V - Amanda (partie 1)

 Angel avançait péniblement, un pied après l'autre, dans les bois brumeux et froids. La pente n'en finissait pas. Parfois, il rassemblait toute sa volonté et se mettait à courir afin d'arriver plus vite au sommet, mais le manque d'oxygène rendait ses jambes si lourdes que l'effort le ralentissait, il levait alors ses pieds plus haut mais ne parvenait pas à les lancer en avant et se retrouvait à faire du sur-place, chancelant. Où ce chemin caillouteux le menait-il ? Il s'appuya contre un tronc et demanda, haletant :

- Libellule, tu es certaine qu'il y a quelque chose par-là ? Qu'est-ce que cette randonnée a à voir avec notre combat contre le Mal ?

- Ta sœur est passée dans le coin il n'y a pas longtemps, répondit la fée, catégorique. La présence de son aura est encore perceptible. Allez, du nerf ! Tu veux la retrouver, oui ou non ? Je ne comprends pas que tu sois déjà si épuisé. Yara t'aide à maintenir l'envol de ton esprit, tu n'as pas de souci à te faire. En plus, tu n'es pas bien loin de ton corps : nous sommes toujours sur Terre.

- Un endroit pareil existe sur Terre ?!

L'adolescent leva la tête vers les cimes éternellement enneigées. Il se trouvait dans une forêt de mélèzes en région montagneuse. Les nuages roulaient sur les hauteurs les plus escarpées et prévoyaient visiblement de descendre flotter au-dessus de la vallée. Bientôt, ils aveugleraient Angel qui ne pourrait même pas compter sur un rayon de soleil pour lever la sinistre atmosphère du lieu.

- C'est le manque d'oxygène qui consomme mes forces, justifia-t-il sa fatigue.

La fée le regarda comme s'il était malade. Elle le prenait manifestement pour un simple d'esprit :

- Arrête de t'imaginer des sensations et contraintes physiques. Tu te fais du mal ! Seule une partie de toi, appelée esprit, s'est déplacée jusqu'ici.

- Tu es dure avec moi, soupira Angel, ce n'est que la quatrième fois que je vis une expérience pareille.

- Et à chaque fois tu te laisses ballotter par ce qui t'entoure et tu ne tiens pas dix minutes. Comment veux-tu apprendre quoi que ce soit dans ces conditions ? Tu ne fais aucun effort, tu n'opposes jamais aucune résistance malgré mes bons conseils.

- Rooh, ça va ! répliqua le garçon. Ça fait déjà une heure qu'on pédale dans la choucroute. Une heure que je tiens le coup ! J'ai battu mon record, tu devrais plutôt me féliciter, ça m'aiderait à m'améliorer, crois-moi.

- Mais il ne s'est encore rien passé ! J'ai le sentiment de faire une randonnée pépère aux côtés du plus stupide représentant de l'espèce humaine.

- C'est vrai qu'on n'avance pas vite, concéda Angel. Mais c'est l'aube et, pour moi, pauvre humain qui voit à peine où il pose les pieds, je suis juste en train de faire un de ces rêves où on a les jambes tellement empâtées qu'on ne peut plus fuir devant le danger. De toute façon, c'est toujours comme ça : dans tous mes rêves, même dans mes plus beaux, une certaine angoisse plane sur mon sommeil.

Il contempla de nouveau les rochers endormis, si imposants, posés là depuis des millions d'années. L'idée qu'il pouvait admirer pareille splendeur sans bouger de son lit l'émerveillait, mais un malaise d'origine inconnue lui serrait la gorge. C'était comme si les falaises cauchemardaient. Ah non, que n'allait-il pas chercher encore ? Le paysage n'avait aucune importance, il devait repartir. Mika l'attendait. Un peu reposé, il regagna le sentier, pensant avoir recouvré sa motivation. Quelques mètres de dénivelé eurent tôt fait de la lui souffler : sa motivation, il la crachait en même temps que ses poumons.

- Si seulement je pouvais voler... ! T'as de la chance... Libellule !

Le garçon ouvrit d'un coup les bras en croix, offrant son cœur au firmament.

- Offrez-moi des ailes ! pria-t-il.

Il ne reçut qu'une pierre pointue dans l'épaule.

- Aïe ! Eh, ça fait vachement mal, protesta-t-il en frottant le bleu qui venait de se former sous sa peau.

- Aide-toi et l'ciel t'aid'ra ! grogna la coupable. Tu vois, quand je te dis que tu te laisses faire par tout et n'importe quoi. Pourquoi n'as-tu pas empêché cette blessure ?

- Pas eu le temps d'esquiver.

- Je te parle de l'ecchymose, pas du cailloux !

- Eh ben je comprends rien quand tu parles !

L'adolescent allait lâcher d'autres plaintes quand la fée se planta subitement entre ses yeux, à trois centimètres de son visage, le faisant loucher. Elle lui envoya une pichenette entre les sourcils et posa un sévère jugement :

- Un rien t'intimide alors tu restes cloîtré dans ton petit monde logique et réaliste. À mon avis, tu fais un complexe d'infériorité.

Angel voulut lui demander quel rapport il y avait entre sa fatigue naturelle et un tel complexe quand une flèche sortie du brouillard siffla à son oreille et alla se planter dans un arbre juste derrière lui.

- Et à mon avis tu n'es pas prêt à te balader dans le monde spirituel. Ici, c'est mon territoire. Rentre chez-toi.

Une silhouette enveloppée dans une cape noire, armée d'un arc gigantesque, se découpait sur la blancheur des brumes environnantes. Libellule s'était figée, devinant la puissance de l'arrivant. Angel ne serait jamais à la hauteur. Il allait finir agonisant avant d'avoir eu le temps de bouger le petit doigt si le combat s'engageait.

- Angel, on s'en va, le prévint-elle en tirant sur la manche de son blouson.

Mais la fée l'avait blessé dans son amour-propre. Vexé, le garçon saisit l'occasion de montrer qu'il valait quelque chose :

- Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne dois plus me laisser effrayer par un rêve, c'est toi qui l'as dit ! En fin de compte, ce n'est pas plus compliqué qu'un jeu de rôle : quand on perd, on recommence jusqu'à battre le boss. Je ne stagnerai pas à ce niveau. Je refuse de perdre la trace de Mika !

Des gouttes de sueur commencèrent à ruisseler sur le corps de Libellule.

« Angel est si habitué à ce que la peur s'infiltre en lui dès qu'il rencontre une difficulté et à ce que je l'empêche de s'enfuir qu'il ne fait pas la différence entre un sujet d'entraînement et une réelle menace. »

- Je suis sérieuse, insista-t-elle à haute voix, on y va. Tu vois bien que nous dérangeons. Cet esprit n'a ni envie de nous laisser passer ni de nous affronter. On fera un détour.

Un malaise se dessina en l'adolescent. En cet instant, il se sentait avoir été réellement rabaissé, non par le regard d'un autre, mais par le sien propre. Jusqu'à présent, il n'avait pas fait de son mieux. Il se débrouillait pourtant bien avec les 666, quand il s'agissait de fuir ce qu'il n'aimait pas. A présent qu'il avait une mission qui lui demandait de faire face à ce qu'il redoutait, il n'essayait même pas de se montrer à la hauteur. Si seulement il avait travaillé plus sérieusement, peut-être aurait-il été en mesure de défaire cet adversaire qui se dressait entre sa sœur et lui. Il était temps de se reprendre.

- Non, j'ai envie de rendre la vie à Mika au plus vite ! cria-t-il.

Angel arracha la flèche enfoncée dans le tronc derrière lui et cria pour se donner du courage :

- Dans les rêves, on peut tout faire sans risque !

Et dans cette montée d'héroïsme, il renvoya la flèche en direction de son propriétaire, de toutes ses forces. Miraculeusement, le projectile fila aussi sûrement que s'il avait été lancé par un arc. Mais l'ennemi fut bien plus rapide à décocher une autre flèche qui transperça la première avec une terrifiante précision. Pris au dépourvu, Angel renvoya au fond de lui raison et prudence et se précipita sur son adversaire. Il ne pouvait rien faire d'autre que de lui sauter dessus, avec l'espoir qu'au corps à corps, l'arme meurtrière qu'était cet arc deviendrait inutilisable. Bondissant de tapis de mousse en épaisse racine, zigzaguant pour éviter d'être touché, il empoigna finalement la corde de l'arc, ayant réussi à s'approcher suffisamment. Encouragé par cette victoire, il la tordit, la malmena dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle cède. C'est alors que ses doigts rencontrèrent un second fil puis un troisième et enfin toute une rangée. Il remarqua que l'arc se présentait sous la forme étrange d'une harpe. La brume avait caché ce détail. D'autres armes demeuraient sûrement secrètes, des outils extraordinaires contre lesquels il n'aurait aucun pouvoir.

Cet instant de doute permit à l'ennemi de le renverser d'un croche-pied. Jugé trop encombrant, l'arc se résorba dans le dos de la main du tireur qui se pencha ensuite au-dessus de sa proie. Stupéfait, Angel constata que le terrible personnage dissimulé sous la capuche n'était autre qu'une mince jeune fille de son âge aux fantaisistes cheveux rosés.

- Cesse de te débattre, c'est inutile, dit-elle. Je te laisserai repartir seulement si tu m'expliques comment un imbécile comme toi est arrivé ici.

Le garçon ne releva pas l'insulte et continua de faire des efforts pour se libérer, scandant comme une litanie entre ses dents :

- Les rêves sont des illusions, il ne peut rien m'arriver, les rêves sont des illusions !

Elle fronça les sourcils.

- Écoute-moi ! Si j'avais voulu t'éliminer, tu serais déjà mort.

Un genou appuyé sur son torse, elle le tenait si fermement qu'il finit par se taire, à bout de souffle.

Pendant ce temps, Libellule se rapprochait discrètement. À deux pas de fée du garçon, elle tendit la main pour établir le contact et les ramener tous deux dans la chambre où reposait le corps du garçon quand, sans qu'elle sache comment, elle se retrouva à se balancer à cinquante centimètres du sol, les ailes pincées entre les doigts de la jeune fille qui la secouait chaque fois qu'elle voulait accentuer un mot de son discours :

- Une tempête de malheurs s'est abattue dans les environs, leur apprit l'archère. Une tonne de catastrophes inhabituelles qui surviennent comme ça, du jour au lendemain, ça ne peut pas être qu'une coïncidence. Un garçon qui, au vu de ses capacités, ne devrait techniquement pas se tenir devant moi, mon petit doigt me dit qu'il n'est pas étranger à toutes les choses louches qui se trament en ce moment.

Joignant le geste à la parole, elle se gratta le nez du bout de l'auriculaire, relâchant Libellule.

- C'est la première fois qu'on met les pieds ici, se défendit cette dernière en se défroissant furieusement les ailes.

La jeune fille s'était relevée, rendant également à Angel un simulacre de liberté que démentaient ses bras désormais croisés, aussi solides que des barreaux de prison. Ni lui ni la fée ne pourraient échapper à l'interrogatoire :

- Ne me dites pas que vous êtes venus pour le tourisme.

- Nous suivons les traces de quelqu'un, rien de plus, déclara Libellule. Nos intentions sont purement pacifiques.

Loin de s'apaiser, la jeune fille continua, implacable :

- Une certaine personne est passée ici ? Et pourquoi est-elle passée ici ?

- Comment pourrais-je le savoir?! Je me suis retrouvée embarquée dans les histoires d'une bande de dégénérés contre mon gré !

Angel voulut répliquer que personne ne l'avait obligée à rien mais ne put placer un mot dans l'avalanche de plaintes qui suivit.

- C'est une ange qui nous a indiqué de prendre cette route, conclut enfin Libellule après avoir terminé sa tartine de doléances à la confiture de jurons.

Une lueur passa dans les yeux de la jeune fille qui ne retint que la fin :

- Vous êtes commandés par des anges ?

- Et puis quoi encore ? s'insurgea la fée. Je ne fais que respecter ma part du marché en accompagnant cet incapable.

Angel s'indigna à son tour : comment Libellule osait-elle parler comme si on la forçait à quoi que ce soit, comme si on l'avait prise en otage ? L'archère contempla quelques instants, d'abord déconcertée, puis malgré tout amusée, la fée surexcitée et l'adolescent mécontent, bien inoffensifs. Sa sévérité lui venait bien davantage de la détermination qu'elle avait à trouver des réponses que d'une fermeté naturelle. Elle s'adoucit un peu.

- On pourrait peut-être s'entendre. Je vous montrerai la direction prise par l'objet de vos recherches en échange de vos réponses à mes questions, proposa-t-elle.

- Tu veux dire que tu as croisé un ange et une fille ? s'écria Angel, plein d'espoir.

Heureusement surprise de la concordance qui existait entre d'étranges voyageurs repérés plus tôt et les mots de l'adolescent, elle acquiesça :

- Je ne m'étais pas trompée, vous avez bien un lien avec eux. Reste à savoir si les récentes calamités ont aussi un rapport avec vos agissements.

En signe de trêve, elle tendit la main à Angel.

- Je m'appelle Amanda, se présenta-t-elle.

- Angel, dit le garçon sans pour autant saisir la main tendue qui retomba bientôt le long du corps de sa propriétaire.

- Désolée de t'avoir attaqué, s'excusa-t-elle avec un sourire amical, mais il faut bien se défendre, tu comprends.

Le garçon hocha la tête, un air farouche néanmoins cousu sur ses traits.

- Venez chez moi, ce sera plus agréable pour discuter, proposa Amanda.

- Non. On est très bien ici, fit Angel pour toute répondre à l'invitation.

Après avoir mordu la poussière, il voulait se montrer dur pour se donner une contenance et feindre de n'avoir jamais perdu le contrôle de la situation. Loin d'être dupe, la jeune fille lui offrit toutefois ce qu'il désirait, affichant l'impression rassurante de sembler revoir son jugement sur lui, de ne plus le prendre pour un faible, naturelle et conciliante à la fois, comme lorsque l'on reçoit pour la première fois chez soi des invités importants. Angel lui résuma en quelques phrases sa situation.

- La source miraculeuse, répéta-t-elle quand il eut terminé, songeuse, le regard fuyant comme inquiète de le décevoir. En tout cas, ce n'est pas une histoire banale. Un ange gardien qui apparaît à son protégé dans le but de négocier une aide mutuelle, c'est louche.

Angel ne se départait plus de son antipathie. Il répliqua froidement :

- Tu n'es pas obligée de me croire.

- Je ne te pense pas suffisamment ouvert à l'ésotérisme pour inventer un tel mensonge, répondit Amanda sur un ton qu'il jugea un peu trop léger.

- C'est un sarcasme ?

- Une simple remarque. Je ne suis pas d'humeur à faire de l'humour ces temps-ci.

Amanda s'assit à même le sol et enfonça ses ongles dans la terre humide. Elle parcourut tristement du regard les montagnes qui se dressaient bien peu fièrement de l'autre côté de la vallée. Son agressivité tombée dans l'oubli laissait place à un cœur tendre de petite-fille. Quelques gouttes de pluie glaciales commençaient à s'écraser sur le visage sévère d'Angel quand elle se mit à parler :

- Ma mère est morte en me mettant au monde. Ma grand-mère s'est toujours occupée de moi et nous avons toujours vécu ensemble dans un chalet caché au fond des bois. Nous sommes guérisseuses de mère en fille. Les gens nous ont toujours prises pour des sorcières ou des illuminées, ce qui fait que nous n'avons presque aucun contact avec l'extérieur. Mais ça ne m'a jamais dérangée. Quand j'ai eu l'âge d'aller à l'école, j'ai commencé à prendre des cours par correspondance et plus les leçons m'ont fait découvrir l'humanité, plus je l'ai redoutée. Mon existence est fondée sur la paix, l'entraide et le partage du cycle de la vie avec les autres êtres vivants. En tout cas, c'est ce que j'ai voulu croire. Seulement, l'histoire de l'humanité n'a rien à voir avec ça...

Amanda fit une pause pour avaler sa salive. Une tristesse dont la sincérité ne pouvait être mise en doute s'était peinte sur son visage au fur et à mesure qu'elle parlait.

- Jouer dans la neige, courir dans les alpages, reprit-elle, j'ai peur que tout cela prenne fin. Avant, cette pensée ne pouvait même pas m'effleurer. Parce que tout renaît toujours à chaque printemps !

« Mais les malheurs se présentent toujours quand on s'y attend le moins. Tout a commencé alors que je me réjouissais justement de la belle saison. Soudainement, le ciel s'est couvert et des trombes d'eau se sont déversées sur la terre. Au début, je ne me suis pas inquiétée. Je n'ai même pas été surprise : le temps est changeant par ici. Mais l'orage s'est poursuivi des jours durant et a viré à la tempête. Les communications on été coupées. La rivière a évidemment débordée et ravagé les alentours, mettant en péril la faune et la flore. Peu après, la foudre a frappé un arbre qui est tombé sur mon chalet. Par malheur, ma grand-mère se trouvait juste en dessous et...

La jeune fille réprima un sanglot. Elle essaya de bouger encore un peu les lèvres, mais comprit vite que les mots ne sortiraient plus.

- Toutes mes condoléances, je suis vraiment désolé, lâcha Angel, ne sachant quoi lui répondre pour la réconforter, sachant mieux que personne qu'aucune parole ne peut apporter une consolation dans ces cas-là.

- Ne dis pas des choses que tu ne penses pas.

- Je suis sérieux ! Je sais ce qu'on ressent lorsqu'on perd un être cher.

- Tu ne sais pas ce que je ressens. Ce n'est pas la mort de ma grand-mère qui me ravage autant. Je sais que je la reverrai un jour. Et maman aussi. Il faut juste... un peu de patience.

Le nombre de ses larmes révéla qu'elle était plus affectée qu'elle voulait bien le dire. Elle les essuya grossièrement et s'énerva :

- Je veux retrouver celui qui a fait ça !

- Tu t'emportes, la coupa le garçon, un peu inquiet de l'entendre parler comme ça. Ce n'étaient que les effets de l'orage, un simple orage, enfin, je veux dire, un terrible orage.

- Non, je ne suis pas idiote ! Je ressens clairement les ténèbres tourner dans les cieux comme une nuée de charognards, quoique les aigles ne soient pas une bonne comparaison. Je ne sais même pas contre quoi je lutte ni même si je suis assez forte pour me mesurer à la menace. Je ne peux que dissuader quiconque d'approcher en précipitant sur les intrus des affreux cauchemars. Bien sûr, je suis consciente que ça ne résoudra pas les problèmes. Il faudrait soigner le mal par la racine, mais... Mais...

De nouveau, les mots étaient bloqués. Dans un dernier effort, elle parvint à s'exclamer encore :

- Je ne sais plus comment protéger cet endroit que j'aime tant ! J'aimerais revoir les sommets sourire !

Angel jeta un coup d'œil à Libellule, cherchant un indice sur la conduite à suivre. Elle tordait ses petites mains, embarrassée par le tour qu'avait pris la rencontre. Alors, il se décida à rompre lui-même le silence pesant :

- Moi aussi je doute. Je voudrais seulement retrouver ma vie banale et sereine avec ma sœur Mika. Mais je ne peux pas espérer la revoir, même dans cent ans : elle restera toujours loin de moi puisque quelqu'un l'a enlevée. C'est pourquoi je dois la retrouver.

- Oui, c'est vrai, acquiesça Amanda. Un ange accompagné d'une fille a survolé les cimes.

Elle leva les yeux sur Angel et ajouta :

- Je n'ai pas pu leur bloquer le passage, je ne faisais pas le poids. Mais j'ai pu percevoir le trouble en eux.

Libellule, qui était restée simple spectatrice jusque là, glissa quelques mots à l'oreille d'Angel. Il approuva d'un mouvement de la tête puis se tourna vers la jeune fille :

- Le Mal que veut combattre Yara et celui qui a touché tes montages est sûrement le même, Amanda. On sera plus fort si on l'affronte à plusieurs. Je te propose de nous rejoindre.

- Entendu ! accepta-t-elle sans dissimuler un sourire qui respirait le soulagement de se battre dorénavant aux côtés d'alliés.


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