25 - Rencontre d'un boutoneux
Pendant les vacances d'avril, le père d'Araxie avait décidé d'aller camper près du Lac Sevan pendant une semaine, près de là où la grand-mère de son vieil ami, Zaven, demeurait, revenu pour les vacances du Royaume-Uni où il habitait depuis 3 ans.
Araxie n'était pas vraiment enchantée par cette décision, mais comme souvent elle n'avait pas son mot à dire.
Le fait était qu'elle n'avait pas vu les enfants de Zaven depuis un long moment. Depuis l'école primaire, pensa-t-elle avec un sourire en coin. Tout ce temps, était passé. Elle se prenait un coup de vieux tout à coup. Elle se rappelait sans mal cette époque où Mihran disait que son grand frère était amoureux d'elle à qui voulait l'entendre.
Elle était censée ne plus s'en rappeler. Ou du moins faire comme si l'aiderait grandement à pouvoir affronter le regard du garçonnet qui devait sans doute avoir 15 ans maintenant. Plus tellement un petit garçon, réfléchit-elle.
Trois ans, ce n'était pas rien quand même. Les souvenirs qu'elle avait des deux garçons étaient assez désagréables. Zaven étant le meilleur ami de son père, elle avait presque grandi avec ses enfants. Elle avait toujours été la petite dernière, la seule fille que la bande de garçons s'amusait à embêter en lui enlevant ses jouets.
L'aîné, Zohrab était le moins turbulent, ce qui n'avait pas empêché son petit frère Mihran d'inventer une théorie comme quoi il aurait le béguin pour elle. Une théorie qui avait enchanté Lévon qui n'avait cessé de l'embêter avec cela de longs mois après que Zevan soit parti à l'étranger.
La voiture s'arrêta enfin après 2 heures de trajet étouffant à cause de la chaleur pourtant inhabituelle si tôt dans le mois d'avril. La vue depuis le monastère de Sevanavank était splendide et le lac brillant, reflétait le soleil comme un miroir.
Le cerveau d'Araxie, pourtant, ne cessait de divaguer.
La première personne qu'elle aperçut en descendant de voiture fut Christine, la femme de Zaven qui avançait vers eux avec dans les bras Sona, sa dernière-née. Le temps avait passé, et ce nouveau-né d'une famille qu'elle avait si bien connu le lui rappelait. Elle était devenue étrangère à ce qui avait fait partie intégrante de sa vie. Elle se dirigea vers sa mère déjà occupée à rattraper le temps perdu avec Christine.
— Salut, Christine.
— Bonjour, répondit celle-ci. Comme tu as grandi, s'étonna-t-elle. Une vraie jeune femme ! Araxie détestait qu'on la nomme comme ça, mais ne pipa mot.
— Dis-bonjour à Araxie, Sona ! dit alors Christine à sa fille. Elle fit un petit bégaiement qu'Araxie trouva mignon. Sa mère essuya le filet de bave qui coulait de sa bouche et expliqua :
— Elle vient de manger.
Araxie, se sentant de trop entre sa mère et son amie, décida d'aller voir ailleurs... Où elle ne trouva pas grand-chose.
Les garçons étaient tous occupés à leurs retrouvailles. Lévon et son meilleur ami d'antant, Mihran devisaient déjà dans un coin et ils avaient l'air d'être déjà très occupés à fabriquer des cannes à pêches. Elle s'assit sur le bord du lac, et laissa légèrement ses pieds tremper dans l'eau. L'eau était calme et ses abords sauvages. Elle s'amusa à créer des ondes et à effrayer des poissons qui passaient par là. Sans le faire exprès, elle mouilla la moitié de son pantalon, mais le moment de surprise passé elle s'en moquait : il faisait chaud et cela allait vite sécher. Elle regarda autour d'elle, surprise de voir l'eau tellement transparente qu'elle pouvait en voir le fond, la végétation et les arbres autour d'elle se reflétant dedans. Le vent vint passer entre les feuillages et la fit soudainement ressentir une intense sensation de froid qui lui donna la chair de poule.
Elle était ainsi perdue dans ses pensées quand une voix grave les interrompit. Il n'y avait personne derrière elle. Elle tourna son regard vers l'eau est vit Lévon et Mihran dans l'eau. Derrière eux, une personne qu'elle ne connaissait pas. Qu'elle ne reconnut pas. Quand la voix si étrange croassa : j'y vais, Mihran!
La vérité lui tomba dessus telle une révélation divine : c'était Zohrab.
Choquée, elle fit semblant de trouver quelque chose d'intéressant dans la terre aride et dure sur laquelle elle était assise. Cela n'empêcha pas Zohrab de s'éloigner pour faire quelques brasses plus loin et Mihran et Lévon qui avaient déjà plongé dans l'eau, de s'approcher.
— Bonjour, dit-elle joyeusement.
— Salut, fit son frère. Tu ne vas pas venir te baigner ?
— Non, je n'ai pas envie et je n'ai pas de vêtements en plus.
— Et alors, regarde nous, on est en short, ça va sécher après !
— Parce que tu crois que je vais me balader en short dans la nature, dit-elle ironiquement.
— Pourquoi pas ?
— Lévon, apprends à réfléchir avec ton cerveau de temps en temps, parce que des fois, j'ai vraiment l'impression que tu le mets en pause. Surtout quand tu es avec tes stupides copains, dit-elle en lançant un regard fusillant à Mihran.
Mihran lui rendit un de ces sourires sarcastiques dont il avait le secret. Elle ne le sentait vraiment pas celui-là. Mais elle le préférait à Zohrab. Au moins, il était resté exactement le même. Elle savait à quoi s'attendre avec lui et rester sur ses gardes. Elle sentait une espèce de réconfort rien qu'en le regardant.
***
Édit : ça faisait tellement longtemps que j'avais envie de publier ce chapitre et le suivant :)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top