Un temps pour elle
Le moment était venu pour Cade de s'occuper de sa sœur.
Il n'y aurait plus qu'elle désormais.
Jusqu'à la fin.
Il avait repoussé le moment depuis trop longtemps, se trouvant toujours des excuses. Mais désormais c'était fini. Prenant un parchemin il lui donna rendez-vous, lui laissant le choix du lieu et de la date. Et en attendant sa réponse il s'entraîna. Il passait des heures durant à préparer son corps, se fit faire de nombreuses armes pour sélectionner la meilleure.
Puis la réponse lui parvint.
Il prit ses armes et partit la rejoindre. Il marcha des jours durant, ne pensant qu'à elle, à leurs retrouvailles, à la meilleure façon de s'occuper d'elle. Elle hantait ses pensés même quand il chassait de quoi se nourrir, même quand il allumait un feu. Il était tout entier centré sur elle.
Ensuite il arriva.
Elle était là, à la fois différente et semblable à ses souvenirs. Le temps avait affiné ses traits, disparu la moindre trace d'enfance sur ce corps de femme. Et dans ses yeux ne brillait plus que dureté et cruauté.
— Cade tu peux encore renoncer à cette folie et me rejoindre !
Il secoua sa tête et la toisa :
— Moi Imelda je ne t'offre aucune nouvelle chance. Tu les as déjà eus, tu as eu toutes ces années pour te repentir. Et au lieu de le faire tu n'as fais que plonger plus encore dans la barbarie. Je viens mettre fin à ta misérable vie.
— Tu penses pouvoir me vaincre.
— Je sais que je vais te vaincre. Et que je ne tremblerais pas au moment où je te tuerais.
Et sans attendre une seconde de plus, la lame en avant, il plongea sur elle. Elle recula de justesse, mais chuta dans sa précipitation. Elle roula alors qu'il plantait son poignard là où s'était trouvait son cœur, transperçant le sol. Ils se levèrent dans un ensemble parfait et elle lui donna un coup dans le genou avant de s'élever dans les airs et de se placer un peu plus loin, à l'abri de sa lame.
Il ne se découragea pas pour autant, bondit vers elle. Elle réussit à se tenir éloignée, se poussant magiquement si jamais il se rapprochait trop.
— Tu sais que tôt ou tard tu ne pourras plus m'éviter, cracha-t-il alors qu'elle s'élevait de nouveau. Et ta magie ne pourra rien contre moi.
Avec un sourire elle ne se poussa pas en arrière cette fois mais tomba sur lui, l'écrasant de son poids. Il planta son poignard dans sa hanche néanmoins et bloqua la main qui attaquait arme au poing son visage. En quelques mouvements il se dégagea et la plaça sous lui. Avant qu'il puisse la tuer elle se transforma en serpent et s'échappa. Il s'écrasa au sol avant de se relever tandis qu'elle reprenait sa forme originale plus loin.
Ils se jetèrent l'un sur l'autre en hurlant de rage, bloquèrent les coups de chacun, encore et encore, dansant un ballet létal en parfaite harmonie. Il para un coup allant droit sur son estomac et la poussa avec force mettant fin à cette chorégraphie parfaite. Elle roula au sol pour se redresser le visage furieux.
— Il est bien dommage que tu n'ais pas choisi le chemin de la magie, tu aurais fait un sorcier fabuleux, souffla-t-elle.
S'examinant, chacun cherchant où donner le prochain coup en reprenant leur souffle ils se tenaient prêts. Il observait le sang qui s'écoulait de sa blessure à la hanche avec satisfaction. C'était là un avantage qu'il avait sur elle.
Elle se jeta sur lui et il la laissa l'écraser au sol. Agenou sur lui, elle passa son poignard sous sa gorge prêt à l'égorger. Il captura sa main avant, et une fois qu'il l'eut écrasé la forçant à lui abandonner son arme il la projeta sur le dos et sauta sur son corps. Il entendit son souffle se couper sous son poids. Puis il enfonça ses deux poignards dans ses cotes. Il les retira aussitôt en se redressant, laissant couler le sang écarlate de sa sœur, tandis qu'il en posa un sous sa gorge et pointa l'autre sur son cœur.
— C'est fini.
Et sans frissonner, sans hésiter, il l'égorgea.
Il se releva en soupirant, observant le corps sans vie de sa cadette. Elle semblait être redevenue une enfant, le corps recroquevillé, les cheveux étalés sous elle et toute cruauté ayant déserté ses traits.
Il s'assit à ses côtés, effondré. Il ne regrettait pas et pourtant son cœur était brisé d'avoir eu à faire une telle chose. Attendant les larmes qu'il s'autorisait à couler pour cette unique fois, elles ne vinrent pas.
Il n'avait pas encore fini de s'occuper d'elle néanmoins.
La portant dans ses bras il marcha jusqu'à la ville la plus proche, où il prit un cheval et galopa jusqu'au palais royal. Dans la prison il sélectionna les sorciers et magiciens qui brûleraient avec elle. Et quelques heures après une immense foule vinrent assister à la crémation des mages. Au côté de la famille royal, sa famille, se tenait le chef des magiciens, la chef des enchanteurs et la toute nouvelle chef des sorciers, tout juste nommée, en signe de paix. Il alluma lui-même le bûcher, laissa la foule savourer le spectacle de ces sorciers et magiciens qui brûlaient en portant dans ses bras sa sœur. Son cousin, le roi Sheridan, offrit un discours où il déclarait la fin de la guerre et leur victoire, le félicitant. Mais il n'écoutait rien. Sa sœur était tout ce dont il s'occupait. Enfin il jeta son cadavre au feu sous les acclamations et il se plaça aux côtés de Sheridan pour la regarder brûler.
Alors il se permit de nouveau de penser à autre chose, de se concentrer sur de nouvelles choses. Sa sœur n'était plus. Il était venu le moment de s'accorder du temps à lui-même désormais.
Prequel à Sans Titre 4
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