47. Le bac français
Le dimanche qui suivit l'anniversaire surprise fut consacré principalement au nettoyage de fond en comble de la maison et à la préparation de la présentation de TPE, dont le sujet choisi par le blondinet et son petit ami portait sur les exo-planètes. Les activités normales reprirent dès le lendemain. La fin du mois de mai approchait et le bac français avec. La phase de révisions pouvait commencer.
Le midi, Aaron s'isola avec Gabriel dans une salle du troisième étage. Ensemble, ils discutèrent des révélations du quarante-sixième chapitre du roman. C'était la dernière ligne droite avant le grand final. Le débat fut plutôt mouvementé. Le dessinateur trouvait les idées de son camarade complexes, pour ne pas dire tordues. Pourtant, ce dernier n'en démordit pas. Sous sa plume s'écrivaient ses réels sentiments.
« Ça fait des mois que j'y pense, mais samedi, quand tout le monde a pris la parole pour lui témoigner leur amitié, c'est devenu une certitude. Même s'il est empli de maladresse, il se donne toujours du mal pour les autres, et c'est ça qui le rend merveilleux. Quand il y a un problème dans notre couple, ce n'est pas lui qui est en cause, c'est moi qui bloque. Nos disputes partent toujours de moi. Toutes les fois où c'était naze au lit, c'était ma faute parce que je refusais inconsciemment de me lâcher. Forcément, il a aussi son mauvais caractère et il faut composer avec, mais voilà, c'est lui le héros de ma vie. C'est pour ça que je dois l'écrire dans le roman. C'est pour ça que je dois dire que c'est son avatar qui est la source de tout, et pas le mien. Parce que c'est la vérité... »
À court d'arguments pour contrer cet excès de mièvrerie, le châtain lâcha l'affaire. Après tout, ce n'était pas son histoire. Ce n'était pas à lui d'en déterminer la fin et les ultimes rebondissements, même si son idée de dénouement, en s'appuyant sur un twist des plus imprévisibles, était à ses yeux excellente. Après tout, qui aurait pu deviner que le grand méchant dans l'histoire était depuis le début le robot-meilleur-ami et qu'il venait du futur pour exterminer une menace du passé ? Strictement personne ! À part peut-être les fans du film Terminator. Mais bon, l'auteur refusait de faire mourir son héros dans d'atroces souffrances. Une erreur, assurément, mais ce n'était pas au dessinateur d'en juger.
Le soir, Aaron s'installa au bureau de la chambre qu'il partageait avec son petit ami pour coucher sur papier cet important passage. C'était la dernière fois qu'il travaillait à son histoire avant les épreuves de français, même s'il ne lui restait plus que quelques pages à écrire avant l'épilogue. Les révisions étaient prioritaires et ses fidèles lecteurs attendraient quelques semaines avant de connaitre la fin des aventures de son héros blond. Ensuite, il pourrait définitivement jeter son ordinateur à la poubelle et se mettre à économiser pour en acheter un autre moins bugué, même si la bête pouvait encore lui servir à discuter avec certains amis.
D'ailleurs, alors qu'il écrivait, Aaron n'avait pu résister à la tentation de répondre à l'appel Skype de son petit chaton. En Suisse aussi, scolarisé dans un lycée Français, Justin préparait ses examens. Tout semblait aller bien pour le jeune garçon. Il souhaitait simplement un petit avis sur sa nouvelle couleur pour son oral, une teinte chocolat passe partout. Aaron lui parla pendant des heures, jusqu'à ce que Kilian rentre de son cours du lundi soir chez Benjamin et ne passe sa tête par l'ouverture de la porte pour réclamer son manger. Il avait faim.
Depuis qu'il avait précipitamment changé de collège, le préado revivait. Même ses notes avaient grimpé en flèches, ce qui laissait plus de temps à son professeur particulier pour lui enseigner l'art du jeu vidéo et quelques tours de magie avec des cartes.
Ce soir-là, François avait sorti Cédric au restaurant, pour parler en tête à tête. De corvée de repas, Aaron avait prévu de faire réchauffer des pizzas de supermarché au four à micro-onde. Il avait eu la flemme de cuisiner. Un peu bougon, son blondinet ne fit pas la tête bien longtemps. Lui aussi il aimait ça, la quatre fromages, même s'il préférait de loin la bianca regina, qu'on ne trouvait malheureusement que dans de vraies pizzérias. À table, les deux adolescents parlèrent de leur soirée respective. Avec une voix presque triste, le brunet évoqua son petit Justin resté en Suisse, leur longue discussion et de tout ce que le chaton vivait et lui avait raconté de beau, même s'il était persuadé qu'il lui cachait des choses. Aaron le voyait à la manière dont il bougeait ses coussinets devant la caméra et se cachait les yeux derrière son bracelet éponge en souriant dès qu'il lui posait une question un peu indiscrète. L'air complètement à l'ouest et la bouche pleine, Kilian regretta que son homme ait fait le choix de ne pas donner une plus grande place dans son roman à cet ami qu'il semblait sincèrement chérir.
« C'est comme Akémi ! Ce n'est pas parce que je ne connais pas bien les gens que tu aimes que tu dois les effacer de ta vie. Ça me gêne un peu. En plus, lui, il semble super sympa et marrant. J'suis sûr qu'on se serait bien marrés avec lui dans l'équipe du héros... »
Une fossette apparaissant sur la joue droite, Aaron se resservit une part avant qu'il n'y en ait plus. Avec tendresse et pédagogie, il dissipa une méprise. Si son chaton n'avait pas un rôle plus important dans le déroulement de l'histoire et tenait lieu de personnage très secondaire, ce n'était en aucun cas une sorte un rejet. Tout simplement, il n'avait pas eu à cœur de rire de ce qui avait pu lui arriver, l'année précédente. Même si de l'eau avait coulé sous les ponts, certains mauvais souvenirs restaient, ainsi qu'un intense sentiment de culpabilité.
« Je pense qu'il m'a pardonné d'être parti, il me l'a encore dit la dernière fois qu'on s'est vu. Mais tant que je ne le saurais pas complètement heureux, je ne serais pas apaisé. »
Prenant en note cette remarque, Kilian essaya de négocier. Il voulait qu'Aaron s'engage à faire une nouvelle centrée sur le personnage inspiré de Justin à partir du moment où il aurait la preuve que ce dernier allait parfaitement bien. Amusé, le brunet accepta de signer cet accord sur un morceau de papier, avant de détourner le sujet. Puisqu'ils parlaient de la Suisse, c'était l'occasion rêvé d'aborder, par ricochet, un thème qui y était lié. Un qu'il avait gardé pour lui depuis deux jours et qu'il devait absolument mettre sur la table.
« Du côté de maman, ça ne va pas fort. Papa me presse pour que je passe l'été près d'elle. Il a déjà contacté mon lycée de l'année dernière, au cas où il faudrait que je reste plus longtemps jusqu'à ce que ça aille mieux.
Dès qu'il avait entendu les premiers mots, Kilian avait senti une larme perler. Puis, comme essoufflé, il s'était difficilement levé et avait, avec peine, murmuré :
« Pas maintenant. J'veux pas qu'on parle de ça, pas avant le bac. J'ai trop peur de me foirer si je pense trop au futur. »
Laissant la table en plan sans même écouter la réponse de son mec, l'adolescent cavala dans les escaliers pour s'enfermer dans la salle de bain. Il y pleura, seul, un long moment. Le dernier nom de sa liste semblait le plus dur à rayer. Il était un peu perdu. Vouloir faire la joie de son petit copain lui semblait la difficulté la plus compliquée qu'il n'avait jamais eu à surmonter. Regardant avec tristesse ses mains d'adolescent, il se sentait impuissant. Les refermer sur le bras d'Aaron pour l'empêcher de le laisser seul, les desserrer par amour, rien ne rendrait vraiment son brun heureux. Kilian le savait, il n'y avait strictement rien qu'il puisse faire pour améliorer les choses.
Son portable entre les doigts, il relit simplement les passages du roman d'Aaron qu'il préférait, et découvrit dans ses mails une petite partie du chapitre encore en cours d'écriture que son brun lui avait envoyé plus tôt dans la soirée pour avis. Quelques mots le firent sourire, une blague sur la meilleure façon de soulager une armée le fit même rire. Un passage l'émut. Idiot de petit copain qui l'aimait trop et qui le lui disait toujours aussi maladroitement !
Apaisé par cette lecture, Kilian rejoignit sa chambre. Aaron l'attendait sur le lit. Le visage fermé, le brunet s'excusa et promit de ne plus aborder le sujet avant les épreuves qui les attendaient, même s'il assumait parfaitement d'avoir dit la vérité.
« C'est ce que tu m'as demandé... »
« Je sais. J'te le reproche pas du tout, au contraire. On en parlera, promis, mais en attendant, fais-moi un câlin... »
Les jambes et bras écartées, les yeux fermés et la tête relevé, le blondin afficha clairement ses attentes. À défaut de pouvoir sauver l'âme de son petit ami, il lui offrait son corps. Délicatement, le brunet déshabilla l'offrande puis gouta de ses lèvres gercées sa peau tremblante. Avant de le posséder, il voulait le gâter. Comprenant à la chaleur qui lui chatouillait l'entre-jambes les plans de son amoureux, Kilian rouspéta. Ça, c'était son rôle à lui ! Il n'était pas nécessaire qu'Aaron le fasse trop souvent. La bouche trop occupée pour rétorquer, le concerné poursuivit son ouvrage comme si de rien n'était, ce qui finit par énerver son petit ami, impatient de passer à l'étape suivante.
« Nan mais arrête j'te dis... En plus, à cause de ce qu'il a vu samedi, Benjamin n'a pas arrêté de se foutre de ma gueule tout à l'heure ! Ce p'tit con, il a osé dire que j'étais ta tétine ! J'ai dû lui expliquer en long en large et en travers que ce n'était pas vrai. »
Refusant de mettre un terme à ses baisers avant d'avoir épanché sa soif, le brunet marmonna, le gosier bien occupé :
« T'as eu raison, t'es pas ma tétine, t'es ma gourde. »
« Ah... Bon, ok, ça va alors... »
Rassuré, Kilian calla sa tête sur son oreiller et accepta de profiter de l'instant en souriant. Jusqu'à, bien sûr, ce qu'il comprenne les multiples sens à cette boutade et ne se redresse dans un sursaut. »
« HEIN ? Mais... tu te fous de ma gueule ? »
L'air ravi de son camarade qui en rajouta en se léchant les lèvres suffit à confirmer au blondin qu'il en était bien ainsi.
Le « Viens par ici, toi » que le brunet lâcha tout de suite après en l'attrapant par la croupe sonna le début du second round, pendant lequel Kilian, le torse plaqué contre les draps, ne trouva rien à redire.
S'en suivirent plusieurs semaines de quiétudes. L'heure était aux révisions et non pas aux distractions. À la maison, Cédric demandait un soin tout particulier. Kilian s'employa à le couver, ce qui dérida François, comme il en témoigna un soir pendant le diner, à la plus grande gêne du cadet.
« Cédric a toujours joué les mamans poules, Kilian était son petit poussin aux plumes d'or. C'est amusant de voir la situation s'inverser. »
Au-delà des premières épreuves du bac, le blondinet avait aussi comme objectif de briller lors des nationales de juillet d'escrime qui compteraient énormément pour son avenir. Avec une étonnante maturité, il partagea sérieusement son temps entre travail scolaire et entrainement. Après chaque session, son brun le gratifiait d'un massage pour soulager ses muscles et articulations. Pas une seule fois des quinze premiers jours de juin, les deux adolescents n'abordèrent le sujet de l'après.
Au lycée, les choses se passèrent avec tout autant de douceur. Le temps était agréable, les élèves venaient en classe en t-shirt à manches courtes ou chemisettes. Les fenêtres restaient toujours ouvertes. Les jeux pour le passage en classe supérieure étaient faits. Le dernier bulletin n'attendait que le tampon du proviseur pour être envoyé aux parents. Dans la cour, on pouvait entendre des hirondelles nichées dans les arbres chanter. C'était la saison des amoureux. Plus que le couple Aaron-Kilian dont les commères avaient fini par se lasser après en avoir fait le tour, ce fut le rapprochement entre Cléa et Gabriel qui se retrouva sur toutes les lèvres. Si les deux artistes passaient peu de temps en public ensembles, ils se retrouvaient souvent chez le châtain en fin d'après-midi, avant que Renée ne rentre. Et ce n'était pas que pour faire leurs devoirs
Saisissant la main tendue de ses proches, l'adolescente avait accepté de se faire suivre par des professionnels et de limiter sa consommation de substances récréatives, avec comme objectif de complètement arrêter. Celui qui sembla le plus profiter des bienfaits de cette thérapie fut Cléo. Voir sa sœur aller mieux et fricoter avec un autre le libérait d'un poids. Cela le rendait même aimable et agréable aux yeux des autres. Chaque jour, il montra à quel point il pouvait être bon camarade, en servant de son mieux lors de l'organisation de la fête des premières.
Programmée le dernier jour des cours avant la semaine de révision à la maison précédant les épreuves, elle consistait à une simple après-midi avec jus de fruits, gâteaux, bonbons et activités dans la cour. Le matin avait sonné l'heure de la dernière classe de français de l'année. Le plus solennellement du monde, Dugérond souhaita bonne chance à ses apprenants, puis se préta à un petit jeu qu'il adorait et auquel il s'amusait tous les ans, malgré les remontrances de sa direction : essayer de deviner les notes qu'auraient ceux qu'il avait formés.
Étrangement, il tombait souvent juste, ajustant à merveille le niveau réel du jeune aux exigences de l'examen. Pour ceux à qui il ne prédisait pas la moyenne, c'était une invitation à mettre les bouchées doubles avant l'examen. Pour les autres, cela permettait de dédramatiser les notes moyennes qu'il leur avait accordées durant l'année.
Avec douze ou treize de prévu, Kilian fit naturellement la moue. Il espérait quand même un peu plus, surtout quand il voyait les notes pressenties pour ses camarades, comme Cléo et son quinze et Yun-ah et son dix-sept. Mais forcément, ce qui attira l'attention de toute la classe, ce furent les prédictions quant aux résultats d'Aaron. Il fallait dire que le professeur s'était drapé de sa plus belle suffisance avant de s'arrêter devant le bureau du brunet.
« Toi, je crois que tu auras entre huit et neuf aussi bien à l'oral qu'à l'écrit, sauf si tu nous fais un hors sujet, ce dont tu es bien capable. Bonne plume, mais trop souvent mal utilisée. »
Aaron avec accueillit cette prévision à la Nostradamus avec un immense sourire. Lui aussi en avait une pour son enseignant, qu'il ne se gêna pas de dévoiler.
« Quand vous allez voir mes notes, vous allez pleurer. »
Heureusement, la cloche mit fin à cet ultime face à face. Dans la cour, les adolescents s'en donnèrent à cœur joie pour décompresser. Outre le petit buffet installé près des marches, plusieurs stands avaient été montés ici et là. Un chamboule-tout, une roulette, un panier de basket... Il n'y avait rien à gagner, si ce n'était passer une dernière fois un bon moment tous ensemble avant les épreuves et l'été.
À la demande générale, Gabriel avait ramené son violon et Aaron avait emprunté le clavier de la salle de musique. La grande surprise fut de voir Kilian accompagner les deux musiciens après s'être entraîné dans le plus grand des secrets. Étant incapable de jouer d'un instrument, il avait accepté de donner de la voix. Avec son timbre pouvait facilement monter dans les aigus et mêlant à la fois des sonorités douces et rauques, il avait certaines prédispositions. Si l'interprétation du trio du générique du film d'animation Totoro amusa tout le monde, leur version de Skyfall de la chanteuse Adèle reçut une acclamation. Un groupe était né ! Kilian décida de le dissoudre presque immédiatement. À ses yeux, il était hors de question de partager les bénéfices en gâteau au chocolat à trois ! La bouche pleine, il s'enfuit en courant à travers la cour, laissant le brun et le châtain finir les miettes du plat.
Malgré toutes ses nombreuses pitreries qui égaillèrent le début du mois de juin, le blondinet n'oublia pas ce qui restait le plus important à ses yeux : sa famille et son copain. Ne pas parler des sujets qui fâchent n'était pas une excuse pour se tourner les pouces. En douce, il multiplia les petites attentions. Même quand il faisait les magasins ou surfait sur internet, il n'avait que son homme en tête. Il était important de bien terminer l'année, histoire que ses nombreux mois d'efforts et de sacrifices ne s'eussent pas succédés en vains.
Enfin, un mercredi matin, tous les élèves de première se retrouvèrent enfermés entre quatre murs à plancher. Sans surprise, Kilian choisit le commentaire de texte, l'exercice qu'il trouvait le plus facile et méthodique. Gabriel s'amusa avec l'écrit d'invention, un dialogue entre en romancier et un peintre de l'époque romantique. Un sujet en or à ses yeux. Aaron, lui, jeta son dévolu sur la dissertation, même si la question lui semblait un peu bateau. C'était un risque assumé. Avec les études qu'il visait, il lui semblait nécessaire de se confronter aux exercices les plus difficiles, histoire de se former. Et puis, il avait cité suffisamment de références pour avoir plus que la moyenne. Il était confiant.
Pour l'oral, chaque élève fut interrogé sur un texte différent. Du côté des premières S, Dugérond avait constitué un corpus d'une vingtaine d'extraits en tous genres, couvrant l'intégralité du programme. Cela avait représenté une tâche considérable au niveau des révisions. Comme si le destin se jouait de lui, le brunet tomba sur un passage de l'assommoir de Zola qu'il avait déjà commenté en classe et qui lui avait valu une note des plus médiocres, notamment à cause de son trop franc parlé à propos de « l'odeur du peuple », pourtant citation de l'auteur lui-même. Suivant le même plan que ce qu'il avait proposé en cours, il commença son exposé par s'excuser s'il était trop assommant, ce qui lui valut un sourire de la part de son examinateur.
Kilian, lui, tomba sur un extrait du Cid, de Corneille. S'il placa avec zèle dans son exposé toutes les plus belles citations de l'ouvrage, allant du péril sans gloire jusqu'à à la vieillesse ennemie en passant par les années des âmes bien nées, il réussit tout de même à amenant dans la conversation le roman de son petit ami, affichant ainsi sans la moindre arrière-pensée l'orientation de sa sexualité. Il fallait dire qu'il était plutôt fier de vivre une belle histoire d'amour avec un auteur dont le talent gagnait à être reconnu, même si l'ouvrage avait de grandes chances d'être autant censuré qu'avait pu l'être à leur époque certaines pièces de théâtre de grands dramaturges. Du genre du Cid, dont la querelle était fameuse. Après tout, il était vrai que la pièce ne respectait pas les trois unités. Et n'en déplaise à Racine, il était légitime que certains de ses compatriotes ne l'aient pas trouvée très « patriote », en ces temps troubles de guerre franco-espagnole. Et toc, la boucle était bouclée et la bonne note presque assurée.
Enfin, les vacances étaient là ! La première était terminée !
Rentrant tranquillement après la dernière épreuve, la paume glissée dans la main de son petit ami, Kilian exigea un petit détour vers le centre commercial, histoire d'acheter un nouveau maillot de bain, des jouets pour les chiens, une crêpe pour épancher sa faim et un bubble-tea au Nutella pour la route. C'était une juste récompense après avoir survécu une année complète avec plus souvent les doigts d'un brun dans son slip que les siens.
Une fois à la maison, Kilian se jeta sur Pata pour lui faire un gros câlin, puis courut dans la chambre de son grand frère pour lui débriefer sa performance. L'adolescent passa toute la soirée excité comme une puce à sautiller partout et à jouer aux jeux vidéo en ligne avec Martin. Puis, après un bon repas, il s'allongea torse nu sur son lit en attendant que son homme le rejoigne. Rapidement, Aaron se posa à ses côtés et laissa ses phalanges parcourir en de petits bons cette peau blanche et douce qui s'offrait à lui, sans rien tenter d'autre. Enfin, après un long moment de silence, le jeune brun soupira. L'heure était venue.
« Mon père m'a appelé tout à l'heure pour me demander comment ça c'est passé. J'lui ai dit bien, puis on a un peu parlé. J'vais rester une grosse partie de l'été en Suisse, j'lui ai dit oui, j'suis obligé. Après, pour la rentré... Rien n'est décidé, ça dépendra. J'ai lancé des démarches d'inscription des deux côtés. »
Cette fois-ci, même si ses joues étaient tout autant humides que la dernière fois, Kilian ne s'enfuit pas dans la salle de bain. Tout juste prononça-t-il quelques mots, avant de se tourner contre le mur en tirant le drap sur ses épaules.
« L'important, c'est qu'on s'aime. Et moi je t'aime. Et j'vais te le montrer, et ensuite, tu sauras quoi faire. »
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