Chapitre 2 : Leur enfer bien gardé

Jack venait d'entrer dans le périmètre d'Auschwitz, sortant de l'accueil du lieu où il avait payé son billet d'entrée. Si on lui avait dit un jour qu'il payerait autant pour revenir ici, il n'y aurait guère cru une seule seconde. Mais finalement, il finissait par se prêter au jeu avec ses francs qu'il avait échangés contre des zloties, monnaie polonaise.

C'était bien là qu'il remerciait la retraite tout à fait décente qu'il avait perçue malgré son métier de potier et les aides financières offertes par Alice et la famille de Lina pour cet unique et dernier voyage du Horns. Le vieil homme en était touché, ému même, bien qu'il le cache légèrement pour s'empêcher de virer fleur bleue comme il le redoutait avec son âge avancé.

Enfin, il remerciait aussi l'homme de l'accueil qui savait parfaitement parler allemand, lui. Jack qui était devenu bilingue français-allemand ne pouvait qu'en être heureux. Son anglais était bien médiocre à côté. Il en rigola intérieurement alors qu'il entrait enfin dans le camp à proprement parler.

Sa canne pour aider ses vieux jours, il se déplaçait lentement. Et c'est là que son voyage du présent entre en résonance avec son passé.

Jack vit d'abord la grande entrée où les trains arrivaient. Plusieurs chemins de fer apparaissaient donc qui continuaient jusqu'à un quai apparaissant plus loin. Ce dernier était assez grand en largeur. Il fallait dire qu'il en avait besoin pour ce qui s'y passait.

Le vieil homme se souvenait.

Lui, bien plus jeune, plus vif, presque la vingtaine avec ses courts cheveux bruns sortant précipitamment d'un wagon à bestiaux. Des cris, des aboiements, le pauvre adolescent de seize ans qu'il était alors n'était guère tranquille dans cet environnement. Et alors que ça faisait trois longs jours qu'il n'avait bougé de ce terrible transport duquel il venait de sortir avec ses cinquante autres compagnons de route, voilà qu'on ne leur laissait pas une seconde pour profiter de l'air frais et du soleil. Soixante-douze heures qu'ils n'avaient vu ni ressenti ni l'un ni l'autre, le même laps de temps qu'ils n'avaient ni mangé ni bu. C'était le début de l'horreur.

Le Horns se souvenait de SS, des nazis, peut-on appeler ça des humains ? en uniformes militaires, armes et chiens à leurs côtés alors qu'ils criaient à tout va. Jack n'avait pas compris ce qui se passait mais instinctivement, lorsqu'on lui montra un camion où montaient personnes âgées, enfants, femmes et malades, il refusa. Peut-être pas crainte, peut-être par instinct, jamais il ne saurait ce qui lui avait sauvé la vie. Et il ne sut d'ailleurs que plus tard qu'il avait évité une faux bien pressée. Après qu'il fut emmené avec ses semblables masculins vers un imposant bâtiment, obligés de marcher à bonne allure malgré la faim et l'épuisement des jours précédents où l'hygiène avait été le cadet de ses soucis.

La sélection avait eu lieu. Jack le savait maintenant alors que ses vieux yeux se cachaient sous ses paupières un temps.

Il enchaîna pour ne pas se perdre dans ses pensées.

Contournant des baraques et des baraques, ses pas lents mais déterminés le menèrent avec ses souvenirs comme guides vers un bâtiment en particulier.

Ce dernier était immense et fait de pierre, un affreux marron rougeâtre en teinte comme si du sang était venu colorer la roche. Peut-être était-ce vrai après tout. Dans tous les cas, ces bâtiments ne laissaient paraître aucun réconfort à leur vue, ne parlant même pas du chaleureux.

Tout l'inverse de l'appartement de Jack. Coïncidence douteuse.

Le Horns se laissa à y entrer, remerciant les gardiens du site qui en avait ouvert l'accès pour les visites. Si ses souvenirs étaient bons, ces portes étaient affreusement lourdes, pouvoir échapper au fait de les tirer avec ses vieux bras lui allait très bien.

L'intérieur était d'un gris terne, froid. Il n'y avait que quelques meubles en bois foncé dont des bureaux au fond de la pièce unique et bien trop grande pour être agréable.

Jack se souvenait une nouvelle fois.

Après la sélection, les SS ne perdaient pas de temps. Les hommes, séparés des femmes et enfants puis des vieux, enfants et malades étaient ensuite emmenés ici. Là, commençait réellement la déshumanisation dans toute l'ampleur que lui donnait la doctrine nazie. Ce fut alors que le Horns et tout un tas de malheureux tout à fait déboussolés comme lui furent rabaissés plus bas que terre et humiliés. Sous les cris et les coups, le début de quelque chose qui allait devenir quotidien, les gardes armés les obligèrent à se déshabiller entièrement. Que c'était donc humiliant et rabaissant.

Ce n'était pourtant que le début.

Il se souvint ensuite que c'était un homme, très fin, maigre même, habillé d'un pyjama rayé noir et bleu avec une étoile de David jaune sur le torse qui s'était occupé de lui. Tout à fait honnêtement, l'adolescent qu'il était alors à ce moment-là en avait eu peur. Peur de ses joues creuses. Peur de son regard vide. Peur de ses cernes. Peur de sa maigreur. Peur de savoir ce qui lui était arrivé. Peur que ça lui arrive aussi.

S'il avait su.

Cette sorte de cadavre ambulant, être qu'il ne se doutait pas encore lui-même devenir, avait agrippé sa nuque de sa faible poigne avant de le tondre sans un mot. Jack n'en avait pas prononcé un seul non plus. Il était tout à fait choqué de ce qui se passait et de la vitesse à laquelle cela se produisait.

Ses cheveux tombèrent en premier. Mais ça ne s'arrêta pas là. On le rasa partout, entièrement, sans pudeur, sans douceur et surtout, sans l'ombre d'une humanité. Le rythme effréné et étouffant dans lequel il était pris continua. Après être devenu aussi imberbe qu'un nourrisson, lui et les autres malheureux dans la même situation devaient passer à tour de rôle devant les bureaux où attendaient des kapos. Hommes tout à fait effrayants. C'était là, nus comme des vers et emplis de peur qu'ils perdaient ce qui faisaient d'eux, eux ; leurs noms. Les voici maintenant des numéros, gravés douloureusement sur leur avant-bras gauche comme le signe même qu'ils n'étaient plus rien.

Les matricules étaient posés.

Cette horrible scène ne se termina que lorsqu'on leur jeta pour finir leurs nouveaux vêtements. Cette sorte d'uniforme immonde, trop grand ou trop petit qu'ils porteraient toute l'année avec sur leur buste, la raison de leur présence ici. Défilaient alors des étoiles de David jaunes, des triangles rouges, verts, noirs, bleus, mauves, marrons et rose.

Jack en avait eu un rose, placé en évidence juste en dessous de son matricule, du côté gauche de son torse. Puis il avait été mis au pas vers la prochaine étape du parcours.

La déshumanisation était enclenchée.

Le vieil homme soupira avant de repartir pour continuer son périple. Sa canne toujours pour l'épauler tandis qu'il marchait vers l'intérieur du camp de concentration.

Ses vieux yeux se plissèrent légèrement de tristesse en passant sous le portail d'entrée.

"Arbeit macht frei", "Le travail rend libre".

Quelle plaisanterie malsaine. Quelle fable grotesque. Quel mensonge odieux pour mater les révoltes, un autre en plus de tous ceux que les déportés subissaient déjà.

Ses pas le menèrent maintenant aux baraquements des hommes, évidemment éloignés de ceux des femmes pour que même les contacts visuels n'existent plus.

Jack s'arrêta devant l'un d'eux, se décalant ensuite légèrement sur le côté où, entre deux baraquements avait eu lieu ce qu'il avait aussi vécu ; l'appel, plutôt, les appels.

Le vieil homme se souvint alors.

Toujours ses seize ans à peine souhaités avec lui, Jack venait de sortir de la baraque qui l'avait réduit en un numéro et en un triangle rose. Terrorisé par ce qui venait de se passer, peureux de l'avenir, il avait suivi les rangs entourés de SS armés. Autour de lui, tous ses camarades étaient dans le même état, affamés, fatigués, morts d'inquiétude pour les proches qu'ils avaient laissés avant d'arriver ici et surtout, effrayés de ne rien comprendre à ce qui leur arrivait. La suite du programme ? Ils la redoutaient, ils faisaient bien.

L'appel les attendait.

Etant arrivés alors que le soleil commençait doucement à se lever, les nouveaux arrivants avaient eu droit d'emblée à ce sinistre moment. Si le trajet de la baraque de recensement aux baraquements avait été assez calme, les cris qu'ils entendaient au loin les effrayèrent. Et c'était là qu'ils virent, qu'ils comprirent, qu'ils réalisèrent que l'enfer n'était peut-être pas seulement après la mort mais bien même avant et déjà sur Terre.

Ici et là, entre les baraquements qu'ils venaient d'atteindre étaient postés en rang parfait de dix hommes par lignes horizontales des personnes comme eux. Ils avaient l'air si faibles, si malheureux, porteurs des pires souffrances sur Terre. Sûrement était-ce le cas d'ailleurs. Mais le plus écœurant dans tout ça étaient ces multitudes de cadavres aux côtés des vivants. Pourquoi ? Pourquoi !? Quelle horreur, Jack se souvenait en avoir eu des nausées et pas seulement dues à l'odeur pestilentielle alors que ses yeux s'étaient humidifiés à leur seule vue.

Puis tout s'enchaîna vite. Les SS à leurs côtés avaient poussé les nouveaux arrivants dans les rangs de ceux, là depuis plus longtemps en les répartissant par groupes. Les nazis qui les avaient accompagnés avaient ensuite donné à ceux qui faisaient déjà l'appel ce qui semblait être la fiche des nouveaux arrivants avant de s'éclipser. Et c'est là que l'enfer leur tendit les bras.

Des gardes parlant apparemment différentes langues avaient alors hurlé comme à du bétail les consignes à suivre. Jack s'en souvenait parfaitement. Interdiction de bouger. Interdiction de parler si ce n'est pour répondre à son numéro. C'était à peine si l'adolescent qu'il était avait pu respirer pendant l'heure qui avait suivi. La peur lui avait bien trop noué les tripes alors qu'il voyait de ses yeux ce qui arrivait à ceux désobéissant ; des coups de matraques sur les pieds, puis sur les jambes, le buste et même la tête. S'ils tombaient, ils ne se relevaient plus, assommés ou tout simplement épuisés semble-t-il. Il n'en avait pas fallu plus pour que Jack ne se taise complètement et ne bouge pas d'un poil.

Lui n'avait subi qu'une heure d'appel, ceux déjà là avant en avaient supporté presque trois. Il fallait dire que cinq cents prisonniers par bloc, ça faisait du monde à appeler, surtout quand les SS décidaient de recommencer du début, sans raison spéciale, pour prolonger l'enfer. Et encore, ce matin-là, Jack avait eu bien de la chance puisque le ciel avait été clément. Les torrents de pluie, le gel, la neige, le soleil de plomb, très vite le jeune adulte goûterait à ces appels soudainement bien plus éprouvants encore, surtout lorsque la faim minerait ses muscles à défaut de graisse et que l'épuisement du travail pèserait mille tonnes sur ses épaules.

L'appel était définitivement un moment tout à fait horrible, même pour les morts qui devaient encore être présents une dernière fois avant qu'on ait la décence de les emmener loin des décharnés qui se démenaient encore pour survivre. Ces derniers mêmes qui avaient l'ordre de justement traîner les décédés qui pourraient être eux du jour au lendemain.

Les vieux yeux de Jack se plissèrent un peu plus à l'évocation de ce souvenir. Mais rapidement, ses iris se posèrent de nouveau sur l'allée entre les baraquements et y revécut un autre souvenir.

Ces lieux pour les appels n'étaient après tout pas seulement utilisés pour cela, non. C'était aussi là qu'avaient lieu le petit-déjeuner et le dîner.

Jack se revoyait.

Il voyait son « lui » du passé, comprenant de plus en plus l'enfer dans lequel il avait été plongé, alors qu'il imitait avec précipitation ses aînés. Son premier appel venait de se terminer et c'était maintenant l'heure du petit-déjeuner. Perdu comme il l'était, Jack ne pouvait qu'imiter les prisonniers ayant plus de vécu ici que les quelques heures à son compte à lui. Ainsi, il se mit lui aussi dans cette file où les hommes s'étaient positionnés les uns après les autres alors que les SS dévoilaient de grandes marmites et servaient à la chaîne. Vint son tour, l'adolescent ayant su se glisser environ à la moitié de la queue. Un bol lui fut tendu, contenant un liquide pâle, presque autant que le visage de ses camarades, aussi pâle que la mort...

Jack avait été surpris en constatant qu'il n'aurait rien d'autre à manger. Son ventre criait famine et l'optique de devoir se contenter de ce bouillon, décidément pas une soupe malgré son nom, jusqu'au repas du midi qui ne semblait pas meilleur, était dur à envisager. Pourtant, son cerveau avait vite compris que ce serait bien ça, son nouveau quotidien.

Heureusement et peut-être était-ce parce qu'il avait l'air jeune, mais le jeune homme de seize ans avait vite su attirer à lui d'autres personnes. Des français là depuis quelque temps, pour son plus grand bonheur. Voilà trois jours qu'il n'avait pas parlé sa langue natale, que ce court moment de repos lui fit donc du bien dans son angoisse ! Mais il ne dura pas.

A peine avait-il eu le temps d'avaler sa bouillie immonde et à la valeur nutritive infime que les SS se remirent à crier. Un des français avec qui il avait juste eu le temps de se présenter lui apprit que le plus dur était à venir. Jack avait frissonné en l'entendant alors que le mot travail forcé retentissait dans ses oreilles. Le jeune homme avait eu une nouvelle fois raison d'avoir peur, l'extermination par le travail n'était pas légende urbaine pour les nazis. Dès le premier jour, le Horns l'avait compris.

C'était bien juste après le petit-déjeuner englouti que les déportés étaient amenés à partir au travail. Ici, c'était la chance qui jouait. Soit l'on était affilié à un "bon kommando" ; un travail à l'intérieur qui ne demandait que peu d'efforts ou qui donnait des pauses, à proximité du camp. Soit, on allait dans "les mauvais" ; un travail à l'extérieur soumis aux aléas du temps et demandant d'énormes efforts physiques autant sur le terrain que pour le rejoindre. Il fallait dire que rares étaient les fois où les chantiers n'étaient pas à plusieurs kilomètres de là.

Jack avait tiré « le gros lot ». A peine arrivé que le voici reparti vers il ne savait où, un français à ses côtés lui ayant simplement soufflé qu'ils allaient mourir. Était-ce une hyperbole ? Le jeune homme qu'il était alors aurait voulu y croire s'il n'avait pas vécu ce jour-ci le premier, tout simplement abominable, d'une longue liste.

Dépêché pour des travaux de terrassement dans un chantier à plusieurs kilomètres du camp d'Auschwitz Birkenau, Jack avait tout de suite commencé par le plus pénible. Ce fut en morbide compagnie de la faim qui le consumait mais aussi des coups des kapos qu'il avait eu un aperçu très clair de la vie qu'il allait mener.

Pas d'eau, pas de nourriture. L'interdiction de s'arrêter pour prendre une pause, l'obligation de travailler toujours plus, toujours plus vite. Seul moment de semi calme : lorsque venait le temps du déjeuner. Seule pause de la journée, de ces journées qui n'en finissaient plus de ressembler aux précédentes avec pour seule différence, la difficulté de supporter cet horrible travail qui ne cessait de devenir plus compliqué à mesure que la faim dévorait tout sur son passage. Il faut dire que le repas du midi, cette pause d'à peine une heure, peut-être quarante minutes, n'était rien d'autre qu'un autre bol de ce bouillon fade et sans saveur identique à celui du matin. La seule chose que Jack avait retenu de ce second repas ici c'était qu'arriver en dernier promettait soit des morceaux de légumes angéliques pour son estomac tordu, soit, rien du tout. Lorsqu'il n'y avait plus rien, il n'y avait plus rien. Le Horns s'était fait avoir ce midi-ci. Arrivé trop tard, il n'avait eu le droit qu'à une demi tranche de pain noir amer, seule nourriture consistante que les déportés recevaient jusqu'au lendemain. Jack l'aurait préférée sans terre avec, mais les kapos n'en avaient que faire. L'un d'eux était français et l'adolescent aurait pour le coup préféré que ce ne soit pas le cas.

On l'avait traité de malade mental, de fou, de faux homme, de créature horrible, de monstre même. Le Horns n'avait pas compris pourquoi alors qu'il avait reçu là son premier passage à tabac tout à fait injustifié. Et pour seule réponse à son questionnement, un des kapos pointa son triangle rose du doigt avec dégoût. Jack avait alors parfaitement compris, à la fois qu'il n'était qu'une erreur pour les personnes en face de lui mais aussi qu'ici, c'était chacun pour soi.

Les français avec lesquels il avait sympathisé pendant la matinée ne l'avaient même pas regardé et encore moins aidé. L'adolescent ne leur en voulait pas. Il venait de comprendre que dans cette matérialisation terrestre de l'enfer, sauver sa propre vie était déjà bien trop difficile.

Au coup de sifflet cinq minutes plus tard, alors que Jack venait d'échapper enfin aux kapos pour s'extirper et aller manger aux côtés des autres déportés, c'était déjà l'heure de reprendre.

Le travail reprit donc. Les coups, les cris. La fatigue du matin donnant à cette après-midi sous le soleil ardent une difficulté pire encore. Les plus épuisés et faibles tombaient comme des mouches. C'était une hécatombe sans sang, sans armes, c'était l'anéantissement par le travail. Parfois aidés par les kapos qui matraquaient jusqu'à la mort s'il le fallait ceux qui s'arrêtaient, la plupart des déportés décédés l'étaient d'épuisement. L'horreur, il n'y avait eu que ça dans l'esprit de Jack alors qu'il creusait encore et encore sans savoir ni pourquoi ni combien de temps il devrait faire cela. Tout ce qu'il savait c'était qu'il était en vie et qu'il devait maintenant survivre.

Sa première journée de travail se finit à dix-neuf heures le soir, ayant commencé à six heures le matin. La route vers le camp d'Auschwitz II avait été morbide. Différents prisonniers avaient été choisis pour traîner les morts de la journée. Parfois à bout de bras, c'était ce qu'ils faisaient alors que le frottement de la peau décharnée des cadavres sur le sol donnait lieu à de sanguinolentes traînées de sang derrière eux. Macabre. Plus le temps passait et plus le Horns comprenait que l'enfer avait en son sein même un autre enfer.

Les morts furent comme au petit matin présents à leurs côtés alors que l'appel du soir avait eu lieu. Même rengaine que le matin. Pas bouger. Pas parler. Priez qu'il se termine vite. Il y eut dix autres morts. Une heure plus tard, l'appel prit fin et les déportés purent profiter du repas du soir. Toujours un bouillon fade, pâle et qui ne remplissait en rien l'estomac des travailleurs. À vingt-et-une heure, le couvre-feu tomba et les prisonniers devaient rentrer dans les baraquements.

Le rides de Jack se tendirent à se souvenir dans un sourire mélancolique. Quelle journée affreuse avait été ce jour-là, enfin, cela n'avait pas été le pire.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top