Je tiens à dire que je trouve ce bonus nul, vraiment nul. Mais comme vous me l'avez demandé sur insta, le voilà. Soyez indulgents et bonne lecture

J'aime pas les soirées, j'aurais pas dû accepter de venir à celle-là. En plus je sais pas ce que fout Jade, elle m'a promis qu'elle venait et je la vois pas arriver.

Elle n'a pas répondu à mon dernier texto et ça fait une heure que je me paye les histoires inintéressantes d'Arthur. Même Naël fait un effort pour l'écouter d'une oreille distraite.

Sah, qu'est-ce que je fais là.

Vu que personne fait trop attention à ma présence, je laisse laisse là mon cousin et son meilleur shab et descends à l'étage du dessous en  envoyant un quinzième message à ma meuf pour savoir ce qu'elle fout.

En vrai ça m'inquiète qu'elle me réponde pas alors qu'elle est censée être là depuis deux heures.

Je me pose dehors avec la violente envie de fumer un spliff. J'ai arrêté ces derniers temps, Jade déteste ça, tout comme ma mif.

Mais ça me fait chier d'attendre et je vois deux bon gros iencli du genre d'Arthur en train de fumer un joint à l'autre bout du jardin.

Putain Jade bouge ta race...

Ça me les brise d'être venu exprès pour elle à cet anniversaire pour qu'au final elle me mette un plan.

Les minutes passent et je finis par craquer, rejoignant le deux gars.

Pas trop radins, ils me filent de quoi fumer et je peux au moins me détendre avec un joint. Je ferais mieux de rentrer chez moi. Faire tranquillement la gueule à Jade, mais c'est tellement plus simple de se venger en fumant.

*******

Une énorme boule d'angoisse me serre le ventre, je commence à réaliser que c'est vraiment chelou que Jade soit pas là et qu'elle me prévienne pas.

Il y y a un truc qui me fait vraiment flipper depuis que je suis avec elle, c'est que mes anciennes embrouilles lui retombent dessus.

Et là je sais pas pourquoi je commence à vraiment paniquer. C'est tellement violent que ma respiration ne cesse de s'accélérer au fur et à mesure que j'y pense.

Putain faut que je la trouve.

S'il lui arrive un truc, je pourrai pas me pardonner et Deen va me tuer.

Ils ont fait du mal à Ilona alors qu'ils savaient très bien qu'elle était rien pour moi. Qu'est-ce qu'ils pourraient faire à Jade en sachant que c'est l'inverse ?

Putain ils vont la tuer.

J'ai des flashs violents des clichés qu'ils m'avaient envoyé d'Ilona, sauf qu'à la place c'est le visage de Jade. Pas de tatouages niais, pas de poitrine opulente, mais le corps énergique de ma copine souillé par ces porcs.

Je dois la trouver putain, vite.

Autour de moi je peine à reconnaître l'endroit où je me trouve. Je crois que mon esprit est un peu embrumé. J'aurais pas dû fumer.

Ma panique monte de plus en plus, je pousse les gens pour tenter de m'extirper plus vite de cette soirée de merde. Je dois trouver Jade.

C'est sûr que c'est eux qui l'ont chopée, c'est sûr qu'ils vont lui faire du mal. Y'a pas d'autre explication.

J'essaie toujours et encore d'appeler, je tombe directement sur le répondeur et la panique grandit. C'est sûr putain. Comment j'ai pu être aussi con.

Un mec que j'ai bousculé se retourne brusquement et me balance une insulte. Je comprends pas trop ce qui m'arrive mais la réaction est instinctive, je le pousse violemment en l'envoyant niquer à peu près tous ses ancêtres.

Sauf qu'il a pas l'air d'être du genre à se laisser faire. Je sais que c'est pas du tout le moment de  se battre, il y a plus urgent, mais lui putain, il me donne envie de lui éclater la tête contre le mur, je le reconnais en plus c'est Wassim, un des gars qui a parié sur le dos de ma meuf. Oh lui il mérite de payer.

Ça part totalement en couille, bientôt je me rends même plus compte de mes gestes et de ce qu'il se passe autour de moi.

******

J'ouvre les yeux sur le plafond de ma chambre, quand je détourne la tête, mes yeux rencontrent ceux de Jade, allongée à mes côtés.

Jade.

Alors elle n'a rien.

Putain j'ai trop mal au crâne.

— T'es là.

— Évidemment que je suis là. Tu peux m'expliquer ce qui t'a pris ?

Je ne me souviens absolument de rien, me passant la main sur le visage je constate que ma pommette est douloureuse.

— Pourquoi tu m'as foutu un plan ?

Jade fronce les sourcils comme si cette question était réellement la plus absurde qu'elle ait jamais entendue.

— C'est tout ce que t'as à dire ? Je te trouve dans un état lamentable à faire n'importe quoi et toi tu me fais des reproches ?

Si j'avais pas autant mal à la tête et que j'avais des souvenirs, je pourrais me défendre. Mais c'est pas le cas alors je choisis le silence.

— Romy s'est cassée le poignet. Je l'ai accompagnée à l'hôpital parce que les parents étaient pas là. Et j'avais plus de batterie. Quand j'ai rejoins la soirée t'étais complètement défoncé et paniqué et tu racontais n'importe quoi. Je croyais qu'on était d'accord pour que tu ne fumes plus. Qu'est-ce qui t'a pris ?

Je ne sais même plus, j'ai aucun souvenir de la soirée précédente, sauf du fait qu'elle m'a foutu un plan et que je me suis inquiété.

— Je sais pas. Ça m'a cassé les couilles que tu sois pas là et que je me retrouve seul dans cette soirée de merde.

— Tu comptes fumer un joint à chaque fois que quelque chose te casse les couilles ?

Avant c'était ce que je faisais. Il y a des automatismes qui sont difficiles à perdre. En plus avant j'avais jamais ce genre de problèmes liés aux nanas. Avant il fallait bien trois joints pour me mettre dans cet état.

— Non. Je te jure j'essaye de faire des efforts.

— Je sais Ilyes.

Elle n'a pas l'air vraiment fâchée, j'ai l'impression qu'elle aussi s'est surtout fait du souci.

— Parfois tu es vraiment très bizarre après avoir fumé, tu rentres dans des délires paranoïaques chelou. Genre hier soir quand je t'ai raccompagné ici, tu étais persuadé que ce n'était pas toi à l'intérieur de toi. Je sais pas comment expliquer mais c'était réellement flippant.

Sa phrase me met aussitôt mal à l'aise. Ça m'arrive souvent. Cette sensation que je ne suis pas moi, ou qu'il y a une distance entre mes actions et moi, comme si j'étais séparé, éloigné de moi même et que je percevais tout de façon archi lointaine. Parfois c'est vraiment violent et ça me rend totalement parano. Parfois ça dure plusieurs jours, parfois deux minutes.

Mais je veux pas trop en parler, je sais que c'est arrivé à d'autres de mes shab qui fumaient.

— Ah ouais.

— Ilyes.

— Quoi ?

Elle me fixe cette fois avec un regard sévère.

— Tu veux pas voir un médecin ?

Elle voit ma tête et comprend aussitôt que mon non sera catégorique. Manquerait plus que j'aille parler à un psy pour lui expliquer que je fais parfois des crises chelous. Je sais déjà ce que c'est et d'où ça vient. Je sais aussi que ça va s'estomper avec le temps. Pas besoin de raconter ma vie, pas besoin de me bourrer de médocs.

Sa petite main glisse sur mon ventre et elle se met à tracer des courbes abstraites sur ma peau, s'arrêtant parfois sur mes cicatrices.

— Il faut vraiment que tu arrêtes pour toujours. Ça te fait du mal.

— Je sais, réponds-je, en attrapant son poignet pour la tirer au dessus de moi.

On s'apprivoise de plus en plus je crois. C'est pas facile d'attendre aussi longtemps pour un gars comme moi. J'ai eu l'habitude d'avoir des relations qui tournaient uniquement autour du sexe. Là c'est l'inverse et c'est putain de difficile de pas lui faire ressentir certaines frustrations quand elle arrête les choses en bon chemin.

— T'as la haine contre moi ou pas ?

-— Un peu parce que je déteste te voir dans ce genre d'état, répond-elle, Tu deviens hyper vulnérable et tu dis des trucs qui te ressemblent pas. Parfois j'ai limite envie que tu les penses réellement.

J'aime pas du tout ça.

Moi ? vulnérable ?

— J'ai dit quoi cette nuit ?

Elle rougit un peu, son index suit désormais la ligne de ma mâchoire et son regard est un peu fuyant.

— Ça ne va pas te plaire.

Putain j'espère que je me suis pas transformé en gros canard dépressif.

— Dis moi.

Écarlate, Jade enfouit sa tête dans mon cou. Sah c'est cool qu'elle soit pudique comme moi mais parfois c'est un peu chiant.

— T'as dit que t'étais « paro » de moi et que ça te faisait faire des conneries parfois.

Aïe la street cred.

En même temps maintenant c'est un peu tard pour revenir en arrière. Elle le prendrait mal.

— T'as du mal entendre, j'ai dû dire que tu me rendais paro. Y'a une nuance.

Elle me jette un regard amusé qui m'arrache un sourire.

— Il ne faut pas que tu fasses des conneries à cause de moi.

Son ton est sérieux malgré tout. J'ai envie de l'embrasser et même plus, pour qu'on sorte de cette discussion.

— On peut faire des conneries ensemble alors, fais-je avec un regard plein de sous-entendus.

Comme d'habitude quand je laisse entendre que je ne m'intéresse pas qu'à ses beaux yeux, Jade devient rouge comme pas possible et baisse le regard.

Je rattrape sa mâchoire avant qu'elle se niche une nouvelle fois dans mon épaule et attire ses lèvres contre les miennes.

Depuis quelques temps j'ai vraiment l'impression qu'on a de plus en plus de mal à se retenir d'aller plus loin. Ça part très vite en live et je suis obligé de repousser un peu ma meuf pendant que mon corps m'insulte.

— C'est bon Ilyes, murmure-t-elle.

Hein ?

Je la fixe avec un regard halluciné et elle se marre presque en déposant ses lèvres sur mon menton.

— Quoi ?

— Bah je me sens prête.

Elle est vraiment très rouge et très gênée, c'est hlou, mais ça me fout un coup de pression tout d'un coup.

— T'es sûre ?

Jade hoche la tête avant de la cacher pour la troisième fois contre mon cou. Tout le temps elle fait ça quand elle assume pas ce qu'elle dit. Je me demande si elle sera aussi gênée quand on l'aura fait. D'un côté j'aimerais bien que ça la change pas, les meufs trop cash qui parlent de cul tout le temps c'est pas trop mon délire, ou alors en tant que potes. Mais bon va pas falloir non plus qu'elle reste trop timide avec moi.

Ma main s'est perdue sur son dos, caressant sa peau sous son t-shirt et j'attends qu'elle relève les yeux vers moi pour avoir confirmation de ce qu'il va se passer entre nous. En vrai ça me stresse un peu quand même, j'ai l'impression que je vais devoir carrément plus assurer cette fois là que toutes les autres.

Finalement elle se redresse pour me fixer un long moment, limite je commence à me sentir un peu gêné moi aussi. Alors j'attire son visage contre le mien pour l'embrasser, ça sert à rien d'hésiter pendant cent ans. On en a envie tous les deux. Au pire on en a déjà parlé, elle sait que si elle veut tout arrêter, elle peut. En plus c'est pas non plus comme si elle allait tout découvrir d'un coup, on a déjà pas mal joué avec le feu.

*******

— Ilyes.

— Ouais.

C'est la première fois qu'elle ouvre la bouche depuis qu'on a terminé, ça doit faire dix minutes qu'elle fixe le mur, je me sens archi mal.

— Je suis désolée.

Et là elle fond en larmes.

Mais pourquoi elle s'excuse ?

En plus j'aime pas quand elle chiale ça me tend.

J'ose même pas m'approcher d'elle, c'est une des rares fois où j'ai vraiment peur qu'elle me repousse. Voire plus.

— Eh t'as pas à être désolée.

Jade a eu super mal, je voulais pas continuer, mais elle a insisté pour qu'on finisse. Mais j'aurais pas dû l'écouter, j'ai l'impression que c'est pire. Je sais pas du tout quoi faire, ça m'a rendu ouf de la voir souffrir, je me sens grave coupable.

— Ça a dû être nul pour toi, sanglote-t-elle en se tournant finalement vers moi.

Elle est sah là ? Putain c'est pas possible de réfléchir comme ça, ma meuf m'étonnera toujours. Evidemment que c'était pas dingue, mais je m'en bats les reins d'une force...

— T'es une ouf, qu'est-ce qu'on s'en branle de moi ! C'est toi là, tu chialais tellement t'avais mal, j'me sens trop con.

J'ai jamais couché avec une fille qui l'avait jamais fait, je sais pas du tout si c'est normal cette douleur. Jade essuie ses yeux et on dirait qu'elle a peur que je lui en veuille.

— J'ai eu mal mais j'ai quand même bien aimé, murmure-t-elle, J'ai peur que tu veuilles plus jamais recommencer.

— T'es chelou toi, c'est moi qui doit avoir peur.

Quand elle se blottit contre moi je me sens un peu mieux. Jade c'est quand même une racli spéciale, sa préoccupation c'est toujours les autres, parfois je suis obligé de lui rappeler d'être un peu égoïste.

— J't'aime hein.

Je lui dis presque jamais parce que c'est pas facile pour moi, mais parfois je sens qu'elle a besoin que je le lui rappelle. Parce que pour le coup elle me le dit souvent.

— Moi aussi.

Puis soudain une pensée étrange me traverse l'esprit.

— J'vais plus jamais réussir à regarder ton père dans les yeux.

Il y a un blanc entre nous, puis Jade se met à trembler entre mes bras et je me demande si elle s'est remise à pleurer. Jusqu'à ce que je comprenne qu'elle se marre.

— Pourquoi tu rigoles ?

— Ilyes, tu penses à mon père dans un moment pareil ?

Je sais pas c'est chelou, mais même si Deen doit se douter qu'il se passe des trucs entre Jade et moi, ça me fait chier par rapport à lui.

— Tu sais on va pas envoyer des faire-parts. Je compte pas en parler à mes parents, ça ne regarde que nous.

Ça me rassure un peu. Vu qu'elle est proche de son daron j'avais peur qu'elle lui raconte ce genre de choses. Personnellement je trouve ça archi bizarre, jamais je discuterais de ce type de bails avec mes parents. Mais je sais qu'il y a des familles où ça se fait.

— Et puis tu sais, s'il a accepté qu'on soit ensemble et de me laisser dormir ici, c'est qu'il a accepté ce que ça implique. Par contre si tu te mets à changer d'attitude il va griller direct qu'il s'est passé quelque chose.

Putain elle a raison. Il va falloir que je garde l'air parfaitement naturel. Déjà j'arrive pas à être proche de Jade quand y'a nos darons dans le coin, mais là ça va devenir encore pire.

— Tu vas le dire à mon frère ?

Elle se marre de nouveau et secoue la tête.

— Non ça le regarde pas plus. Je ne ressens pas le besoin d'en parler à qui que ce soit en fait. Tu sais très bien que je suis pudique pour ce genre de choses.

— Parfait.

Jade se redresse en se moquant un peu de moi. Je me sens mieux. On ne peut pas dire que ça s'est bien passé, mais je crois que c'est pas vraiment grave.

— En revanche, j'ai pas oublié pour autant ce qu'il s'est passé hier soir. T'as pas intérêt à retoucher à un joint Ilyes.

Elle me pointe du doigt avec un sourcil froncé dans un air sérieux et presque menaçant.

— Ne refais jamais ça, dis-je.

— Pourquoi ?

— On dirait ton père c'est flippant.

Jade explose de rire et me lance que son daron m'obsède. Comme quoi elle n'est pas traumatisée, c'est tout ce qui compte.