Chapitre 16. Bambina

"Qu'est-ce qu'on riait, comme c'était bon à l'ancienne

J'aime, t'aimes

J'aime comme la fin d'peine

J'traine souvenirs par centaines"

Quatre ans plus tôt

C'était mon dernier jour de stage avec Romain, c'était un ami de mon père. Enfin ami, c'était plus une connaissance de travail avec qui il avait de grosses affinités.

J'aimais beaucoup l'observer travailler, il était vraiment passionné pas son métier et cela se ressentait énormément dans son travail. À un peu plus de trente ans, il était une référence dans le milieu de la photo, particulièrement dans le domaine du rap. C'est ce que je voulais faire aussi, plus tard.

Aujourd'hui il m'avait dit qu'il avait une surprise pour moi. J'attendais avec impatience. En milieu d'après-midi, après une séance pour le nouvel album d'une jeune rappeuse, nous venions de retourner dans son studio.

— Tu veux ta surprise ? me dit-il avec un sourire en coin.

Totalement impatiente, je hochai vigoureusement la tête et Romain éclata de rire. Je le trouvais vraiment trop beau. Des yeux verts qui ressortaient sur une peau halée ,héritée de lointaines origines guadeloupéennes, des cheveux longs qu'il attachait en chignon à l'arrière de son crâne. Vraiment... Il m'impressionnait. Il m'aimait bien, il était toujours gentil avec moi et il me taquinait, me complimentait, j'avais vraiment la sensation d'être importante avec lui, pas comme avec mes profs qui disaient toujours que j'étais bonne à rien.

— Dis moiiiiiiii, le suppliai-je.

— T'es mignonne quand t'es impatiente, rit-il, Tiens aide moi à installer le matos.

Je rougis et obéis à ses directives, les lumières, les trépieds. Tout était prêt devant le joli sofa qui avait servi le matin même pour le book d'un mannequin.

— On va photographier qui ? demandai-je.

Son sourire en coin toujours vissé au visage, il me fit un clin d'œil.

— Toi.

Quoi ? Moi ? Une séance photo pour moi, gamine sans grand intérêt ? Je n'étais même pas habillée convenablement, j'avais juste une chemise blanche, une jupe noire, on aurait dit une serveuse, et mon maquillage ressemblait à celui de n'importe quelle adolescente.

— Mais euh... Pourquoi ?

— C'est cadeau, fit-il, J'ai banalisé le créneau, une séance juste pour toi, comme toutes les stars qui ont défilé ici.

Wouah... Il m'offrait un énorme cadeau, une séance avec lui coûtait une fortune.

— Fait pas cette tête, tu m'as beaucoup aidé cette semaine, et puis j'ai envie de garder un souvenir de ma jolie stagiaire.

Je me mordis la lèvre, complètement intimidée, c'était fou qu'il me trouve jolie, quand on voyait les femmes sublimes qu'il prenait en photo toute la journée.

— Mais euh... t'as vu comme je suis habillée...

Il sourit de nouveau et désigna des sacs à l'effigie de grandes marques dans l'angle de la pièce.

— J'ai pensé à tout ma belle, tout est pour toi, mets ce qu'il te plait.

Mon cœur se mit à battre la chamade alors que je m'approchai timidement des sacs, je n'arrivais pas à y croire. Toute la semaine il avait été adorable, m'avait invitée à déjeuner tous les jours dans des grands restaurants, mais là c'était vraiment trop. Pendant quelques secondes j'eus vraiment l'impression d'être beaucoup plus que ce que j'étais vraiment, une femme, une femme qui avait de la valeur.

— C'est vraiment pour moi ?

— Oui Princesse, normalement c'est à ta taille.

« Princesse ». Mon surnom par excellence. J'étais la Princesse de mon père, celle de Mohamed, même Deen et mon parrain m'appelaient ainsi.

Et maintenant, j'étais celle de Romain.

Attrapant les sacs je courus dans la pièce où les modèles se changeaient généralement. Les vêtements étaient sublimes, deux robes dignes de Maya ou ma mère dans les grandes soirées, un chemisier bleu ciel et une jupe infiniment plus belle que celle que je portais. Il y avait aussi des chaussures, une paire d'escarpins qui devaient sans doute être hors de prix vu la marque. Même ma mère qui avait les moyens d'en avoir des tonnes, n'en n'avait qu'une paire que mon père lui avait offert. Elle n'aimait pas les talons.

Mon attention se porta alors sur un sac blanc « Aubade ». Je me sentis aussitôt rougir violemment. C'était aussi pour moi ça ? Je jetai un œil à l'intérieur.

Oh mon Dieu...

Des sous-vêtements, évidemment. Je n'avais jamais rien eu de tel. À quatorze ans, mes parents ne m'auraient jamais laissé porter de la dentelle.

Violemment intimidée, j'entrouvris la porte.

— Romain ? Tu es sûre que c'est tout pour moi ?

— Tout pour toi.

*****

La séance battait son plein, au début j'avais eu du mal à me mettre en scène en suivant les directives de Romain, mais comme il me faisait plein de blagues et de compliments, j'étais de plus en plus en confiance et je commençais vraiment à me lâcher.

Je venais de passer la troisième tenue qu'il m'avait offerte, le chemisier bleu et la jupe. Même moi j'arrivais presque à me trouver belle avec. Quand j'apparus dans le studio, je remarquai alors que le regard de Romain était un peu différent. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite. Est-ce que je lui plaisais ?

— Vas-y, murmura-t-il.

Toute émue et peu habituée à percevoir de l'envie dans le regard d'un homme, je voulus entretenir un peu cet effet que j'avais sur lui. Jamais je ne m'étais sentie aussi importante.

Puis vint le moment où tout changea.

— Tu permets que j'arrange quelque chose ? dit-il en s'approchant de moi.

Je hochai la tête, il recula quelques mèches de mes cheveux qui tombaient sur mon visage, puis sa main descendit lentement le long de ma joue.

— T'es vraiment magnifique tu sais. C'est très agréable de te photographier.

Mon cœur allait vraiment exploser, je le sentais cogner avec violence contre ma cage thoracique.

Alors ses doigts se posèrent sur le premier bouton de mon chemisier.

— Ça te dit qu'on essaie quelque chose d'un peu moins sage ? Comme tu le sens Princesse.

Brulée par son regard, j'opinai du chef, et mon visage acheva de s'enflammer quand je sentis ses doigts tout près de ma poitrine.

Il arrangea l'ouverture du col et je baissai les yeux pour voir la dentelle noire du soutien-gorge qui apparaissait avec la naissance de mes seins. C'était ça être sexy ?

Puis il se baissa, et sa main se posa sur ma cuisse, il tira d'un coup sur mon collant pour le filer, puis reproduit la même chose sur l'autre jambe.

Quand il se recula pour reprendre son appareil photo, j'avais déjà envie qu'il revienne, les sensations qu'il me faisait me découvrir étaient incroyables.

Puis après quelques clichés dans un silence un peu tendu, il baissa son appareil et s'approcha de nouveau.

— Qu'est-ce que tu me fais Iris, chuchota-t-il alors que son index caressait ma joue.

Il était vraiment trop beau, trop talentueux, je devais être complètement amoureuse de lui.

— Tu veux que j'enlève mon chemisier ? demandai-je en me concentrant pour ne pas bégayer.

— Comme tu le sens.

Sans le lâcher des yeux, je défis les derniers boutons, mon sang bouillait dans mes veines.

Romain posa l'une de ses mains sur ma hanche, elle était froide sur ma peau brûlante et je sursautai un peu. Il sourit, je fondis comme neige au soleil.

— Je sais pas si tu vois à quel point t'es belle.

Alors son autre main se posa sur l'un de mes seins et il baissa la tête pour embrasser mon épaule.

— Romain... dis-je dans un soupir alors que mon cœur cognait plus fort encore.

— Oui.

— J'ai un peu peur, mais j'ai envie...

Je sentis ses dents mordiller mon cou, puis il releva le visage vers moi.

— Ne t'inquiète pas, on va y aller doucement.

Alors je me jetai sur ses lèvres.

*****

Deux ans de relation secrète avec Romain. Deux années totalement différentes l'une de l'autre.

La première, je vécus un conte de fée, des rendez-vous dans des chambres d'hôtel luxueuses, des cadeaux par centaines que je cachais sous mon lit. Il était parfait. Doux, gentil, tendre. J'étais vraiment sa princesse. Mes cauchemars s'étaient calmés, je pensais à lui toute la journée, il me manquait chaque seconde quand il n'était pas là. Je découvrais l'amour, le sexe, l'homme. Et puis il me prenait en photo sous toutes les coutures, j'étais la plus belle du monde. J'avais trouvé l'homme de ma vie, c'était certain.

Pour la première fois je cachai quelque chose à Moh. C'était la seule chose qui me rendait mal à l'aise. Mais Romain avait insisté. Personne ne devait savoir. Personne. Surtout tant que je n'avais pas quinze ans.

Et puis j'étais dans un rêve, je ne voulais pas que ça s'arrête, jamais.

L'année suivante, je terminai ma première seconde, et là, le visage de Romain changea brusquement. Malheureusement, je mis beaucoup de temps à m'en rendre compte.

Au début, c'étaient des compliments qui n'en étaient pas vraiment, « T'as un peu moins l'air d'une gamine avec cette robe », « T'es magnifique sur cette photo, on dirait pas toi. » Et puis cela devint clairement des reproches, sur mon physique, sur mes photos, sur ma façon d'agir. Petit à petit, je sentis qu'il était moins amoureux, moins attaché, que je pouvais le perdre à tout moment. Alors je mis tout en œuvre pour continuer de lui plaire, je me pliai à toutes ses exigences. Quand il m'appelait à trois heures du matin pour que je le rejoigne, en sachant très bien que je risquais de me faire attraper par l'un des parents, pour au final ne pas s'intéresser à moi, ou dire que j'aurais pu faire l'effort de m'habiller correctement.

Je perdis rapidement toute la confiance qu'il m'avait apporté la première année, mon seul objectif était d'exister à ses yeux.

Et c'est ce qui me conduisit à accepter ses brimades sexuelles. Il se servait du sexe pour me faire du mal, soit en me refusant tout, soit en étant violent et en faisant passer cela pour quelque chose qui était tout à fait normal. Si je refusais de faire ce qu'il me demandait, c'était que j'étais qu'une gamine immature, que j'étais pas capable de le satisfaire, qu'il aurait dû trouver une femme plus âgée. De toutes façons, comme il disait, il n'aurait aucun mal à me remplacer s'il le voulait.

Et moi j'étais folle de lui, je voulais retrouver l'homme doux, amoureux, qui m'avait traité comme une reine et qui m'avait tout appris. Alors j'espérais que si je le séduisais de nouveau, il redeviendrait comme avant.

Je compris bien vite qu'il voyait d'autres femmes, mais je fermai les yeux. Je n'avais plus aucune volonté, plus aucune estime de moi. Cauchemars, crises d'angoisses, perte de poids, je m'éteignais complètement et les antidépresseurs que je volais à ma mère devenaient la seule chose qui me permettaient de dormir.

Ma mère justement. Jamais je n'avais été aussi dure avec elle, c'était littéralement devenue mon défouloir. Et puis elle retomba malade. Et puis je tombai enceinte.

Mon havre de paix, c'était Naël. Il fut le premier à qui je lâchai toute la vérité. Un soir où il m'avait ramassé complètement shootée, je finis par tout dire, Romain, ce qu'il m'infligeait, la grossesse.

Grâce à lui, je réussi à dire la vérité au photographe qui me quitta aussitôt en m'ordonnant d'avorter.

Grâce à lui, je me confiai aussi à Moh, qui devint complètement fou. Il ne se mettait vraiment jamais en colère, mais je vis ce jour-là une facette de sa personnalité que je n'avais jamais connue auparavant. Autant il avait toujours gardé mes secrets, autant devant la gravité de la situation, mon père fut aussitôt mis au courant.

Dans une rage que je n'avais jamais vue, ni à l'un, ni à l'autre, ils me demandèrent de raconter absolument toute la vérité. J'étais blottie dans les bras de Naël, refusant de les regarder dans les yeux. Et d'une voix étouffée, je laissai tout sortir.

Dans la demi-heure ils étaient chez Romain.

Dans l'heure ils avaient retourné son appartement, récupéré tous ses disques durs, photos, etc., fait de même avec son studio.

Et je vis mon père revenir les mains couvertes de sang, celles de Mohamed dans le même état. Je le vis à la fois en colère et totalement bouleversé par la situation. Il ne fallait rien dire à Maman, elle était trop fragile en ce moment, encore à l'hôpital.

On allait gérer la situation, personne ne devait savoir, je devais simplement avorter. Parce que je ne pouvais pas garder l'enfant d'un tel fils de pute, parce que j'étais trop jeune, parce que ça allait gâcher ma vie. Il fallait oublier tout ça.

Je ne savais pas vraiment pourquoi mon père n'avait pas fait appel à la justice, il avait suffisamment d'éléments pour le faire.

Ma seule explication, c'était qu'il avait trop honte de moi. J'avais compris que je l'avais déçu à tout jamais, qu'il me détestait, qu'il fallait qu'il s'occupe de Maman. Tout ce que j'avais à faire, c'était avorter.

Après la descente de Mohamed et mon père chez lui, plus personne n'avait plus entendu parler de Romain, il avait disparu, cessé son activité, ses réseaux étaient morts, plus rien. Sans doute que personne ne saurait jamais ce qu'il s'était réellement passé durant cet affrontement.

Je ne me remis pas de Romain, ni de l'avortement. J'avais tout perdu, l'homme que j'aimais et son bébé. À seize ans, je n'avais pas la maturité pour gérer tout ça, mon père s'occupait de ma mère, il ne rentrait que tard le soir. Alors mon sauveur, ce fut Moh.

Il ne me lâcha plus d'une semelle, venant me chercher au lycée, supportant mes crises d'angoisse, m'emmenant un peu partout pour me changer les idées. Alors le report fut évident et je tombai littéralement amoureuse de lui. C'était extrêmement malsain, évidemment, mais tout était brouillé dans ma perception des sentiments. Évidemment il était fou de sa femme et jamais ô grand jamais je n'aurais imaginé que mon attirance puisse être réciproque, alors je l'aimais en secret. Et c'était encore une raison de plus de vouloir mourir. 

Je me mis à me mutiler pour calmer ma peine, ma culpabilité, ma colère aussi. Celle que je nourrissais à l'égard de mes parents qui n'étaient pas là pour me soutenir.

Il y eut les séances en psychiatrie qu'il me força à faire, il y eut le diagnostic. Borderline.

Il y eut le soir où je décidai enfin de quitter cet enfer quotidien.

Il y eut les larmes de Naël, les bras de Moh.

Il y eut l'ambulance.

Il y eut cette camionnette qui avait décidé de griller un stop.

La collision, ma mémoire brouillée.

Mon réveil dans un lit d'hôpital, les bras entourés de bandages, Naël qui pleurait toujours.

Puis la nouvelle, la personne que j'aimais le plus au monde était dans le coma, à cause de moi.

Pendant deux ans ce sentiment de vide, de savoir que j'étais condamnée à rester sur cette terre, de savoir que j'étais prisonnière de la vie, celle que je trouvais infiniment plus vicieuse, plus sadique, plus violente que la mort. Des quantités astronomiques d'alcool, de drogues, d'antidépresseurs consommées, de la mutilation encore, des hommes plus âgés, trop âgés. Une rupture totale avec mes parents.

Et toujours Naël.

La seule constante dans ma vie, la présence de Naël, toujours là.

Si depuis le début, j'avais été un peu moins prétentieuse, un peu moins aveugle, rien ne tout ça ne serait arrivé.

Si j'avais su voir qu'il m'aimait, si j'avais su l'aimer en retour. Au bon moment.

Mais désormais, mon cœur ne fonctionnait plus, mon cerveau était cassé et nos rires d'enfants ne résonnaient plus que dans nos souvenirs.

J'aurais voulu revenir à ces vacances de février à Chamonix, j'aurais voulu retirer le livre des mains de Naël quand on lisait ensemble le soir. J'aurais voulu lui dire que c'était avec lui que je voulais découvrir l'amour.

Au lieu de ça, j'avais tout détruit, sans même nous laisser une chance de vivre un premier amour équilibré et sain.

Qu'est-ce qu'on riait, comme c'était bon à l'ancienne...

*****

Alors que je viens de tout raconter, je réalise que Moh n'est plus là, sans doute Clémence est-elle venue le chercher pour le ramener dans sa chambre.

Je réalise aussi, en relisant mon adolescence, de l'absence totale des femmes dans ma vie. Comme j'ai exclu très jeune ma mère de mon cercle de confiance, je ne me suis appuyée que sur des hommes. Peut-être que c'est ça le problème, peut-être pas.

Elle me regarde comme si nous venions de nous rencontrer, elle ne pleure plus. Je crois qu'elle est en colère. Pas contre moi non, au contraire. Une haine que je ne lui ai jamais vue ressort de son expression. Je comprends pourquoi Moh est parti, il sait très bien qu'elle va lui en vouloir de lui avoir caché tout ça.

— Si j'avais su, murmura ma mère d'une voix blanche, Si j'avais su qu'on avait touché ma fille...

Elle se lève du banc sur lequel elle est assise.

— Les hommes de cette famille, dit-elle, Vraiment...

Je crois qu'elle n'arrive pas vraiment à ordonner ses pensées, ni ses mots.

— J'aime ton père, mais c'est vraiment le roi des cons je te jure. Iris, tu peux pas leur faire confiance pour gérer une crise. Surtout si Mékra n'est pas dedans. Mon Dieu si seulement tu étais venue me voir... Mais c'est pas ta faute, surtout ne t'accuse pas. T'es coupable de rien. Mon Dieu je vais les tuer. Moh a de la chance d'être en fauteuil roulant.

J'observe ma mère s'agiter dans tous les sens, elle a vraiment l'air en colère.

— Je te demande pardon, si tu savais comme j'ai envie de te prendre dans mes bras. J'arrive pas à croire qu'on t'ait fait autant de mal, j'aurais dû te protéger. Je... Mais quel con, je vais le tuer. Mais qu'est-ce qui lui est passé par la tête ? C'est mon mari ça ? « Il ne faut rien dire à Maman ». Tu dois pouvoir tout me dire Iris, dès que tu veux me parler, personne n'a le droit de t'empêcher de te confier à moi. Même pas ton père.

Qu'est-ce que je dois dire ? Il faut laisser sortir les mots non ? 

— Je crois que je veux bien que tu me prennes dans tes bras.

Elle écarquille les yeux, me dévisage quelques secondes, je sens qu'elle a peur. Ma mère a peur de moi, c'est fou quand même. Puis ses bras fins passent autour de mon cou et en quelques secondes elle me serre dans ses bras.

— Maman, j'ai tellement mal. 

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