5 - Endza est heureuse
Endza était assise depuis une demi-heure sur un palier des escaliers, un panier emplis de vêtements mouillés à sa droite. Sa mère l'avait renvoyé de la maison et lui avait demandé de mettre le linge sur la terrasse, mais elle était resté sur son téléphone, car elle n'avait aucune envie d'y aller.
Elle tressaillit et passa rapidement son téléphone sous la porte de chez la voisine quand elle entendit sa mère monter les escaliers.
— Endza ? T'as fini de mettre le linge ? Je te jure que si tu n'as pas terminé, tu vas te prendre la meilleure raclée de ta vie ! Ça fait une heure que t'es sur la terrasse ! Fainéante, va ! La vaisselle t'attend toujours hein, tu croyais quand même pas qu'elle allait s'envoler ?
Quand la tête de Mairan apparut émergeant des escaliers, elle trouva Endza assise sur une marche d'escaliers, les jambes repliées sous ses bras. Le visage de la mère s'éclaira plein de colère.
— Paresseuse ! T'es resté là, à ne rien faire ! Et une heure que je me dis : La pauvre, j'ai été trop dure avec elle ! Et toi ! Toi ! Elle s'approcha de la fille avec une sandale brandie.
— C'est bon, maman, c'est juste du linge...
— Effrontée, tu oses me répondre ! fit sa mère visiblement choquée. Elle assena une gifle avec sa sandale, qui marqua la joue d'Endza. Endza baissa la tête.
— Tu oses me répondre à moi, ta mère ! Je te demande des choses et tu me désobéis ! Tu oses me contredire ? Tu vas voir, attends que je dise cela à ton père, il va être content ! Ma fille, ma propre enfant... Mal élevée, fit elle avec un soupir de mépris.
La mère partit rouspétant contre le sort qui lui avait donné cette fille, cette enfant ingrate, sans laquelle elle se serait bien mieux débrouillée, cette enfant qui coûtait cher...
Un quart d'heure s'écoula avant qu'Endza ne relève la tête.
Telle une bête apeurée, elle jeta un regard circonspect autour d'elle et ne voyant aucun danger, elle se leva et redescendit vers la maison en ouvrant discrètement la porte...Telle une bête apeurée, elle jeta un regard circonspect autour d'elle et ne voyant aucun danger, elle se leva et redescendit vers la maison en ouvrant discrètement la porte...
Sa chambre n'avait rien de particulier. Elle ne s'ornait pas de cette certaine coquetterie que les jeunes filles aiment à laisser partout où elles passent. Point de parfum, de poudre, de maquillage sur une jolie étagère. Point de lecture, point de jolis vêtements, point de couleurs aux murs.
Les murs étaient peints à la chaux et la chambre avait un aspect affreusement nu et vide, impersonnel. La jeune fille avait l'habitude de ne laisser pas de trace nulle part. Cette chambre avait le même air dénudé que si elle ne lui appartenait pas. Le lit en fer qui avait appartenu à ses sœurs avant elle, était recouvert de draps rêches gris et beige, aux couleurs ternes. L'armoire, très petite, contenait toutes ses affaires.
Elle n'avait pas confiance en sa mère. C'est pourquoi elle transportait tout ce qui lui était personnel avec elle de peur qu'elle ne fouille. Elle le savait, au regard suspicieux qu'elle lui lançait qu'elle la regardait en permanence et la surveillait de près. L'atmosphère était irrespirable à la maison. Mais ses chances, de sortir étaient rares et elle s'échappait souvent, ce qui était loin de ravir sa mère qui lui donnait tous les noms d'oiseaux possibles.
Elle tira de son armoire son carnet et ses feutres, et s'installa sur son lit.
Le cahier était très beau. Elle passa doucement sa main sur la couverture solide bleue, toujours aussi émerveillée que quand son père le lui avait offert. Les bordures de pages étaient dorées et les pages épaisses et satinées. Elle les caressa avant d'extraire ses photos des pages d'un dictionnaire.
Sur la plupart des images, on pouvait voir deux brunes souriantes et dans quelques-unes un homme grand et brun avec des yeux verts. Plus rarement, un autre garçon était là.
Elle essuya une larme qui coula le long de sa joue, et toucha la figure du grand homme brun, avec respect puis sentit des sanglots l'étreindre. Elle s'effondra sur son lit, pleurant plus fort, haletant avec douleur, jusqu'à ce que ses larmes se tarissent et sèchent sur ses joues.
Sur la photo, l'homme était adossé à un rebord de pont avec les bras autour d'une petite brune qui avait l'air d'avoir 13 ans, son autre main se refermant sur l'épaule d'un grand garçon à la tignasse brune. À côté une autre brune aux boucles ondulés et aux mèches légèrement décolorées souriait en formant un V avec ses doigts. Tout avait l'air souriant et respirait la joie de vivre. Derrière eux, on apercevait des montagnes et au milieu de l'eau, un monument.
Endza colla la photo sur la première page de son carnet et lui dessina des bordures en arabesques. Quand elle eut terminé, on put lire : "Les seules personnes qui se soucient de moi."
— Endza ! retentit une voix. La vaisselle !
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