Minuit noir

C'était presque devenue récurent.

A peine les cloches sonnèrent minuit qu'Amélie se mettait à hurler. Alors Monique se levait et courrait vers la petite fille.

— Nounou j'ai fais un mauvais rêve.

Elle rejoignit l'enfant et la prit dans ses bras.

— Ce n'est rien ! C'est fini ! Je suis là.

La berçant elle lui gratta le dos le temps que la fillette sèche ses larmes et s'apaise.

— Tu veux me le raconter ?

— Il y avait un monstre immense qui se cachait dans le noir et il avait mangé papa et maman.

Elle caressa le visage de l'enfant terrifiée.

— Ce n'était qu'un mauvais rêve. Vos parents vont très bien.

Ils la gourmanderaient encore demain au levée s'il avaient entendue la petite crier. Lui reprochant de ne pas bien faire son travail.

— Et il n'y a aucun monstre tapi dans le noir, ajouta-t-elle.

— Tu es sûre ? Si on allumait une bougie pour vérifier ?

La chambre était vraiment plongée dans l'obscurité. La nourrice se mordit la lèvre pensivement.

— Je suis désolée ma chérie, tu sais bien que tes parents refusent.

— Tu veux bien resté alors nounou ? Veiller à ce que les monstres n'attaquent pas.

La jeune femme sourit attendrie.

— Bien sûre. Rendors-toi !

Elle lui chanta sa berceuse favorite et quand l'enfant fut profondément endormie elle regagna son propre lit.





  — Amélie a encore crié, lui reprocha la maîtresse de maison le lendemain matin tandis qu'elle changeait les draps.

— Je suis désolée madame, elle continue d'avoir peur du noir.

— Ce n'est pas normal ! Ce n'est plus un nourrisson ! Il faut que vous corrigiez ce défaut Monique.

La nourrice baissa la tête contrite en bouillonnant en silence. Avoir peur de l'obscurité était des plus habituels. Si elle n'essayait pas de brusquer leur fille en la forçant à dormir dans l'obscurité elle serait peut-être moins effrayé.

— Je fais de mon mieux maitresse, peut-être pourrait-on rallumer la bougie pour l'apaiser et lui montrer qu'il n'y a rien à craindre de l'obscurité.

— Non ! Je vous ai déjà dit qu'il faut qu'elle apprenne à s'en passer !

La nourrice baissa la tête, ne pouvant lutter contre la décision de sa maîtresse.







— Et que je ne vous entende pas crier cette nuit jeune fille ! Votre mère et moi sommes épuisés de vos enfantillages.

Debout dans un coin de la pièce Monique observait sans en avoir l'air son maître qui grondait l'enfant espérant que cela éviterait une nouvelle scène cette nuit, alors qu'elle était certaine que les disputes ne feraient qu'attiser la peur de l'enfant.

— Oui père.

— Et vous Monique faites un peu mieux votre travail ! Je me demande bien pourquoi on vous paye si vous n'êtes pas capable d'éduquer correctement cette enfant. Si elle pleure quelques coups de badine et vous verrez qu'elle ne recommencera pas.

Elle serra les dents en s'inclinant. Si elle ne s'était pas attachée à l'enfant elle aurait démissionné il y a longtemps déjà pour chercher une maison plus compréhensive. Mais l'idée de laisser ce pauvre cœur seule la rendait malade.

— Je fais de mon mieux pour le bien de votre fille monsieur.

Il partit visiblement irrité. Elle embrassa l'enfant et resta à son chevet pour lui conter une histoire jusqu'à qu'elle s'endorme.

La lumière ne fit que baisser, plongeant la chambre dans l'obscurité la plus totale.

Le premier coup annonçant minuit résonna et l'enfant de nouveau cria. La nourrice se leva et la serra dans ses bras.

— Si vous voulez de la lumière mon enfant pensez-y ! Faites là apparaitre de vous-même. C'est là en vous. Cela personne ne vous l'interdira.

Dans les bras de sa nourrice, apaisée, l'enfant créa en effet de petites gouttes de lumières qui volèrent dans la chambre, illuminant la pièce.

— J'ai fais ça ?

— Oui. Tu vois qu'il n'y a rien.

L'enfant n'écoutait même pas, observant la lumière les yeux pétillants de joie.

— Maintenant tu pourras chasser l'obscurité dès que tu en auras envie.

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