16 - ...(qu')il faut bien digérer
Le lendemain de Noël, Araxie, encore lasse et le ventre lourd du repas de la veille, se réveilla doucement, ne demanda qu'à gratter quelques heures de sommeil de plus. Elle se retourna paresseusement, tendant le bras vers son téléphone sur sa petite table de chevet en bois massif.
— Déjà 11 heures ! s'exclama-t-elle, se sentant tout à coup très en retard. Elle vit plusieurs messages qui dataient sûrement de la veille, où elle s'était effondrée dans la voiture, ne pouvant plus tenir les yeux ouverts. Elle n'y prêta pas attention et reposa l'écran, contemplant le plafond; elle se surprit à boucler une de ses mèches désespérément lisse en pensant amoureusement à Aram. Il hantait complètement ses pensées, sourit-elle.
Dehors, le vent soufflait, faisant un peu trembler les fenêtres instables, et les soupirements du froid qui s'infiltrait comme une véritable maladie dans tous les coins résonnaient entre les murs de la demeure.
Perdue dans ses rêveries, Araxie entendit soudain un léger vibrement sur la table basse ; son téléphone. Elle s'en saisit à regret, ressentant quand même le besoin impulsif de savoir qu'est ce qu'il se passait.
Surprise par le nom qui s'affichait à l'écran, Araxie déverrouilla vite le téléphone d'un petit dessin du pouce avant d'être choquée par le contenu du message.
Samvel, qui n'avait pourtant pas l'habitude de communiquer avec elle par message, s'était donné le droit de lui demander, dans un texte qui dégoulinait de reproche :
— "Pourquoi est ce que tu m'as préféré Aram ?"
Elle fixa le haut de l'écran qui indiquait clairement en gras: "Sam"
Saisie, Araxie claquant le téléphone bruyamment sur la table, craquela légèrement la vitre au passage.
Tremblante, elle sentit son rythme cardiaque s'accélérer dans sa poitrine. Comment le savait-il ? Comment cela se faisait-il que Samvel sache ?
Elle reprit à nouveau le téléphone, espérant secrètement avoir tout imaginé, ne rien voir...
Mais la réalité, cruelle et évidente, ne mentait pas. Samvel savait.
Elle n'osait pas imaginer les conséquences. Si Samvel savait, alors toute l'école savait. Elle devait absolument trouver un moyen d'acheter son silence.
Elle relit le message :
— "Pourquoi est ce que tu m'as préféré Aram ?"
Une pensée évidente assaillit son cerveau qui n'avait jamais vraiment intégré le fait que Samvel lui portait les mêmes sentiments qu'elle ressentait si désespérément pour Aram.
Et dans ce cas, la jalousie qui l'assaillait rendrait tout achat de silence absolument impossible. Seigneur, à l'heure qu'il était, il devait sûrement avoir dit à plusieurs personnes déjà ce qu'il en était.
Elle se rappela une des rumeurs que Loucine lui avait confiée un jour. Celle de Lilit.
La fille de Terminale qui avait offert son corps à Mason, un des garçons de l'école. Il avait souillé sa réputation et salit son honneur en envoyant des photos de son corps offert à divers contacts. Les parents qui avaient appris la nouvelle l'avaient rapidement changé de lycée en cours d'année. Personne ne l'avait revue depuis. Dieu seul savait ce qu'il lui était arrivé, avait précisé Loucine d'un ton fatidique. Les rumeurs des gens habitant son quartier racontaient qu'elle avait été vue dehors un jour, l'air triste et les yeux rouges, plusieurs semaines après.
Mason quant à lui avait été pris en embuscade et tabassé par le père et le frère de Lilit. "Elle venait d'une famille très croyante", avait affirmé Loucine. "Il n'aurait pas du jouer avec elle. Et puis on raconte même que son père avait gagné un concours de boxe en Russie."
En-tout-cas personne ne parlait plus d'elle que comme d'une pute. Loucine lui avait même confié à demi-mots que Samvel possédait des nudes de Lilit.
Toutes ces pensées lui firent redouter le sort qui l'attendait si jamais on venait à savoir son attirance pour un des garçon de l'école dans cette société patriarcale où l'homme était toujours supposé faire le premier pas, où l'attirance d'une femme pour un homme était taboue, et renvoyait l'image d'une fille facile.
Elle reprit le téléphone, et commença à pianoter sur les grosses touches, essayant de trouver quelque chose de potable à répondre. Quelque chose qui sauverait sa réputation :
— "C'est faux."
Elle l'envoya avant de réfléchir à quelque chose d'autre qu'elle pourrait répondre :
— "Qui t'a dit ça ?"
Aucune réponse ne s'afficha, et pensant que Samvel devait sûrement dormir Araxie décida plutôt de regarder ses autres messages.
Rien, d'alarmant de ce côté-là, se rassura-t-elle. Seulement les messages de Loucine qui lui demandait comment elle avait passé Noël et des photos d'elle et Endza.
Mais qui a vendu la mèche, se demanda Araxie consternée. Ce n'était pas possible que Samvel ait deviné ? Quoique, il l'observait tout le temps cela aurait bien été possible... Elle rejeta cette hypothèse regardant la petite image de Loucine et Endza, qui souriaient à la caméra.
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