Renaissance
Albert Ernest Gustave Morville comte de Soisson s'était endormi dans son bureau. Il était épuisé par un long voyage et beaucoup de travail. Alors il était trop tard déjà quand il se réveilla en toussant. Le feu avait pris dans sa demeure, la fumée occupait toute la pièce, et s'incrustait dans ses poumons. Sa respiration se faisait de plus en plus difficile. Il toussait encore et encore.
Il tenta de faire rempart au feu en plaçant sa manche devant sa bouche et son nez et se leva vers la porte. Il fallait fuir ce brasier. Alors qu'il s'apprêtait à sortir, la porte de la pièce explosa sous l'assaut des flammes. Il était coincé.
Le feu était terrible, crépitant, les flammes hautes et menaçantes, la chaleur insupportable brûlaient ses joues, sa respiration elle-même devenait de plus en plus difficile et il n'avait aucun moyen de sortir. Alors il sauta par la fenêtre en dernier recours. Se fracassant contre la vitre qui se brisa sous l'impact.
La chute fut longue. Atteindre le sol fut aussi douloureux que si on l'avait roué de coups. Il sentait son corps tout entier hurler de douleur, sa respiration sifflait, peut-être s'était-il cassé quelque chose, du sang coulait le long de son visage, de son corps. Il tenta de bouger, cela lui arracha un cri tant la souffrance était immense.
Le bruit du verre, puis ce cri attirèrent probablement du monde puisqu'il entendit des bruits de pas. Il se crut sauver. Mais aperçu des hommes vêtus chiquement.
— Il n'est pas mort ! déclara le nouvel arrivant.
Dans la nuit, Albert n'arriva pas à distinguer son visage, mais il sentait à l'intonation de la voix que cela ne plaisait pas au nouveau venu, qui soupira et se saisit d'un poignard qu'il enfonça dans sa poitrine. Un râle s'échappa alors des lèvres de celui qu'on assassinait.
Il n'était pas encore mort, mais se sentait passer de l'autre côté. Il percevait vaguement les bruits alentour, entendit les voix de ceux qui l'avaient attaqué, les ordres qui disaient de l'enterrer un peu plus loin, de faire croire qu'il avait péri dans l'incendie. Il se sentit traîner. On le poussa dans un trou. Il était conscient, mais avait en même temps l'impression d'être loin de tout cela, extérieur à ces évènements, simple spectateur. Jusqu'à ce que la première pelletée de terre tomba sur lui. On ne pouvait pas l'enterrer. Il était vivant. Mais il se sentait paralysé, incapable du moindre mouvement, la tête si lourde. Il aurait voulu crier, mais un faible son sortit de ses lèvres, inaudibles de ceux qui l'enterraient à moins qu'ils n'y accordassent pas la moindre importance.
La terre s'abattit sur lui, toujours plus lourde, comme sa tête. Il ferma les yeux, entendant une dernière fois le bruit des coups de pelle, avant de mourir. Sa dernière pensée fut pour se demander s'il pourrait accéder au paradis alors qu'il mourait en terre non consacré et sans prêtre.
Effectivement il ne l'atteignit pas, pas plus que l'enfer ou le purgatoire. Il se réveilla juste avec une faim terrible, toujours enterré sous des litres de terre. Il battit des bras, tentant d'échapper à cette prison. Sous ses coups la terre mut, à force de mouvement il put atteindre l'air libre. Ses canines le chatouillèrent. Il avait toujours faim. Il tituba dans la nuit, avança vers la ville, vers la vie, vers le sang.
Il avait faim de sang.
Prequel à Tribulations d'un vampire au XXIème siècle
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