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PDV d'Issac
J'ai passé des jours à chercher désespérément la perle rare. Aujourd'hui, me voilà face à elle, et bientôt, elle sera mienne. Pour ça, croyez-moi, je suis prêt à tout.
Tandis que je remets ma casquette en place sur ma tête, la bête s'avance vers moi et se met à renifler mes baskets. Je me positionne à sa hauteur afin de la caresser. Mais avant d'entamer un contact physique avec elle, je lui demande son accord en tendant la main à quelques centimètres de sa gueule. Si Agatha y frotte son museau, c'est bon signe. Cela veut dire qu'elle se sent en parfaite confiance et qu'elle est d'accord pour entrer en contact avec moi. Bingo ! Allongée majestueusement sur l'herbe, elle se prête aisément aux caresses et semble apprécier ma compagnie. Je vais donc pouvoir passer à l'étape supérieure.
Je me redresse et mon regard quitte le chien pour se poser sur la personne qui l'accompagne. C'est sûrement sa maitresse, alors je ferai mieux de ne pas la laisser me décortiquer des yeux, comme elle est en train de le faire, ça m'évitera bien des emmerdes par la suite. Il faut dire, en plus, que l'éclairage aux abords de cette grange – où se tient probablement, à l'intérieur, une soirée d'anniversaire – ne joue pas en ma faveur. La lumière est si bonne que j'arrive à repérer les quelques tâches de rousseurs présentes sur le visage de mon interlocutrice.
Je tire donc sur ma casquette et je baisse la tête, avant de lui baratiner deux trois trucs, afin qu'elle disparaisse un temps. Et tandis qu'elle accepte de m'apporter de quoi me réhydrater, je me remets aussitôt à caresser le Dobermann, avec la ferme intention de le garder auprès de moi.
- J'arrive tout de suite, m'informe-t-elle.
En la voyant se précipiter à l'intérieur de la grange, je réalise que le temps m'est désormais compté. Je regarde autour, deux mecs se tiennent à seulement quelques mètres d'Agatha et moi. Mais trop occupés à rendre leurs tripes, ils ne prêtent pas attention aux aboiements soudains de celle que je suis en train de piéger.
PDV Elena
J'avais oublié à quel point c'était délicieux de parler avec mon crush. C'est littéralement la meilleure sensation du monde. Mon cœur cogne encore dans ma poitrine. J'ai des papillons dans le ventre. Une joie qui déborde en moi, c'est dingue.
Alors que je fends la foule bruyante pour atteindre le bar, Tom déboule de nulle part pour me couper dans mon élan et envahir mon champs de vision
- Je te cherchais. dit-il tout essoufflé, avec un air sérieux. Ele, je sais que t'es vénère vu ce que j'ai fait. Et je suis trop désolé. J'espère que tu vas me pardonner.
- Non, t'inquiète ! C'est oublié.
Il me lance un regard interrogateur, les sourcils froncés.
- C'est quoi cette tête ? Qu'est-ce qui t'arrives ?
- Tommy, tu ne vas jamais me croire !
- Quoi ?
- Tu vois, après notre dispute, je suis allée prendre l'air...
- Ouais, et ? me coupe-t-il, suspendu à mes lèvres rieuses.
- Eh bah, devine qui j'ai vu.
- Je ne sais pas, moi... Mais allez, Ele, dis ! Qui ?
- Réfléchis !
Il souffle, agacé avant de se rendre compte que la réponse est tout bonnement évidente. Un sourire malicieux se dessine alors sur son visage, laissant apparaitre la fossette unique sur sa mâchoire.
- Mais non ! Isaac ?
J'acquiesce.
- C'est une blague ?
- Non, je t'assure qu'il est là.
- Mais attends, lâche Tom, les yeux grands écarquillés. C'est dingue ! Et alors, il t'a reconnu ?
- Non, mais il est venu me parler. J'étais choquée !
Cette information suffit à déclencher chez mon meilleur ami une excitation aussi grande que la mienne. Le regard pétillant, il se met à me bombarder de questions auxquelles je n'ai moi-même pas les réponses. Enfin, mis à part que mon crush de toujours fait son footing nocturne dans les parages et qu'il est déshydraté, je n'en sais pas plus que Tom. Je ne suis pas aussi curieuse que mon meilleur ami, mais lorsqu'il s'agit d'Isaac, si. Je crève d'envie de connaître ses secrets, et surtout, d'avoir les réponses à chacune de mes interrogations le concernant.
- Vas-y, réponds ! Je veux tout savoir.
- Je te raconterai tout quand j'en saurai plus, expliqué-je, en arrachant une bouteille de jus pleine des mains de quelqu'un qui était sur le point de se servir. Il faut j'y aille, Isaac m'attend dehors.
Isaac m'attend dehors. C'est dingue comme ça sonne irréel, et pourtant, je m'apprête à le rejoindre, laissant derrière moi Tom et son incompréhension totale sur le pourquoi du comment mon crush est ici, à Marseille, devant la grange.
- Ele, attends !
Je m'arrête et me retourne. Il s'avance vers moi, attrape une de mes mains pour serrer vigoureusement ma paume dans le sienne.
- Ne laisse pas s'en aller sans lui avoir dit ce que tu ressens pour lui. Sinon tu vas t'en vouloir, comme la dernière fois.
- Je n'y arriverai pas...
- Bien-sûr que si.
Je hausse les épaules.
- Ne fais pas ta timide. reprend Tom. Ça va aller.
- J'espère.
Il me claque un bisous sur la joue avant de relâcher ma main.
- Allez vas-y, cours !
Je reprends aussitôt ma course vers la sortie. Avant de passer la porte, je replace de ma main libre les mèches qui sont tombées de ma tresse. Si j'avais su que je reverrais Isaac, j'aurais fait l'effort de bien dompter ma chevelure, ce matin, avant de prendre l'avion. Même chose pour ma tenue.
Celle que je porte est tellement basique. Et puis, en la repassant rapidement en revue, je perds l'infime confiance que j'avais en moi. Mon jean est taché. Mon tee-shirt est tout froissé. Suis-je assez belle pour le mec qui dégage un effet que je ne pourrais jamais expliquer ? De loin, je lance un regard désespéré à Tom. Je lis sur ses lèvres un « vas-y ! » Je m'exécute, les yeux rivés sur ma paire de Converse. En arrivant dehors, une bouteille de jus à la main, je respire profondément avant de relever la tête.
Un.
Deux.
Trois.
J'ai fait trois fois le tour de la grange à la recherche d'Isaac. Cette fois encore, il s'est volatilisé.
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