3 - Araxie, vraiment ?

Quand Endza vit Araxie à la sortie de l'école, la jalousie la consumait. Cette fille, avait une mère, pensa-t-elle. Une mère qui s'inquiétait pour elle, qui l'a raccompagnait chez elle, qui riait et qui lui offrait des cadeaux. Une mère comme elle en avait toujours rêvé. Cela existait donc vraiment de tel mère, elle qui en avait toujours douté...

Et cette petite peste, ne se rendait même pas compte de la chance qu'elle avait. Elle ne l'embrassait pas, alors qu'elle, devait se baisser au pieds de sa propre mère pour la saluer, même si elle ne lui prodiguait pas la moitié de l'attention que cette blonde avait. 

Petite enquiquineuse gâtée, pensa-t-elle. Elle la voyait rire aux éclats avec Loucine... 

Loucine était son amie. Pas la sienne. Elle attendit que la brune s'éloigne avant de se diriger vers Araxie qui attendait son petit frère au au milieu de la cour principale.

— Alors comme ça, on n'a pas son emploi du temps ? railla-t-elle. On se perd entre les cours, c'est ça, quand nounou Loucine n'est pas là pour nous dire où aller ? Pauvre ange... C'est qu'elle a besoin de sa maman la petite fille.

Araxie se demandant d'abord pourquoi cette fille déjà insupportable en classe venait lui parler. Et au fur et à mesure que les paroles sortaient de de la bouche d'Endza, sa colère augmentait.

— Je ne t'ai rien demandé, okay? rétorqua-t-elle. Dégage et laisse-moi tranquille.

— Mais tu sais quoi? continua l'autre à peine perturbée. T'es qu'une salope. Vahrig m'a montré la tenue dans laquelle t'es venue hier. T'espérais que tous les gars regardent tes jambes hein? Tu t'étais noircis les cils, lol... Elle fit une pause puis lâcha: Sale pute.

Le visage d'Araxie se contusionna et vira au rouge. Endza avait atteint son point faible. Sans même s'en rendre compte elle l'attrapa par le col.

— Tu te la ferme ou je t'en colle une ?

— Et, oh tu ne me touches pas ! Tu veux jouer à la bagarre avec moi ? Tu risques de le regretter.

— C'est toi qui vient me parler, cracha-t-elle en la relâchant, se rendant compte que cela pourrait lui rapporter de gros problèmes. Je me passerai bien de tes commentaires, parce que la seule pute ici, avec son legging moulant, c'est bien toi !

Endza ne se démonta pas. Elle avait dû en entendre bien d'autres. 

Soudain une voix retentit  et fit écho dans la cour vide:  Araxie! Tu viens? J'ai fini!

Aarxie fit un signe impatient à Lévon pour lui faire signe d'attendre et se retourna vers Endza qui lui parlait, énervée.

— Mademoiselle est ennuyée, n'est ce pas ? Elle voit rouge. Elle fait la pute et elle n'est pas contente qu'on le lui reproche. Mais je veux te dire un truc ma jolie, tes jolies petites jambes minces, vu la façon dont tu bouffes, elles ont beau être minces maintenant, tes cuisses vont pas tarder à se couvrir de cellulite, c'est moi qui te le dit. Et t'en aura tellement honte que tu l'es cacheras tout le temps. Tu ne feras plus la maligne avec tes minijupes.

Araxie entendit de nouveau  son frère dont l'impatience transparaissait dans la voix. Elle s'éloigna, en sentant que la conversation ne s'en arrêterai pas là.  "Sale chienne", siffla à ses oreilles. Elle sera les dents et partit rejoindre son frère. 

— C'était qui ? demanda Lévon. 

— Personne, répondit sèchement Araxie.

— Pourquoi t'es rester discuter avec elle aussi longtemps alors. Je t'attendais, je t'attendais, je te faisais des signes, rien à faire...

— On discutait de quelque chose, répondit-elle brièvement. 

En vérité, se sentir aussi violemment apostrophée, et puis d'avoir pu répondre lui faisait un bien fou. Savoir trouver exactement la bonne riposte et les mots blessant qu'il fallait, voir la figure d'Endza qui ne s'attendait pas à ce qu'on lui réponde... 

Plusieurs années auparavant, elle n'aurait pas osé dire un mot. Ses harceleurs l'auraient mise à terre rien qu'avec leurs paroles. Les mots seraient restés coincés dans sa gorge et elle aurait pleuré tout ce qu'elle n'arrivait pas à exprimer. Elle se rappelai douloureusement comment elle s'était laissé faire, ce qu'elle avait vécu sans se défendre. Elle imaginait des répliques cinglantes qu'elle leur aurait servi aujourd'hui, si seulement elle pouvait revivre ces moments. Voir des mines étonnés et bouche-bée... Mais le passé était révolu maintenant, et elle s'était désormais promis que plus personne ne lui infligerais jamais cela.

***

En allant à l'école le lendemain, Araxie se demanda qu'elles allaient être les conséquences de son altercation avec Endza. L'histoire n'allait sûrement pas s'arrêter là...

Son pressentiment se confirma quant à la première récréation Endza et Vahrig, les deux seules filles qu'elle évitait se dirigèrent vers elle.

Elles approchèrent, se plantèrent devant elle et commencèrent à parler. 

— Oh, t'as vu la nouvelle avec sa perruque ridicule? commença Endza.

— Ce ne sont pas ses vrais cheveux ? s'étonna faussement Vahrig. 

— Non, fit Endza en secouant la tête. Ça fait pitié ces pauvres connes qui n'arrivent pas à accepter leurs corps comme il est.

— C'est quelles sont pas toutes belles les connes, rappela Vahrig.

— Oui, c'est vrai. Après, pour compenser elles montrent leurs jambes à tous les mecs, ricana Endza en glissant les mains dans les poches de son pantalon. Qu'est ce que tu veux, les putes c'est comme ça.

Araxie ne voulait pas les provoquer et garda son sang froid, pensant qu'elles allaient se lasser de de leur manège si elle voyait qu'il n'avait aucun résultat.

Pourtant quand à midi, Vahrig et Endza qui d'habitude préféraient traîner dans la récréation avec des élèves plus âgés s'assirent à la table des filles pour discuter, elles commençaient à sérieusement taper sur les nerfs d'Araxie qui alla directement  trouver Susanna, toujours occupée, mais cette fois ci au prise avec le garçon qui avait été avec Endza et Vahrig.

— Oui, Araxie, fit l'assistante énervée. Tu as encore un problème?

— Euh, non rien, fit Araxie en s'éloignant, refroidie.

Elle alla dans la cour avant de se décider à se réfugier dans les toilettes des filles en attendant la fin de la récréation. Tandis qu'elle pleurait en se rappelant toutes les paroles insultantes, qu'elle se demandait si vraiment elle n'avait pas été trop provocante, elle se trouva misérable et fautive.

Un bruit retentit à la porte: "Il y a quelqu'un ?"

Et ce bruit, la réveilla, dans une impression de déjà vu poignante.

Elle se ressaisit. Elle avait déjà vécu cette situation. Elle s'était félicitée la veille d'avoir réussi à se défendre. Elle n'allait pas baisser les bras maintenant, si ? Elle n'allait pas les laisser gagner. Elle allait se battre.

Elle essuya rapidement ses larmes, répartit ses cheveux devant ses yeux et se leva de l'abattant des WC sur lequel elle était assise avant de sortir de la cabine dans un claquement de porte sous le regard étonné d'une cinquième année qui téléphonait à son petit ami, tout en se maquillant.

Elle lâcha ses cheveux et s'avança vers Susanna qui, adossée à une barrière dans la récré, scrollait son téléphone portable.

— Tu ne m'as pas dit ce que tu voulais toute à l'heure, fit-elle sans même relever la tête.

— Endza m'as traité de "porrnik" (prostituée), lâcha t-elle, en évitant son regard.

— Quoi ? fit la surveillante choquée.

— Et de puis ce matin, elle n'arrête pas de se mettre à côter de moi pour raconter des idioties sur mon compte déballa-t-elle. Comme quoi, je chercherais l'attention des garçons à tout prix...

— Elle a fait ça ?

— Oui.

— Je savais qu'elle n'était pas tendre mais à ce point là ! Tu sais au fond ce n'est pas une méchante fille Endza... Où est elle maintenant ?

— À côté des toilettes, sur le banc, indiqua Araxie.

Susanna se dirigea vers le banc de sa démarche chaloupée et assurée et s'entretint avec les deux filles avant de revenir avec Endza et Vahrig. 

— Endza dit que tu l'a aussi insultée, commença t elle d'un air froid.Tu aurais dit qu'elle était une "boz"(pute). 

— C'est vrai, fit Araxie avec aplomb, devant une Susanna choquée que cette petite nouvelle, ai un tel vocabulaire.

— Mais c'était parce qu'elle m'a poussée à bout et que je ne savais plus quoi faire...

— Aucun prétexte, aussi bien trouvé qu'il soit, n'excuse de tels comportement. Vous êtes toutes les deux fautives et je vais vous prier de vous excuser, et de ne plus parler de cette histoire. Je ne veux plus jamais entendre de tels bêtises sortir de vos bouches... dans cet établissement du moins. Demandez-vous pardon.

— "Nerets'ek'," fit Araxie en premier.

— C'est mignon que tu me demande pardon, parce que moi, je ne le ferais pas, ricana Endza.

— Endza, s'indigna Susanna. Demande-lui pardon tout de suite.

Finalement sous le regard perçant de Susanna, Endza cracha: "Pardon Araxie, je suis tellement désolé, comment j'ai pu faire une chose pareille !", en singeant des excuses doucereuses et tellement exagérés qu'elle ne pouvaient pas être sincères. 

Personne ne se laissa abuser. Pourtant ,Susanna fit mine de ne rien remarquer et les poussa toutes les deux vers le centre de la cour: "Tâchez d'être amie, maintenant qu'il n'y a plus de différents entre vous." 

Chose qu'elles s'empressèrent d'ignorer en se séparant chacune dans une direction différente.


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