Chapitre 13 BIS

Maman n'a pas bougé de son lit depuis que nous sommes arrivés. Nous parlons très peu. Elle n'a pas résisté et s'est endormie en regardant la télévision. J'ai toujours détesté l'odeur des hôpitaux. On dirait qu'on sert de la soupe à tous les repas. L'air est lourd, comme si c'était jamais aéré. Papa se lève lorsque maman lui demande de l'aider à s'asseoir. Je me lève à mon tour et me dépêche de la maintenir aussi. Nous y allons tranquillement pour l'asseoir. Je repositionne rapidement les oreillers dans son dos lorsque nous entendons frapper à la porte.

- Bonjour madame, comment vous sentez vous ?

- Je ressens une forte pression au niveau de la tête.

- C'est tout à fait normal. Ça passera d'ici quelques jours. Nous verrons pour augmenter vos anti-douleurs afin de vous soulager. Avez-vous essayé de bouger vos deux mains ? Ou vos jambes.

- Oui, un peu.

- Pouvez-vous monter les deux bras face à vous en fermant les yeux s'il vous plaît ?

Maman effectue ce simple geste devant nos regards. Son bras gauche se lève facilement, tandis que le droit est bien plus bas.

- Vous pouvez ouvrir les yeux.

Le visage de maman se décompose en une seconde.

- Ne vous inquiétez pas. Je vous laisse maintenant attraper mes doigts et les serrer.

Lorsqu'elle attrape les pouces, on peut voir à l'œil nu que sa main manque de force aussi. Il continu de lui demander quelques petits exercices avec ses jambes et nous pouvons constater le même résultat.

- Comme nous vous l'avons dit, lors de l'opération, vous pourriez perdre un peu de mobilité.

Elle hoche la tête sans rien dire de plus. Je sais pertinemment que maman est une femme qui bouge tout le temps. Elle n'est jamais posée. C'est d'ailleurs ce qu'on lui reproche.

- Nous allons vous prescrire de la kinésithérapie. Il faudra travailler doucement mais sûrement pour retrouver votre mobilité. Ne forcez pas, prenez votre temps. Il vous faudra aussi du repos.

Nous l'écoutons attentivement sans broncher.

- Je vous laisse venir avec moi monsieur afin de prendre un autre rendez-vous pour la prochaine IRM.

- Merci docteur, dit maman.

Il hoche la tête et part avec papa dans le couloir. Le visage de maman est devenu triste. Je m'approche d'elle pour la serrer dans mes bras. Je voudrais lui dire qu'elle est forte, qu'elle va y arriver, qu'on sera là pour la soutenir et l'aider, mais rien ne sors. J'ai cette foutue boule dans ma gorge qui ne souhaite pas partir. Je l'embrasse sur la joue et elle me le rend en souriant tant bien que mal. Lorsque mon père rentre dans la chambre, maman lui demande si on peut aller à la cafétéria pour boire un café.

- Tu es sûre ?

- Oui, je voudrais quitter un peu cette chambre.

Nous l'aidons à se lever et à la positionner dans le fauteuil roulant. Demain elle pourra marcher a dit le docteur à papa. Maman va sortir dans quelques jours. Je vais essayer d'y aller tous les jours, mais ça sera en fonction de mon travail. Nous restons encore une heure avec maman jusqu'à la laisser se reposer. Sur le chemin du retour, je reçois un message de Loïc. Nous n'avons échangé aucun message aujourd'hui.

Loïc : Dimanche, est-ce que tu voudrais bien venir chez moi ? Nous irons au restaurant.

Je suis assez surprise par sa demande. Peut-être que je me fais des idées ? Mais ce n'est pas pour ça qu'il demande des nouvelles de ma mère alors qu'il sait qu'elle s'est fait opérée. Stop, je neveux pas me prendre la tête maintenant. Je lui en parlerai plus tard. J'accepte son offre et la discussion s'arrête là. C'est assez étrange. Comme si nous étions devenus des étrangers. Un mur s'est formé, et rien ne dit qu'il disparaîtra.

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