Chap XIII : Retrouvailles (2/2)
Nous nous retournons en distinguant nos poursuivants gagnant du terrain. Cela ne dure plus de cinq minutes avant que des dévoreurs surgissent des coins sombres de la forêt. Les agents ne se gênent pas de trancher vif leurs obstacles et à continuer comme si de rien était.
Nous accélérons quelque peu, sachant que nous ne tiendrons pas indéfiniment. Brusquement, j'aperçois une clairière, où une multitude de lumière, virevoltant dans l'air ambiant, donne un éclairage non négligeable au terrain.
Nous finissons par y arriver. Nous nous retournons à bout de souffle, mais légèrement enthousiaste à tuer dans l'œuf le contretemps qui s'apprête à nous rejoindre.
— Alpha, débute le détenteur, reprenant son souffle, nous devons nous séparer. S'ils sont bien les hommes qu'ils prétendent être, nous n'allons pas les vaincre sans y laisser notre peau. Les agents de la fin sont une sous branche d'une plus grande organisation dont je ne citerai pas le nom, cela m'évoque des sombres souvenirs. Ils n'ont aucune pitié, lors de leurs raids en équipe. Un seul d'entre eux applique à la lettre, la philosophie de leur secte : gagne ou emporte ton adversaire dans la fin.
S'ils ont décidé de te railler de la surface du globe, ils n'oseront pas rentrer chez eux sans ta tête. Nous devons nous séparer afin de diminuer considérablement le nombre de leurs hommes et aussi les déstabiliser sur ce terrain.
Subitement, nous nous retournons tous les deux vers notre animal. Le précédent contact, nous a permis de nous connecter avec lui. Sans mot dire, nous nous lançons un regard stupéfait, le prêtre et moi, avant de porter attention aux indications de l'e-motio.
Lorsqu'il achève ses renseignements, nos ennemis bondissent des ténèbres et s'élancent dans notre direction. Le guide s'incline, prêt à foncer vers sa droite, comme il l'a prévu.
— Bien, on fait comme elle l'a dit, commande-t-il, en me portant un dernier regard signifiant foule de recommandations et de souhaits.
— Ne meurs pas, lâché-je, sans y réfléchir.
Je ne veux pas que le guide meurt des mains de ces agents. Je ne sais pas s'il compte à mes yeux, mais il ne doit pas mourir.
— Allez, c'est parti, lance le prêtre fonçant vers son flanc droit avec l'e-motio d'élégance tandis que moi, je m'engage dans la direction opposée.
— Le Nord, pensé-je tout haut.
Oui, ce sont les indications de l'e-motio. À un kilomètre tout au plus, se trouve un portail. C'est un passage pour rejoindre un autre district. Si je l'empreinte à temps, je les conduirai sur un terrain bien moins attrayant que celui-ci, où ils ont clairement l'avantage sur moi. Je pense au district de la hache de la colère. Là-bas, il me sera facile de leur régler plus facilement leur compte. Et en cas de besoin, les dévoreurs de ce territoire se feront un plaisir de se joindre à la boucherie.
L'un d'entre eux me rattrape. Cela me déstabilise dans ma course. Je me dépêche de le remettre à sa place, chose qui n'est pas aisée. Il me résiste et me frôle l'échine, le coupant une touffe de mèches au passage.
Je ne dois pas m'arrêter. Le simple fait d'avoir croiser le fer avec lui dans ce laps de temps m'a suffi, pour me figurer un scénario où je finirai acculée sans avoir pu atteindre le portail.
Au moment où je saute d'un énorme tronc d'arbre sur mon passage, je me retrouve égratignée par un autre de ses soldats. Il y a une suite de coups violents que je crois bien me décontenancer pour de bon. Mais mes réflexes ne sont pas émoustillés par la surprise. Je bondis d'un endroit à l'autre en parant les coups de ma seule lame.
Je calcule ma portée d'impact avant de faire surgir une autre lame et d'écorcher mon adversaire au crâne, l'envoyant au sol. Le temps de bondir à nouveau qu'un autre me rattrape. C'est le messager masqué. Je me fais violence en le repoussant de ma jambe. L'homme copie mon geste, m'envoyant adosser un tronc d'arbre, en poussant un cri de douleur, là où la lame du premier m'avait atteint dans le dos, près des côtes.
Mon adversaire ne se contente de me contempler et tente de reprendre la salve. Je fais fi de la douleur et use de mon gant en fer noir pour briser sa lame de ma main. Dans la seconde, l'homme reste abasourdi, examinant l'état de son instrument en morceau. J'ai juste le temps de lui lancer une aiguille qu'il esquive au passage.
Je ne m'attarde pas et fonce vers mon objectif, ignorant la douleur qui m'étreint les côtes. Je me sens lourde. J'ai manqué de prudence. Tous ses évènements qui se suivent. Depuis mon arrivée dans ce district, comme ma traversée du précédent. Au moins, le district du flot de la tristesse et celui de l'aube de la surprise sont tous les deux diamétralement opposés à ceux-ci.
Sur mon chemin, j'aperçois des e-motios classiques et dévoreurs lever la tête pour considérer cette course poursuite digne d'un marathon sportif. Ces ténèbres, parsemés de points lumineux çà et là, m'interpellent sur la beauté que j'avais entraperçu l'espace d'un instant sous l'influence de la lumière.
Du rouge, du bleu, du jaune et du violet coloraient les arbres nous entourant. Des fruits se distinguaient et suscitaient un désir de les arracher. Je n'oublierai pas, que derrière ces ténèbres profondes, se cachent un paysage aussi magnifique que celui sous la lumière du district précédent.
Je me reconcentre sur ma route. J'aperçois un ruisseau à quinze mètres. J'ai droit aussi à une flèche pourvue de fruits de l'antre. Ils ont des arbalètes. Ce qui est à mon désavantage. Je zigzague en donnant quelques coups de lames sur les troncs d'arbres.
Cette action m'épuise certes, mais a l'effet souhaité. Alors que mes assaillants s'avancent, une nouvelle horde d'e-motios réveillée par les bruits successifs de mes lames sont irrités. Je me presse de traverser le ruisseau en entendant derrière, des hurlements. Ils appartiennent aux dévoreurs réveillés et désireux de passer à table.
Je sais aussi qu'ils devront épuiser leur force pour repousser ces puissants prédateurs. Je suis déjà de l'autre côté. Je prends le temps de récupérer ma respiration. J'ai la gorge nouée, mais je me sens bien. Je n'ai jamais sécher un entraînement durant ma formation et ai continué à entretenir mon corps tout le long.
Je pivote pour contempler la scène. Au loin, je contemple une montée de poussière accompagnée de cris de douleur et de craquements d'écorce abattue.
Je ne prends pas longtemps parti pour la place du spectateur et continue ma course. C'est à ce moment que je tombe sur un cercle lumineux, aux diverses nuances tel un miroir encadré de moellon gris et noir. L'objet est si mystérieux que je me prends à lever la main pour essayer de le toucher.
Une lame cependant me frôle l'oreille droite et me tranche au passage. Je pivote de tout mon corps, considérant mes poursuivants essoufflés, mais motivés. J'étudie le mouvement du membre supérieur de l'un des assaillants ayant le front rouge de sang. Le sien sans me tromper. Il a la moitié du visage comme écrasé. Je lis une rage persistante le dessinant.
Pas besoin de bien plus pour me précipiter vers le portail dimensionnel, telle une désespérée. En plein saut, je reçois une lame dans le dos et traverse le portail. Je me retrouve en chute dans le ciel, entre les nuages, sous la troposphère.
Une douleur me signale la lame enfourchée dans mon omoplate. Je distingue le bout qu'on confondrait avec une machette en forme de lune. Je me force à l'enlever en pleine chute libre. La douleur est sans appel, mais ma situation arrive à détourner l'inconfort.
Je suis désagréablement attirée par une lumière au-dessus de ma position. Je reconnais le portail d'où je considère ces assassins ayant tenté l'inconnu eux aussi. Je me pousse en arrière, pour examiner le paysage à perte de vue.
Ce qui m'apparaît me fait l'effet d'un glaçon dans le dos. De la neige, à n'en plus finir. Tout le territoire en est recouvert. J'ai atterri dans l'avant dernier territoire : le district du trou de la mort. Ici, les arbres fleuris sont remplacés par des troncs d'arbres secs et morts. Un paysage d'hiver, donnant l'impression que votre dernier jour est à votre porte.
Je place mes mains face à moi, certaine que le contact me sera fatal. Je ferme les paupières au dernier moment. Je ressens peu après l'impact glacial, mais non mortel avec la neige. Je croyais pourtant me tuer avec ce saut. Au premier coup d'œil, je palpe cette neige et n'y vois pas de différence apparente, encore moins palpable.
Je tâte tout mon corps et mon visage sans remarquer la moindre égratignure, après ce coup. Sans prendre en compte mes blessures précédentes, le choc ne m'a causé aucun dégât. Je lève les yeux pour observer ces autres points noirs se dirigeant vers ma position ou peut-être un peu plus loin.
Quoiqu'il en soit, je ne m'attarde pas ici. Je me remets à courir. Le froid de ce territoire est dérisoire pour moi. Je remarque que le sol n'est pas aussi impraticable à la course que je me le figurais.
Si je veux échapper à ces chiens, je me dois de placer une assez bonne distance pour les encocher avec mes flèches invisibles.
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