Les flammes de la vengeance

Ce texte est assez long alors je vais essayer de la faire court. Mais ceci a failli faire partie de mon calendrier de l'avant (finalement je suis partie sur une autre idée dans cet univers là). 



La porte s'ouvrit et malgré les précautions des domestiques pour respecter le silence ambiant cette dernière claqua légèrement derrière le nouvel arrivant. Ce dernier, la tête basse rejoignit les fauteuils devant la cheminée et se tint debout aux côté du seul qui était occupé. Y était assis, ou plutôt affalé, un jeune homme aux vêtements aussi sombre que son aura marquée par le chagrin. Il avait le regard perdu dans les flammes, son esprit paraissait vagabonder bien loin, dans des terres qui effrayeraient n'importe qui.

– Sire vous m'avez demandé ? demanda l'autre homme, debout à son côté, lui aussi de noir vêtu.

– Assieds-toi Zorin ! ordonna le jeune homme la voix cassé.

Le serviteur obéit sans crainte, sans frisson. Il s'enorgueillissait de connaître suffisamment le prince pour ne pas avoir le craindre. Ce dernier le dévisagea attentivement.

— Tu ne me crains pas Zorin, nota-t-il.

— Non Sire. Je n'ai aucune raison de vous craindre.

— Tous les autres ont peur de moi.

— Ils ne vous connaissent pas aussi bien que moi.

— Je pense que c'est eux qui ont raison, il contempla de nouveau les flammes. Tu te rends compte de ce que j'ai fait ? sa voix se brisa. Comment peux-tu te tenir à mes côtés sans trembler ?

— Parce que je sais que vous n'êtes en ce moment pas en... En crise si je puis dire.

De nouveau le regard pénétrant du roi se posa sur lui. Longtemps. Avant de contempler dans les flammes des pensés obscurs que lui seul y apercevait.

— Souvent j'essaye de comprendre comment j'en ai pu en arriver là. Aujourd'hui plus que jamais. J'étais un bon petit garçon avant. J'étais heureux et aimé même. On m'a toujours dit que ma tante m'avais chéri dès ma naissance et s'était occupé de moi comme un fils tellement elle me trouvait bon caractère. Je ne sais pas si c'est vrai. Je n'ai aucun souvenir d'elle. Elle est morte quand j'étais si jeune. Mais je me souviens de mon père. De son sourire malicieux quand il venait me chercher et m'amenait quelque part où tous les deux on pouvait échapper à nos obligations, de son rire à table après quelques verres de vin, de ses yeux passionnés quand il me parlait d'astronomie. Quelle image vous en aviez-vous ? finit-il par demander en se tournant vers lui.

— J'étais jeune quand il est mort, trop pour vous apporter une véritable réponse. Néanmoins comme tous les rois je suppose qu'on ne l'appréciait pas vraiment. Juste parce que c'était le roi, le chef de tous ces gens qui nous ont forcés à l'exil.

Le jeune homme se tourna vers les flammes, pensif.

— S'il avait été envie, rien de tout cela ne serait arrivé. Je le sais. J'aurais été un autre prince comme un autre qui aurait hérité de ce royaume à sa mort probablement à un moment où j'aurais déjà été un homme. Il n'y aurait pas eu de mort, j'aurais eu une enfance heureuse, peut-être même que j'apprécierais ma mère et mon oncle. Mais le destin en a voulu autrement. Je n'ai jamais oublié ce jour-là, ou plutôt cette nuit. Le jour où tout a changé. On était dans son cabinet d'astronomie, il me montrait les étoiles spécialement bien visible ce soir-là. Je n'aurais pas dû être là mais au fond de mon lit à une telle heure mais mon père il n'en avait rien à faire de ces choses-là et j'en ai toujours était bien content. Quand on a frappé à la porte il m'a donc enfermé dans l'armoire avant de faire entrer la personne. C'était mon oncle Olwen. Je n'ai pas beaucoup de souvenir d'Olwen avant cet évènement, ce qu'il a fait a probablement jeté une ombre sur tout ce qui a pu arriver par le passé, je n'ai pas souvenir qu'il était mauvais avec moi et en le voyant de l'interstice de l'armoire je n'avais aucune crainte. Je n'ai pas vraiment compris ce qui se passait. Je n'étais pas un béta pourtant et je n'étais pas non plus un bébé, j'avais atteint l'âge de comprendre. Mais je n'ai pas vraiment saisi. Pourtant je l'entends encore parler. Je l'entends encore dire à mon père : « J'aime Milena mon frère. Je suis désolé !» Mon père n'a pas mieux compris. Il lui a parlé de loi, d'honneur, l'a traité comme un enfant qui aurait demandé une sucrerie qu'on avait donné à son frère et pas à lui. « Non ! Tu ne comprends pas. Nous nous aimons. Et l'enfant qu'elle porte est le mien. » Si seulement mon père avait compris, si seulement il avait agi en grand frère et pas en roi ce soir-là il serait peut-être encore en vie. Mais au lieu de cela il a condamné Olwen à mort, ignorant que c'était son arrêt de mort qu'il venait de prononcer. « Qu'es-tu fait ? avait-il dit. Es-tu sot ? Tu as couché avec la reine mon épouse. Et pour cela tu dois mourir. » Non. C'est tout ce qu'a dit Olwen. Il a franchi les quelques pas qui le séparait de son frère, de son roi de mon père et alors...

Le silence à nouveau. Zorin ne bougea pas, ne sachant comment agir ou que dire. Heureusement son roi reprit la parole :

— Parfois j'aimerais revenir en arrière, hurler à mon père de fuir, de faire attention, de se défendre ou alors me plaquer une main sur la bouche. Tout plutôt que hurler quand mon oncle poignarda mon père. Pour la première fois peut-être j'eus peur de mon oncle quand il ouvrit la porte de l'armoire l'air féroce. Ce ne serait pas la dernière fois.

Il secoua sa tête hanté sans doute par des souvenirs douloureux.

— Sire vous n'étiez qu'un enfant. Il est normal que vous ne compreniez pas ou que vous n'ayez pas agi comme il faut. Vous ne devez pas vous sentir coupable, assura l'homme en se penchant vers lui.

— Non je ne me suis jamais senti coupable de cela Zorin. Cela c'était mon oncle et ma mère qui l'avait causé. Mais ce jour-là ils ont fait de moi le monstre que je suis. Je revois encore le corps de mon père sur le sol, une mare de sang naissant sou lui, un air de stupéfaction sur la face et ses yeux grand écarquillé vide de la moindre lumière. Quand je pense à lui, quand j'essaye de me souvenir des moments heureux c'est cette image qui me vient à l'esprit. J'ai d'autres souvenirs bien sûr mais eux sont plus longs à arriver et son seul nom m'évoque cette image affreuse. Comme celui de ma mère m'évoque tout d'abord cette image d'elle cette nuit-là, à moitié nue dans la chambre d'oncleOlwenoù il m'avait emmené, me regardant durement. Par ces mots mon oncle m'a condamné. Ma mère m'a regardé durement. Je n'ai pas souvenir d'un autre regard de sa part, ni de la moindre marque d'affection de sa part. Je ne sais pas si c'est parce qu'elle a toujours été une horrible mère pour moi ou si mon esprit refusait de la voir dans un autre rôle que la méchante de l'histoire. Tu te souviens de tes parents Zorin ? Je ne t'en ai jamais entendu parler ?

— J'ai pas beaucoup de souvenir. J'étais bien jeune quand ils sont morts.

— J'en suis navré.

— Faut pas ! C'est souvent comme ça chez les brigands. Si j'avais un petit pas sûr qu'il me connaitrait longtemps. Fin maintenant qu'on vit ici, qu'on est sous vos ordres j'imagine que si, mais si je l'avais eu dans la forêt...

— J'espère de tout cœur que ton fils, si un jour tu en auras un, te connaîtras. Et j'espère que tu seras meilleur parent que ne l'a été ma mère. Mais cela ce n'est pas difficile. Je venais de perdre mon père, assassiner sous mes yeux et elle m'a giflé dans cette chambre en me traitant de tous les noms et en m'ordonnant de garder ma langue. Je ne l'ai pas fais. Il fallait que je le dise. Il fallait que j'explique comment mon père était mort. De toute façon on m'avait déjà mis à l'écart, j'avais le même tuteur, la même nourrice que Siméon, lui et Graciane étaient mes seuls compagnons de jeux. Ma mère ne voulait pas me voir fréquenter les autres enfants de la cour, ou même que je puisse entrer en contact d'une manière ou d'une autre avec un personnage d'importance ici. Mes deux cousins aussi étaient mis à l'écart, ils étaient du sang de mon père, de celui d'Olwen aussi, mais pour ma mère Olwen semblait être à part. Je n'avais donc rien à perdre à raconter ma version à qui voulait l'entendre. De toute façon personne n'aurait été dupe à la cour. Ma mère épousa Olwen le jour-même des funérailles et quand Perline naquit ils ne se cachèrent pas que mon oncle en était le père.

Le prince ferma longtemps les yeux. Les souvenirs les plus douloureux venait en son esprit.

— J'aurais pu la détester tu sais. Elle était le fruit de cette union que je haïssais et la raison pour laquelle mon père avait été assassiné. J'avais prévu de la détester. Mais quand je l'ai vu la première fois, ce tout petit être si fragile avec ces grands yeux, sa bave au coin des lèvres et qu'elle m'a souri en poussant un son qui semblait joyeux à ma vue je l'ai adoré. Je l'ai adoré plus que tout. Quand je pense ce que je lui aie fait...

Il se prit la tête entre les mains, bouleversé. Zorin ne savait trop quoi faire. Il savait que le roi avait besoin de réconfort mais comment lui apporter, il l'ignorait. Il n'avait jamais été à l'aise avec les émotions des autres.

— Sire... Ce n'était pas volontaire. Elle le savait, tout le monde le sait.

— Dire que c'était pour la protéger ! C'était une fille, elle ne pouvait pas hériter du trône. Ses parents l'ont adoré et choyé mais ils se sont retrouvés dans une impasse. Ils ont bien essayé de faire d'autres enfants mais le ventre de ma mère les a tous rejeté avant qu'ils ne soient viables et puis elle a fini par même cessé d'en porter. Comme si le ciel se vengeait de la vie qu'ils avaient pris. De nouveau j'ai été admis à leur table, moi l'unique héritier. Mais je les haïssais et je ne m'en cachais pas. Ils n'ont de leur côté eux même pas fait le moindre effort pour me démontrer une gentillesse ne serait-ce que feinte. Ils détestaient cette situation autant que moi. Et c'est comme ça que Siméon est devenu beau-cousin. Ils ont voulu avoir une autre option, ils l'avaient lui, le beau petit garçon, qui était aimable et obéissait quand moi je n'étais que ce rebelle sombre qui les haïssait. C'est Sirine qui a proposé l'idée, une simple servante qui donnait son avis, je crois que mon père l'aurait remis à sa place, mais elle, elle était folle de ce petit angelot et Olwen lui avait toujours laissé la place pour s'exprimer. Elle prenait des airs parfois et se permettait des commentaires qu'aucun serviteur n'aurait eu le droit de faire avec n'importe quel autre souverain, mais ça semblait plaire à mon oncle. J'étais heureux quand ma mère folle de jalousie l'a renvoyé, mais son idée n'est pas partie avec elle malheureusement. Au moins aujourd'hui j'ai pu me venger d'elle, affirma-t-il avec un grand sourire. Ma mère et mon oncle tentait de me faire passer pour fou aux yeux de la cour, pour décrédibiliser mes propos, pour me rendre inéligible au trône et l'y mettre lui. Je le haïssais. Au fond je les ai tous détesté. Sauf Perline. Je ne l'ai jamais haï elle depuis notre première rencontre. C'était ma petite sœur qui venait me faire des câlins quand elle me trouvait triste, qui venait se blottir contre moi certaine nuit de cauchemar, que je chatouillais jusqu'à la faire pleurer de rire, avec qui on faisait peur à Graciane aussi, je n'avais rien contre Graciane vois-tu, elle n'était pas son frère à faire des ronds de jambe et à me voler ma place, mais elle était toujours si impressionnable que ça nous amusait beaucoup avec ma sœur. Perline était tout ce que j'adorais.

Il baissait la tête, rongé par la culpabilité et le chagrin.

— Vinray a été mon précepteur, juste le mien. Graciane étant une fille en avait un autre, Perline était trop jeune alors et Siméon en avait un autre également. Je pensais que ma mère et Olwen savait exactement ce qu'il faisait, je pensais qu'ils m'avaient confié à lui en sachant ce qu'il faisait aux enfants et que c'était une autre punition. Tu te rends compte quel image j'avais d'eux pour penser qu'ils puissent faire ça ? Emeric était alors devenu un conseiller d'Olwen. Je le croisais à l'occasion, je savais ce qu'on disait de lui et je le regardais souvent voulant lui demander de m'apprendre son savoir. Il le savait, ça se voyait dans son sourire.Pourtant je n'ai jamais osé. J'ai souffert les affronts de Vinray en silence, sans me plaindre, appréciant les moments avec ma sœur et me demandant pourquoi j'étais en vie le reste du temps. Puis ma sœur atteint l'âge où il était temps d'avoir un précepteur. Ils ont décidés que moi je n'en avais plus beoin, que de toute façon mon esprit dérangé n'arrivait pas à retenir ses leçons et que Perline elle deviendrait son élève. Tu t'imagines le choc que j'ai pu ressentir. Ma précieuse petite-sœur resté seule avec lui, subir ce qu'il me faisait. Je ne pouvais pas le laisser faire. Olwen et ma mère aimant tendrement Perline je compris aussi alors qu'ils ignoraient tout de ses agissements. Pour la dernière fois de ma vie je suis passé par eux alors, je suis allé chercher leur aide. Je leur ai expliqué ce qu'il m'avait fait, ce qu'il ferait à Perline. Ils ont refusé de me croire, ils m'ont accusé de jalousie, de méchanceté et ils n'ont rien fait. Alors j'ai trouvé la force de demander à Emeric de m'apprendre la sorcellerie, malgré les sacrifices, malgré tous les risques qu'il m'a expliqué je suis devenu son élève. Trop tard pour que l'autre ne pose pas sa salle main sur ma soeur mais j'avais le cœur criant vengeance. Je voulais le tuer, tuer ma mère, mon oncle, mon cousin, la cour. Tous. Je voulais qu'il paye. Quand je me suis pensé assez fort je suis allé trouver Vinray. Je voulais le tuer. Je n'ai réussi qu'à le diminuer extrêmement et à jamais. J'ai dû fuir, on me recherchait pour meurtre, mais je savais ma sœur désormais sauve de ce pervers. Néanmoins la frustration que fais connaître la magie était née. J'avais des crises comme tu as dit. Elle me rendait visible. Je ne pouvais être caché nulle part puisque quel que soit l'endroit il me venait ses accès de rage où j'allais jusqu'à tuer parfois. Tu te souviens de la première personne que tu as tuéZorin ?

— Oui, répondit-il après un moment d'hésitation. Un pauvre bougre de passage dans la forêt. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas pensé à lui.

— Moi je ne m'en souviens pas. Tout est toujours si flou pendant ses instants où je deviens un monstre. Je sens juste cette rage, cette colère en moi, cette force aussi, et c'est tout. J'ai fini par me réfugier dans la forêt. J'ai fini par sérieusement songer à me venger aussi. Je savais que j'avais besoin d'une armée pour ça mais que étant fou pour toute la cour personne ne me suivrait. Alors je vous ai tendu la main à vous, vous qui comme moi avait été méprisé, mis de côté, vous que j'imaginais le cœur ivre de vengeance. Je pense que c'était le cas puisque vous convaincre a été facile.

— Aucun de nous n'était content de notre condition sire. Vous nous avez proposé le pouvoir, la vie de château, il aurait été stupide de refuser.

— Certains des tiens n'étaient pas d'accord pourtant.

— On a toujours été prudent et là c'était une grosse prise de risque. Mais je préférais mourir en essayant que mourir pour un vol qui tourne mal.

— Alors que ça a été si facile finalement, tu t'en souviens ?

— Oui. Après personne ne s'attendait à ça à la cour.

— Non. Personne ne s'attendait à me voir revenir, prendre ce qui me revenait, mettre Siméon, Vinray et même Emeric en prison. Lui peut-être. Il a toujours dit qu'un sorcier fini ou tuer par son maître ou par son apprenti. Pourtant c'était un choix que j'ai fait avec toute ma tête. Il était dangereux. Vinray c'était une vengeance, le voir s'éteindre à petit feu, le torturer lentement, le priver de ses forces et passer mes colères sur lui. Peut-être que certain trouve cela cruel mais il le mérite. Une mort rapide comme celle d'Olwen il ne le mérite pas, je veux qu'il souffre, je veux qu'il ait le temps de regretter. Olwen je ne pense pas qu'il ait eu le temps pour ça lui. J'ai pénétré dans la salle du trône, l'ai amené à moi avec ma magie et j'ai enfoncé mon épée à l'endroit même où il avait enfoncé son poignard pour tuer mon père. Ma mère elle a souffert. Mais elle le méritait. Oui. Probablement plus qu'Olwen, elle était le serpent chuchotant à son oreille. Elle était dans son bain quand j'ai débarqué, je me suis assis, lui ait annoncé qu'Olwen était mort, que j'étais le roi. Et on s'est regardé en silence. Elle attendait que je la tue, je crois que j'attendais des supplications, qu'elle se révolte, m'insulte. Elle n'avait pas remarqué que la température de son bain montait encore et encore. Elle ne le nota que trop tard. Je l'ai regardé mourir, dans cette eau que j'avais rendue bouillante avec un plaisir tel. J'ai eu honte ensuite. J'ai compris ce jour-là qu'il y avait un souci mais j'ai voulu faire comme si ce n'était rien. Comme si il serait résolu si on y pensait plus. Si seulement j'avais mis fin à mes jours à ce moment-là ou tenter de trouver un moyen de me soigner...

Il se mordit les lèvres, ferma les yeux.

— Sire ce royaume a besoin de vous. Nous avons tous besoin de vous. Vous avez fait de grande chose...

— J'aimais Perline plus que tout, déclara-t-il la voix brisé par les larmes. Jamais je ne me suis énervé contre elle, même quand on était enfant, même quand j'étais un jeune homme et elle encore si jeune. Ça n'aurait jamais dû arriver. Ca n'aurait jamais dû finir ainsi. Jamais je n'aurais dû tuer ma sœur.

Les larmes coulait le long de ses joues, elles qu'il avait tenté de refréner toute la journée.

— J'ai appris la sorcellerie pour l'aider et au lieu de cela ça l'a tué. Moi qui jamais n'avait élevé la voix sur elle, elle qui était le soleil de ma vie, pour une broutille, une simple remarque qui avant m'aurait fait rire je suis entré dans une colère terrible, j'ai déchainé sur elle ma magie et je l'ai tué d'une manière horrible.

Il respira doucement, jusqu'à que ces larmes se tarissent. Il renifla, s'essuya les joues. Et d'une voix froide il expliqua :

— Je n'ai aucun souvenir je t'ai dit de mes crises de rage. Pas même de celle-ci. Je me souviens vaguement de son cri. Je crois que c'est ce qui m'a réveillé. Mais peut-être que j'ai voulu l'imaginer. Par contre je me souviens de l'après. Je ne l'oublierais jamais je pense. Je le crains et en même temps je ne voudrais pas oublier. Il faut que je me souvienne. Que je me souvienne de son corps qui tombe à mes pieds. De moi qui me jette sur elle paniqué en espérant y trouver encore un souffle de vie, un simple battement de cœur. Je l'ai demandé à voix haute, j'ai supplié les yeux baigné de larmes que sa poitrine se soulève. Mais rien. Elle était morte. Elle était morte tuée par le monstre que je suis devenu ! Elle était morte à cause de la sorcellerie qui m'a transformé en un être puissant mais sanguinaire, qui m'a enlevé mon humanité, qui m'a fait oublier tout ce que j'aimais pour ne laisser que la colère et la haine ! C'est ça la sorcellerie Zorin. Emeric m'avait prévenu, je le savais, comme tu le sais, comme tout le monde le sait. Et pourtant... J'ai enterré ma sœur aujourd'hui parce que un jour j'ai choisi de devenir sorcier ! cria-t-il avec rage.

Il s'était redressé, le visage flamboyant, ses yeux brillait d'une haine farouche tandis que sa bouche avait un rictus effrayant tandis qu'il avait articulé ces derniers mots.

Puis tout énergie sembla le déserté. Il s'enfonça de nouveau dans son fauteuil, observant la danse qui se jouait dans la cheminée :

— Je ne veux pas oublier ce que j'ai fait Zorin parce que désormais je vais agir. C'est pour ça que je t'ai fait venir. Je ne veux plus un sorcier dans mon royaume ! Tu vas envoyer tous tes hommes parcourir mes terres et me ramener tous ceux que l'on soupçonne de sorcellerie. En tant que sorcier je peux les reconnaître vraiment moi, sans me fier à des histoires de grand-mère, juste à ce qu'ils dégagent. Je les tuerais tous, j'accroitrais ma puissance. Je perdrais l'esprit Zorin mais je n'ai plus rien à perdre, mon soleil est mort. Je ne tiens plus à personne Je t'apprécie certes, j'apprécie Graciane aussi et même la femme qui dort dans mon lit en général mais jamais je ne vous aimerez. Je n'ai jamais aimé en dehors de Perline. Et c'est pour elle que je ferais ça. Quand il n'y aura plus de sorcier en mon royaume, j'assassinerais Emeric, puis j'irais tuer la sorcière de la forêt. Celle-là est si redoutable qui me faudra être le plus puissant possible. Une fois morte, je reviendrais. Alors Zorin il faudra que tu me tues.

Son regard perçant se posa sur son serviteur.

— Sire...

— Ne t'en fais pas. Je laisserais un mot expliquant que j'avais exigé de toi qu'une fois la sorcière de la forêt tué, tu devrais m'assassiner.

— Je ne peux pas. Même ainsi. Qui règnera sur le royaume ? Qui.... Je...

— Graciane. Elle est ma seule famille et elle est maline. Elle ne sera pas acceptée parce que c'est une femme, même si je vais changer la loi. C'est pour ça qu'il faudra la protéger Zorin. Elle est forte mais promets-moi que tu continueras de la protéger une fois que je ne serais plus, tant de gens voudront mettre son frère sur le trône ou l'y dégager. Mais je ne veux y voir personne d'autre qu'elle. Et c'est toi que je veux à ses côtés.

L'ancien brigand observa muet de stupeur son prince. Celui-ci était tout ce qu'il y a de plus sérieux.

— Zorin une fois que je serais mort il n'y aura plus aucun sorcier de vivant. J'aurais libérer mon royaume d'un grand mal. Toi seul peux m'y aider. Pense à Perline toi aussi. Tu as vu son corps il y a quelques heures si menues dans son cercueil. Tu te souviens comme elle a été bonne pour toi depuis je t'ai nommé chef de mon armée à ma montée sur le trône. Regarde-moi si misérable de l'avoir tué et briser mon cœur au passage. Il le faut.

Alors Zorin s'agenouilla devant son prince et jura :

– Je jure mon prince d'obéir à vos ordres. De prendre soin de votre cousine bien sûr que vous soyez vivant ou non Et de vous aider à exterminer tous les sorciers de ce royaume et de vous tuer vous aussi quand vous serez le dernier.

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