La Sombral

Pdv Lucy


-Dis, Natsu... On fera toujours équipe, hein?

-Oui, bien sûr.

Il me fit le magnifique sourire dont il avait le secret.

-Toujours? demandais-je timidement.

Il prit ma main et la serra dans la sienne. Je souris à mon tour quand il me répondit:

-Toujours.

La pluie martèle mon visage alors que je regarde les nuages défiler.

Depuis combien de temps suis-je là?

L'eau ruisselle le long de mon cou.

C'est beau, un ciel sans soleil.

Mes habits trempés me collent au corps.

C'est calme et posé, sans chaleur pour tout gâcher.

Mes pieds trempent dans une grosse flaque.

Faites que ça ne s'arrête jamais.

Malheureusement, les nuages s'écartent et laissent filtrer un rayon de soleil. Celui-ci me caresse le visage et réchauffe doucement ma peau.
Je secoue la tête et écarte mes cheveux trempés de mon visage.

Fichu temps.

Je me remet finalement en marche après être restée vingt minutes debout sous la pluie battante.

-Coucou Lu... Oh mon dieu! Tu t'es fais attraper par la pluie? demande Mirajane, inquiète.

-Oui, mais ce n'est pas grave.

-Si, tu vas attraper froid, réplique-t-elle en filant vers l'arrière-boutique et en revenant avec des vêtements sous le bras. Tiens, met ça.

Elle me tend un t-shirt et un short secs ainsi qu'une serviette.

-Merci.

Je vais au toilettes et me change nonchalamment après m'être séchée.
Quand je reviens dans la pièce principale de la guilde, Mirajane enveloppe précipitamment mes cheveux dans une serviette et met mes habits mouillés à sécher.
Puis, elle me dit:

-Le Maître te demande.

Je monte alors les marches qui mènent à son bureau. Étonnamment, les habituelles remarques sur mon manque de force ne se font pas entendre. Sans y accorder plus d'importance, je toque à la porte du Maître et entre dès qu'il m'y a autorisé.
Tout d'explique alors: Lisanna, Grey, Natsu, Wendy et Erza sont déjà présents.

-Ah, Lucy. Je vais pouvoir vous expliquer la raison de votre présence.

Le Maître me sourit alors que je m'assieds sur la chaise à côté d'Erza.

-Comme vous le savez sans doute, la bande à Rajin et Gildarts sont déjà partis en mission. Mirajane va en faire une demain, ce qui ne laisse qu'Erza comme mage de classe S à la guilde. Et la mission que je vais vous confier demande un mage de classe S.

Le Maître marque une pose alors que nous restons silencieux.

-Je ne sais pas en quoi consiste la mission. Le commanditaire n'a rien dit à son sujet. Par contre, ce n'est pas un piège, soyez rassurés. Vous allez probablement avoir besoin de l'aide des esprits de Lucy. Aussi, vous me ferez le plaisir de la prendre avec.

Cette dernière phrase est adressée aux autres.
Ils s'offusquent immédiatement mais n'osent rien dire de trop clair à cause de la présence du Maître.

-Mais le Vieux, on est assez balèzes pour s'en sortir tout seuls, proteste Natsu.

-Erza le ferait seule sans problèmes, j'en suis sûr, dit Wendy.

-Voyons, Maître, vous n'avez pas confiance en notre force? lui reproche Lisanna.

-Je suis sûr que même la tête de flamme peut le faire tout seul. Nous y envoyer à quatre suffit largement, argumente Grey.

Seul Erza reste silencieuse.
Moi, je ne dis rien non plus.
Je ne me lamente pas, je ne me réjouis pas. Mon visage ne laisse transparaître aucune émotion.

A-t-il encore des émotions à donner?

-Aller le Vieux, on...

-Pas de discussion, coupe le Maître. Ma décision est prise et elle est irrévocable. De plus, le commanditaire de la mission a demandé à ce que vous soyez tous présents dans exception. Tous, sauf toi, Lisanna. Donc si tu ne veux pas venir, tu es la seule à ne pas être obligée.

Natsu, Wendy, Grey et Lisanna s'offusquent immédiatement en criant presque qu'elle vient de toute façon.

Une mage "si forte", pensez-vous!
Ah, ironie quand tu nous tiens...

Erza ne dit toujours rien.
Moi non plus.

-Bon, dehors les mômes, dit le Maître. J'ai de la paperasse à régler avec la destruction du restaurant de Margaretta par Natsu et Grey.

L'entrevue est terminée.
Nous sortons en file indienne du bureau du Maître. Dès que nous sommes redescendus les escaliers qui mènent au premier étage, Lisanna lâche sèchement:

-Ne crois pas qu'on va te prendre avec. Tu es trop faible.

-Je n'ai aucune envie de venir, je la rassure sombrement.

-Tu viendras quand même.

Je me retourne. Erza tient à la main l'avis de la mission.

-Ils demandent un mage de feu, un mage de glace, un mage de vent et un mage d'étoiles pour cette mission, plus un mage de classe S, s'il n'est pas déjà parmi eux. Et si le Maître le dit, c'est que tu dois venir, toi et personne d'autre, ajoute-t-elle à l'adresse de Lisanna qui s'apprêtait à discuter.

Je soupire.

-D'accord.

-Et voilà, on se retrouve encore avec la faible. Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ça?

Alors que Lisanna se plaint à haute et intelligible voix, Erza me donne une copie du peu d'informations qu'on a sur la mission.

-Rendez-vous demain, neuf heure, à la gare.

J'acquiesce et vais rejoindre Jubia et Reby pour leur expliquer dans quoi je me suis embarquée.


Pdv Erza


-Tu es en retard.

La voix sèche de Lisanna accueille Lucy.

-De deux minutes.

-Deux minutes c'est deux minutes, objecte la mage de transformation animale.

Elle part alors dans une grande théorie sur la précision et le respect des horaires alors que Lucy me jette un regard désolé. Je lui fais comprendre que ce n'est pas grave et nous montons dans le train qui va nous mener en pleine montagne.
Natsu se plaint comme toujours à grands cris mais se la ferme quand le train démarre et pose sa tête sur les cuisses de Lisanna.

-Où sont Happy et Carla? demande Lucy.

-Ils sont resté à la maison pour s'entraîner, répond Lisanna. Happy ne veut pas être faible et veut pouvoir porter Natsu le plus longtemps possible en volant. Même chose pour Carla.

Lucy ne réagit pas à l'insinuation de la mage.
Elle reste impassible et regarde par la fenêtre, adossée contre la vitre.

Elle a bien changé, Lucy. Avant, elle souriait tout le temps. Elle riait beaucoup, aussi. C'était une bonne amie.
Mais ça, c'était avant d'agresser Lisanna sans raison.
Bien sûr, en arrivant sur les lieux du crime, j'ai tout de suite incriminé Lucy. Tout la désignait comme coupable. Mais maintenant...

Je ne sais pas, c'est comme si mon instinct me criait que j'ai eu tord.

Maintenant, dès que Lucy se crois à l'abris des regards, ses yeux se perdent dans le vide. Elle cesse alors de sourire et perd toute émotion.
Elle n'a pas l'air triste. Juste, complètement vide. Ou alors trop triste pour que ça apparaisse. Comme si le trop plein de tristesse s'était transformé en vide et aspirait toutes ses émotions comme un trou noir.
Si c'est le cas, une chose que je dois admettre, c'est qu'elle cache bien son jeu. Il faut vraiment la regarder au moment où elle est seule et qu'elle croit que personne ne l'a voit pour voir à travers son masque souriant et joyeux.

Je soupire.

Pauvre Lucy. Tu as dû en baver pour en arriver là.

Je regarde Lisanna caresser les cheveux de Natsu.

C'est dur d'admettre ça, mais elle me manque.
Lisanna est gentille, mais elle se croit beaucoup trop au dessus de tout le monde. Et puis, son sourire ne vaut pas celui de Lucy.
Je ne suis pas la seule à penser ça. Wendy trouve aussi que Lisanna se la joue un peu trop. Mais elle est persuadée que Lucy est fautive et ça éclipse le reste.

La seule personne qui regrette vraiment, c'est Readers. Il n'arrête pas de dessiner la Lucy souriante qu'on peut tout le temps voir. Et je l'ai aussi vu plusieurs fois dessiner le regard vide de Lucy quand elle baisse sa garde.

Readers regrette vraiment de s'être mit du côté de Lisanna. Il s'en veut à mort et semble prêt à tout pour se faire pardonner.

Moi aussi, je commence à me dire que je n'ai peut-être pas fais le bon choix.
On en a parlé et Readers m'a dit qu'il avait vu quelque chose qui l'avait fait changer d'avis. Il ne m'a pas expliqué quoi mais m'a confié quand il voit le regard vide de Lucy, il culpabilise et il serait prêt à tout pour que Lucy redevienne comme avant.

Je soupire à nouveau.

Je n'ai rien dis sur le moment, mais il y a une chose dont je suis certaine...

Le train ralentit.

Moi aussi, je veux revoir cette Lucy souriante que je croyais si bien connaître.

-On est arrivé!

Natsu se rue hors du train et hurle:

-Je revis!

Alors que Grey, Wendy et Lisanna éclatent de rire, nous descendons également du train et nous dirigeons vers une calèche.
Natsu fait encore tout un caca nerveux mais finit par y entrer et se laisse à nouveau aller contre les cuisses de sa petite copine.
Je soupire avec un sourire amusé alors que Grey propose au chasseur de dragons de courir à côté de la calèche.
Lucy ne réagit pas et recommence à regarder le paysage défiler sous ses yeux.

Lucy...

Après un bref voyage qui nous mène quelque part en montagne, nous descendons, suivons un petit sentier parmi les arbres et les buissons et trouvons un vieil homme assis sur un banc de pierre.
Des cheveux blanc recouvrent sa tête. Sa peau est ridée mais aucune tâche de vieillesse n'est à distinguer. L'homme garde les vestiges d'une grande beauté. Le temps en a masqué une partie mais son visage garde des traits révélants une grandeur passée. Il devait être très séduisant dans sa jeunesse.
À notre approche, le vieil homme se lève et nous demande si nous sommes les mages. Lorsque je répond affirmativement, il sourit et nous fait signe de le suivre. Il nous précède sur le sentier de terre et nous emmène à côté d'un grand lac scintillant qui semble très profond.

-Vous l'avez sans doute remarqué, mais je n'ai pas donné d'indications particulières sur la mission, dit le vieil homme en nous souriant. Eh bien... Il y a au fond de ce lac un trésor incroyable, exactement comme dans les contes de fées.

-Comment le savez-vous? je demande étonnée.

-Je suis mage, moi aussi.

Il lève la main vers le lac et ferme les yeux. Sa main s'entoure alors d'une lueur dorée.

-Un chasseur de trésors! je m'exclame.

Cette magie permet de sentit où se trouvent les valeurs mais est malheureusement inutile en combat. Elle n'est pas rare car elle est facile à maîtriser, mais en général, les mages qui peuvent l'utiliser possèdent un autre pouvoir et utilisent la magie de chasseur de trésors comme une magie secondaire. Elle n'est alors jamais très développée.

C'est mon cas. Je suis incapable de ressentir les bijoux ou les bourses comme un vrai chasseur de trésors, mais s'il y a une quantité astronomique de richesses à proximité, je peux le sentir.

Ce qui est le cas avec ce lac. Ses profondeurs renferment d'astronomiques richesses.

Cet homme, cependant, doit avoir beaucoup entraîné cette magie pour pouvoir la synthétiser ainsi.

Intéressant.

La lueur devient lumière et se rassemble en une sphère dorée qui flotte au dessus de la main du vieil homme.
Soudain, à travers la sphère apparaît une image: un sol de dalles blanches englouties par l'eau. L'image se déplace et avance vers une sorte d'énorme rocher qui repose au fond du lac.

Il peut même se déplacer avec l'image. Et elle est d'une netteté impeccable. Très impressionnant.

Apparaît alors une porte de cristal incrustée dans la roche. À travers celle-ci, on distingue de la lumière qui éclaire quelque chose de doré.

De l'or?

Mais la sphère à travers laquelle nous voyions ce surprenant spectacle se fissure et vole en éclat.

-Qu'est-ce que vous avez fait? s'exclame brusquement Lisanna. On allait voir ce qu'il y a derrière la porte!

-Ce n'est pas moi, soupire le vieil homme. Quelque chose, un enchantement ou une créature magique, peut-être, m'empêche de continuer. Cependant, il faut absolument que j'entre dans cette pièce sous-marine. Il y a, à l'intérieure, deux très vieux trésors de ma famille. L'un, je dois le récupérer pour le léguer à ma fille qui va se marier. L'autre, c'est une question d'honneur de la famille.

Il devient soudain très sérieux et dit:

-Voici ma proposition: vous m'aidez à accéder à ce trésor, je récupère les objets qui m'appartiennent et je vous laisse le reste. Deux objets du trésor pour chacun d'entre vous et le reste à votre guilde. D'accord?

Je souris et lui tends la main.

-D'accord.

Cependant, Lisanna s'avance, suspicieuse et dit:

-Et comment va-t-on avoir la certitude que c'est bien des objets de votre propriété, ce que vous voulez?

-Il y a mon blason dessus, répond le vieil homme. Il ressemble à ça, regardez.

Il nous tend une de ses mains ridées sur laquelle est gravée un étrange symbole: une rose perdant ses pétales avec des étoiles en arrière fond.
Lucy attrape soudain la main du vieil homme et s'exclame:

-Le Saïkon? Vous êtes un descendent du grand Rosaïurenchai?

Le vieil homme ouvre des yeux surpris et sourit.

-Oui. Mais... C'est de l'histoire ancienne. Je suis d'ailleurs surpris que des jeunes connaissent encore son existence.

-C'est un des plus grands héros du constellationnisme, dit Lucy, enthousiasmée. On raconte qu'il pouvait manipuler les étoiles à sa guise et qu'il est un jour entré en possession des douze clés d'or. Il a eu trois fils. Les triplés Ros, Saï et Ïur. À sa mort, il a légué une part de ses pouvoirs à chacun de ses fils. À Ros, le plus intelligent, il légua les clés et à Saï, le plus courageux, le pouvoir de la vrai magie stellaire. Ïur, le plus sage, a, raconte-t-on, hérité du plus grand pouvoir mais nul n'a jamais su de quoi il s'agissait. Les trois fils ont eu des enfants et des disciples auxquels ils ont enseigné leur magie, et c'est ainsi que...

-Oui bon, on s'en tape de tout ça.

Lisanna a sèchement interrompu l'explication de Lucy.

-On y va?

Natsu, qui ne semble pas avoir écouté un traitre mot du récit de Lucy, fait craquer ses doigts.

-Je m'enflamme!

Le vieil homme semble surpris face à tant d'irrespect envers Lucy et moi-même, j'en suis surprise.

Ils dépassent les bornes, là. C'était intéressant, ce qu'elle racontait!

La constellationniste finit dans un soupire:

-Les descendants de Rosaïurenchai eurent tous le blason de leur ancêtre gravé sur la main. Le Roskon, un lys sur un fond de pleine lune pour les descendants de Ros, le Saïkon, une rose sur un fond étoilé pour les descendants de Saï et le Ïurukon, un lotus sur un fond de lune bleue pour les descendants de Ïur. Cela se faisait dans le ventre de leur mères: pendant la grossesse, le symbole s'inscrit magiquement sur la main de l'enfant. Aujourd'hui encore, on peut trouver des descendants de Ros, Saï et Ïur Rosaïurenchai, les trois frères étoilés sur toute la planète.

Mais la troupe ne l'écoute plus. Ils s'agitent au bord de l'eau, se demandant quelle est la meilleure technique pour accéder à la porte.
Le vieil homme semble vraiment choqué de leur comportement. Il jette un regard désolé à Lucy et soupire.

-Accéder à la porte ne sera pas si simple. Il va falloir...

-Mais si, c'est simple! s'exclame Natsu. J'ai qu'à tout faire cramer.

Je soupire.

-Faire brûler de l'eau, Natsu?

-Ouais! Comme ça, tout évapore!

-Tu crois vraiment que c'est une bonne idée de vider un lac?

-Non, mais...

-Voilà.

Grey intervient alors.

-Je peux geler le lac...

-Et nous empêcher d'atteindre la porte, je le coupe. De mieux en mieux.

-Je peux me transformer en poisson, dit Lisanna.

-Comme ça, tu accèdes à la porte et pas nous. Et bien sûr, tu ne peux pas ouvrir la porte. Nickel.

-Je peux créer un tunnel sous-marin avec du vent. Un cyclone qui écarterait l'eau pour nous faire un passage, dit Wendy.

-Le vent nous empêchera d'avancer et de toute façon, ça utiliserait trop de magie. Et moi, je peux fendre le lac à coup d'épée mais elle se rassemblera à nouveau avant que nous puissions accéder à la porte.

Je les vois se dégonfler.

-Il n'y a donc aucun moyen...? soupire la chasseuse de dragon céleste.

Le vieil homme qui est resté en retrait toussote.

-Si, justement.

Tous se tournent vers lui.

-Tu peux faire ça, papy? demande Natsu.

-Moi, non. Mais elle, oui.

Il pointe Lucy du doigt.
Tous ouvrent de grands yeux surpris, à commencer par Lucy elle-même.

-Moi?

-Vous avez l'esprit du Verseau, pas vrai?

-Oui, mais je...

-Eh bien voilà, tout est réglé.

Le vieil homme s'avance jusqu'au bord du lac. Il se tourne vers Lucy.

-Eh bien, jeune fille? À vous.

D'un pas incertain, Lucy s'avance à son tour vers le lac, se met à genoux à son bord et trempe une de ses clés dans l'eau.

-Ouvre-toi, porte du palais du Verseau. Aquarius!

Dans des jets et des éclaboussures apparaît alors une magnifique sirène à la longue chevelure bleue.

-En quoi puis-je t'aider? demande-t-elle à l'adresse de Lucy.

-Peux-tu nous porter jusqu'à la porte de cristal au fond du lac? demande la blonde, incertaine.

-Oui, bien sûr.

Sans un mot de plus, la sirène fait un large geste de son pot et sépare le lac en deux. Entre les deux murs d'eau se crée un chemin qui nous mêne directement vers la porte de cristal.
C'est très impressionnant.

Wow. La seule personne capable d'obtenir un résultat pareil, à ma connaissance, c'est Jubia. Et encore, ça consomme énormément de magie. Or, cette sirène ne semble pas affecté du tout. Vraiment très impressionnant.

-Et c'est fiable? demande Lisanna. Parce que j'ai pas envie de finir noyée là-dedans, moi.

Son ton est insolent et prétentieux.
Cependant, la sirène ne dit pas un mot. Elle fixe juste Lisanna dans les yeux. Son regard inspire une rage si intense et une haine si profonde que la mage de transformation recule d'un pas.

-Vous venez?

Nous nous retournons. Lucy et le vieil homme se sont déjà engagé dans le couloir entre les murs d'eau.
Nous nous empressons de les rejoindre. Après quelques minutes de marche, nous arrivons sur un sol fait de dalles lisses sans une algue pour les abîmer. À vingt mètres de nous se dresse la porte de cristal. La lueur dorée derrière celle-ci semble accrue maintenant qu'il n'y a plus d'eau.

-On y est! s'exclame Lisanna.

Elle s'apprête à courir vers la porte quand Lucy la retient.

-Attends!

Elle lui attrape fermement le poignet la tire brusquement en arrière.

-Aïe! gémit la mage de transformation en tombant sur le sol humide. Tu es folle? J'aurais pu me faire mal!

-Tu te serais fais encore plus mal si tu avais continué... répond Lucy.

-Qu'est-ce que tu racontes?! Il n'y a...

Le vieil homme la coupe:

-Il y a un gardien. Votre amie a raison, ma petite. Si vous aviez continué, vous seriez morte.

-N'importe quoi, dit Lisanna, septique. Qu'est-ce qui aurait pu me...

Un grondement sourd lui coupe la parole.

Dans un fracas épouvantable, une créature d'au moins huit mètres de haut apparaît de derrière les rochers. Elle a une forme humanoïde, féminine, très élégante. La silhouette élancée, ses longs doigts se terminant par des sortes de griffes, la créature est complètement noire. Sa longue chevelure lui arrive aux hanches et semble continuellement agitée par un courant d'air inexistant. Elle porte une sorte de robe qui lui arrive aux genoux et qui semble avoir fusionné avec son corps au niveau de sa taille. La créature pourrait être très belle si elle n'avait pas eu un tel visage: ses yeux sombres semblent aspirer la lumière et ils me donnent l'impression qu'ils peuvent tout voir. Son nez est petit et fin, très élégant, mais ne comporte pas de narines. Et le pire de tout: sa bouche. Au lieu de s'arrêter aux limites habituelles d'une bouche, elle continue sur ses joues, lui donnant une mâchoire assez grande pour broyer un cheval d'un coup de dents. Et ses dents! C'est la seule chose qui ne soit pas noir chez elle: elles sont blanches, pointues et si nombreuses qu'on ne peut les compter.

Soudain, la créature entrouvre sa terrible bouche et parle.

Des humains? Chic alors.

La voix de la créature est douce et aiguë. En fermant les yeux, on pourrait croire sans peine que c'est un enfant qui parle. Mais malgré l'innocence qu'on entend, on perçoit également du sadisme à l'état pur.

Mes jambes se mettent à flageoler.

J'ai déjà vu des créatures à l'apparence bien plus dangereuses que celle-là, mais elle répand une aura de terreurs et de vide, comme si elle aspirait toutes nos émotions, ne laissant que la peur pour gouverner nos pensées.

Soudain, des larmes se mettent à couler sur mes joues. Une tristesse infinie envahit mon coeur.
Une petite voix se met à me chuchoter:

Pourquoi lutter...?

Oui, pourquoi lutter?

De toute façon, il est en prison. Tu l'as abandonné à la prison alors que tu aurais pu lutter.

Non.... Je... J'aurais voulu, mais je... Je le sauverais... Bientôt.

Qui te dit qu'il veut encore de toi?

Il... Il n'est pas...

Inutile...

Quoi...?

À quoi cela sert-il?

À quoi...?

Chercher des excuses est inutile.

Oui, inutile.

Je prend conscience de ce que je pense.

Non, je dois te détruire.

Inutile.

Non, je...

Tous vos efforts seront vains.

Vains...

La petite voix a raison: que pouvons-nous faire?

Tu sens ma puissance, petite humaine. Tu sens ma force.

Oui, je les sens.

Tu sais que tu ne pourras rien faire.

Oui.

La voix est si douce... On pourrait s'endormir en l'écoutant.

Quoi que tu fasses, tu vas mourir, chuchote la voix. Laisse-toi faire, ce sera bref. Sans douleurs.

Oui, la voix a raison: je vais mourir.

Laisse-toi faire, laisse-toi emporter dans les profondeurs du néant...

Je vais répondre... Je dois répondre.

Allons...

-Ou...

-Non.

Je sursaute.

Qu'est-ce que...?

Je me tourne vers l'origine de la voix.

Lucy...!

-Non, tu ne nous emporteras pas dans les profondeurs du néant.

La créature semble surprise. J'en profite pour jeter un coup d'œil aux autres: les larmes ont envahi les yeux de Natsu et ont inondé ses joues. Wendy a posé ses mains sur son coeur, recroquevillée sur elle-même, en pleurs. Grey est resté figé, le regard dans le vide, les bras ballants, le visage inondé par les larmes. Lisanna est tombée à genoux, en pleurs, les yeux hagards. Le vieil homme, par contre, semble s'être contrôlé; il a toujours le regard combatif, bien que des larmes menacent de perler au coin de ses yeux. Mais dans l'ensemble, personne ne semble mal au point.
J'essuie rageusement mes larmes et reporte mon attention sur le monstre.

Surprenant.

La créature a à nouveau parlé.

Tu es le premier humain à pouvoir me résister.

Personne ne bouge.

Quel est ton nom petite humaine?

-Lucy Heartfilia.

Intéressant, très intéressant.

Je remarque alors un détail important mais qui m'a échappé: Lucy ne semble pas affectée le moindre du monde par le mystérieux pouvoir de la créature. Ses joues sont sèches, son regard combatif, ses mains prêtes à sortir ses clés.

Elle lui résiste...?

-N'écoutez pas ce qu'elle raconte, nous lance Lucy sans quitter la créature des yeux. Elle va vous manger si vous lui répondez oui. C'est une Sombral!

Une quoi?

Je ne suis pas la seule à être surprise: Natsu se redresse et dit:

-C'est quoi, ça?

Mais le vieil homme balbutie:

-Quoi...? Non... Pas possible...

-C'est grave?

-Oui, très...

La voix du vieil homme tremble de peur.

-Les Sombral sont des créatures qui existent depuis la nuit des temps. Ces... femmes ont le pouvoir d'absorber toutes les émotions sauf la peur et la tristesse, installant un désespoir sans nom dans leurs victimes. Elles ont aussi le pouvoir de lire dans les coeurs des humains comme dans un livre ouvert. Elles parlent à leurs victimes et si celle-ci répondent « oui » à leur discours, alors elles peuvent les manger. Leur âme appartient au Sombral et plus rien ne pourra jamais les sauver.

-Comment ça? dit sèchement Lisanna. Si on s'enfuit et qu'on lui échappe ou qu'on la tue, elle ne peut pas nous manger. Faut pas être stupide, non plus.

-Dans ce cas, tu risque d'avoir un problème, réplique Lucy. Si c'était si simple, les Sombral ne seraient pas réputées si dangereuses. Si tu réponds oui, tu perds ton âme. Tu es alors toujours conscient, mais tu ne peux plus bouger. La seule chose que tu peux faire, c'est attendre que la Sombral te mange.

-Mais oui, bien sûr, répond Lisanna. C'est complètement débile. Comme si on pouvait mourir comme ça.

-Tu ne meurs pas. Tu te fais absorber par la Sombral et tu finis perdu dans l'infini du néant. Tu n'es pas mort mais pas vivant non-plus. Tu te contente d'exister dans le noir sans lumière, sans compagnie, sans nourriture, sans rien. Tu existes, c'est tout. À choisir, je préfère largement la mort.

Bien dit, petite.

La créature semble très intéressée par le savoir de Lucy.

Tu me sembles bien informée à notre sujet. Tu es le premier humain à me surprendre ainsi. Tout ce qu'elle a dit est vrai, ajoute-t-elle à notre attention. Mais je peux aussi vous tuer tout court, ça reviendra pratiquement au même, bien que j'aurais préféré vous manger vivants.

Elle émet quelque chose que je qualifierai de rire.

Cependant, la mort que je vais vous infliger sera horrible également. Vous allez connaître l'enfer.

Elle éclate à nouveau de rire, un rire froid, sans joie.
J'en profite pour m'armer de deux épées et vois Natsu et Grey se préparer à bondir, Wendy se relève tant bien que mal et lève ses poings, Lucy porte la main à ses clés, la sirène, qui n'a pas bronché jusque-là, brandit son vase, le vieil homme se met en garde et Lisanna transformer ses bras en ailes avant de se préparer à s'envoler.
La Sombral secoue sa longue chevelure et ricane.

Vous êtes bien téméraires, petits humains.

Elle pousse alors un rire à vous glacer le sang dans les veines et rejette sa tête en arrière.
Ses membres commencent alors à enfler, se tordre où se dégonfler. Plusieurs membres apparaissent dans son dos, enflant et convulsant. Sa robe se rétracte et disparaît. Ses long cheveux eux-mêmes semblent changer.
À la fin de sa monstrueuse transformation, la Sombral est dotée de huit longues tentacules dans le dos se terminant par des griffes, de doigts plus tranchants que des rasoirs mesurants plus de trente centimètres de long, de sortes de tentacules pointues à la place de ses cheveux qui mesurent maintenant plusieurs mètres de long, d'une mâchoire qui pourrait m'engloutir jusqu'à la taille en une bouchée et de deux yeux aussi sombres qu'obscure qui semblent absorber la lumière. Elle est encore plus terrifiante qu'avant. Nous sommes tous pétrifiés par la peur.
À la vue de nos visages terrifiés, la Sombral ricane.

Vous pensiez pouvoir me tenir tête? Que vous êtes naïfs.

Elle soulève sa main et l'abat à l'endroit où Natsu se trouvait un instant plus tôt. Mais celui-ci a esquivé et s'est jeté sur la Sombral.

-POING DE FEU DU DRAGON!

Il met un uppercut à la créature qui esquive sans peine. Mais c'est tout ce qu'attendait Grey pour:

-MARTEAU DE GALCE!

Un énorme bloc de glace apparaît et s'écrase sur la Sombral mais celle-ci l'absorbe dans son intégralité.

-Tss, saleté.

Alor, tandis que la créature reste concentrer sur les garçons, je saute vers elle avec l'armure des fées (que j'ai fais réparer de mon précédent combat) et tente de lui trancher un bras. Mais elle esquive à nouveau avec une agilité déconcertante.

Vous êtes très téméraires pour m'attaquer malgré la peur qui vous tord le ventre.

Je souffle.

C'est vrai que la peur me transperce. Mais je ne dois pas me laisser submerger et l'attaquer pour la battre. Sinon, nous ne pourrons pas accéder à la porte et la mission sera un échec. De plus, je dois protéger tout le monde. Alors pas question de baisser les bras.

-Les gars...

Tout le monde me regarde.

-On lui fait la peau.

-Ça marche.

-Oui!

-Évidemment!

-...

-Je vous suis.

-Je m'enflamme!



















~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

MOI AUSSI JE VOUS AIME!!!

Mais avant toute chose...

Je vous dois des excuses.

J'ai dis à tout le monde que je publierai bientôt et le résultat est que je ne publie que maintenant.

Je suis vraiment désolée.

Par contre, pour vous expliquer un peu mon retard (bien que je n'ai aucune excuse), je viens de déménager et du coup, j'ai dû faire des cartons, porter des cartons et défaire des cartons avec, en prime, une semaine avec un wifi qui marche pas. Très chiant.
En plus, on était hyper limite au niveau du temps et j'ai dû me mettre Et quand il pète il troue son slip de Patrique Sébastien en boucle pour me motiver. Tout ça pour vous dire que j'étais vraiment au fond du trou.

La preuve:

Moi en position fœtale dans un carton (pardon à ceux qui me voyaient bronzée, mais je suis blanche comme un cul).

Enfin voilà, je suis vraiment vraiment vraiment désolée.

Vous pouvez me frapper.

J'espère que ça vous a quand même plu.

Bisou je vous naime. 😘😘😘

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