Depuis cette journée mémorable, six mois sont passés et notre petit cocon a trouvé sa vitesse de croisière. Egoïstement, ou plutôt par peur de la vérité je ne t'ai jamais posé la moindre question concernant ta compagne. J'ai su lire entre les lignes et comprendre que vous êtes toujours ensemble. J'ignore comment tu as réussi à la convaincre de rester avec toi et honnêtement moins j'en sais, mieux je me porte. 

Evidemment, au départ j'ai souffert en réalisant que notre situation post-rupture n'avait pas et surtout n'allait pas évoluer. Ensuite, j'ai décidé de brider cette souffrance et de me concentrer uniquement sur nous. 

De plus, nous passions vraiment beaucoup plus de temps ensemble. Tu restais parfois dormir chez moi des semaines entières et on sortait en journée fréquemment, ce qui arrivait rarement avant. Un jour, je t'ai quand même demandé si tu n'étais pas inquiet que quelqu'un nous voie et l'assurance avec laquelle tu m'as répondu par la négative a achevé toutes les peurs qui me restaient. 

Un équilibre entre notre histoire, nos vies professionnelles et nos vies sociales avait été soigneusement élaboré et ne laissait pas place à la jalousie. Bien sûr des sacrifices avaient dû être faits et je ne pouvais par exemple plus t'envoyer de messages quand tu étais avec Elle.

Prétendre que cette situation me conviens serait un mensonge éhonté mais je crois que mon cœur et mon esprit n'auraient pas supporté plus longtemps la lutte quotidienne à laquelle ils étaient assujettis. Il n'empêche que j'ai toujours ce pincement au cœur quand tu t'en vas et je continue à soigneusement éviter de me retrouver au même endroit qu'Elle et toi au même moment.

Mais ce soir c'est différent. C'est ton anniversaire et tu as invité tout notre cercle d'amis. Si je ne viens pas, ce sera bizarre sachant que tout le monde sait qu'on « se parle de nouveau ». Honnêtement, j'avais décidé de faire l'impasse mais comme un fait exprès, hier soir en allant faire de l'essence je suis tombée sur Elle. J

e ne l'avais jamais revue après le fameux message de rupture. Dire que j'étais stressée serait un bien doux euphémisme, mais étonnamment, elle s'adressa à moi de façon gentille, voire même enjouée. Après une discussion banale que je m'empressai d'abréger le plus respectueusement possible, elle me lança « Bon bah à demain ! Les garçons lui ont préparé une soirée de folie ». 

Je ne suis pas dupe. Je sais que pour elle cette fête sera une manière d'évaluer comment on se comporte, un test de confiance. Me voilà donc piégée.

Je suis sensée partir dans deux heures mais au lieu de me préparer, je suis allongée dans le noir en train de mettre de l'ordre dans mes émotions. Mon moi rationnel qui avait fait l'autruche pendant les six derniers mois a bien évidemment décrété qu'aujourd'hui était le moment parfait pour réapparaître. Il s'était fait accompagner par « regrets et doutes » ses adjoints préférés. 

Les mois passés défilaient dans mon esprit et je fus prise d'une crise de panique soudaine en réalisant que si tous ces derniers mois avaient été aussi idylliques c'est parce que je n'avais jamais été obligée de me cacher ni de faire bonne figure. Je vais vivre un vrai cauchemar plus tard. 

Mon portable vibre et je découvre un SMS venant de toi : « Je sais que tu angoisses pour ce soir. Je ne t'oblige à rien, que tu viennes ou pas je passerai la nuit avec toi. Je t'aime. » Ces mots étaient juste ce que j'avais besoin d'entendre pour commencer à me préparer. La soirée va certes être difficile mais ma petite victoire est assurée puisque tu repartiras pour être avec moi. 

Ça peut sembler pathétique, mais je souris de toutes mes dents en choisissant ma tenue pour la fête. J'opte pour une robe bleu roi, qui m'arrive mi-cuisse avec un décolleté en dentelle très sexy. Ce n'est pas un choix anodin ; je suis consciente de l'effet que cette robe à sur toi. La première fois que tu m'avais vu avec, tu avais manqué de t'étrangler avec ton champagne. J'accessoirise cette tenue avec une jolie paire de sandales dorées à talons hauts. Tenue de femme fatale. Puisque je devais monter sur le ring ce soir, autant enfiler la tenue de combat qui convient. Je suis prête en une heure et je ne suis pas peu fière du résultat. En route pour la bataille.