La rouille
Nyle en étant diplômé à l'académie de police ne s'attendait pas vraiment à cela. Bien sûr il s'attendait à travailler avec des robots, ces derniers commençaient à se faire de plus en plus présents dans leur quotidien, mais ils restaient chers encore à cette époque. Alors quand il rentra au commissariat il fut surpris qu'il y ait déjà trois robots appartenant à la brigade.
Mitra était un petit robot sphérique qui était là pour assister la police scientifique, analysant les indices, relevant les traces ADN et emprunte puis retrouvant leur propriétaire. Tomoko lui était apparemment basé sur le physique d'un petit chien. Il analysait la scène de crime, relevant les indices, aidant à comprendre ce qui s'était passé. Fidelis était la plus grande fierté du commissariat par son apparence « humanoïde », bien que avoir deux bras, deux jambes, une tête à peu près ovale ne lui donne pas une apparence humaine. Branché constamment à un ordinateur dans lequel on rentrait tous les résultats il arrivait à établir un portrait robot très ressemblant du criminel, à établir un portrait psychologique de ce dernier aussi. Les autres policiers du commissariat les regardaient avec méfiance, doutant qu'ils puissent réussir aussi bien que ce qu'on leur annonçait. Alors il suivit l'attitude de ses nouveaux collègues.
Il était là depuis un an quand arriva Amnon, le robot pisteur qui ressemblait à une mini soucoupe volante. Planant dans la ville il trouvait en quelques minutes la localisation de n'importe quel suspect, pouvant même guider les agents jusqu'à lui.
Nyle comme les autres accepta ce nouveau robot parce qu'il n'avait pas le choix mais s'en serait bien passé.
— Vivement que ces tas de rouilles nous lâchent ! disait le commissaire. Qu'on revienne à un travail plus authentique.
Mais les tas de rouille comme on les appelait, qui était pourtant flambant neuf, ne tombaient pas en panne, au contraire des ingénieurs venaient souvent relever leurs résultats et leur apporter des améliorations, agrandissant leur capacité. A l'inverse ses collègues qui partaient en retraite ou étaient tués n'étaient jamais remplacés. De plus en plus de policiers jetaient l'éponge aussi. La violence du métier, le manque de soutien de la hiérarchie, les fonds qui venaient à manquer et le salaire qui n'augmentait pas poussaient de plus en plus d'agent à démissionner et chercher mieux ailleurs. Nyle lui avait toujours rêvé d'être policier. Il n'avait jamais imaginé son futur autrement. Alors il continua.
Surtout qu'avec le nombre d'agent en baisse il se voyait confier de plus en plus de cas intéressants. Jusqu'à la disparition de la petite Jeria. C'était la première enquête où il fut en charge seul. Seul avec les robots bien sûr.
Tomko était des plus excité sur le chemin.
— Une disparition d'enfant c'est ultra important ça non ? demanda-t-il de sa voix robotique.
— Oui, répondit-il sèchement.
— Super ! Je serais à la hauteur vous allez voir chef !
Il l'espérait. En arrivant à l'appartement de la famille Tomko se mit à rouler partout, penchant parfois sa tête robotique sur le sol, scannant la chambre dans ses moindres détails. Mitra de son côté voleta en scannant les pièces. Lui pendant ce temps interrogeait la famille. Nyle ne s'était jamais senti aussi anxieux. Dans une disparition d'enfant le temps jouait contre vous et pour une fois il était seul et le responsable. Et les quatre robots furent ses plus grands piliers.
L'enquête fut bouclée en un rien de temps. Deux heures plus tard la fillette était retrouvée. L'efficacité de ses collègues en métal fut d'une aide incroyable et surtout il se rendit compte que ces robots avaient chacun leur caractère, une personnalité propre. Tomko était attachant, excité, impatient, voulant toujours aider. Mitra lui avait semblait froid et méthodique, avant qu'il ne fasse preuve de beaucoup d'ironie et se comportant comme le père de tous ses robots. Amnon lui était un robot très fier, vif, et d'une grande curiosité sur les humains, il l'assailli de question personnel durant toute la durée de l'enquête. Fidelis de son côté était quelqu'un de très touchant, souvent mélancolique, toujours d'une grande douceur et sensibilité il fut étonnement d'un grand soutien émotionnel. Néanmoins il fut surpris de leur envie, voire de leur inquiétude, de bien faire.
De retour au commissariat, en sortant seul du bureau du commissaire qui venait de le féliciter il tomba sur les robots dans leur coin. Fidelis nettoyait Tomko, les autres étaient branchés à leur batterie de rechargement. Il songea que c'était injuste, sans eux il n'aurait pas réussi aussi bien, pas aussi rapidement. Et ces êtres de métaux avec leur personnalité avaient des sentiments. Il vint s'assoir près d'eux.
— Alors chef ? s'écria Tomko. On vous a félicité ?
— Oui.
— Il a dit des choses sur nous le commissaire ? Il a trouvé qu'on a bien travaillé ?
— Il ne m'a rien dit.
Il eut l'impression de sentir une tension s'installer.
— Mais moi je vous ai trouvé super ! Vous ne devriez pas vous inquiéter. C'est plutôt à nous de nous en faire.
De nouveau un silence tendu.
— Dis-moi Nyle que t'arrivera-t-il si tu n'es plus policier ? interrogea Mitra.
— J'en sais rien, je retrouverai un autre travail j'imagine. S'il y en a encore.
— Nous si un autre robot plus compétitif nous remplace ou si on nous considère inutile ou pas assez performant on est désactivé et détruit.
Chacun des robots sembla prit de peur, Tomko roula en cercle, Amnon émit de nombreuses lumières et Fidelis des petits bruits robotiques.
— Je vois. Mais vous pouvez être amélioré, les ingénieurs viennent toujours pour ça.
— Oui mais un jour ils en construiront un nouveau, plus performant, alors ce sera couteux et inutile de continuer de nous améliorer.
Il dévisagea cette bande de robot qui l'avait aidé comme personne, à qui il avait réussi à s'attacher en deux heures et songea au peu de considération auquel ils avaient le droit.
— Je me bâterais toujours pour que vous restiez parmi nous, soyez-en sûr !
Et c'est ce qu'il fit, les défendant devant ses collègues, incitant ses supérieurs à les garder plutôt que d'investir dans la version plus moderne en leur parlant budget. Il prit souvent sa pause déjeuné en leur compagnie qui l'observait curieusement. Il finit par les considérer comme des amis. Et quand quelques années plus tard on leur amena un nouveau robot, Pax, qui pouvait remplacer les policiers de terrain, capable d'analyser et prévoir les comportements humains, pouvant courir à la poursuite des criminels à une vitesse plus rapide que n'importe quel humain et dans une souplesse inatteignable pour eux, il l'accueillit à bras ouvert contrairement à tous ses collègues humains.
Il eut bien raison, ses collègues petit à petit abandonnèrent leur poste, ils ne furent plus que dix policiers pour toute la ville quand le commissaire le convoqua.
— Nyle tu vas devenir le nouveau commissaire.
— Moi ? Mais et vous ?
— Moi je pars en retraite bien mérité. Ce travail n'est plus du tout celui qu'on m'a appris à faire. Il est temps que je me retire. Et de toute façon le gouvernement a décidé que désormais les robots nous remplaceraient. Chacun des hommes de ce commissariat va être viré. A part toi.
La nouvelle le frappa de plein fouet. Il appréciait certains de ses collègues, en trouvait certain bien plus doué que lui. Il ne comprenait pas ce choix et ne se voyait pas travailler uniquement avec des robots.
— Mais pourquoi moi ?
— Le tas de rouille a insisté pour que ce soit toi qui reste.
Il se leva, sonné. Il serait seul au milieu de robots. Le dernier homme de cette ville à être policier.
Puis en observant ces robots, il vit que la première tâche de rouille était apparut sur Fidelis. Eux aussi un jour ils seraient dépassés. Et cette idée là le terrifia du plus profond de son être. Il ne pouvait plus rien faire pour ses collègues humains, mais il se battrait pour ses amis robots.
Prequel à Sans Titre 2
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