48. S'aimer vraiment

Un peu frustré par cette réponse, Aaron s'endormit plutôt sans trop de problème. Les examens l'avaient fatigué lui aussi. Il ne restait plus qu'à attendre les résultats. À peine la mi-juin, et les deux adolescents étaient déjà en vacances.

Le jeudi, le brunet appela son père pour lui annoncer qu'il rejoindrait la Suisse au début du mois de juillet, après les résultats des épreuves anticipées du bac. En attendant, il voulait profiter de quelques jours paisibles avec Kilian. À l'oreille, son blondinet lui avait intimé de rester au moins le week-end avec lui.

« Ça va faire trois ans qu'on se connait, et je n'ai jamais passé ton anniversaire avec toi. Si tu me glisse entre les doigts, je m'accroche à ton cou et je sers ! »

Puis l'adolescent aux yeux verts avait rejoint la salle d'armes pour s'entrainer toute la journée. Tout le club misait de grands espoirs sur lui. Comme l'année précédente, Pierre avait accepté de lui servir de sparring-partner. Les deux rivaux avaient les mêmes rêves et objectifs.

Aaron, lui, promena les chiens. Une longue balade qui dura plus de deux heures et qui lui permit de repasser devant chaque endroit qu'il avait d'important dans cette petite ville, et même devant ceux qui ne faisaient que parti du paysage. Le parc, le lycée, le collège, le petit bois avec la cabane de son oncle, une boutique à la mode du centre-ville où il acheta un t-shirt pour son amoureux, comme ça, uniquement pour le plaisir... Il faisait beau sans que le temps soit caniculaire. Un souffle d'air caressait sa nuque. Par SMS, il recevait les résultats de chacun des matchs d'entrainement de son petit prodige, accompagné d'un smiley souriant à chaque victoire et d'un plus triste dès que la défaite se profilait.

Puis il rentra. Sans devoir, il pouvait se concentrer sur son roman. Après une longue session d'écriture, il décida de s'accorder une petite pause. Installé face à son clavier, il laissa ses doigts voler sur les touches. Il avait encore tellement à dire. Aux autres. À Kilian surtout. Il cherchait ses mots. Ces derniers se transformèrent en larmes qui coulèrent sur sa joue jusqu'à s'écraser sur le méli-mélo noir et blanc d'où naissaient tous les sons qu'il avait en tête. Le morceau qu'il jouait en reniflant collait parfaitement à ses pensées. What are words de Chris Medina. Douce et triste, la mélodie était autant destiné autant à son amour qu'à sa mère.

« C'est trop beau... »

Pris dans sa musique, Aaron n'avait pas vu son petit ami rentrer. Silencieusement, Kilian était resté debout à s'émerveiller. Ses lèvres vibraient et ses yeux tremblaient à chaque mouvement des poignets de son brun. Alors que ce dernier, gêné, souhaita rejoindre la cuisine pour s'essuyer les yeux avant que leur humidité ne soit trop perceptible, le blondin l'attrapa par le poignet, un sourire tendre au visage.

« Si tu veux sécher quelque chose, c'est dans mes bras... »

Cette phrase eut l'effet inverse. Aaron explosa en larmes, la tête nichée contre la poitrine de son amant. Pendant plus de dix minutes, il pleura sans discontinuer en appelant sa mère. Quand Kilian lui passa tendrement la main sur le front, il avoua en tremblant et le nez chargé ce qui causait cette si intense réaction.

« J'ai... j'ai peur. De te quitter, de la laisser... Qu'elle s'en aille sans que je ne sois là, de te perdre... J'suis faible, Kili... J'suis comme dans mon roman, un faible... »

« C'est faux. T'es l'mec le plus fort que je n'ai jamais rencontré... J't'aime... », chuchota en retour celui qui le serrait contre lui et qui souffrait des mêmes gouttes sur les joues.

Toute la soirée, Aaron joua du piano. Tous les morceaux qu'il connaissait. Les plus doux, les plus sincères. Cette animation amena dans le salon toute la maisonnée. Puis après un vendredi et un samedi sur le même rythme arriva le dimanche. Kilian avait annoncé très tôt le thème qui illuminerait cette journée : « Après-midi et soirée posées entre mecs ! »

Un temps, le blondin avait songé à organiser une soirée aussi folle et surprenante que celle que son brun lui avait offerte plus tôt. Après réflexion, il s'était rabattu sur quelque chose de plus sobre. Aaron était une sorte de loup solitaire qui avait besoin de sincérité plus que de monde. Les convives furent donc triés sur le volet. Un filet de badminton avait été installé dans le jardin, à côté d'une large table en plastique protégée par un parasol. Un peu de musique, des boissons gazeuses et des jus de fruit, des confiseries à grignoter, des jeux de cartes et de société, un barbecue, des merguez, des salades de toutes sortes préparées le matin, des brochettes et le soleil : voilà ceux que Kilian avait songé à inviter en priorité.

Au niveau des humains, car il en fallait bien, l'adolescent avait convié tous ceux qu'Aaron appréciait vraiment. Gabriel, forcément, se ramena les mains dans les poches et du matériel à dessin dans le sac. Martin amena des bonbons et sa bonne humeur. Koa expliqua qu'il avait sacrifié une aprèm complète avec son mec pour cet anniversaire, il espérait donc la nourriture soit bonne et l'ambiance festive. Cléo se montra hésitant, comme s'il ne savait pas vraiment s'il avait bien sa place dans ce groupe. Pourtant, l'accueil qui lui fut fait fut des plus chaleureux et toucha vraiment le brunet, ravi que leurs différents ne soient plus que de l'histoire ancienne. Camille, enfin, arriva en trainant des pieds, habillé en garçon. Quand Aaron lui demanda ce qui leur valait cet air bougon, l'élève de seconde expliqua que sa tenue le faisait chier. Il aurait bien voulu venir en fille, il venait de s'acheter une jupette du tonnerre et un super gloss goût coco pour les lèvres. Mais cela aurait complètement flingué le thème de la journée, donc il s'était décidé à faire un effort. Même s'il avait décidé de se comporter comme la pire des princesses pour se venger de ces fringues qui le serraient.

En un an, c'était bien lui qui avait connu la plus grosse évolution. Ses certitudes avaient volées en éclat en même temps que ses craintes. Il n'avait clairement plus peur de jouer sur tous les tableaux. Depuis quelques temps, le regard des autres ne l'effrayait plus. Le souvenir de sa sœur avait cessé de le paralyser. Ce qui s'était passé dans un certain camping l'avait libéré. Il s'en venta même en se frottant de manière très provocante à Cléo et en squattant ses genoux de façon coquine toute l'après-midi. Autant de détachement, d'ailleurs, cela en devenait presque flippant.

« J'm'en tape de ce que les gens peuvent penser, maintenant. J'm'en fous du genre qui colle aux fringues que je porte. J'm'en fous de sortir avec un garçon ou une fille. J'm'en fous J'suis bi, trans, tout ce que tu veux et j'm'en tape de ce qu'on peut dire ! J'demande jusqu'à ce qu'on me laisse me sentir bien dans ma peau ! Et si j'veux flirter avec un connard, c'est pas vous qu'allez m'en empêcher ! Hein mon p'tit Cléo d'amour ? »

Ce ne fut que lorsqu'il accompagna ses paroles en dévorant les lèvres du concerné qui Kilian écarquilla réellement les yeux. Là, il avait clairement dû rater un épisode !

« Hein ? Que... Vous... Vous sortez ensemble ? »

« Nan, pas officiellement », rétorqua tristement le seconde. « Ce con veut bien câliner un travesti, mais pas s'engager avec ! Du coup, on flirte juste en dehors du lycée. Ça a commencé le week-end après ton anniv, en fait ! J'me faisais chier et Margot était occupée, j'ai proposé à Clé' de v'nir faire les magasins avec moi en mode jeu de rôle copain-copine. On a passé une superbe aprèm, puis on a fini la soirée chez lui, c'était cool ! Depuis, on a dû remettre ça trois ou quatre fois... Au moins, quand il est avec moi, il ne s'fait pas de plan, c'est déjà ça de pris ! Dis mon p'tit Panda, tu me préfères en garçon ou en fille ? »

Alors que l'organisateur de la journée restait bouche bée en imaginant ses deux-là s'assembler, Cléo picora le cou du seconde en lui chatouillant le haut de la poitrine d'une main discrètement glissée sous ses vêtements. Maintenant que tout était clairement déballé sur la table, il n'avait plus aucune raison de se cacher et de ne pas rendre les caresses qu'il recevait. Ni de ne pas répondre, d'ailleurs, ce qu'il fit avec un air particulièrement coquin.

« Au lit ? Clairement en fille ! Même si t'es pas mauvais en mec aussi ! En dehors, j'en ai rien à foutre ! Avec toi, ça sert à rien de se poser des questions, de toutes manières ! »

Autour de la table, s'il y en avait un qui préférait ne pas faire attention à la discussion, c'était bien Martin. Il préférait de loin regarder Gabriel dessiner ses camarades plutôt que d'intervenir, comme s'il avait peur qu'une fois de plus, tout cela lui retombe dessus. Esquiver les sujets qui fâchaient semblait la meilleure stratégie pour ne pas avoir à se justifier sur sa propre vie. Forcément, comme il fallait s'en douter, cela échoua de manière misérable.

« Au fait, et toi Martin, ça en est où avec Yunette ? »

Si le blondinet qui distribuait les cartes de Tarot n'avait pas été son meilleur ami depuis l'enfance, il l'aurait étranglé séance tenante. Au lieu de quoi il ne fit que souffler de manière exaspérée en revêtant sa teinte ocre la plus naturelle.

« Que dalle pour l'instant. Mais j'perds pas espoir, hein. Pour m'encourager à travailler, elle m'a promis de reconsidérer sa position si j'avais plus de quinze au bac français. J'ai bossé comme un dingue ! Nan mais arrêtez, vous moquez pas, c'est vrai quoi... »

Ah, Martin... Qu'est-ce que Kilian l'aimait, son roux. Leur situation actuelle aurait été impensable quelques années plus tôt, quand ils étaient au collège. Le blond aurait bien rigolé si on lui avait annoncé qu'il goûterait à la chose avant son meilleur pote ! Il se considérait comme parfaitement asexué à l'époque. Ils avaient grandi si vite, sans même s'en rendre compte. La vie avançait à son rythme, tout comme l'après-midi.

Il était seize heures passées, une voiture apparut au coin de la rue. Relevant la tête, Kilian apostropha son petit ami, occupé à lire la règle de leur prochain jeu.

« Tiens, ça doit être notre dernier invité, ça. »

Étonné, le jeune brun releva le nez de sa notice et fronça des sourcils. Il n'était pas du tout au courant qu'une autre personne devait se joindre à eux et, franchement, il ne voyait pas du tout qui cela pouvait être. Quand la portière s'ouvrit, pourtant, il fondit en larmes.

« Miaou ! Joyeux anniversaire ! »

« Ju... Juju ? »

Ces cheveux bleu électrique qui lui tombaient sur la nuque, ce tout petit nez rond, ces doigts tout doux, cette peau de bébé, ces yeux pétillants bleu-vert, ces lèvres fines et souriantes, cet air de gamin ayant refusé de grandir... Jamais Aaron n'aurait imaginé que Justin traverse les Alpes pour lui, simplement pour une après-midi. C'était sans doute le plus mignon de tous les cadeaux. Sur sa chaise, Kilian se balança joyeusement, ravi de sa petite surprise !

« C'est moi qui l'ait invité ! C'était compliqué, mais on a réussi à convaincre son papa de lui servir de chauffeur ! J'voulais que tu aies tous ceux que tu aimes autour de toi. Bon, Akémi n'a pas pu venir hein, il est au Japon, mais le cœur y est. »

Serrant son chaton contre sa poitrine, Aaron lui fit un énorme câlin humide. Même s'il savait qu'il le reverrait très prochainement, sa présence en cette date précise le toucha particulièrement

Beaucoup découvraient Justin pour la première fois. Kilian malaxa cet étrange félin humanoïde dans tous les sens. Après lui avoir pincé les joues et le nez, il en convint qu'en effet, Justin était adorablement mignon, voire selon ses mots « trop choupi-kawaïnou ! »

« J'veux le même ! »

Faussement choqué, Aaron rétorqua que c'était son sien et qu'il n'était à personne d'autre, ce à quoi Justin répondit timidement en se grattant l'arrière du crâne que ce n'était pas tout à fait vrai vu qu'il avait une copine, mais qu'il fallait se rassurer : il n'avait jusqu'à présent rien fait avec elle ! C'était simplement qu'il n'était plus un chaton asexué, mais un petit chaton vicieux. Et ça, c'était trop cool !

« Mais... Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? », s'étonna Aaron.

« Sur Skype ? Naaaaaan, ça aurait été naze. J'voulais te le dire en face ! J'savais que pour toi, c'était important que j'avance, après l'année dernière... Tiens, c'est sa photo... »

La tête de la jeune demoiselle qui s'afficha sur le téléphone de l'adolescent ne disait strictement rien au jeune brun. Cela n'avait aucune importance. Même si tous ne comprenaient pas pourquoi Justin parlait comme ça, Aaron afficha un sourire heureux puis se jeta à nouveau à son cou pour le couvrir de baisers.

« J'suis trop content pour toi, c'est génial, c'est génial... »

Bien que Justin ait grandi comme tout un chacun et semblait physiquement enfin embrasser l'adolescence, il gardait toujours sa petite bouille adorable et sa manie des pitreries qui cachait habillement sa réelle maturité. S'adressant le plus sérieusement du monde à Kilian, il lui promit de bien s'occuper d'Aaron pendant son séjour en Suisse.

« J'te promets de veiller sur lui comme il a veillé sur moi, et de te le rendre le plus vite possible. »

En réponse, le blondin lui tendit la main. Même s'ils avaient discuté secrètement ensemble à plusieurs reprises dans l'année, l'un et l'autre étaient contents d'enfin se rencontrer.

Puis l'après-midi continua de plus belle. Justin l'anima tout particulièrement par ses cabotinages et sa bonne humeur. Ayant réussi à trainer son père dans le coin, il prévoyait de faire un peu de tourisme pendant deux trois jours avant de rentrer et voulait savoir tout ce qu'il y avait à visiter. Alors que tous semblaient conquis par cette étrange créature que Gabriel dessinait sous toutes les coutures, Kilian grogna. Plus personne ne le regardait ! Du coup, il organisa un concours de niaiseries avec son nouveau copain. Le gagnant aurait droit à un bisou sur la joue de la part d'Aaron ! Relevant le défi, Justin miaula d'approbation puis marcha sur les mains sur la pelouse, avant de se rétamer le nez dans l'herbe puis de se relever en faisant « taindain ! », les bras écartés. N'ayant pas eu le temps de capter la scène, Gabriel ralla. Il avait aperçu un magnifique nombril lorsque le t-shirt à manches courtes du plaisantin s'était dérobé pendant son petit numéro. Il voulait absolument le griffonner ! Son vêtement entre les dents, Justin dansa le ventre à l'air  en faisant le signe des cornes avec les deux mains, ce qui amusa particulièrement l'assistance. En réponse, Kilian prit sa plus belle voie et se lança dans une reprise toute personnelle du premier couplet et du refrain de la chanson il changeait la vie de Jean-Jacques Goldman.

C'était un méchant brun, sans rien d'particulier
Dans un monde où j'étais son prisonnier
Qui faisait des câlins si jolis, si légers
Que j'ai fini par aimer me faire en..mhmh...uler

Il y mettait du temps, son entre-jambe et du cœur
Ainsi il passait ses nuits à m'broyer les adducteurs
Et loin des beaux pornos, des grandes so...mhmh..omies
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait ma vie

Puis avoir balancé son t-shirt sur la tête de son petit ami, il se mit à se trémousser à côté de Justin afin que les autres puissent élire le meilleur danseur et le plus adorable niais.

Le combat dura toute l'après-midi. Entre concours de bonbons en équilibre sur le nez, yeux de chats, catch avec les chiens, concours de blagues carambar et de grimaces, jeu du ni oui, ni non, ni Aaron, jeu du « le brun a dit » – ce dernier remplaçant ici un certain Jacques qui n'avait pu faire le déplacement – et déclamation de poèmes improvisés, les deux concurrents rivalisèrent d'imagination pour l'emporter. Enfin, peu avant l'heure de mettre le barbecue en route, ils convinrent qu'il était dans leur intérêt commun de faire la paix pour se liguer ensemble contre une certaine personne. Après s'être chuchoté leur nouveau plan en fixant Aaron sans la moindre discrétion, ils se lancèrent à l'attaque : il fallait chatouiller leur cible !

Sans démériter, le brunet lutta comme il put, jusqu'à céder et supplier ses assaillants de lui laisser les zygomatiques saufs. Pour fêter cela, Kilian et Justin se firent un énorme câlin provocateur. Tandis que le blondinet picorait la joue du chaton, ce dernier miaula de sa plus belle voie en jouant des coussinets sur le torse de son partenaire, ce qui provoqua les rires de tous, sauf ceux d'Aaron. Pour se venger de cette offense, il décida de bouder comme un Kilian ! Il tint exactement deux minutes et quarante-trois secondes avant de lâcher l'affaire. Faire la tronche comme ça, seul son petit ami en était capable !

Enfin, après un délicieux repas, de nombreux paquets de chips vidés, un morceau de violon et un loup-garou – remporté par le duo de loups Kilian-Justin, définitivement inarrêtable –, la soirée toucha à sa fin. L'un après l'autre, les convives s'en allèrent. Au moment des au-revoir, fixant Aaron qui saluait les autres, Cléo s'autorisa une petite question à l'organisateur de la journée :

« Tu crois qu'il reviendra ? »

Les yeux pleins de tendresse, Kilian répondit avec une toute petite voix, pourtant assurée.

« Oui... Il reviendra. Il revient toujours. J'lui fais confiance, c'est mon mec. La distance peut nous séparer, mais un fil invisible nous relie toujours. On est connecté. C'est pour ça que je ne partirais pas avec lui. Parce que je sais qu'il reviendra... »

Plus tôt dans l'après-midi, Justin avait proposé à Kilian de l'héberger s'il voulait venir habiter en Suisse, puisque Gérard ne semblait pas très chaud pour l'accueillir sous son toit. Le blondin avait poliment refusé. Après un an passé à faire des aller-retour à l'hôpital pour son frère, il ne voulait plus revivre ça. Il avait peur de ne pas être à sa place. Sa vie était en France, son avenir dans l'escrime notamment passait par une certaine stabilité.

Aaron n'avait rien répondu.

Il avait simplement profité à fond de cette journée, peut-être une des plus belle de sa vie, comme il en témoigna en se jetant immédiatement sur son amoureux une fois dans leur chambre, quelques secondes à peine après que ce dernier soit sorti de la douche.

« Merci mon amour... J't'aime trop toi, tu vas voir... »

Rarement l'adolescent aux cheveux corbeau avait ressenti un tel désir physique. L'envie de posséder physiquement son blondi-niais lui était monté aux tripes comme jamais. Il fallut même que Kilian joue des muscles pour repousser ses avances fougueuses.

« Attends, et ton cadeau alors ? »

Ah ça, Aaron avait complètement oublié ! Il avait été tellement gâté par la présence à ses côtés des gens qu'il aimait qu'il n'avait pas songé qu'il puisse y avoir encore une surprise. Pourtant, Kilian ne mit que quelques secondes avant de filer dans la chambre de son père et d'en ressortir avec un énorme et lourd paquet.

« Tiens, joyeux anniversaire ! J'ai économisé toute l'année pour te l'offrir !

Surpris et gêné, Aaron déballa le paquet. Découvrant son présent, il resta interdit de longues secondes. Il n'en croyait tout simplement pas ses yeux. C'était irréaliste que son petit copain lui fasse un cadeau pareil.

« Nan mais t'es fou... Ça coute une fortune ! »


« J'ai pris le meilleur modèle que j'ai pu trouver ! J'en pouvais plus de te voir pester sur ton PC à chaque fois que tu écrivais, ça me faisait mal au cœur. C'est pour ça que j'ai tout de suite accepté de donner des cours à Benjamin et de le garder. C'était la première fois que je pouvais me faire vraiment de l'argent de poche et le dépenser comme j'voulais. J't'ai jamais fait de vrai cadeau, j'ai jamais été généreux avec toi... Alors là, voilà ! J'veux qu'tu continues à écrire et que tu penses à moi à chaque mot. J'suis content d'avoir réussi à garder la surprise jusqu'au bout ! Toute l'année j'y ai pensé... »

Plus qu'ému, Aaron en tomba presqu'à la renverse. Observant son nouvel ordinateur, il réalisa à quel point il avait été stupide de jalouser l'élève de son petit ami. Il venait de se prendre un uppercut d'affection en pleine tronche, un direct d'amour du droit dans la gueule et un crochet de tendresse dans les dents. La main devant la bouche et les yeux en fontaine, il resta K.O sans savoir quoi dire. Toutes les fausses idées qu'il s'était faites, tous ses doutes, toutes ses interrogations, même sa peur pour l'avenir, tout volait en éclat, désintégré par le sourire d'un blondinet aux yeux verts qui, depuis le début de l'année, n'avait eu de cesse de l'aimer avec la même passion, malgré les fausses impressions. Sous le choc, Aaron tenta de relever la tête. Ce fut le moment où Kilian lui assena le coup de grâce en se jetant à son cou et en le plaquant contre le sommier. Le lycéen chuchotait, simplement. Ses mots achevèrent le brun.

« Il y a deux ans, apprendre ton départ m'avait détruit. Là, j'accepterai, parce que j'sais que tu m'aimes et que j'peux te faire confiance. Je préfère forcément vivre avec toi, mais ça ne me dérange pas qu'on ne dorme pas ensemble toutes les nuits, tant que celles qu'on passe dans le même lit restent magiques. Si tu ne rentres pas en Suisses, tu risques de le regretter toute ta vie. C'est à moi de venir te voir, souvent, jusqu'à ce que ça aille mieux et que tu reviennes. Parce que je sais que tu reviendras. »

Kilian avait grandi, c'était un fait qu'Aaron percevait enfin clairement. Cela le rendait heureux. Le dernier verrou qui bloquait son cœur sauta d'un seul coup. Son petit blond venait de le libérer de plus lourd de tous les poids. Il pouvait avancer. Sa première décision fut de le plaquer contre les draps et de l'étouffer d'un puissant baiser. Les poignets maintenus près de sa tête, Kilian sourit simplement et chuchota que là, maintenant, il était d'accord.

Morceau de tissu par morceau, Aaron le déshabilla jusqu'à l'avoir complètement nu sous les yeux. Son amant aux cheveux dorés ne lui cachait rien. L'ambiance était plus lourde et torrides que d'habitude. Le front bouillant, Kilian ferma ses paupières. Sa respiration s'accéléra au rythme des caresses dispensées par les lèvres du brun sur sa peau. Du cou au nombril en passant par les tétons, tout son torse vibra. Chaque baiser déclencha son propre petit gémissement à la tonalité à chaque fois différente. Il ne s'appartenait plus. Il s'offrit volontiers à Aaron comme souvent, et pourtant comme jamais.

Le brunet semblait différent. Ses doigts paraissaient plus magiques. Sa transpiration avait une odeur encore plus sucrée et masculine que d'habitude. Le souffle lourd, il prépara son petit ami avec le plus grand soin qu'il n'avait jamais apporté à cette phase. Le bassin tout entier de son partenaire était son champ de bataille. Ses phalanges et sa langue ses principales armes. Sur tout le terrain, il mena l'assaut comme un ouragan. La nature se déchaîna sur les cuisses du lycéen aux cheveux blonds. La rosée inonda son périnée. Un typhon chaud et humide déferla sur ses cuisses. Son plus haut sommet jusqu'à sa plus ronde et sensible extrémité fut balayé par des vents brulants nés de l'haleine du brunet. Puis, de longues minutes durant, Aaron prononça du bout des lèvres et de la langue son propre « sésame, ouvre-toi ». En deux ans d'amour, c'était la première fois qu'il détendait à ce point son partenaire, décrispant sa zone la plus sensuelle de mille baisers et de quelques douces intrusions. Les mains recroquevillées contre sa poitrine, les jambes écartées, la bouche entrouverte et le visage penché sur le côté, Kilian haletait. Sa tête tournait. Il avait chaud. Il brulait d'un désir immense. Ce que lui faisait subir Aaron était une véritable torture. La plus douce et intense de toutes. N'en pouvant plus de gémir, il murmura :

« Prends-moi... »

Comme la plus aimantes et déterminée des machines, le jeune brun s'exécuta. Torse contre torse, lèvres contre cou et les doigts entremêlés, il laissa son bassin faire tout le travail. Les piaillements de son trésor guidaient sa personne. Les mouvements de vas et viens se firent de plus en plus naturels. Il aimait Kilian. Il l'aimait, il l'aimait, il l'aimait vraiment.

Pour faciliter l'écoulement d'un plaisir partagé, Aaron retourna son amant sur le ventre. Il voulait se serrer à son dos, lui chuchoter sa passion au creux de l'oreille qu'il mordillait, le sentir contracter ses muscles sous ses assauts et le faire vibrer jusqu'au bout. Kilian se laissa faire. Il n'était pas en position d'exiger quoi que ce soit. Il n'en avait pas envie. Tout était bon et lui apportait une chaleur différente, qui toujours partait de son nombril pour irriguer son corps jusqu'à toutes ses extrémités rougies par l'effort. Rarement il avait ressenti un tel plaisir dans cet exercice qu'il pensait pourtant connaitre par cœur. L'extase était bien là, dans chacun de ses os, entre chaque ligament, sur chaque centimètre carré de sa peau. Il était un volcan endormi. Aaron l'avait réveillé et mené au bord de l'explosion. Son irruption survint lorsque leurs regards se croisèrent. Kilian craqua devant les yeux sombres et amoureux de son brun. Tous ses organes internes vibrèrent de la même intensité. La glande qui depuis qu'il avait découvert ce genre de passion lui procurait les plus intenses plaisirs se contracta d'un seul coup, ce qui provoqua un cri de jouissance qui s'échappa de sa gorge. Sans aucune honte, il répandit son extase à même les draps, quelques secondes seulement avant qu'Aaron ne déverse la sienne entre ses entrailles. C'était magique. Aussi intense qu'au premier jour. Plus fou et puissant encore.

Affalé sur son matelas à plat ventre, le blondin ne bougea pas. Les contrecoups de l'instant l'avaient figé sur place. Tout aussi épuisé, son brun se colla à lui, un murmure aux lèvres :

« Merci pour tout... Tu m'as toujours ouvert les bras, sans jamais les refermer. Excuse-moi d'avoir mis tant de temps à le comprendre. »

Un sourire paisible sur son visage, Kilian chuchota à son tour, heureux :

« Ton truc de Résonnance, là, dans ton bouquin... On y est presque ! Ce coup là, c'était top trois ! Nan, top deux... et p'têt même un... J't'aime... »

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