Dans son champ Colin trouva des empruntes de pas. Il les observa attentivement, c'était des pas humains, c'était tout ce qu'il pouvait en dire. Elle datait aussi de cette nuit puisque la vieille au soir quand il s'était tenu à cet exacte endroit elle n'y était pas.

Il se releva la bouche plissé le regard soupçonneux. Des épis de blés avaient été cueillis grossièrement aussi. Il soupçonnait fortement ses voisins qui jalousaient sa richesse. A sa droite se tenaient les vignes du vieux Nestor et à sa gauche la bergerie des Fekonja. Chacun surveillait les autres voisins avec suspicion, lorgnant avec envie sur les possessions des autres et leur richesse.

Lequel avait décidé de venir visiter son champ ? Sans doute espérait-il détruire un peu de ses cultures pour le décourager. Ou lui faire perdre de l'argent. Mais avec le peu qui avait disparu il ne risquait rien. Il continua comme si de rien était c'était la meilleure réponse.

Le lendemain matin de nouvelles empruntes étaient apparus et de nouveaux épis avaient été arrachés. Ca avait beau ne rien être c'était trop. Est-ce qu'il allait chez ses voisins lui ? Eh bien ils allaient le voir aujourd'hui.

En colère il se dirigea vers les vignes. Le vieux Nestor déambulait dans ses vignes, examinant son raisin.

— Toi ! l'accueillit son voisin. Qu'est-ce que tu me veux ?

— Si je te trouve à roder dans mon champs le nuit tu le regretteras ! Je te transformerais en larve.

— Si je rôde dans ton champ ? C'est toi qui va le regretter si tu rôde dans mes vignes ! Moi aussi je connais mes sorts.

— Tu m'accuses de rôder dans ton champ ? C'est toi qui as détruit mon blé !

— Détruits ton blé ! Je n'ai pas touché à ton blé vieillard ! Par contre toi tu m'as volé des grappes deux nuits de suite.

— Alors si ce n'est pas toi qui est venu laisser ses empruntes et prendre mon blé qui s'est ?

Ils arrêtèrent de crier et se tournèrent vers la bergerie de Stéphane Fekonja et ensemble s'y rendirent d'un pas pressant. Ils tambourinèrent à sa porte et le jeune homme au visage épuisé leur ouvrit la porte. En découvrant ses voisins il leur déclara sèchement :

— Je n'ai pas le temps de m'occuper de vous.

Colin retint la porte :

— Il fallait dormir cette nuit et celle d'avant !

— Ne venez plus rôder chez nous la nuit si vous ne voulez pas que vous dérange.

— Rôder chez vous la nuit ? J'ai mieux à faire ! Et là tout de suite je veux savoir qui fait sortir mes moutons la nuit. Alors qu'à moins que vous ayez quelque chose à me confesser messieurs au revoir.

Les deux vieillards échangèrent un regard.

— De quoi tu parles ? demanda Nestor

— Ca fait deux nuits que la bergerie est ouverte quand je me lève. A chaque fois on doit recompter les moutons et au moins un mouton s'est enfui et ma femme doit lui courir après toute la journée pour le ramener.

— Moi c'est mon blé qu'on arrache !

— Et moi mon raisin.

— Il faut attraper ceux qui font ça.

Et ensemble ils planifièrent leur action de la nuit.

Colin patienta emmitouflé dans une couverture, son communicateur en main attendant des nouvelles des autres. Un message de Nestor apparut : « Attrapé les envahisseurs certains ont courus jusque chez toi ! »

En effet il entendit un groupe qui criait et riait débarquer chez lui. Il ferait mieux que Nestor et les attraperaient tous. Debout il tendit le bras et lança sa magie, ses victimes s'effondrèrent les unes derrières les autres. Quand il n'y eut plus personne il informa ses voisins de son succès.

Ensemble ils réunirent les envahisseurs et appelèrent la police. Les voisins découvrirent un groupe de jeune visiblement alcoolisés qui justifièrent de trouver amusant d'envahir les champs, jouer avec le blé, manger du raisin et prendre quelques moutons. Les trois agriculteurs les regardèrent atterrés et furent bien contents de les voir embarquer. Les trois hommes burent un verre ensemble à la victoire de leur action.

— Incompréhensible ces jeunes ! râla Colin

— Au moins on en est débarrassé ! approuva Stéphane

— Ils ont de ces amusements, ajouta Nestor en secouant la tête.