Chapitre 1 : Moi


- JE L'AI ! JE L'AI ! PAR LA GAUCHE! PREND LE PAR LA GAUCHE! HEAD SHOT! IL Y EN A DEUX! JE LE PRENDS! IL M'A TIRÉ DESSUS! JE PRENDS UN KIT DE SOIN! NOOOON!

Je balance mon casque audio par terre. Je n'entends plus que les sons étouffés des armes à feu. Perdu. Encore.

- Lucas! m'appele ma mère, on passe à table!

- JE FINIS! lui criais-je en retour.

Je ramasse mon casque en me penchant de mon siège. Le posant sur mes oreilles, je reconnais la voix de mon ami.

- Lucas? T'es là ?

- Oui, on recommence?

- J'ai entendu tes parents t'appeler. Tu devrais les écouter, me conseille-t-il.

- T'en occupe pas! Ils commenceront sans moi.

- Lucas…

- Tu la commences cette partie, ou pas? m’impatientais-je.

Sur mon écran je clique sur l'invitation et prépare ma souris.

- C'est parti! m'exclamais-je

- LUCAS!

- JE FINIS!

Avec mes parents, c'est un amour pationnel. On ne se parle plus, on crie. On ne fait plus tellement de sorties ensemble, les jeux vidéo ont remplacés ces instants.

- ON COMMENCE SANS TOI!

- OUI!

Le personnage de Julien se met à danser devant moi. Je souris et pose mes doigts sur les touches.

- J'arrive ! On va à Hell Hearth? demandais-je. Je me pose sur le toit.

- LUCAS? me relencent mes parents de la cuisine.

- JE FINIS!

- Tu devrais les écouter.

- Laisse moi, Julien. On termine la partie et je les rejoinds ok?

Je l'entends soupirer dans mon casque. Il ne me comprend pas. Il ne me comprendra sûrement jamais. Lui, sa vie familiale est parfaite. Ses parents le laissent faire ce qu'il faut. Ils passent de long week-end au bord de lac, à faire des randonnées. Moi… c'est plus compliqué. Et je ne veux pas y penser.
Mon personnage s’accroupit derrière une palissade. Julien est à mes côté. Il me couvre. Je dois traverser la rue. Mais des snipers m'attendent en haut des fenêtres. Certains sur les toits vont patienter pour faire quelques kill sans risque. Quoi de mieux pour augmenter ses XP. Mais il doit y avoir un autre passage. Si on contourne la rue mortelle, je peux arriver à la mairie abandonnée et récupérer le loot. Je fais signe à mon ami de me suivre. On va tenter de grimper dans un immeuble et de sauter de toit en toit. Les trois premiers bâtiments sont occupés. On aperçoit des pièges au plafond. Quelques armes sont posés au sol pour attirés les noobs. Mais j'ai l'habitude. Je joue si souvent. Je ne me fais plus avoir par ces pièges enfantins. On contourne discrètement les bâtiments. On rase les murs. Dès qu'on entend des tirs on se met à l'abri. Certains diraient qu'on est faible de ne pas se jetter au milieu des combats. Et je leur répondais : allez vous faire fourre. Je joue comme je veux. Mon but est de faire un deuxième top 1 de la journée. Alors la manière d'y arriver m'importe peut. J'aperçois enfin un immeuble vide. Aucun piège. Aucun bruit. On monte en courant à l'étage. Les escaliers sont affublés de fenêtres. Il faut faire vite. Un tir retenti. Loupé. On réussi à atteindre le toit. Il reste des potions de soin. Des planches installées par les créateurs relient grandes bâtissent entre elles. C'est ce qui nous permettra d'atteindre plus rapidement la mairie de Hell Hearth. La zone se referme lentement sur nous. Comme pour enfermer les joueurs dans cette ville. Si on atteind la mairie, on gagne. On aura assez de munitions. On aura assez de soin. On aura assez d'armes et de pièges. Et la maison est large. Elle permet de se cacher et de tirer sur les intrus facilement. Je regarde le coin de mon écran et un petit 6 clignote. Plus que 4 kills et on est en top 1. On court sur les planches de bois. Pour l'instant personne ne nous à vu. Mais les snipers sur les autres bâtiments nous  appercevront bientôt. On doit se dépêcher.

- Lucas! A ta droite!

Je me retourne pour voir un joueur me viser. Le temps que je prenne une arme plus efficace, il m'a touché. Il me reste peu de PV.

- Touché! Je me soigne ! Tue le! criais-je dans mon micro.

- Je l'ai !

Mais non. Il ne l'avait pas. Et ce joueur de mes deux m'a tué alors que je finissais de boire ma potion!

- NOOOOON!

- Je l'ai eu ! Je t'ai vengé! Je vais finir la partie!

- Attention à toi! Un sniper! Il ne reste que deux autres personnes.

Un échange de balles plus tard, Julien était dans le top 2. Il lui fallait atteindre la mairie pour prendre une mitraillette et finir premier.

- LUCAS ! VIENS MANGER! IMMÉDIATEMENT ! SINON ON VIENT TE CHERCHER!

- VOUS SAOULEZ! J'ARRIVE !

- Lucas… écoutes les!

Je soupire et quitte mon ami. Je n'aime pas passer du temps avec mes parents. Cela ne se passe jamais bien. J'éteins mon ordinateur et me dirige vers ma porte pour descendre rejoindre mes parents. La voyant s'ouvrir précipitamment, je me fige face à mon père qui se tient devant moi.

- TU TE FOUS DE NOUS ! ÇA FAIT DEUX HEURE QU'ON T'ATTEND !

- Pas la peine de crier ! J'arrive !

- C'ÉTAIT IL Y A UNE DEMI-HEURE QUE TU DEVAIS VENIR! ON A FINI DE MANGER !

- C'est pas grave, répondis-je,  je mangerais tout seul.

- Tu ne mangeras pas. Cela t'apprendra à nous ignorer, dit-il calmement cette fois-ci, comme s'il avait abandonné l'idée de me faire obéir.

- Non! Papa! Att...

Mais il sortit de ma chambre avant que j’eu le temps de terminer ma phrase. J'entendis le son d'une clé dans la serrure. Enfermé. Tel un vulgaire prisonnier.
Mais c'est pas possible d'avoir des parents pareils !
Énervé, je balance mon pied dans mon bureau. Évidemment, une importante partie de ce qu'il se trouvait dessus décida de tomber. Livres, crayons, manettes, clavier. Je jurais. Que cela pouvait me mettre hors de moi! Comme à mon habitude, pour me calmer, je sors mon enceinte Bluetooth. Pianotant sur mon clavier tactile, je cherchais le morceau idéal. En ce moment, les tubes de métals me plaisent. Je monte le son au maximum et saute sur mon lit. Les paroles me bercent. Les ondes font vibrer les murs et j'aime ça. Je pense à mes parents dans le salon qui essayent de regarder leur série. Cela doit les embêter. Tant mieux. Mon téléphone sonne. Je jette un coup d'oeil à l'écran. Violette. Qu'est ce qu'elle me veut? Violette fait partie de mon groupe mais sa discrétion la met involontairement l'écart. Au lycée, dès les premiers jours, je me suis rapproché de Julien et de Basile. Chez les filles, il y a eu un autre petit groupe qui s'est formé. Violette, Azalée et Léa. Deux groupes de trois qui se sont rapprochés pour former une seule et unique bande. Je me sens bien avec eux. Pas de questions. Pas de prises de tête. On est un peu tous pareil. Sauf… peut être avec Violette et Azalée. Violette est trop timide. Elle m'écoute toujours quand je lui parle. Ça fait du bien, souvent. Néanmoins, cela lui donne des airs de psychologue. Et non merci! Azalée est plus franche. Très rentre dedans. On discute seulement pour parler chaussures. Léa est une fille plus simple. Elle ne se prend pas la tête. Très libre de ses mouvements et de ses pensées. C'est facile. On rigole beaucoup. A la fin d'année, elle avait prévu une petite soirée chez elle. Piscine et jardin. Entre potes. Que du bonheur! Julien et Basile sont un peu ma bouée de survie cette année. Je ne les quitte plus. Lorsque je joue avec eux, lorsqu'on s'organise des sorties Mac Do, lorsqu'on se fait des foots.
Je me reconcentre sur mon téléphone. Violette m'a envoyé un message.

《Alors? Comment se passe ces débuts de vacances? L’ours est sorti de sa grotte? 😉》

Si elle savait! Je me suis levée à 11h, j'ai mangé seul devant une série avant de terminer la première saison dans l'après midi. Puis j'ai appelé Julien pour jouer. Une journée classique en somme. Je lui réponds :

《Non! L'ours garde sa tanière ! Et toi comment ça se passe ? 》

Je reçois immédiatement sa réponse.

《Faut penser à t’aérer l'esprit! Pas grand chose, je pars dans deux jours avec mes grands parents. J'ai hâte ! 》

《Tu en as de la chance de bien t'entendre avec eux.》

Pour une fois la réponse n'est pas immédiate. Je soupire. Pourquoi cela se passe seulement chez moi? Pourquoi est-ce que je ne peux pas vivre simplement? Pourquoi je ne suis pas né dans une famille plus simple?
Violette répond inconsciemment à mes questions par son nouveau message.

《Tu sais, cela n'est pas tout rose dans toutes les familles. Les problèmes sont différent mais il y en a quand même.》

《Ce serait tout de même plus facile si j'étais né dans une autre famille. Imagine ! J'aurais pu être ton frère!》

《Oui cela aurait été drôle! Chacun a lot de soucis, Lucas. Ça se trouve en grandissant cela se passera mieux. En attendant c'est conflictuel. Mais ça passera. J'espère pour toi en cas! Tu mérites d'avoir une belle famille!》

《Trop de gentillesse! Je suis écrasé par tant de bonté ! 》

《En tant qu’ours cela ne devrait pas être trop compliqué de sortir de ce tas encombrant ! 》

《😂 Et hop! Sous le lit! Chuuut! Les parents ne sont pas au courant ! 》

En quelques minutes, elle a réussi à me calmer. Elle est toujours attentive aux autres. Même si comme elle le dit si bien, elle n'est pas une professionnelle, elle a souvent les bonnes paroles. Son monde a l'air si simple. Pas de problèmes. Toujours joyeuse. De bonne humeur. Toujours souriante. Elle est sportive. Bonne au lycée. Elle sait ce qu'elle veut faire plus tard. Elle a tout pour aller bien.
J'aimerai tant être à sa place, si seulement j'étais comme elle, soupirais-je.
J'éteins mon enceinte et me couche sur mon lit. La couette verte est douce et froide. Par cette chaleur, cela est agréable. Je tâtonne pour atteindre ma lampe de chevet. D'une forme cubique, il suffisait de tapper deux fois dessus pour l'éteindre. Je ferme les yeux et fini par m'endormir.

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