Chapitre 3 BIS
Cinq minutes que j'attends dans la maison. Mes parents ne sont toujours pas rentrés et je vais bientôt devoir partir au travail. J'espérais vraiment pouvoir avoir le retour de ses examens. En y réfléchissant bien, c'est peut-être mieux que j'attende ce soir, car si c'est une mauvaise nouvelle, aller travailler dans un mauvais état d'esprit ne me fera que ruminer toute la journée. J'envoie un message à maman pour lui dire que je dois partir qu'on se reverra ce soir et me voilà reparti.
Je ne suis pas très loin de mon travail. Ça fait maintenant deux ans que je m'y trouve. C'est un magasin où il y a de tout : animaux, plantes, matériel de bricolage, décoration, livres et autres joyeusetés... Plus petite, j'aimais déjà y aller. Ma mère pouvait m'y déposer et je pouvais y rester plus d'une heure au rayon livre. J'aimais beaucoup lire les mangas. Mais il est vrai qu'à force d'en acheter, ça deviens vite cher car en plus ils se lisent très vite. Je me suis donc orientée sur les romans de fiction, romans d'amour ou bien encore les thrillers. Ça laisse plus de place à l'imagination. Pouvoir imaginer chaque pièce, chaque événement... Se créer tout un monde et sortir de la réalité.
J'ai d'abord cherché un travail dans une librairie, mais malheureusement il n'y avait plus de place. Je me suis donc dirigée ici, en demandant d'être toujours dans le rayons livres. Mes collègues sont très sympas. C'est comme une grande famille. Mon voisin de rayon, Axel, s'amuse toujours à me taquiner. Toutefois, il est toujours là, à faire attention à moi, à m'aider dès qu'il le peut. Il me dit surtout tout ce qui lui passe par la tête, que ça me plaise ou non à vrai dire. Lorsqu'il a vu Loïc pour la première fois, il s'est empressé de me dire qu'il ne l'aimait absolument pas. Je n'ai pas été très étonnée. Il ne souhaite pas faire l'effort de connaître Loïc parce qu'il veut absolument que j'aille avec son ami à lui.
J'entre dans le magasin et enfile mes chaussures de sécurité. Elles sont plutôt confortables. Moyennement belles, mais on fait avec.
- Aaaah !!! Te voilà enfin ! Tu en mets du temps pour venir à chaque fois.
Axel dans toute sa splendeur. Il n'en loupe pas une. Il est vrai que je suis en retard, mais de très peu.
- Et toi ? Tu n'es pas encore dans ton rayon de jouet ?
- Non... Je voulais voir si ton mec ne t'avait pas encore tuée, me lance-t-il en mimant un couteau sous la gorge.
- Tu exagères. Peut-être que tu ne l'aimes pas, mais il est avec moi, donc soit gentil, ça te changera de ton quotidien.
Je rigole à gorge déployée, ce qui n'est pas du tout son cas. Axel est papa d'une petite fille. Elle est d'une beauté sans nom. Pas très étonnant en voyant les deux parents. Lui est plutôt grand, brun aux yeux vairons, marron foncé d'un côté et clair de l'autre. Sa chérie n'est pas très grande, porte un carré plongeant brun avec des yeux vert. C'est un couple parfait. Tout le monde rêve d'une relation comme la leur.
- Tu sais mon pote est vraiment séduisant. Je suis sûr que tu adorerais ses abdominaux.
Il continue dans sa lancée, mais je ne réponds rien. Un simple regard noir de ma part suffit à le faire taire. Il doit me le dire au moins une fois par semaine. Il espère tout le temps que je sorte avec son ami, afin qu'on puisse faire de bonnes soirées. Voilà son seul argument. Il est ridicule et cette pensée me fait toujours sourire.
Le reste de la journée se passe tranquillement. Il y a un peu de monde, j'ai donc pu réussir à mettre en avant certains nouveaux livres que nous avons reçus récemment. Il m'arrive parfois de regarder mon téléphone afin devoir si j'ai des nouvelles de maman, mais toujours rien. Il ne me reste pas longtemps à tenir avant de rentrer chez moi.
Et plus les heures passent, plus j'angoisse à l'idée de rentrer.
*
Assise dans ma voiture, je regarde la maison, tout est fermé, mais j'arrive à voir la lumière faisant le contour de chaque volet. Ma respiration est calme, tout l'inverse de mon esprit qui est complètement affolé. Toutes mes pensées n'ont aucun sens. Il va bien falloir que je rentre. Je ne vais pas rester indéfiniment ici. Depuis le temps que je suis ici, de la buée s'est formée sur mes vitres. J'inspire à fond et prends mon courage à deux mains. Mes mouvements sont lents. À chacun de mes pas, les cailloux s'entrechoquent. Ma respiration s'accélère de nouveau lorsque je franchis la porte d'entrée. Je balaye du regard la pièce afin de voir où se trouve mes parents. Ma mère est installée sur le canapé avec mon père. Ils regardent une émission.
Inspire, expire.
C'est tout ce que je demande à mes poumons, de continuer à respirer tranquillement. Ce n'est peut-être rien. Combien de fois je me le suis répété ? Je m'installe sur l'autre canapé à côté d'eux sans dire un mot.
Inspire, expire.
J'ai toujours l'habitude de faire un bisou à ma mère lorsque je rentre, mais cette fois, je sens qu'il y a quelque chose de grave. Leurs yeux me fixent et je ne peux pas garder mon visage détendu. Je sens ma mâchoire se serrer à en casser mes dents. Je suis si inquiète.
Respire, bon Dieu, respire, tu n'as rien d'autre à faire que de respirer.
Je les vois bouger les lèvres, et mon cœur s'arrête. Mes oreilles bourdonnent lorsque j'entends ce qu'ils me disent. Je ne suis pas sûr de vraiment comprendre, car tout me semble irréaliste. Je crois avoir entendu des mots comme : « tumeur », « cerveau »,« grade 4 », « opération », « dangereux »...
Mon monde s'effondre.
Inspire, expire.
Le goût salé arrive sur le bord de mes lèvres ne pouvant pas les retenir. Je ne vois plus leur visage très net à cause des larmes qui inondent mes yeux.
Inspire, expire.
Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? Comment va-t-on faire ?
Inspire, expire.
Que va-t-il lui arriver ? Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire pour l'aider ?
Inspire.
Est-ce qu'elle va survivre ?
Expire...
Est-ce qu'elle va mourir ?
Silence...
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