— Dimity voici mon cousin Goliath, les présenta Joubert.

Sa cavalière fit une révérence maladroite. Heureusement le prince n'en pris pas ombrage, souriant même. Joubert retint un soupir de soulagement, le jeune homme était d'un caractère tellement imprévisible et Aegnor cédant à tous ses caprices il craignait que tout ne se passe pas parfaitement bien.

— C'est un plaisir ! Et donc comment vous êtes vous connus tous les deux ?

— Comme votre cousin j'étudie la flore extraterrestre, répondit Dimity sereinement.

— Et cela vous intéresse ?

— Votre Altesse si ce n'était pas le cas pourquoi lutterais-je contre tous les obstacles qui se mettent sur la route d'une femme qui fait de la science ? Celles qui parmi mon sexe aiment réellement la science et sont douées ne peuvent souvent pas en faire du fait des hommes.

Joubert cru que son cœur allait rater un battement devant une telle réponse.

— Et c'est bien dommage ! conclut son cousin à son grand soulagement. Il est donc très plaisant de savoir que vous serez là ce soir pour montrer à tous que c'est possible et souhaitable.

— Je suis ravie de voir que ma présence à votre soirée vous semble utile Votre Altesse.

— Et j'espère que nous aurons l'occasion de discuter plus longuement.

Joubert n'aimait pas le sourire de Goliath. Il lui paraissait être un mauvais présage. Néanmoins il prit congé de son cousin, suivi de sa cavalière et de son robot.

— Vous autres humains avait un rythme cardiaque très fluctuent, nota le robot en sortant.

— Vraiment ? s'étonna Dimity.

— Oui il varie très facilement sans que je ne comprenne la raison. Vous maître j'ai senti votre rythme s'accélérer à plusieurs reprises.

Il sentit le regard de Dimity sur lui qui se faisait inquisiteur.

— Ce n'est rien ça ! Ce sont juste les émotions, lui expliqua Joubert.

— Ah oui et qu'est-ce qui a bien pu vous émouvoir Joubert ? Tout s'est très bien passé non ?

— Oui bien sûr Dimity mais avec Goliath ça aurait bien pu ne pas être le cas. Il aurait pu prendre ombrage de vos réponses. Il est très imprévisible et du genre à céder à ses émotions facilement.

— Et pourtant il y a bien eu un battement de cœur plus rapide, l'informa le robot.

— Juste un ça va alors !s'amusa-t-il.

Joubert se sentit plus confiant.

 — Tu es sûr de vouloir épouser cette fille ? questionna Aegnor ce soir là.

Il lui jeta un coup d'œil, elle discutait en compagnie d'autres femmes sans doute plus belle aux yeux des autres, mais bien moins remarquable à ses yeux.

— Oui, assura-t-il en souriant.

— Je ne m'y opposerais pas. Tu as la chance d'être né du bon côté du lit pour cela. On en attend moins de toi que de nous. Même si je l'aurais préféré de meilleure naissance elle est malgré tout d'une famille convenable. J'imagine qu'elle ne fera pas problème.

— Non je ne pense pas. Ses parents ont l'air enchantés que je m'intéresse à elle.

Ces requins qui ne voyaient en lui qu'un titre de noblesse sans même se soucier du bonheur de leur fille serait même probablement aux anges.

— Bien je verrais comment se passe cette soirée et je te donnerais ma réponse définitive demain. En attendant va voir Ranieri. Il se fait une joie de te parler.

— Pourquoi moi ? soupira le jeune homme.

— Parce que en tant que roi je peux envoyer ma famille s'occuper des gens comme lui à ma place.

Il jeta un regard à Dimity, cette fois en compagnie de Goliath.

— Ne t'en fais pas pour elle, elle à l'air assez débrouillarde, lui assura son cousin.

Soupirant il rejoignit le ministre en espérant que tout se passerait bien pour elle.

— Dois-je m'inquiéter de votre rythme cardiaque élevé ? demanda le robot alors qu'ils se rendaient de bon matin chez le roi.

Cela le fit rire.

— Non, je suis juste nerveux. Il n'y a aucune raison que ça se passe mal. Je n'ai rien entendu de scandaleux sur cette soirée hier. Dimity m'a dit avoir dansé un peu avec mon cousin, qu'il l'a présenté à des scientifiques pour qu'ils échangent et même des députés. S'il n'a pas fait de grabuges lui, c'est que je n'ai pas à m'inquiéter.

— Et pourtant votre rythme cardiaque est élevé.

— Malheureusement si nos émotions suivaient la logique ça se saurait.

— Est-ce que c'est douloureux ?

— Non. Ce n'est pas toujours agréable comme là maintenant mais ce n'est pas douloureux.

— Être humain sembles si difficile, tant de paramètres à gérer.

— Tu n'as pas idée !

Il entra dans le bureau de son cousin encore déserté à cet heure, en-dehors de ce dernier évidemment.

— Joubert assieds-toi ! ordonna-t-il d'un ton royal.

Cette conversation allait être sérieuse visiblement. Il obéit donc. Aegnor le dévisagea un moment en silence. Il était visiblement embarrassé.

— Tout s'est bien passé hier soir non ? commença donc Joubert.

— Oui. Un peu trop peut-être.

— Comment ça ?

— Goliath est venu me demander sa main hier après la soirée.

Il ne ressentit aucune surprise. Il devrait. Mais non il ne ressentit qu'une espèce de détresse.

— Bien sûr tu lui as dit non ?

— Il a était très insistant, je n'avais pas envie de discuter. Tu sais comment il est.

— Je sais qu'il est comme ça parce qu'aucun de vous n'a jamais su lui dire non.

— Rien ne t'empêche de faire ta demande également bien qu'il soit probablement trop tard.

— Eh bien si tu m'excuse je ne vais pas perdre une seconde de plus.

Se levant il sortit de la pièce brusquement. Il se sentait furieux, enragé.

— Que vous arrive t-il donc maître ? s'enquit le robot.

— On n'a pas le temps de discuter. Viens !

Il espérait que son cousin n'avait pas quitté encore son lit, qu'il arriverait le premier. En tout cas en arrivant devant la luxueuse demeure il ne vit aucun équipage. Il n'était pas là. Avec un léger espoir il sonna à la porte. Son robot arrivant derrière lui, peinant à suivre son rythme.

Une domestique lui ouvrit qu'il ne laissa pas parler :

— Je dois parler au maître de maison.

On l'introduit face au père de Dimity qui rayonnait.

— Monseigneur que puis-je donc pour vous ? On m'a dit que vous étiez pressé.

— C'est à propos de Dimity.

— Oh j'imagine que vous voulez des remerciements. Sans vous elle n'aurait jamais était fiancé à un prince. Le frère du roi vous vous rendez compte. Ma propre fille va épouser un homme de si haute naissance ! Je n'arrive pas à le croire.

Qu'il ait accepté la demande de Goliath ne l'étonnait guère. Cet homme ne rêvait que d'un excellent parti pour sa fille, il avait eu le meilleur du royaume qui était venu se présenter devant lui. Avait-il néanmoins seulement laissé le choix à sa fille ?

— Donc Dimity a accepté sans problème ?

— Elle a su entendre raison. Heureusement. Elle n'allait quand même pas dire non à notre prince !

Il avait donc dû insister.

— Bien sûr. Puis-je lui parler ?

Elle était si belle. Il ne pouvait que se sentir amoureux en la regardant. Elle dû sentir son regard sur elle car elle se retourna :

— Joubert ? Qu'est-ce qui vous amène si tôt.

— J'ai appris pour votre mariage. Je venais vous féliciter.

Un éclair de révolte passa dans ses yeux avant qu'ils se résignent. Il en eut pitié. En épousant le frère du roi elle ne cesserait de devoir se réprimer.

— Merci. Je crains qu'on ne me laisse plus partir en expédition scientifique désormais. Ce n'est pas le rôle d'une princesse.

L'amertume dans sa voix était totalement perceptible. Elle qui adorait cela, il pouvait comprendre que se voir enfermé dans un rôle d'épouse de prince sans aucune autre perspective que d'assister à des mondanités et de faire des enfant ne l'enchantaient pas, elle qui avait fuit cela toutes ces années. Dire qu'il l'y avait de nouveau entrainé.

— Goliath semble vraiment épris et il obtient tout ce qu'il veut de son frère alors battez-vous et peut-être qu'il vous laissera continuer. Sinon dites-vous que vous pourrez au moins avoir l'oreille des puissants de ce monde. Peut-être que vous pourrez faire avancer la condition des femmes.

— Y avez-vous réussi vous Joubert ?

— Moi non, mais je ne suis pas une femme extraordinaire comme vous l'êtes. Ils ne pourront que réaliser une fois qu'ils vous ont rencontré que les femmes ne sont pas des êtres fragiles, incapables de prendre la moindre décision par elle-même.

Émue elle perdit son regard sur l'écrin posé sur la coiffeuse. Sans doute un cadeau de Goliath qui lui rappelait que cette décision-là elle ne l'avait pas vraiment prise. Joubert lui-même ne pouvait le quitter du regard, imaginant sans peine qu'il cachait un anneau d'or sertie de plusieurs diamants. Un bijou que seul un fils de roi pouvait offrir. Un neveu de roi comme lui, qui en plus n'était pas né du bon côté du lit n'aurait jamais pu offrir un tel bijou. Et même s'il l'avait pu, ce n'est pas le genre de bijou qui pouvait plaire à une femme de terrain comme Dimity.

— Je vous souhaite de trouver le bonheur Dimity, conclut-il.

Même si cela lui déchirait le cœur, il le souhaitait vraiment.

Il repartit le cœur lourd de regret et de douleur. Il reprit place dans la voiture et tandis que les chevaux se remirent en marche il maudit sa naissance moins prestigieuse que ses frères et ses cousins. Dire que hier encore Aegnor avait osé prétendre que c'était une chance. En attendant il passerait toujours après eux, il devrait toujours se plier à leurs désirs et exigences et eux n'avaient jamais eu la moindre considération pour ce qu'il avait ressenti.

— Maître puis-je faire quelque chose pour vous ? interrogea le robot. Vous semblez souffrir mais je ne perçois aucune blessure.

— Tu ne peux rien faire pour moi. Personne ne le peut. Ce n'est pas le genre de blessure que l'on voit et qu'un simple bandage peut apaiser. Celle-ci est une blessure du cœur.

— Décidemment cet organe est un vrai mystère pour moi !

Dire que toute cette histoire avait commencé avec un simple battement de cœur plus rapide. Il avait dit que c'était « juste » un battement de cœur après avoir présenté Dimity à Goliath. Mais ce simple battement avait brisé le sien. 

Prequel à Sans Titre 2