26 - Barbec' au Lac Sevan
Avant qu'elle n'ait eu le temps de se rendre compte de ce qu'il se passait, Araxie se retrouva la tête dans l'eau. En sentant l'eau piquer dans ses narines, Araxie sentit sa soif de vengeance et sa colère augmenter. En reprenant son souffle et en essayant d'enlever les cheveux collés sur son visage elle replongea, car elle n'avait pas pied et que l'eau du lac particulièrement dense ne l'aidait pas. En faisant des petits mouvements circulaires avec ses jambes, elle se maintint à la surface.
— Lévon Zorabian, je vais te tuer ! dit-elle en émergeant.
— Commence par sortir de l'eau, se moqua Mihran.
— Vous allez voir ! Je vous jure que...
— C'est mal de jurer ! la nargua ce dernier.
Soudain, elle vit une main charitable au-dessus d'elle. Elle leva les yeux et croisa le regard espiègle de Lévon qui était sorti de l'eau.
— Si je t'aide à remonter, tu ne me fais rien ?
— Non, trancha Araxie.
Il la lâcha violemment et elle dut reprendre son souffle encore une fois.
Elle s'agrippa au bord et essaya de hisser son poids hors de l'eau. Hélas, ses vêtements plein d'eau l'alourdissaient considérablement. Elle n'avait jamais eu beaucoup de force dans les bras et le regrettait amèrement. Avec beaucoup d'effort, elle hissa sa cuisse, puis son autre jambe.
— On dirait une grosse baleine quand tu sort de l'eau, rigola Lévon.
— Tu vas voir toi ! T'es un homme mort.
Toute l'eau qui était dans ses vêtements ruissela en gros paquets sur la terre sèche et fit de grosses taches sombres. Elle essora son tee-shirt et s'élança à la poursuite des deux chenapans qui n'avaient pas prévu qu'elle s'en sorte si vite. Elle était ralentie par ses vêtements qui collaient à sa peau et ralentissait ses mouvements. Vous êtes morts ! Elle finit par s'arrêter quand ils détalèrent au loin et se retrouva seule à reprendre son souffle.
— Je dois avoir l'air tout sauf glamour, pensa-t-elle.
Finalement, elle s'allongea sur un petit renfoncement de bois qui s'avançait dans le lac, et laissa ses vêtements sécher au soleil. Elle ferma les yeux, les mains devant le visage, et laissa la chaleur infiltrée ses bras. Elle se sentait tellement bien...
Un quart d'heure plus tard, elle entendit de nouveau du bruit.
— Qu'est-ce que vous voulez ? dit-elle sans même ôter son bras de son visage pour vérifier si c'était bien Lévon et Mihran.
— Papa et tonton sont en train d'allumer un feu et on ramasse du bois, lui répondit la voix grave qui l'avait intimidé près du lac.
Elle se releva prestement un bras serrant son avant-bras, couvrant sa poitrine.
— Ah okay, bah, je vous laisse alors, dit-elle essayant de se tirer de là avec son soutien-gorge blanc qui devait être sans doute apparent en dessous de son tee-shirt clair.
— Comment ça, tu nous laisses ? Toi aussi, tu vas nous aider ! protesta Lévon. Tu t'es crue supérieure parce que t'es une fille ! Ah, la suprématie féminine ! Et après, en plus elles nous embobinent avec leur "féminisme". Tu veux être l'égale de l'homme ? Bah fait ce que l'homme fait.
Douchée par ce discours auquel elle ne s'attendait pas sous le regard moqueur de Mihran, elle s'exclama en resserrant ses bras autour de sa taille :
— Mais je suis toute mouillée !
— Mais on s'en fout, renchérit Mihran qui était prêt à tout pour soutenir son ami.
Embarrassée, Araxie, qui regrettait amèrement son choix de vêtement pour la journée, se dit qu'elle allait jouer le tout pour le tout plutôt que d'essayer d'expliquer la situation à son frère et à son meilleur ami.
Elle décolla ses bras qui étaient barrés sur sa poitrine et se baissa pour ramasser quelques brindilles sèches au sol.
Elle jeta un preste coup d'œil à Zohrab qui avait l'air complètement absorbé par sa tâche et détourna très vite le regard par peur qu'il ne l'aperçoive en train de le regarder. Comment pouvait-on autant changer en si peu de temps? La seule chose qui restait au garçon dont elle se souvenait était les cheveux. Point barre.
Le visage ravagé par l'acné kystique était pâle et les petits boutons suintants qui dévoraient ses joues le défigurait complètement. Ses sourcils noirs étaient devenus bien plus épais et ses yeux d'un marron foncé, contrastaient avec la noirceur de ses cils.
Elle n'osa pas jeter un autre coup d'œil pour continuer ses observations, de peur d'être surprise par Mihran ou Lévon qui n'allait pas hésiter à la taquiner et préféra s'occuper de ses brindilles et de son tee-shirt qu'elle avait salit comme elle pouvait, histoire que son sous-vêtement ne se voit pas trop.
Quand elle se dirigea vers le Khorovats que son père et son meilleur ami Zevan préparaient, devançant les garçons dont la compagnie ne lui manquait guère, son père ne remarqua même pas qu'elle s'était salie trop absorbé par sa conversation avec Zevan.
Elle ne réussit pas à obtenir l'attention de son père sur les brindilles et les posa par terre en petit tas.
***
Plus tard, s'ennuyant, Araxie se rapprocha de sa mère et de Christine. Doucement, elle s'assit près d'elle et prêta une oreille discrète à leurs conversations :
—Oui, mais tu sais, c'est compliqué surtout quand les enfants n'aident pas !
—Oui, c'est sûr que 55 heures de travail par semaine, c'est énorme, si en rentrant à la maison, tu dois t'occuper d'enfants.
— Heureusement, il y a Zohrab qui m'aide.
Araxie ferma les yeux décidément où qu'elle aille quelque chose était obligé de lui rappeler cet infâme garçon.
— Il a beaucoup grandi depuis que vous êtes partis.
— Je vois ça, fit sa mère en ricanant.
— C'est devenu un adolescent maintenant.
— Tiens ça ne se voyait pas, pensa Araxie avec une ironie, relevée d'amertume.
—Maintenant, il m'aide plus à la maison, il est serviable, gentil...
Mais c'est qu'elle est réellement en train de nous vendre son fils, pensa Araxie. Et voilà, ce que c'est de s'ennuyer et de n'avoir rien à faire, on se retrouve à écouter des conversations de mères qui parlent ménage.
Frustrée d'être la seule fille à part la petite Sona qui n'avait l'air de ne rien trouver plus intéressant que sa tétine, elle partit laissant les mères discuter.
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