Sauvage
Courir, toujours courir, sentir le vent se glisser entre sa fourrure, hurler à la lune. Elle ne pensait qu'à cela alors qu'elle avançait dans la rue comme n'importe quel humain, coincée dans sa peau d'humaine, engoncée dans un tailleur et un pantalon sensé la faire passer inaperçue. Ils devaient la prendre pour l'une des leurs. Pour une créature inoffensive, emprisonnée dans une ville sans verdure et dans un quotidien fait de devoir.
Elle se tourna vers Kilian et Kendra, à ces côtés, feintant aussi d'être ce qu'ils n'étaient pas. Elle lisait dans leur yeux le même désir de déchirer ces vêtements, cette peau et de courir loin de cette ville, loin de cette vie, de retrouver les forêts, les montagnes, leur nature sauvage.
L'odeur des arbres, la sensation de l'herbe sous ses pattes, le sang de ses ennemis qui coulait dans sa bouche. Elle n'était pas comme eux. Sa nature était cruelle, bestiale, sauvage.
— On doit faire cela pour la survie de l'espèce, pour le clan, souffla Kilian comme pour les motiver.
— Oui, c'est ce que voulaient nos parents. On peut y arriver.
Pourtant le loup en elle l'appelait, la supplier de sortir, de se jeter sur ces hommes et faire couler leur sang, puis de fuir loin de cet endroit, s'enfoncer en pleine nature et ne jamais revenir, ne jamais reporter un vêtement, ne plus jamais faire semblant.
On disait que les loup-garou étaient des hommes qui se transformaient en humain, la vérité c'est qu'ils étaient des loups tout au fond de leur cœur et qu'ils pouvaient prendre apparence humaine. C'est ce que Kendall sentait en ce moment où elle devait feinter être une femme banale. Jamais quand elle était louve elle ne se sentait si mal, si peu à sa place.
Quand elle était louve elle se sentait complète, entière, elle-même, sauvage.
Ils entrèrent dans une brasserie, commandèrent du thé et de quoi manger. Tous les trois se regardèrent longuement. Elle voyait dans le fond de leurs yeux les loups qu'ils étaient. Il devait voir dans les siens le reflet de la louve qui se cachait à la surface. On leur apporta leur commande, elle but à petite gorgée, grignota des petits morceaux. C'était si peu satisfaisant. Dire qu'elle pourrait mordre de grandes bouchées, déchirés de ces dents cette nourriture et boire à grande gorgée ce thé si elle pouvait être elle-même.
— Combien de temps ça va durer ? râla Kendra.
— Le temps qu'on soit en sécurité, grogna Kilian.
Kendall le regarda. Elle voyait au fond de ses yeux l'espoir que cela ne dure pas, que cette situation s'arrêtent et qu'ils retrouvent leur loup et la vie sauvage qu'ils chérissaient.
Prequel à Sans Titre 7
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