérêt -il n'avait plus eut de visite de la blondinette à son casier- et enfin il rentrait, récupérait le chat puis devait supporter la soirée, avec ou sans sa mère -et il ne savait pas ce qui était le plus enviable-.

Chaque jour -du moins ceux où il n'était pas inexplicablement timide et renfermé-, Calixte semblait essayer de le retenir un peu plus, de lui parler un peu plus longtemps, à croire que ce dernier n'avait aucun autre ami, que Filipin était sa seul distraction de la journée. Ce qui tout bien réfléchi était peut-être le cas. Le bouclé était un garçon intriguant, même s'il était loin de l'admettre, encore moins devant Calixte en personne, ça lui ferait bien trop plaisir. Il était du genre à toujours vouloir avoir le dernier mot, toujours avoir raison. Et c'était ce qu'il pouvait y avoir de plus agaçant chez quelqu'un. Mais au moins, quand il écoutait Calixte, Filipin ne pensait à rien d'autre et la cacophonie de ses idées noires semblait se taire doucement, réduites à de simples murmures. Finalement, même s'il faisait comme s'il détestait cela, les moments passés avec Calixte étaient peut-être les seuls où il se retrouvait un minimum en phase avec lui-même. Calme. Et c'était ce qui le poussait à vouloir en apprendre plus sur ce garçon.

De temps à autre, il croisait la petite blonde du tableau d'affichage dans les couloirs du lycée, et elle ne manquait jamais de lui sourire. Son sourire était charmant. Vraiment. Il faisait remonter ses pommettes ornées de taches de rousseurs et rehaussés d'highlighter. Il ne savait pas pourquoi il remarquait ce genre de détails. Cette fille, il ne la connaissait même pas. A chaque fois qu'il la voyait, il repensait à son inscription pour le club cinéma, et il se mettait à douter. Il ignorait s'il devait s'y inscrire définitivement ou non.

Un soir, sans réfléchir, quand il croisa Calixte en rentrant chez lui, et que ce dernier lui remit le petit chat -Moustic ronronnant doucement contre la poitrine du bouclé- il lui proposa de venir un peu chez lui.

Calixte parut surprit. Filipin ne lui laissa pas le temps de réfléchir, pour une fois, il était celui qui aurait le dernier mot, et il tira le bouclé par la manche jusqu'à son immeuble.

Ils se retrouvèrent bientôt assis dans la chambre du châtain. Calixte semblait détailler l'endroit. Filipin laissa tomber son sac au sol et il y eut un petit moment de blanc avant que Calixte ne se reprenne et lance la discussion. C'était toujours lui qui lançait les discussions. Le bouclé semblait un peu moins à l'aise qu'a l'accoutumée quand ils se voyaient dehors. Peut-être était il timide finalement, bien qu'il le masque assez bien en général. Mais peu à peu, il se dérida, et à son image, Filipin se détendit. Il ne savait pas trop comment, mais il en vint même à se confier sur ses doutes sur son inscription au club cinéma.

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