XI - La forgeronne de réservoirs d'âmes (partie 2)

 - Bien joué, dit le lion égyptien. Les choses vont commencer à devenir intéressantes. Qu'est-ce qui t'as mis la puce à l'oreille ?

- Les rails, expliqua Yoann, m'ont intrigué dès le début. Nous avions tous les deux les pieds fermement campés sur les planches, moi par chance, alors qu'il aurait été plus naturel de se tenir à côté. De plus, tu prenais garde de ne jamais en sortir. C'est une manière de se déplacer incongrue pour quelqu'un de si pressé. Ensuite, tu as semblé déstabilisé quand j'ai prononcé Angel : tu ne t'attendais pas à être appelé par ce nom, mon imprévisibilité t'as mis mal à l'aise. Je t'ai facilement embrouillé et il est clairement apparu que tu étais inquiet que je puisse douter de ton identité.

La bouche féline du fauve semblait sourire.

- Le piège devait pourtant être sans faille. Je me suis connecté au corps de ce garçon et ai ainsi eu accès à toutes les données de son cerveau.

- C'est là ton erreur, analysa le jeune homme, perspicace. Tu t'es programmé pour être Angel et tu n'as pas su réagir dans une situation inhabituelle que ton modèle n'avait jamais vécu.

- Précisément, ajouta le véritable Angel d'un ton coupant, tu peux prendre ma mémoire mais tu n'auras pas mon âme. Yoann, le sol est une illusion et les rails un pont. Si tu marches en dehors des poutres tu tomberas dans une profonde fosse.

- Où sommeille un monstre assoiffé de l'encre qu'on a fait couler pour écrire vos cauchemars sur les lignes de vos peurs, compléta lugubrement le sphinx.

Angel fronça les sourcils. Il empoigna le bras de son aîné et commença à avancer tout en lui recommandant de ne plus prêter attention à cet étrange animal. Cependant, la drôle de bête leur emboîta le pas et continuait de parler, ponctuant son discours de ricanements de hyène :

- En cet instant il y a un doute au fond de toi Angel. Il dévore voracement tes décisions liées à des faits feu avérés. Il...

- Taisez-vous, ordonna le garçon, trouvant son petit jeu insupportable.

- Comme tu voudras. Mais où allez-vous comme ça ? Si vous voulez passer, il faudra répondre à l'énigme du sphinx que je vous crois digne d'entendre après avoir évité le piège de l'abîme.

- L'Homme ! asséna Yoann sans se retourner.

La bête battit gracieusement l'air de sa queue.

- Prenez le temps d'écouter l'énoncé dans son intégralité. Voici donc : quelle est la créature qui édifie ses rêves le matin, ses cauchemars le midi et ses abysses le soir ?

Alors que le jeune homme s'apprêtait à lancer une réplique cinglante, la variante le surprit et il ne sut que répondre. Pendant ce temps, la bête se dédoubla et la nouvelle copie, d'un noir de jais, prit le terrifiant volume des statues d'Égypte et s'élança sur le blond qui, bousculé, évita de justesse de tomber de nouveau du pont. Angel dégaina son sabre, se mit en garde, n'ayant d'autre choix que de se préparer à lutter.

- Yoann...

- Oui, je réfléchis à l'énigme. J'espère juste que la réponse n'est pas un truc inconnu du genre un cousin éloigné des centaures croisés avec une hydre. Je te fais confiance pour la défense.

Angel, profitant de sa taille, se glissa entre les pattes de l'attaquant, esquiva au passage un coup de crocs et n'eut pas de mal à trouver un quartier de chair tendre quand lequel planter sa lame sans pitié. Mais elle parut s'enfoncer dans une épaisse pâte de brume qui l'enveloppa tout entier, lui donnant des visions psychédéliques. Étourdi, il se frotta les yeux. Hotaru lui avait dit... Il lui avait dit... Des idées inquiétantes, insensées, brouillaient sa raison qu'il tentait déjà désespérément de recouvrer. Il croyait quelque fois percevoir des pensées plus claires et s'y agrippait. Ce n'était hélas qu'énièmes hallucinations, incarnations de ses récentes incertitudes. Se battait-il contre une chimère ? À présent, il avait froid, il était fatigué.

« À quoi bon ? Si toute ma vie j'ai été trompé, à quoi bon ? »

De son côté, Yoann ne souhaitait plus que le réveil. Le premier sphinx le fixait de manière dérangeante, calmement, ignorant le second avec lequel Angel se débattait. Yoann remarqua que leur affrontement perdait en intensité, comme si l'adolescent n'avait plus la volonté de combattre. Il se laissa doucement tomber. Son corps effleura silencieusement le sol avant de le traverser. La première fois, il avait eu la chance de se rattraper à un barreau du pont ; à présent, il sombrait dans le gouffre. Voyant son ami disparaître, Yoann, paniqué, joua le tout pour le tout et cria la seule solution qui lui semblait correcte :

- Je maintiens ma réponse : c'est l'Homme !

Le sphinx émit encore un rire et les deux monstres, le petit et le grand noir, disparurent sans prévenir, ne laissant derrière eux qu'une petite bourse de cuir contenant une clé... USB...

- Je suppose qu'une clé est une clé, relativisa Angel, vivement secoué après être tombé et avoir finalement été ramené sur la voie ferrée à la résolution de la devinette.

- Ça va ? s'inquiéta Yoann.

- Oui, je crois, le rassura le garçon en regardant autour de lui.

L'illusion du sol avait fait place au décor véritable du pont qui flottait au-dessus d'un trou noir et provoquait un affreux vertige. Yoann se mit en marche prudemment et le plus jeune le suivit, tête baissée. Il engagea la conversation aussi bien dans le but de dissiper la tension qui les parcourait encore et les agitait de tremblements que dans celui d'oublier ses peines en même temps que l'appel du vide :

- Je suis désolé de t'avoir entraîné dans cette histoire.

- Ne t'excuse pas. Au contraire, ça m'enthousiasme autant que ça me donne la chair de poule.

- Justement, je n'ai même pas été capable de te protéger tout à l'heure.

- Tout comme moi j'ai été inconscient en te permettant de participer à la course. Ou même plus tôt encore, le jour de notre rencontre, je ne sais pas ce qui m'a pris de t'avoir adressé la parole. Sans savoir quoi exactement, j'étais attiré par quelque chose en toi. Au final, dans les deux cas, on s'en est bien sortis. Nous sommes quittes.

Angel fut embarrassé par l'évocation de ce passé. Encore une fois, la présence de Yoann le poussait à se confesser plutôt qu'à continuer d'élever un monticule de désolation au côté du précipice qu'il creusait pour lui-même. Il soupira :

- Cathy était... ta demi-sœur, c'est ça ?

- Ouais, répondit Yoann, la voix rauque à son évocation, en revanche je n'ai pas eu autant de chance avec elle.

Angel eut la sensation de ne plus exactement se tenir sur des barres de fers et de bois mais sur des nids remplis d'œufs.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, poursuivit-il avec hésitation. Je m'interrogeais sur vos liens familiaux.

- En réalité nous n'avons pas de sang commun, avoua le jeune homme en haussant les épaules. Ma mère et son père se sont mariés après avoir divorcé de leurs premiers conjoints, nos autres parents. On devait avoir six ou sept ans quand on s'est connus. Mais ça ne change rien au fait qu'elle était ma sœur.

- Quand tu l'as rencontrée, tu ne l'as pas tout de suite considérée comme une sœur, si ?

- À force de vivre ensemble, on n'habite plus seulement sous le même toit mais jusque dans l'esprit de l'autre ; une relation particulière s'installe. La fraternité, c'est peut-être ce qui nous amène à nous dépasser, à faire de notre mieux, que ce soit pour ou contre le frère ou la sœur : on était dans une compétition tout autant que dans un soutien perpétuels.

En parlant, Yoann regardait loin devant lui et tenait ses mains enfoncées dans ses poches, les remuant doucement, comme triturant des bouts de souvenirs auxquels il souriait paisiblement. Étant parvenu à la conclusion, sa conscience surprise d'avoir été envoyée si loin revint promptement à Angel, troublée :

- Pourquoi cette question ?

- Oh, pour pas grand-chose, répondit le garçon, amusé de cette conception fraternelle et soulagé d'un poids. Merci. Je n'ai pas à me prendre la tête, tu as raison : c'était ta sœur.

- De rien, fit Yoann, toujours intrigué, mais qui se retint de le questionner. Il faut bien que je serve à quelque chose en tant qu'aîné.

Entre cinq et dix minutes plus tard, le chemin s'évapora après avoir offert une ouverture sur une pièce carrelée, étroite mais haute de plafond. En face, un mur épais les arrêtait. Mephisto se tenait déjà là, malaxant la clé USB qu'il avait obtenue de son côté. Il releva la tête à leur approche :

- Ça s'est bien passé ?

- Pas trop mal, répondit Angel. Et vous ?

- Une devinette assez simple : quel légume ne pousse pas en Éden ?

Comme à son habitude, il ne laissa pas le temps aux autres d'y réfléchir et s'écria :

- Le radis !

Angel ne comprit pas tout de suite. De même, il fallut plusieurs secondes à Yoann pour réaliser :

- Ah, le Paradis, pas-radis.

- C'est bien son genre d'humour, soupira le blond. Eh, mais en quelle langue lui a-t-on posé ce jeu de mot ? Ça ne marche pas en anglais, si ?

Toutefois, l'adulescent soulevait déjà un problème bien plus grave :

- Nos épreuves jusqu'ici ont été enfantines, déclara-t-il solennellement. Il nous faut maintenant trouver le moyen d'ouvrir le passage avec ces machins.

Angel, exaspéré, lui prit sa clé des mains et l'enfonça avec la sienne dans des prises murales prévues à cet effet.

Un bip, un grésillement, et le mur se scinda en deux, autorisant leurs regards à balayer une gigantesque usine qui s'étendait à perte de vue. Tapis roulants, bras mécanisés, réseaux informatisés, robots programmés et autres machines électroniques plongèrent Mephisto dans une profonde perplexité. La vue d'une jeune fille installée confortablement sur une chaise longue au milieu du ballet incessant, répétitif et assourdissant des systèmes automatisés l'acheva. Les remarquant, elle posa le cocktail qui l'occupait et alla à leur rencontre. Deux longues couettes brunes volaient derrière son corps souple et gracile.

- Ça faisait longtemps que personne n'était venu pour une commande privée ! s'exclama-t-elle.

- Et cela attendra encore, la refroidit Mephisto. Je suis venu pour un renseignement.

La jeune fille haussa les épaules, déçue :

- Il n'y a pas grand-chose à expliquer. Pour passer une commande, il suffit de venir comme vous l'avez fait. L'utilisateur et son futur objet progressent chacun dans un tunnel de manière à vérifier que le niveau spirituel requis est atteint et à éviter toute fraude. Ensuite on conclut le contrat il n'y a plus qu'à exécuter la demande.

Mephisto s'apprêta à répliquer que ce n'était pas ce qu'il voulait savoir quand Angel, intrigué, prit la parole avant lui :

- Le possesseur et le futur objet ? Un contrat ? Qu'est-ce que c'est ?

La spécialiste parut surprise de ces questions et poursuivit, sur un ton de brochure explicative :

- Un être vivant se met au service d'un autre. Pour cela, il échange son enveloppe organique contre un corps non vivant. Il devient un objet, souvent une arme. N'est-ce pas pour cela que vous êtes venus ?

Le marionnettiste ébouriffa les cheveux d'Angel et l'excusa :

- C'est un petit nouveau, il n'est pas encore bien informé. Et l'autre derrière c'est encore pire. L'ignorance dans le sanctuaire des maîtres ne donne que des paroles inutiles, je l'ai toujours dit !

- Qui est-ce qui parle le plus pour ne rien dire, ici ? marmonna l'adolescent.

- Voyez, le coupa Mephisto avant de prendre la voix d'un guide touristique, c'est ici que naissent les Armanimas.

Ce fut à son tour d'être interrompu :

- Le nom commençait à vieillir alors je les ai renommés les Soulguns.

Mephisto s'éclaircit la voix avant de reprendre la parole :

- Les Konjû si vous voulez.

Là où il était, Hotaru éternua.

- À la différence des non-vivants communs, continua le marionnettiste, ces objets sont dotés d'une âme. Or, celle-ci ne peut généralement s'attacher qu'aux cellules. C'est là qu'intervient l'art de Mademoiselle Enélos.

- Quelques modifications et le tour est joué, acquiesça la jeune fille. Mais on n'en fabrique pas à la légère. Chaque objet a une mission à remplir à l'issue de laquelle âme et esprit seront libérés tandis que l'enveloppe disparaîtra.

- Par contre, tu ne fais pas ton travail très sérieusement, constata Mephisto en jetant un coup d'œil méprisant au transat et à la chaîne de montage.

- J'ai été forcée d'abandonner l'artisanat pour une production industrielle, se défendit Enélos. Mon boulot est de fournir des outils à ceux qui en ont besoin. Or, ces besoins ont pris des proportions pharaoniques ces derniers temps, tout le monde espère recevoir des armes de plus en plus puissantes pour se défendre. Et certains trouvent en plus le moyen de me faire perdre mon temps avec un parchemin idiot à l'encre violette lumineuse, n'est-ce pas ?

Mephisto montra qu'elle le blessait dans son amour propre mais elle n'en tint pas compte et termina d'exposer ses difficultés :

- Quoi qu'il en soit, comme si ça ne suffisait pas, je dois faire face à un autre problème de taille : un sérieux manque de candidats pour tenter l'aventure. Les âmes ont peur, très peu acceptent de se transformer en objet dans le but de combattre le Mal qui se répand.

Un sourire s'étira sur les lèvres de Mephisto :

- Voilà qui est intéressant.

- Que désirez-vous savoir ? soupira Enelos.

- C'est à propos de ma poupée, Rachel. Tu te souviens d'elle ? J'aimerais que tu me dises dans quel but elle a été créée ?

- Ça ne peut signifier qu'une chose, répondit la jeune fille avec l'air de pousser Mephisto à s'avouer ce qu'il savait déjà. Quelqu'un qui tient à vous vous a prêté son âme pour vous protéger. C'est plutôt à moi de m'étonner. Le grand Mephisto courrait un immense danger ?

- Je vois, fit le marionnettiste, se rembrunissant soudain. Merci de m'avoir éclairé.

- Ce sera tout ?

- C'était rapide, commenta Yoann.

Mais Mephisto releva la tête :

- Maintenant que j'y pense, il serait intéressant de fabriquer des armes pour toi et tes amis, Angel. Elles seront plus sûres que de simples créations de l'imaginaire et, comme elles posséderont une âme, vous aurez la garantie de ne jamais vous retrouver seuls dans une situation difficile.

Yoann approuva l'idée le premier, avec un grand enthousiasme :

- Je ne compte pas dépendre d'Angelo plus longtemps et je me sentirais d'ailleurs plus en sécurité si je pouvais me protéger par moi-même.

- Attends, elle va refuser de nous fournir ou nous demander une somme astronomique en échange, ricana Angel qui n'aimait pas que Yoann sous-entende qu'il était trop faible pour le protéger.

- Loin de là, le contredit Enelos. Ce que vous ferez de vos objets m'est totalement égal. Je fais mon travail, c'est tout. Si on peut encore appeler travail cet esclavage.

- Étymologiquement, c'est plutôt de la torture, lui apprit Mephisto.

- Soit, abrégea Angel, ça pourrait effectivement nous être utile. On ne sait pas à quoi nous attendre dans notre combat contre les anges.

- Contre les anges ?! s'écria la façonneuse de Soulguns.

- Ce garçon, répondit Mephisto, pense qu'ils sont la source de nombreux mots et je dois dire que ses soupçons ne sont pas dépourvus de raison, bien qu'il s'agisse tout d'abord d'investiguer avant de se jeter dans une quelconque bataille.

- Mademoiselle, s'écria Angel, vous devez en savoir beaucoup plus que nous sur les problèmes qui touchent l'univers puisque déterminer les besoins en objets spéciaux vous demande de garder un œil à peu près partout !

Enélos le déçut :

- Il m'est interdit d'observer les anges, je ne travaille pour eux que sur commande privée.

La méfiance d'Angel vis à vis de ces créatures n'en fut que renforcée.

- Je présume que c'est aussi vous qui avez fabriqué une certaine clé, songea-t-il avec une pointe de colère. Une clé qui a servi à fermer la pièce où ma sœur a été retenue prisonnière. Vous avez une responsabilité : sur ordre d'un ange, vous pouvez créer des objets ignobles.

Enélos croisa les bras, sur la défensive.

- Alors ça... Je n'ai pas besoin d'aller chercher dans mes registres pour me souvenir de ce dont tu parles. C'est une demande qui m'a marquée par son inutilité apparente. L'ange n'avait pas besoin de clé pour verrouiller ou accéder à un espace qu'il avait créé lui-même. Ne m'accusez pas d'être complice d'un enlèvement dont je n'ai pas eu vent, rétorqua la jeune fille.

Décroisant les bras, plantant ses poings sur ses hanches, elle tourna le dos à Angel pour revenir à une discussion qui lui convenait davantage :

- Bien, vous me demandez donc de réaliser vos armes sur le champ ?

- Sur le champ et à la main, précisa Mephisto. Je veux que ça soit bien fait. Plus vite nous les aurons, plus vite nous pourrons faire en sorte d'étouffer la source de ta torture esclavagiste.

- Vous êtes malin, le clown. J'accepte mais encore faut-il que je trouve des âmes. Ça peut prendre un bout de temps, prévint Enelos, mettant du même coup fin à la conversation et partant se mettre au travail.

Elle craignit un instant d'être suivie par un éloquent inspecteur des travaux finis mais ce dernier avait ravalé ses dictionnaires. Mephisto, songeur, découvrait son pantin sous de nouveaux angles, la tête en bas, les jupes par dessus la tête.

- C'est blanc... commenta-t-il.

Ayant constaté une longueur de tissu insuffisante pour cacher son mètre quatre-vingt, il se résigna à admettre que la force protectrice de la poupée résidait en un autre endroit que celui où il l'avait cherché jusqu'ici. Les reproches de Maximilien avait tiré par les pieds son être qu'il avait bêtement cru parfaitement caché sous la robe minuscule quand seules ses intentions se tenaient à peu près camouflées. Il se figura que le moment de faire face à ses démons était enfin venu, fit part de cette pensée à Yoann et Angel, puis leur commanda de s'éveiller et d'expliquer la situation aux autres. Cela fait, il prit une grande inspiration. Une phrase prononcée par un médecin à la suite d'une de ses crises de fou rire lui revint en mémoire :

- Ce n'est pas un psychiatre qu'il lui faut à celui-là, c'est un exorciste !

Des mots qui lui avaient laissé un goût amer, si tant est que l'ouïe puisse attribuer à un son le sens des papilles. Il n'avait plus rit durant deux longs jours.

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